Le crime de la rue François Ier
64 pages
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Le crime de la rue François Ier , livre ebook

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Description

Mme Louvier est retrouvée morte par son mari, dans leur appartement d’un immeuble de la rue François Ier.


La jeune femme a été étranglée dans l’après-midi et, selon la concierge, seule une personne a pénétré dans le bâtiment, une locataire travestie, pour le Mardi gras, en bayadère.


L’inspecteur VIGEON découvre sous le cadavre un morceau d’étoffe sur laquelle est collée une étoile dorée en papier, comme l’on en trouve sur les déguisements.


Il n’en faut pas plus au juge pour faire arrêter la voisine.


Cependant, l’inspecteur VIGEON est rapidement convaincu que la suspecte est innocente.


Mais alors, qui est l’auteur du crime de la rue François Ier ?


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 juillet 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070032305
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INSPECTEUR VIGEON
LE CRIME DE LA RUE FRANÇOIS I er
Récit policier

René TROTET DE BARGIS
*1*
MARDI-GRAS
 
— Ainsi, c'est bien entendu ?... Je viendrai te chercher vers quatre heures pour voir la cavalcade ?... Tu seras prête, n'est-ce pas, ma chérie ?
— Oh ! certes... Mais, ne seras-tu pas retardé en traversant ces rues pleines de monde ?
— Ne crains rien ! Je quitterai le magasin vers trois heures, et du diable s'il me faut plus d'une heure pour venir de la rue de la Michodière à la rue François I er  !...
Ce disant, M. Louviers embrassa tendrement sa jeune femme et, saisissant sa canne, il se dirigea vers la porte et sortit.
Restée seule, Lucienne Louviers demeura un assez long moment immobile au milieu de l'antichambre, écoutant s'éloigner les pas de son mari.
Puis, elle revint sur le balcon, se pencha dans la rue pour apercevoir encore Louviers qui n'avait pas franchi la porte d'entrée de la maison.
Il apparut soudain sur le trottoir.
Tout de suite, il leva la tête vers la façade et, en souriant, il envoya au quatrième étage un léger baiser du bout des doigts vers la jeune femme qui lui faisait de la main de gentils gestes d'adieu.
Elle murmura contemplant l'homme qui disparaissait au tournant de la rue :
— Comme il est élégant et beau garçon, mon Louis !...
En ses yeux brillait une lueur admirative et tendre, tandis qu'en sa voix on sentait passer une intonation passionnée et vibrante :
— À le voir, si svelte et si mince, dans sa jaquette noire, on croirait un tout jeune homme !... Et pourtant, il a trente ans déjà...
Elle répéta d'un accent lent et comme effaré :
— Trente ans !... Et six ans déjà que nous sommes mariés !...
Elle abandonna le balcon et s'assit dans un fauteuil au pied du lit.
Elle se sentait inconsciemment étreinte, tout à coup, par un afflux de souvenirs déjà lointains, évoqués par la pensée de ses six années de mariage.
Maintenant, elle revoyait le jour où, pour la première fois, elle avait rencontré Louis Louviers.
Ses dix-huit ans à elle, resplendissaient merveilleux de beauté et de grâce blondes.
Elle travaillait en qualité de vendeuse dans le magasin de MM. Racot et Louviers.
À ce moment-là, la maison de fleurs et plumes n'était pas encore comme aujourd'hui une des premières de Paris.
Le vieux père Louviers la dirigeait presque seul, Racot son associé, toujours malade, ne paraissant presque plus au magasin.
Le père Louviers était veuf et avait un fils, Louis, qui voyageait en province et à l'étranger pour la maison.
Lucienne Sartin n'était que depuis quelques semaines dans la maison et n'avait jamais vu le jeune homme, lorsqu'un matin, comme elle entrait à l'atelier, Sidonie, une des vendeuses, lui dit tout bas d'un air de confidence :
— Vous savez, Lucienne, le petit patron est revenu ! Il est arrivé hier soir... Vous allez voir le joli garçon que c'est !...
Pourquoi Lucienne se sentit-elle rougir subitement ?
Pourquoi éprouva-t-elle un trouble bizarre en entendant la phrase très banale en somme de Sidonie ?
Elle n'eût su le dire et, cependant, elle se sentait comme une anxiété, une gêne des plus violentes...
Sidonie reprenait :
— Oui ! ma chère... vous verrez ça... J'ai rarement rencontré un homme aussi séduisant !... Une vraie tête de fille !... Des cheveux d'un blond à faire rêver !... Et une bouche !... Ah !... Quelle jolie bouche !...
Mais le vieux Louviers entrait dans la salle et Sidonie s'était tue.
Presque tout de suite, apparut derrière lui son fils vers qui il se tourna en disant :
— Tu vois, Louis... cela commence à mieux aller !... J'ai dû prendre trois nouvelles vendeuses...
Le jeune homme s'était incliné respectueusement devant les femmes qui étaient là. À la phrase de son père, il répondit par un petit hochement de tête approbatif.
Lucienne était en train de ranger des cartons, emplis de plumes d'autruche de toutes nuances.
À la dérobée, poussée par une curiosité puérile, elle fixa ses regards sur le nouveau venu.
Et, à part elle, elle se dit aussitôt :
— C'est vrai qu'il est bien !... Et quels jolis yeux !
Elle regardait avec attention le fin visage du jeune homme, ses abondantes mèches folles et blondes, ses traits réguliers, sa bouche attirante et sa chair laiteuse.
Un émoi singulier l'envahissait devant cet homme de vingt-quatre ans qu'elle apercevait pour la première fois.
 
Depuis ce jour, les deux jeunes gens se revirent fréquemment, car Louis ne voyageait plus, son père étant trop surmené pour diriger seul le commerce.
M. Racot ne tarda pas à mourir. On prit deux voyageurs pour remplacer Louis et le jeune homme fut définitivement adjoint à son père, tandis que la raison sociale de la maison devenait : « Ancienne Maison Racot et Louviers, Louviers Père et Fils, successeurs. »
Et, au bout de trois ou quatre semaines, Lucienne s'avoua qu'elle était éprise de Louis.
D'ailleurs, si elle en était arrivée à un tel résultat, c'est que le jeune homme avait semblé lui-même remarquer plus particulièrement la vendeuse.
Lorsqu'il lui adressait la parole, il le faisait avec une timidité et une douceur qu'il n'avait pas à l'égard des autres employées.
Et puis, lorsqu'il posait sur Lucienne le regard de ses grands yeux verts, elle croyait y voir passer une flamme drôle, tendre et presque implorante.
Enfin, un jour, il parla. Il osa avouer à la jeune fille son amour et ses espoirs et, tout haletant, il lui demanda sa main.
Une joie folle inonda Lucienne, car depuis qu'elle savait son amour pour Louis, elle connaissait une vraie souffrance.
Cet homme, elle ne pouvait en effet lui appartenir, pensait-elle.
D'abord, il ne faisait point attention à elle et puis le fils du patron, patron lui-même d'une maison qui commençait à compter sur la place de Paris, parmi les plus importantes ?
Sans doute, avait-il pressenti cela.
Ou bien était-il lui-même d'une nature franche et loyale et épris de Lucienne, jugeait-il qu'il devait obéir à sa passion sans l'avilir, sans souiller celle qui en était l'objet ?
Toujours est-il qu'à la déclaration du jeune homme, elle répondit par cette phrase qui jaillit de ses appréhensions et de sa surprise :
— Oh ! Jamais votre père ne voudra !
— Dites-moi seulement si vous consentez, Lucienne, répondit-il, et je saurai emporter le consentement de mon père.
— Ah ! Louis, murmura-t-elle, éperdue de joie, pouvez-vous douter de ma réponse.
Il s'exclama, radieux :
— Ainsi, vous voulez bien ?... Ah ! Lucienne... comme je suis heureux et comme je vous aime !...
Il la quitta sur ces mots, comme égaré et, la vendeuse, interdite, le regarda s'éloigner, tourmentée par une affre intense, car elle soupçonnait bien qu'il allait s'ouvrir à son père de leur mutuelle tendresse.
Le vieux Louviers ne fit pas d'objections bien sérieuses.
Lui-même avait jadis épousé par amour une petite ouvrière, alors qu'il n'était encore qu'un modeste employé.
Il n'avait qu'une affection au monde : Louis...
Pour ce fils, seulement, il travaillait avec âpreté, voulant lui laisser une maison solide et florissante, voulant lui préparer un avenir heureux et sans souci.
Puisque donc Louis aimait Lucienne Sartin, puisqu'il la voulait pour femme, le père ne pouvait s'y opposer.
Et le mariage eut lieu deux mois plus tard.
Il y avait six ans de cela et, depuis six ans, le jeune ménage vivait une existence calme, tendre et heureuse.
Louis et Lucienne s'aimaient comme au premier jour.
Le vieux Louviers était mort deux ans avant et son fils dirigeait seul maintenant l'importante maison de commerce, qui lui donnait de gros revenus.
Rue de la Michodière, l'ancien appartement de M. Louviers père avait été annexé au magasin agrandi.
Louis avait voulu habiter dans les quartiers neufs.
Rue François I er , sa femme et lui occupaient un bel appartement dans un immeuble confortable.
Tous les jours, Louis se rendait à son magasin, laissant sa jeune épouse s'occuper de son intérieur qu'elle se plaisait à embellir.
Une bonne domestique, zélée et dévouée, suffisait aux soins du ménage et les jours coulaient dans une quiétude pleine de

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