Le jeu pervers de la navette chez les canuts
66 pages
Français

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Le jeu pervers de la navette chez les canuts , livre ebook

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Description

En fin d’année 1956, l’inspecteur Victor Hugolin s’investit dans une enquête typiquement croix-roussienne, où il côtoie le monde des canuts et celui d’un jeu malfaisant : celui de la « navette »...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mars 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782381539560
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Croix-Rousse
Le jeu pervers de la navette chez les canuts
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Raymond Pierre Communod
Croix-Rousse
Le jeu pervers de la navette chez les canuts
1956 – Une enquête de l’inspecteur Victor Hugolin



 
Croix-Rousse te rappelles-tu ?
Combien de fois, je suis passé dans tes rues
 
Revêtues de pavés, de têtes de chat
Danger de nos déplacements, à chaque pas
 
Tu nous offrais Croix-Rousse natale
Comme musique matinale
 
Le bistanclaque'pan de tes métiers à tisser
Hymne d’une Marseillaise croix-roussienne endiablée
 
Fureur et joie des Canuts
Que d’entendre ce bruit saugrenu
 
Il a fait vibrer mes jeunes années
Et puis, tout doucement s’en est allé
 
Souvenir d’un «   gros gadin   » né à la Croix-Rousse : RPC
 
Plateau de la Croix-Rousse Lyon 4 e  : Lundi matin 6 h le 12 novembre 1956.
Ce lundi matin, Gilbert Dupoizat, gareur sur métier à tisser, s’étonnait de ne pas voir l’atelier de sa patronne madame veuve Plattard éclairé, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Qu’est-ce qu’elle avait bien pu faire hier soir ? La java bien entendu ! Depuis que Roger était mort, sa veuve avait chamboulé sa petite vie pépère, pour celle d’une femme libérée. Voilà ce qui arrive mon petit Roger quand on épouse une femme de 20 ans sa cadette et qu’elle se trouve libre, pensa Dupoizat. Si tu voyais ce qu’elle projette, tu sauterais en l’air, d’ailleurs c’est à force de la sauter que tu y as laissé ta santé, une vraie suceuse de vitamines cette garce-là. Gilbert ronchonna en descendant de son vélo, à cause de ce petit crachin qui rendait les pavés ou les «   têtes de chat   » encore plus glissants que d’habitude. Une fois sur le trottoir, il essaya d’ouvrir la porte de l’atelier donnant sur la rue Richan, mais celle-ci résista, elle était fermée à clef, ce qui le rendit encore plus grognon. C’était bien le jour, il devait finir de remonter le métier n° 4, afin de le faire fonctionner au plus vite pour que Claire puisse terminer la commande de Bianchini.
C’était bien une bonne femme, sa patronne, elle ne dérogeait pas à la règle, toutes les mêmes, à passer leur temps à faire chier les mecs, comme si c’était leur passe-temps favori. D’ailleurs la sienne était identique aux autres. Actuellement, Josiane, son épouse, le harcelait pour qu’il lui achète une machine à laver le linge. Elle ne pouvait pas se contenter de sa lessiveuse, il n’allait pas céder à ses caprices et puis ça l’attelait à son ménage, elle qui ne travaillait pas à l’extérieur. Elle était toute la journée à la maison pour s’adonner à son foyer et à l’éducation de ses deux mômes. De toute façon, ça l’occupait et ça lui évitait de trop réfléchir, lui travaillait bien à l’atelier de tissage. C’est bien un jour de merde ! V’là ti pas que la porte de la cour intérieure est fermée elle aussi, et la mère Tricollet, la concierge qui n’est pas dans sa loge, j’ai l’air malin avec mon vélo à la main. Je t’y parie que cette grosse poissarde est déjà chez la Fernande le «   Porte pot   » de la rue de la Tour du pin en train d’écluser un petit blanc. Fallait y pas qu’il devait avoir une sacrée faim le Lucien, son gugusse après 4 ans de privation au stalag en Allemagne quand il l’a épousée en 1945 un laideron pareil, même le Robinson Crusoé aurait fait la gueule à se taper une mocheté de ce gabarit-là. Enfin maintenant il ne risque plus rien, Lucien n’est plus là depuis l’année dernière, une cirrhose bien entretenue a eu le dessus, murmura le mécanicien des métiers à tisser.
Quelques minutes plus tard, malgré une fine pluie, Gilbert Dupoizat poussait la porte du café comptoir. Tiens donc ! Monsieur Gilbert à cette heure-ci 6 h, tu ne serais pas tombé du lit ? Qu’est-ce qu’il t’amène, tu t’es encore embrouillé avec ta patronne à moins que ce ne soit avec ta bourgeoise qui a ses «   ragnagnas   ». Même pas ! L’atelier est fermé, je te parie que la mère Plattard doit cuver sa vinasse, à moins et ce n’est pas impossible qu’elle nous ait ramené un gigolo qui l’a épuisée. Moi aussi, ça ne m’étonnerait pas. Il faut dire que depuis que Roger nous a quittés, il y a du passage, elle les collectionne les coureurs de jupon. Je te sers quoi mon biquet ? Tu me donnes un café bourguignon, ça va me réchauffer un peu, car en plus de mon taf, je vais devoir décrasser le poêle à charbon et l’allumer, sinon les filles vont râler et cela leur donnera l’occasion pour venir se réchauffer contre moi. Tu sais, moi aussi j’aime que l’on vienne me réchauffer et puis j’ai besoin de mains expertes pour mon entretien personnel depuis que ce salaud de Robert est parti s’installer chez la Raymonde couturière à domicile, tu parles c’est une grosse truie qui se tape tous les immigrés de la «   Grande côte   ». Merci pour la proposition Fernande, mais j’ai déjà tout ce qu’il faut à la maison et crois-moi, la Josiane est très méticuleuse sur le matériel, rien ne lui échappe, elle le sait toute de suite s’il a servi dans la journée. Menteur ! Tu ne dirais pas non, si la petite Claudia qui travaille avec toi se laissait faire, surtout qu’elle est bien seule depuis que son fiancé est parti en Algérie, il va doubler son temps de service militaire, le pauvre gamin. Bon, ce n’est pas tout, il faut que je trouve le moyen d’entrer dans l’atelier. Si tu vois la mère Tricollet, tu lui dis qu’elle se rapplique dare-dare dans l’allée pour m’ouvrir la porte de la cour, je vais essayer de passer par le fenestron des W.C. Je ne vais pas rester comme un con à ne rien faire, j’ai du boulot.
Finalement Gilbert croisa Rose-Marie Tricollet en train de sortir les poubelles sur le trottoir. Salut Rose-Marie ! Vous avez remarqué, ma patronne n’est pas encore levée, vous pouvez m’ouvrir la porte de la cour que je range mon vélo. Oh ! Le Gilbert, tu es réveillé ou tu as de la peau de saucisson devant les yeux ? Ça fait 9 ans que tu travailles ici et tu ne sais toujours pas que la clef est accrochée au clou vers la porte de la cave. Tout le monde le sait, sauf toi ? Peut-être mais jusqu’à présent, c’était le Roger qui s’occupait de l’ouverture et la fermeture de l’atelier, et pas une seule fois il n’a transgressé cette règle. Pauvre vieux, il est parti trop tôt, il aurait mieux fait de se casser une jambe le jour où il l’a connue sa femme, il ne lui aurait pas couru après. Eh bien samedi soir, ça a été la «   java chez Mimile   » avec ta patronne et pour une fois ce n’était pas en pleine nuit. Je crois qu’elle n’en a pas ramené qu’un de zigoto, mais plutôt deux. Ils devaient être ronds comme des queues de pelle, ça riait, ça gueulait, ça criait   ; certains locataires m’ont affirmé qu’ils allaient se plaindre à la régie immobilière. C’est qu’il y a des enfants dans l’immeuble qui entendent des mots qu’ils ne devraient pas entendre à leur âge, quand Monique prend son pied.
Gilbert une fois dans la petite cour intérieure essaya de passer par la petite fenêtre des toilettes, cependant il dut vite abandonner, la tête passait aisément comme les épaules, mais le derrière trop large et le bonhomme pas assez souple firent obstruction. Découragé, il s’apprêtait à monter dans les étages pour sonner à la porte de l’appartement, ce qui lui était formellement interdit par sa patronne, afin de protéger sa vie privée, quand il s’aperçut que la porte de l’atelier donnant sur la cour n’était pas complètement fermée. Il soupira de soulagement, et se saisit de la poignée pour pénétrer à l’intérieur mais eut la désagréable surprise de mettre la main sur une matière visqueuse. Machinalement, il porta celle-ci à son nez pour vérifier que ce n’était pas de la matière fécale humaine ou animale : plaisanterie de gamins désœuvrés. Mais il n’en fut rien, il traversa le dépôt dans l’obscurité où étaient entreposées les bobines de fils et de tissus prêts au départ vers différents clients. Ensuite il arriva à l’atelier proprement dit de tissage. C’était le noir total, aucune lumière extérieure ne traversait les lourds rideaux en toile épaisse, souvenir du couvre-feu ou des alertes aériennes quand la défense passive vérifiait scrupuleusement le moindre jet de lumière. Gilbert jura, il venait de se prendre les pieds dans les pièces démontées du métier n° 4 qui étaient éparpillées sur le sol. Furieux, il se baissa et constata que c’était bien elles, rien qu’au toucher. Elle va m’entendre la Plattard, l’atelier n’est pas un terrain de jeux, ni un lupanar, j’espère pour elle que les tissus ne sont pas tachés, difficile de faire passer une tache de sperme pour un «   crapaud   ». Gilbert se dirigea à tâtons vers le tableau électrique où il releva l’interrupteur de la lumière.
La première chose qu’il vit à ses pieds, fut un tas de cheveux déposé en vrac sur le sol, puis il se retourna tout doucement vers le métier n° 4, et ce fut comme une vision de cauchemar, Gilbert eut presque envie d’éteindre à nouveau, tant sa vision refusait de voir ce que ses yeux lui retransmettaient…
Monique Plassard était nue, les deux bras en croix, attachés de part et d’autre avec des cordes aux montants en acier du métier à tisser. Elle était à genoux, le regard fixé sur l’infini, toutefois elle semblait loucher, était-ce dû à la navette plantée à moitié au milieu de son front. Le ou les auteurs de ce crime odieux avaient poussé le sadisme en torturant leur victime, Monique avait été rasée, une croix gammée avait été dessinée sur son crâne avec de la peinture rouge empruntée sur l’établi de mécanique, ses seins avaient subi l

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