Le drame de Juan-les-Pins

Marcel Priollet

Description

Un homme est mort !

C’est la frayeur à la pension des « Sables-Rouges » de Juan-les-Pins ! Un client a été assassiné durant la nuit de deux balles dans la tête.

L’inspecteur François PESSART, dépêché de Paris, débarque dans la cité balnéaire pour mener son enquête.

En arrivant, quelle n’est pas sa surprise en apercevant son ami, l’inspecteur Bob Rex de la Brigade Mondaine, en vacances dans la ville !

Mais la stupeur de PESSART est plus grande encore d’apprendre que Bob Rex en sait beaucoup sur le drame de Juan-les-Pins...

Sujets

• Éther

Informations

• Publié par: Oxymoron Éditions
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9791070035566
• Langue: Français

Extrait

Inspecteur PESSART

- 16 -

LE DRAME DE JUAN-LES-PINS

De
Marcel PRIOLLET
* 1 *
POLICIER EN VACANCES
 
Bob Rex ouvrit les yeux sous la chaude lumière perçant les stores de toile de sa chambre. Il s'étira avec délices, retrouvant le décor banal et luxueux de l'hôtel de grande classe où il était descendu une semaine plus tôt, car l'inspecteur le plus élégant de la brigade mondaine gardait le goût de la richesse même en dehors de son service.
L'esprit encore embué de sommeil, il réalisa progressivement sa situation présente.
Le quai des Orfèvres l'avait mis en vacances régulières d'un mois. Durant trente jours, il pourrait s'ébattre à l'aise sur cette mondaine petite plage de la Côte d'Azur, objet de sa prédilection particulière ! Ces quatre semaines de liberté le détendraient, feraient de lui l'anonyme gentleman que les jolies femmes de Juan-les-Pins prendraient pour un privilégié riche, un vrai snob de palace, un de ces beaux garçons aux poches cousues d'or, aux caprices coûteux, dont l'existence fabuleuse avait tant de fois fait rêver le jeune inspecteur.
Donc, Bob allongea les bras, bâilla, s'ébroua, puis, d'un saut de carpe, se dressa sur son séant.
D'où venait qu'à la joie rapide du réveil succédait une sorte de mélancolie lourde, un dégoût, une paresse d'esprit bien inhabituelle chez le jeune inspecteur. C'est alors seulement qu'il se souvint qu'il était amoureux.
Joli garçon comme il l'était, il ne rencontrait guère de cruelles, ce qui faisait abréger généralement ses rares crises sentimentales. Pour cette fois, l'élégant inspecteur de la brigade mondaine avait joué de malheur. En arrivant, huit jours plus tôt, à l' « Hermitage » de Juan-les-Pins, il avait croisé dans le hall d'entrée une élégante jeune femme blonde qu'accompagnaient deux beaux enfants vêtus de blanc, un petit garçon de huit ans et une fillette de douze ans environ.
Des habitants du palace, évidemment.
Bob avait rêvé toute la nuit à la belle inconnue, à la souplesse d'ondine de son corps, à l'éclat de ses bijoux de prix. Il connaissait le coup de foudre.
Le lendemain, Rex avait interrogé le valet d'étage, lui décrivant minutieusement la personne.
Celui-ci n'avait pas eu la moindre hésitation :
— Vous voulez parler de M me  Stangar, Solange Stangar ?
— Stangar ? Les automobiles ?
— Bien sûr ! Elle est ici avec son mari et ses deux enfants !
— Quel genre de femme ?
— Oh ! tout ce qu'il y a de convenable, bien entendu !
Bob Rex tombait de son haut.
M me  Stangar n'était pas évidemment une femme pour lui !
Il avait vu le mari, un gros homme d'une cinquantaine d'années, au visage glabre, le type du brasseur d'affaires moderne, se donnant volontiers le genre d'un « Boss » américain. Bob s'en était allé dans les bars, se liant avec les filles, ébauchant des liaisons qu'il ne poursuivait pas, tenu, enragé pour ce brusque béguin qui le faisait frissonner de la tête aux pieds lorsqu'il lui arrivait de croiser M me  Stangar. La présence de celle-ci lui devenait de jour en jour plus tyranniquement indispensable.
La jalousie du pauvre Rex subit une dure épreuve lorsqu'il constata qu'un troisième larron escortait régulièrement le couple. Celui-ci, un grand garçon brun, aux membres dégingandés, à figure assez ingrate, paraissant d'une extrême jeunesse, gauche et timide, semblait s'attacher au ménage Stangar avec une ténacité déconcertante.
...