Le document vivant

Paul Tossel

Description

Edward Warency alias « L’Ange » apprend par une annonce de journal qu’un mécréant à qui il a déjà eu affaire recherche des femmes blondes de moins de vingt-cinq ans pour, soi-disant, faire des tournées de propagande à l’étranger.

Curieux, il demande à sa compagne Diana Deel, qui correspond à la description, de se présenter au casting.

Diana revient un peu déçue de n’avoir pas été sélectionnée, mais elle a réussi à lier connaissance avec Norma Stitcher, l’heureuse élue, afin de savoir ce que l’on attend d’elle.

N’ayant plus de nouvelles de Norma, elle se rend à son domicile pour s’entendre dire que celle-ci a subitement déménagé sans prévenir personne...

Sujets

• Policier & Thriller
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• Renseignement
• Disparition
• Casting
• Noces
• Fiction
• Littérature

Informations

• Publié par: Oxymoron Éditions
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782385010102
• Langue: Français

Extrait

Document vivant

Par
Paul TOSSEL
CHAPITRE PREMIER
 
Edward Warency encadra d'un trait de stylo l'annonce qui l'avait intéressé puis tendit le quotidien à Diana Deel. La jeune femme posa son ouvrage de broderie sur le guéridon et lut à haute voix.
 
« Jeunes femmes libres, vingt-cinq ans maximum, particulièrement jolies, demandées pour tournées propagande à l'étranger. Nécessaire être blondes. Cachets importants. Se présenter à partir de dix-sept heures à Spouncer Shop, 233, Landshire avenue, Long Beach. »
 
Surprise, Diana Deel tourna la tête vers son compagnon qui dégustait un whisky par petites gorgées.
—  Spouncer Shop ! N'est-ce pas le bureau d'affaires qu'a ouvert dans Long Beach, ce bandit de Ray Stinkard pour dissimuler sa véritable activité ?
— Exactement ! Il est probable que le trafic de la drogue et des devises ne devait plus l'enrichir puisque le voici manager.
— Manager d'un groupe de jolies filles !... Je plains celles qui vont tomber dans ses rets.
— Diana ! Vous avez eu une excellente idée en choisissant la Californie pour passer ce mois de vacances. L'air y est d'ailleurs plus léger qu'en Floride, ensuite, nous y avons retrouvé la trace de Ray Stinkard.
— Cet individu vous intéresse toujours ? Je croyais que vous l'aviez oublié depuis sa disparition de New York, il y a deux ans.
— Stinkard ne cesse jamais d'être intéressant. Non par sa valeur propre, car il manque de persévérance et de sang-froid, mais parce qu'il connaît l'Orient et l'Extrême-Orient comme un véritable Asiatique. Toutes les affaires qu'il trame se rattachent à l'une de ces lointaines contrées. En général, elles sont d'envergure, mais il ne sait pas les conduire... Il y a beaucoup à faire, dans les Indes, en raison des troubles permanents qui y sévissent.
Les yeux bleus de Diana, qui s'harmonisaient si bien avec ses boucles blondes, se fixèrent sur le visage du jeune homme tandis que ses lèvres rouges esquissaient un sourire. Elle connaissait Warency et savait qu'il venait d'éventer une piste d'importance sur laquelle il allait foncer. Elle n'ignorait pas qu'elle aurait également son rôle à tenir dans la pièce comme dans toutes celles que montait l'Ange.
Edward Warency était en effet plus connu dans les milieux de la pègre ou de la police américaine sous le sobriquet de l'Ange. Il devait ce pseudonyme à la perfection, à la douceur de ses traits en même temps qu'à l'éternel sourire naïf et candide qui fleurissait sur ses lèvres. Il était de taille moyenne, d'une force et d'une souplesse sans égales, toujours vêtu avec une grande élégance. Si l'on ajoute à ce portrait une intelligence remarquable, un esprit prompt, une audace, un courage à toute épreuve, on comprendra la haine que lui vouaient les mauvais garçons lorsqu'il s'attaquait à eux. Le principe de l'Ange consistait à soustraire aux plus redoutables chefs de bande les profits qu'ils acquéraient par le vol et le crime. Il menait ainsi une action parallèle à celle de la police, mais pour son propre compte. Son ennemi juré était représenté par l'inspecteur fédéral Kenneth Hartling, que le hasard ou l'importance des entreprises plaçait constamment sur sa route. Hartling était d'ailleurs redevable à Warency de ses plus retentissants succès, mais son amour-propre en souffrant, il s'était promis de passer les menottes aux poignets de son singulier concurrent à la première occasion. L'Ange se divertissait de cette lutte souvent courtoise, parfois tragique et ne ménageait pas les sarcasmes à son ancien condisciple du collège de Seattle.
— Diana ! Savez-vous à quoi je pense,
— Je m'en doute ! répondit-elle en riant.
— Vous êtes extraordinaire !... Je suis en train de songer, qu'à mes yeux, vous êtes la plus belle femme des deux Amériques ; que, par surcroît, vos admirables cheveux sont naturellement blonds comme les blés mûrs...
— Que de fleurs !... Pour me demander, en fin de compte, de me présenter ce soir à dix-sept heures à Spouncer Shop !
— C'est cela même !... Comme toujours, vous me comprenez sans que je m'explique. Je tiens absolument à savoir ce que dissimule cette annonce du California Tribune.
— Peut-être ne s'agit-il que d'un simple trafic de jolies filles en direction de l'Orient !
— Nous en aurons au moins le cœur net !... Dans ce cas, je téléphonerai le renseignement à notre ami Kenneth Hartling, qui se trouve en Californie en même temps que nous... Étrange coïncidence !
— Kenneth est ici et vous ne m'en aviez rien dit !
— Excusez-moi, cet important personnage n'avait pas retenu mon attention. J'ai appris par la presse qu'il était à Long Beach depuis trois jours. Il est officiellement chargé de l'affaire Portlast, la plus nébuleuse des entreprises d'espionnage atomique.
— Alors, comme la bombe H ne nous a jamais intéressés, nous ne...