Le fantôme au rire de femme
60 pages
Français

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Le fantôme au rire de femme , livre ebook

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Description

La tranquillité de l’Hostellerie du Coin Perdu est troublée par des bruits inhabituels et mystérieux. La nuit, certains clients et même la maîtresse de maison ont croisé un fantôme qui disparaît furtivement en émettant un rire féminin.


Le propriétaire, redoutant pour la santé mentale de sa femme et celle, financière, de son entreprise, décide de faire appel au célèbre commissaire MARCASSIN. Mais, par manque de crime, celui-ci refuse de s’occuper de l’affaire.


Pour autant, il enjoint au plaignant de contacter son ami le détective américain Gordon PERIWINKLE alias OLD JEEP.


Le lendemain, OLD JEEP appelle MARCASSIN pour lui annoncer qu’un homme a été tué au Coin Perdu.


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782373474183
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

OLDJEEP et MARCASSIN - 2 -
LEFANTÔME AURIREDE FEMM E
De Marcel PRIOLLET
I
Le commissaire Marcassin venait de reprendre place à son bureau. Il ouvrait un dossier. C'était sa façon de faire comprendre au visiteur que l'entretien était terminé.
Mais le visiteur ne se décidait pas. Il insistait :
— Monsieur le commissaire, est-ce là votre dernier mot ?
— Oui !... Et je vous répète, mon cher monsieur, qu e vous vous êtes trompé de porte. Ici, c'est la brigade criminelle. Cri-mi-nelle, vous entendez ?... Or, dans votre histoire, convenez-en, il n'y a rien qui s'ap parente à un crime. Adressez-vous aux services compétents.
— Ce ne sera pas la même chose !... Ah ! ma pauvre Germaine va être bien déçue. Elle comptait tant sur vous, monsieur Marcas sin ! Moi aussi, j'y comptais. Cela vous était si facile... En une demi-journée, e n une heure peut-être, vous auriez tout découvert, tout expliqué...
— Encore une fois, ce n'est pas mon rayon ! Je regr ette que vous vous soyez dérangé pour rien...
— C'est désolant, désolant !
Petit et râblé, l'homme avait un bon visage tout ro nd, où se lisait une sincère affliction. Très brun, sans un seul cheveu gris, il accusait une quarantaine d'années. Le regard était doux, un peu larmoyant, c omme avait été plaintive la voix qui, vingt minutes durant, avait exposé l'affa ire et tenté de fléchir le célèbre commissaire de la Police Judiciaire.
Pour cette visite au quai des Orfèvres, le solliciteur s'était endimanché. On le sentait mal à l'aise dans un complet dont il n'avai t pas l'habitude. Il ne savait trop que faire de son chapeau, qu'il avait laissé tomber à deux reprises, au cours de l'entretien.
Et, voici que, patiemment obstiné, il revenait à la charge.
— Monsieur le commissaire, si vous vouliez...
Peut-être avait-il surpris une lueur de pitié dans le regard que Marcassin venait de détacher de son dossier.
Mais, à ce moment, le téléphone tinta. Le commissai re décrocha.
— Oui, c'est moi... Ah ! bonjour, cher ami... Non ! rien de bien particulier... À moins que... Attendez donc !... J'ai ici, dans mon bureau, un brave homme à qui vous pourriez peut-être rendre service... Mais d'ab ord, dites-moi... Ça vous
intéresse, vous, les maisons hantées ?... Oui, il s 'agit d'une maison hantée. Ne rigolez pas. C'est très sérieux, si je m'en rapport e aux déclarations de monsieur... monsieur...
Le commissaire cherchait à se rappeler le nom. Le v isiteur lui souffla :
— Taur... Charles Taur !
— ... De M. Charles Taur, propriétaire d'un hôtel-r estaurant, en Seine-et-Oise, à moins de trente kilomètres de Paris. Il se passe là-bas des choses extraordinaires... Mais non ! vous ne me priverez d 'aucun plaisir. Moi, vous savez... du moment qu'il n'y a pas meurtre ou tenta tive de meurtre... Alors ?... Vous ne demandez pas mieux... Bon ! Je vous envoie le client... Arrangez-vous tous les deux !
La communication terminée, Marcassin sourit à Charl es Taur.
— Eh bien ! mon ami, vous pouvez vous vanter d'avoi r de la veine ! Vous n'allez pas perdre au change, croyez-moi. Connaisse z-vous Gordon Periwinkle ?... On l'appelle, plus communément Old Jeep...
— Il me semble en avoir entendu parler...
— Vous seriez le seul à ignorer l'un des plus fameu x parmi les détectives d'outre-Atlantique. Old Jeep est en ce moment à Par is, chargé de mission. Il s'initie à nos méthodes. Il nous arrive de travaill er ensemble, lui et moi. Nous sommes très liés, très copains. C'est pourquoi je n 'ai pas hésité à lui parler de votre affaire, pendant que je le tenais au bout du fil. S'il la prend en main, vous êtes sauvé. Ne perdez donc pas une minute, monsieur Taur. Old Jeep vous attend. Présentez-vous de ma part. Vous le trouvere z à son hôtel, leBristol, faubourg Saint-Honoré.
L'hôtelier montrait encore un peu d'hésitation.
— Tout de même, j'aurais préféré...
— Je sais, je sais ! coupa Marcassin qui, ayant épu isé cette fois toutes ses réserves de patience, se leva et alla lui-même ouvrir la porte.
Quand Charles Taur arriva auBristol, dont le hall s'animait du va-et-vient d'uniformes alliés, il n'eut qu'à prononcer le nom de Gordon Periwinkle et préciser qu'il était attendu, pour se voir pris en charge par un chasseur qui l'installa dans l'ascenseur, puis le guida dans les couloirs et le confia à un secrétaire, déjà au courant lui aussi. Et deux minu tes plus tard, dans le salon où on l'avait fait entrer, notre homme était rejoint p ar un grand gaillard aux joues roses et aux yeux clairs, qui vint à lui, jovial et la main tendue :
— Monsieur Taur, enchanté de vous connaître ! Puisq ue vous êtes envoyé par mon ami Marcassin, vous êtes aussi mon ami. Rac ontez !...
Charles Taur aurait pu avoir plusieurs motifs d'éto nnement. C'était tout d'abord l'air de jeunesse et d'insouciance du détec tive. C'était aussi la façon dont celui-ci parlait notre langue, presque sans ac cent. C'était enfin le négligé de sa tenue : un pantalon de pyjama et un peignoir de bain qui s'entrebâillait sur une poitrine d'athlète, admirablement musclée et sa ns une once de graisse superflue.
Par surcroît, il était expéditif. Il le prouva.
— Asseyez-vous !... Cigare ?... Vous avez tort, ils sont excellents. Alors ?... Cette maison hantée ?... Dites vite.
L'hôtelier avait pris place sur un large fauteuil e n tapisserie de Beauvais et bois doré. Gordon Periwinkle se promenait dans la p ièce, comme asservi à un éternel besoin de mouvement.
— Avant tout, monsieur, je vous dois un aveu, en ve nant à Paris, ce matin, je m'étais mis en tête de décider le commissaire Ma rcassin, dont la réputation n'est plus à faire, à s'intéresser personnellement à cette histoire, qui me cause tant de soucis. J'avais promis à ma femme de faire l'impossible... Car c'est elle, surtout, qui me préoccupe. Il faut vous dire que ma pauvre Germaine est très impressionnable. Si la vie que nous menons depuis q uelques semaines doit se prolonger, elle y laissera le peu de santé qui lui reste... Mais ne vous impatientez pas, monsieur Periwinkle. J'arrive aux faits. Voici... Il y a cinq ans que nous sommes mariés, Germaine et moi. Un mariage d'amour. Après avoir travaillé chez les autres — je suis chef de cuisine , de mon métier, et Germaine est très bonne caissière — nous avons acheté cette Hostellerie duCoin Perdu, au-dessus de Chanteloup, sur le plateau de l'Hautil . C'était une maison tombée. J'ai eu quelque peine à la relever. J'y suis arrivé . Une bonne clientèle, surtout l'été...
— Et puis ?
— Excusez-moi si je ne vais pas plus vite. Les moin dres détails me semblent avoir de l'importance. J'ai déjà tout raco nté au commissaire Marcassin. Il m'a écouté avec intérêt, jusqu'au moment où il m 'a dit qu'il ne pouvait rien pour moi.
— Oh ! lui, railla Old Jeep, c'est un coupeur de ch eveux en quatre, comme vous dites en France. Nous n'avons pas la même tech nique...
— Il faut tout de même que vous sachiez comment mon hôtel, si tranquille naguère, est devenu brusquement le théâtre de faits mystérieux, inexplicables. Il y a de cela six semaines, environ. Au début, nous n 'avons pas attaché grande importance, ma femme et moi, aux coups qui résonnai ent dans les cloisons, pendant la nuit, si forts que, parfois, ils nous ti raient de notre sommeil. Mais les coups se sont multipliés. Et puis, il y a eu la cha îne du puits, qui s'est mise à grincer toute seule. Et toutes sortes d'autres brui ts bien suspects. Enfin, à
plusieurs reprises, nous avons trouvé des objets dé placés, des meubles renversés, des carreaux cassés.
— C'est tout ? interrogea Old Jeep, en mordillant s on cigare.
— Hélas ! non. Il y eut pire, monsieur ! Il y eut l 'apparition... plusieurs apparitions même...
— Quelles apparitions ?
— Je n'ose pas prononcer le mot, de peur de vous pa raître puéril ou ridicule. Mais ma femme et d'autres témoins pourront vous dir e qu'ils l'ont vu, ce fantôme... Et moi-même...
— Un fantôme ! s'esclaffa le détective.
Cette soudaine gaieté parut dérouter le narrateur, qui s'empressa d'ajouter :
— Bien sûr, je ne crois ni aux revenants ni aux spe ctres. Je pense comme vous qu'il ne peut s'agir que d'une mystification. Mais tout cela demeure bien troublant, car personne n'y comprend rien. Je n'ai pas manqué de faire des recherches. Mon personnel a été sur le qui-vive. De s amis m'ont aidé. J'ai même alerté la gendarmerie d'Andrésy. Ces messieurs ont passé deux nuits à la maison. Ils n'ont rien découvert. Et les conséquenc es...
Charles Taur ne put aller plus loin. Old Jeep l'interrompait.
— Cinq minutes ! Je vous demande cinq minutes... et je suis à vous.
Il s'éclipsa. Le délai fixé était à peine écoulé qu 'il réapparaissait, complètement habillé cette fois. Il portait un comp let de teinte claire et de coupe sportive, très élégant, qui accusait davantage la l argeur de ses épaules et la sveltesse de sa taille.
Come on !fit-il allègrement.
— Mais... où allons-nous, monsieur Periwinkle ?
— Chez vous ! Vous me raconterez la fin de votre histoire en cours de route.
L'hôtelier se laissa entraîner. Lorsqu'il retravers a le hall en compagnie du détective et qu'il vit les gens s'écarter et chucho ter à son passage, puis quand il observa que les passants, devant leBristol, s'attroupaient autour de la voiture, Charles Taur put se convaincre que cet Old Jeep éta it décidément un très illustre personnage.
La formidable Chrysler à carrosserie blanc ivoire, que l'Américain conduisait lui-même, venait d'avaler la côte de Saint-Cloud. S ur le plat, l'aiguille du compteur oscilla entre 100 et 110.
— Nous ne sommes pas si pressés ! risqua timidement le passager.
Il ne semblait pas rassuré. Peut-être aussi craigna it-il de n'avoir pas le temps d'achever son récit.
Periwinkle lui sourit de toutes ses dents, éblouiss antes comme celles d'un jeune carnassier, et releva un peu son pied de l'ac célérateur. Il se prit à siffloter, tout en écoutant.
Le brave Taur en était resté à ce qu'il avait appel é« les conséquences ». Elles étaient multiples, les conséquences !... Si q uelques clients se montraient curieux d'assister aux phénomènes, d'autres, en plu s grand nombre, désertaient l'établissement. Il y en avait aussi qui s'étaient mis en tête de découvrir le pot aux roses. Ceux-ci étaient les plus néfastes. Ils d érangeaient tout, déclouaient les lames du parquet, sondaient les plafonds et les murs, désarticulaient les portes des placards et des armoires. Dans le pays, les époux Taur devenaient la risée générale, quand il ne se trouvait pas des gen s superstitieux pour les fuir comme s'ils eussent répandu une diabolique odeur de soufre. Mais tout cela n'était encore rien ! La chose grave, répétait le p auvre homme, c'était la répercussion de l'énigme sur Germaine Taur, dont la dépression nerveuse s'aggravait chaque jour davantage...
On venait de traverser Poissy. Après le pont, l'ex-chef de cuisine indiqua :
— Première route à droite, monsieur Periwinkle. Pre nez garde à la montée de Chanteloup... Il y a de mauvais tournants...
Il reprit :
— L'affaire n'a pas manqué de s'ébruiter. Un journa l du soir lui a...
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