Le lac aux requins
50 pages
Français

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Description

De passage à Caracas, l’inspecteur Paul DOUBLET est bien décidé à assister à la représentation de la célèbre chanteuse Mariquita.


Même la visite d’un policier venu lui demander son aide pour mettre un terme à un trafic de fausse monnaie de grande envergure ne le détourne pas de son objectif premier.


Le soir, dans son fauteuil d’orchestre, il profite du récital, quand soudain, le visage de Mariquita se fige dans une expression de terreur... Et elle s’écroule sur scène...


Dans l’esprit de Paul DOUBLET, un lien se tisse alors entre les deux évènements, bientôt confirmé par l’information que les faux billets ont commencé à affluer depuis que la diva connaît le succès...

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070036600
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INSPECTEUR DOUBLET
À TRAVERS LE MONDE

LE LAC AUX REQUINS
Récit d'aventures

Jean NORMAND
I
EN LISANT LE JOURNAL

Dès les premières heures de la matinée, suivant une habitude dont il s'accommodait fort bien, l'inspecteur Doublet expédia ses affaires courantes. Il pouvait ainsi disposer de son temps pour le reste de la journée.
Comme vraisemblablement son séjour à Caracas se prolongerait encore une huitaine, il passa tout d'abord à la Banque Centrale faire un versement important, qui serait transmis à son compte en France, sans qu'il eût à s'en préoccuper davantage.
Un peu avant le déjeuner, assis dans un fauteuil de rotin, dans le bar de son hôtel, Doublet lisait le journal, cherchant, d'un coup d'œil rapide, les faits susceptibles de l'intéresser.
Brusquement, son regard se fixa sur un titre en caractères gras ainsi conçu : « Une formidable émission de faux billets ».
« Formidable » ! pour une fois le mot n'était pas trop fort ; on pouvait même dire qu'il demeurait en dessous de la vérité.
Une bande inondait de faux papier-monnaie les Républiques sud-américaines, ce qui n'était d'ailleurs pas un fait nouveau. Seulement, cette fois, et l'auteur de l'article attirait spécialement l'attention de ses lecteurs sur ces deux points : les faux billets imitaient les vrais avec une perfection jamais égalée jusque-là. De plus, il avait été non seulement impossible de connaître, mais encore de soupçonner par quel moyen les faussaires faisaient passer les différentes frontières à leurs billets de la Sainte-Farce.
Or, lorsqu'il s'agit de fausse monnaie et sous quelque latitude que ce soit, c'est toujours en arrêtant un émetteur, homme ou femme, dans un magasin, dans une banque, que la police réussit à remonter à la source, c'est-à-dire à ceux qui fabriquent.
L'inspecteur Doublet, que l'état des finances des Républiques sud-américaines préoccupait médiocrement, poursuivit sa lecture.
Le journal annonçait le séjour à Caracas, pour une durée indéterminée, de la grande chanteuse de flamencos Mariquita. Elle donnerait, le soir même, au grand théâtre de Caracas, une soirée au cours de laquelle des guitaristes en renom prêteraient leur concours.
— Ne manquons pas semblable occasion, se dit aussitôt l'inspecteur Doublet, qui se leva pour demander au barman où l'on pouvait louer des places.
— Mais ici même, si vous le désirez, Monsieur, répondit l'homme en veste blanche.
Doublet prit un fauteuil d'orchestre, paya et plaça le billet dans son portefeuille. Il allait se rasseoir et reprendre sa lecture, lorsqu'un employé entra dans le bar. S'avançant vers l'inspecteur, il l'informa, après une salutation ultra-respectueuse, que deux « señores », qui l'attendaient dans le hall de l'hôtel, demandaient à lui parler.
— Tu es bien sûr que c'est moi qu'ils demandent, tes señores ? interrogea Doublet d'un ton qui n'annonçait pas précisément des dispositions favorables à l'interview.
— Vous-même, señor Doublet, répondit l'employé en accentuant volontairement le nom de l'inspecteur pour bien lui prouver qu'il n'y avait point méprise de sa part.
— Pas moyen d'être tranquille un moment ! bougonna celui-ci en se dirigeant vers le hall.
Deux « señores » attendaient, en effet, l'inspecteur Doublet. Le premier était un homme du monde, fort distingué, de trente-cinq ans environ, vêtu d'un costume de chitang impeccablement repassé. Il salua avec une bonne grâce en même temps qu'il déclinait ses noms et qualité :
— Pedro Miuras, caissier à la Banque Centrale.
Le second était un personnage qui ne pouvait passer inaperçu.
Âgé de quarante-cinq ans environ, il était long, dégingandé et les soucis de la toilette semblaient n'avoir jamais été sa préoccupation dominante.
Son pantalon de chitang tirebouchonnait sur de longues jambes terminées par d'immenses pieds chaussés de souliers jaunes. Il tenait à la main un feutre gris à larges bords et son crâne dénudé lui donnait une vague ressemblance avec un vautour.
Avec un sourire accompagnant son geste cordial, il s'annonça ainsi :
— Inspecteur principal Luis Samanes.
— Messieurs, répondit Doublet, en même temps que son regard interrogeait avec autant de précision que des paroles.
Ce fut Luis Samanes qui fit réponse à la question qui se posait d'elle-même.
— Señor, dit-il, nous sommes venus pour avoir avec vous une conversation confidentielle sur un sujet des plus importants.
L'inspecteur Doublet désigna, dans un angle du hall, des fauteuils.
— S'il vous plaît, Messieurs, dit-il.
Après qu'ils eurent pris place, Luis Samanes prit la parole.
Sans trop abuser des phrases ampoulées, il entra vite dans le sujet.
— Señor, dit-il, vous êtes venu ce matin à la banque faire un versement ?
D'un geste affirmatif de la tête, Doublet acquiesça.
Souriant, avec un visible souci d'être aimable, Luis Samanes exposa alors :
— Une bande de faux monnayeurs, parfaitement organisée, inonde le Venezuela et les Républiques voisines de faux billets.
— Je sais, approuva l'inspecteur.
Luis Samanes sourit à nouveau avec une visible expression de satisfaction.
— Vous comprendrez, n'est-ce pas, señor, que ce n'est pas un motif personnel, mais une raison d'ordre général qui a nécessité notre visite. Chaque fois que le señor Miuras constate dans un versement la présence d'un ou plusieurs billets faux, il est tenu d'en avertir la police. L'état actuel des choses ne nous permet pas de négliger le moindre petit détail.
Le caissier approuva d'un geste de tête, sans prononcer une parole. Il n'était évidemment pas très loquace.
Doublet, qui n'avait pas hésité, au début de l'entretien, à qualifier Luis Samanes d'étrange olibrius, était revenu de ses préventions à son égard. L'homme était courtois, aimable, et avait su présenter une question difficile avec une adresse remarquable.
— Monsieur, déclara-t-il, en prenant lui aussi le ton aimable, je crains fort que les précisions que je pourrais vous fournir dans l'affaire qui vous préoccupe ne soient négatives. Je viens seulement d'apprendre, il y a quelques instants, en lisant le journal, l'existence de la bande de faux monnayeurs à laquelle vous faites allusion. En ce qui me concerne, j'ai touché, au cours de mes déplacements dans votre pays, du papier-monnaie sans pouvoir me rendre compte s'il était faux ou non.
— Rien de plus normal, señor Doublet, car les gens à qui nous avons affaire ont atteint une perfection remarquable, encore jamais égalée, et cela au dire même des spécialistes de notre institut d'émission.
Le caissier Miuras, comprenant évidemment que l'entretien ne donnerait rien de plus que les précédents, salua et prit congé, cependant que Luis Samanes, mû par un visible désir de prolonger la conversation, demeurait en place.
Il ne s'en cacha d'ailleurs pas et, aussitôt le caissier parti, exposa à l'inspecteur Doublet les motifs de son attitude.
— Señor Doublet, dit-il alors, lorsqu'il vous plaira, je serais très honoré si vous vouliez bien que nous reparlions ensemble de cette affaire. Je vous mettrais au courant des détails de l'enquête.
— Mon cher inspecteur, je ne vous dis pas non. Laissez-moi d'abord aller entendre ce soir la fameuse Mariquita au théâtre de Caracas, après nous reparlerons de votre affaire.
— Señor, je suis chaque matin à mon bureau jusqu'à onze heures, à moins d'événements imprévus. Vous n'aurez qu'à vous faire annoncer.
Sur ces mots, les deux hommes se quittèrent sur une cordiale poignée de main, enchantés l'un de l'autre.
II
UN ÉTRANGE COUP DE THÉÂTRE
 
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