Le drame du Magniolia
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Le drame du Magniolia , livre ebook

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Description

Billy MAC TIDDLE, le détective vendeur de chaussettes, de retour de son voyage à Mexico, navigue sur le palace flottant le « Magniolia ».


Un soir de tempête, l’acteur Teddy Michaël, l’ayant reconnu, lui demande protection, pensant être en danger.


Pendant la nuit, le jeune premier s’évapore.


Poussé par sa légendaire curiosité, Billy MAC TIDDLE se lance à la recherche du disparu et ne tarde pas à trouver des indices laissant présager qu’un drame s’est produit sur le « Magniolia »...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9782373474527
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE DRAME DU « MAGNIOLIA »
Roman policier
par Paul MAX
CHAPITRE PREMIER
Par une nuit de tempête
Le« Magniolia »faisait route vers l'Angleterre.
Sur le pont-promenade, Billy Mac Tiddle, confortabl ement installé dans un fauteuil d'osier, se livrait à un singulier travail : il avait sur les genoux un très grand cahier, il tenait entre les doigts un très pe tit crayon, et, à l'aide de celui-ci, il dessinait sur celui-là une chaussette. À la véri té, cette chaussette, de dimensions ridiculement réduites (dame, Billy Mac T iddle n'était pas un peintre de panoramas), avait l'air, au milieu du vaste feui llet blanc, d'un insecte dans le désert, mais il en émanait des rayons qui en diffus aient la signification et en amplifiaient l'importance. Chacun de ces rayons, en effet, partant avec autorité du centre de réflexion – en l'espèce, la chaussette – aboutissait à un rectangle dans lequel apparaissaient des inscriptions explica tives. « Laine ou coton », disait celui qui correspondait au pied, « jersey de soie », ripostait celui qui se rapportait à la jambe. Et, le crayon levé, les yeux au loin, Billy Mac Tiddle, dont l'esprit voltigeait à la poursuite de l'inspiration , luttait mentalement contre les difficultés syntaxiques des phrases explicatives de stinées à compléter ces indications succinctes. Il revenait de son grand vo yage de vacances, de sa randonnée mexicaine, au cours de laquelle il s'étai t trouvé mêlé, plus qu'il ne l'aurait voulu, au monde des toreros(1). Or, si ses dons de détective improvisé avaient, dans ce milieu, trouvé à s'exercer, sa cur iosité professionnelle – car nous avons affaire, ne l'oublions pas, au plus gran d marchand de chaussettes du West End – il avait fait une découverte. On croi t, généralement, que les costumes d'apparat des toreros, ceux qu'ils revêten t les jours de corrida, sont de soie avec broderies d'or. C'est une erreur : seul, le haut du costume, c'est-à-dire le gilet et la petite veste ou « chaquetilla », son t en soie, surchargée d'or et parfois de pierreries, mais la culotte courte, dont uniquement les côtés extérieurs sont brodés, est de jersey de soie. Pour quoi ? Pour rendre les mouvements plus aisés, pour faciliter la course ou le saut de la barrière.
« Trouvaille ! s'était écrié mentalement Billy Mac Tiddle, il y a là une idée à creuser, à adapter à mes chaussettes ! La chaussette en jersey de soie facilitera la marche... De plus, elle évitera vraisemblablemen t le port des jarretelles qui serrent le mollet, arrêtent la circulation du sang et tombent à l'improviste sur les chaussures au moment précis où l'on fait l'aimable auprès d'une dame. Ce sera mon grand lancement du début de l'automne : la « ch aussette à la torero »...
Voilà pourquoi, sur le pont-promenade du bateau qui le ramenait en Angleterre et vers ses occupations commerciales, Bi lly Mac Tiddle dessinait sur la vaste feuille d'un trop grand cahier une petite chaussette rayonnante d'explications.
« Ai-je avantage à faire commencer le jersey en deç à ou au-delà de la cheville ? » se demandait-il.
Et ce fut à ce moment précis qu'un violent coup de vent lui arracha des mains son croquis artistique, et, d'un seul élan, l e projeta dessus bord.
Billy Mac Tiddle qui, en temps ordinaire, réservait ses exclamations à Saint Patrick, invoqua, cette fois, le nom du Seigneur To ut-Puissant avec une telle vigueur et un tel déploiement de gutturalités écoss aises que le coup de tonnerre qui éclatait au même instant, passa inaperçu. Il se précipita vers le bastingage, se pencha désespérément vers les flots et vit son p rojet de chaussette se prélasser sur les flancs d'une vague énorme puis di sparaître dans l'écrasement bouillonnant de cette masse liquide. Il exprima sa rancœur en une phrase sonore où Jupiter voisinait avec « ce damné coup de vent » et il allait se retirer sur ses positions quand il aperçut, en dessous de l ui, sur le pont couvert des secondes, un couple qui s'expliquait avec vivacité. Il reconnut tout de suite le jeune homme blond dont le sourire ironique semblait pousser à bout la brunette qui gesticulait en face de lui ; il reconnut celle- ci aussi, d'ailleurs, une petite femme de chambre des cabines de luxe, une Française . Il s'étonna de la façon dont elle parlait à l'élégant jeune premier du « Da ly's Theatre », le séduisant Teddy Michaël, et il tira de cette scène les conclu sions qu'il y avait à en tirer, quand il entendit distinctement la jeune personne d éclarer à son interlocuteur narquois :
— Si tu en arrives là, je ferai un malheur !
Billy Mac Tiddle se félicita d'avoir toujours tenu les femmes à l'écart des préoccupations sérieuses de sa vie et, revenant à s es moutons, ou plutôt à ses chaussettes, se dirigea vers sa cabine, afin d'y ch ercher le nécessaire pour l'élaboration d'un nouveau croquis.
À ce moment, il se rendit compte qu'il y avait quel que chose de changé dans l'atmosphère générale de la traversée. Parti d'un p ied ferme, il s'était mis brusquement à tituber comme un homme ivre, et, chos e singulière et quelque peu choquante, chaque fois qu'il voulait aller à dr oite, une force invisible le poussait vers la gauche, et le poussait vers la dro ite chaque fois qu'il voulait aller à gauche. Il glissa un regard inquisiteur ver s l'Océan, et, devant son aspect menaçant, murmura :
— Oh ! oh ! Neptune se fâche !
Ce à quoi Neptune répondit aussitôt en lui envoyant une douche gratuite et désagréablement salée. Comprenant l'avertissement, Billy Mac Tiddle, sans aucune réaction d'amour-propre, prit son élan, atte ignit en trois enjambées l'escalier descendant dans les flancs du navire, et s'y engouffra comme un diable dans sa boîte.
La tempête prit toute son ampleur à la nuit tombée. Ballotté comme une coquille de noix, le bateau, geignant et grinçant, se trouva entraîné dans la sarabande des flots démontés. Piquant du nez pour r epartir l'instant d'après à l'assaut des hauteurs, roulant, tanguant, dégoulina nt d'eau du ciel et d'eau de mer, lançant au vent déchaîné la plainte avertisseu se de ses sirènes, il ne fut plus qu'un jouet soumis aux fantaisies cruelles de l'ouragan, et ceux qui l'habitaient provisoirement connurent l'angoisse mo rale et physique d'une situation aussi inattendue qu'exaspérante. Craquant de toutes parts comme s'il allait se désarticuler, le palace flottant (ce titr e est galvaudé depuis longtemps) s'emplit de bruits étranges, hoquets, plaintes, app els et courses des « stewards » dans les couloirs...
Billy Mac Tiddle, insensible au mal de mer, s'énerv a. Les rasades de whisky d'Écosse qu'il s'offrait de temps en temps, à titre préventif, lui faisaient battre les tempes et brûler les oreilles. Sa cabine était jonc hée de feuilles volantes sur lesquelles s'étalait une chaussette impeccable, tou te raide de fierté sous sa dénomination tracée en majuscules : « À la Torero » ... Il y en avait certainement une dizaine, de ces feuilles volantes, mais l'honor able commerçant de Londres, qui commençait à voir double, essayait vainement d' en relever le nombre et de choisir le croquis le mieux réussi... Que c'était d onc désagréable une tempête en mer !... Se sentir entouré de gens malades, percevo ir ces gémissements lamentables, souffrir à la fois de la chaleur et de s mauvaises odeurs du bateau calfeutré ! Répugnant, choquant, insupportable ! Il prit son solide manteau de pluie, le passa, enfonça sa casquette sur son crâne têtu et ouvrit la porte de sa cabine, décidé à remonter sur le pont, malgré les rafales et les averses. Mais il y avait quelqu'un dans le couloir, un grand jeune hom me blond, qui s'écria :
— Oh ! Monsieur Mac Tiddle, j'allais justement chez vous !
Billy reconnut aussitôt Teddy Michaël et lui répond it :
— C'est que je ne tiens pas à y rester, chez moi ! J'y deviendrais fou d'énervement ! Je préfère aller lutter contre vents et marées que de rester une minute de plus dans cette prison nauséabonde !
— Comme ça se trouve ! riposta l'acteur. Je monte, moi aussi, sur le pont. Nous pouvons faire route ensemble et je vous expliq uerai le but de ma visite.
— Allez-y.
— Voilà... Mais excusez-moi : je ne me suis pas pré senté.
Billy Mac Tiddle sourit :
— J'ai eu plusieurs fois l'occasion de vous applaud ir, Monsieur Michaël.
— Trop aimable ! murmura le jeune premier, répondan t au sourire.
Et il ajouta :
— Quand vous saurez que j'ai suivi avec passion vos enquêtes de détective amateur et que je suis un client fidèle de vos gran ds magasins d'Oxford Street, nous pourrons estimer que les présentations sont fa ites et entrer de plain-pied dans le sujet.
— Entrons, pour autant que la danse de ce maudit ba teau nous permette de faire un pas après l'autre.
— Voilà ce qui m'amène vers vous, Monsieur Mac Tidd le : j'ai l'impression d'être en danger.
— Par un temps pareil, nous sommes tous en danger. Cependant, je crois que ce navire jouit d'une solide constitution et qu 'il résistera victorieusement aux attaques des éléments déchaînés.
— Ce n'est pas de cela que je parle. La tempête est le cadet de mes soucis ! J'en ai vu bien d'autres. J'ai l'impression d'être personnellement en danger. Je suis sous le coup d'une menace et je crains que cet te menace puisse, à l'occasion, être mise à exécution.
Billy Mac Tiddle se gratta le menton et dit, rêveur :
— En effet, les Françaises sont assez vindicatives.
Teddy Michaël parut stupéfait :
— Les Françaises... Vous savez ?...
— Moi ? s'écria l'autre. Je ne sais rien du tout !
— Vous avez dit : les Françaises...
— D'une façon tout à fait générale... Vous vous sen tez menacé, mieux encore, vous avez été menacé... Partant de cette ce rtitude, mon cerveau, inconsciemment, en tire les déductions : une Anglai se ne menace pas : elle fait agir la loi ; une Italienne, une Espagnole, joint l e geste à la menace ; une Française, au contraire, tient à vous mettre en gar de contre ce qu'elle pourrait être amenée à faire. Elle vous laisse une dernière chance d'échapper au châtiment qu'elle vous prépare...
Il prit un temps et conclut :
— Eh bien ! mon cher Monsieur, profitez de cette de rnière chance ! Ne provoquez pas le geste que vous craignez. Vous êtes venu vers moi pour me demander de vous protéger. C'est exact, n'est-ce pa s ?
— C'est exact.
— Eh bien ! je vous prie de noter, d'une part, que je m'occupe surtout de la protection des chaussettes, et d'autre part, que pe rsonne ne peut aussi bien vous protéger que vous-même.
— Vous refusez de me venir en aide ?
— Pas du tout. Que l'occasion s'en présente et je s erai à vos côtés pour repousser toute attaque. Mais je me rebiffe contre une certaine fatalité qui, au cours de ma vie, a eu toujours une tendance à me po ser, à moi, simple commerçant, des énigmes policières. Je suis marchan d de chaussettes, par Saint Patrick, et je voudrais bien le rester. On es t tellement plus tranquille dans le commerce de la bonneterie. Il doit bien y avoir un détective professionnel à bord : adressez-vous à lui... Ou, plus simplement, suivez mon conseil : protégez-vous vous-même. Tenez compte de l'avertiss ement... Soyez prudent, soyez logique, soyez pratique. Nous voici sur le po nt et nous n'y craindrons pas les bousculades. De quel côté dirigez-vous vos pas ?
— Vers la droite.
— Moi vers la gauche. Au revoir et bonne chance !
— Merci, Monsieur Mac Tiddle. Au revoir.
Dès ses premiers pas, Billy Mac Tiddle faillit être renversé par le vent. Il s'arc-bouta sur ses solides petites jambes, serra a utour de lui son manteau de « tweed » imperméabilisé et, le cerveau tout à fait débarrassé de ses brumes alcooliques, se dirigea vers l'endroit où il avait abandonné son confortable fauteuil d'osier. Bien qu'il fît un temps épouvanta ble, Billy était heureux de ne plus être à l'intérieur de ce bateau aux senteurs é cœurantes. Le fauteuil en osier était prudemment remisé dans un coin, à l'abri des intempéries : Billy parvint à l'en arracher et, enveloppé dans son manteau comme dans une couverture, s'y installa... Il réalisa tout de suite qu'il fallait être fou pour venir prendre le frais sur le pont-promenade d'un bateau par une pareille nuit de tempête. Mais il était Écossais, c'est-à-dire plus têtu qu'une mule. Il av ait décidé de venir s'asseoir sur le pont, il était assis sur le pont, il resta assis sur le pont. Bien plus, il sortit sa pipe de sa poche... et s'aperçut qu'il avait laissé son tabac dans la cabine.
« Ce n'est pas si...
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