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Le Mensonge donne des fleurs mais pas de fruits , livre ebook

230

pages

Français

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2013

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1983. Parti au Rwanda à la recherche de sa sœur et de son beau-frère, ancien para aux aspirations néo-nazies, Gérald Blanquet est confronté à un pays miné par des relations conflictuelles inter-ethniques, sociales et culturelles. Mais voilà que ce professeur, pion lancé par un fonctionnaire mystérieux sur le grand échiquier des jeux géopolitiques, devient encombrant.
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Date de parution

21 juin 2013

EAN13

9782342007718

Langue

Français

Le Mensonge donne des fleurs mais pas de fruits
Daniel Sondag
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Le Mensonge donne des fleurs mais pas de fruits
 
 
 
À mes amis rwandais disparus lors du génocide : Speranzy, Balthazar, les Augustins,…
 
 
 
À mes connaissances rwandaises perdues dans les bifurcations de la vie : Lisbeth, Michel, André,… ou partis à jamais Francesco, Willy, Raymonde,…
 
 
 
Spécial merci à mes premiers critiques : Sylviane, Margareth, Yves, Thom, Yvon, Cécile et, pour la remise en mémoire des mots en kinyarwanda, à mon amie rwandaise, Christiane.
 
 
 
 
Chapitre I
 
 
 
« O mort, vieux capitaine , il est temps! Levons l’ ancre .
Ce pays nous ennuie , ô mort! Appareillons!
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’ encre ,
Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons ! »
Baudelaire «  Les fleurs du mal, le voyage »
 
 
Avril 1983
La rutilante Mercedes blanche métallisée, qui roulait au ralenti dans la rue depuis une centaine de mètres, se rangea sur l’accotement, près du numéro 14. Pol Geron venait de parcourir près de 200 kilomètres pour aboutir à Habay, petit village accroché aux collines ardennaises. Perdre son temps sur ces portions d’autoroutes lassantes ou sur cette nationale 4 peuplée de poids lourds l’avait agacé. En ancien homme d’action, il n’appréciait guère conduire sur de longues distances aussi monotones. Il préférait les pistes cahotantes des déserts. Toutefois, il savait que dans quelques minutes, il serait de nouveau concentré sur sa mission.
Dans son hameau du Bois-du-Sépulcre, près de Nivelles en province du Brabant, il vivait confortablement dans une villa au centre d’une magnifique propriété d’un hectare. De là, il lui suffisait de prendre sa berline pour rejoindre, en quelques minutes, Bruxelles. L’immeuble dans lequel ses collaborateurs travaillaient était situé à quelques centaines de mètres des ambassades, des ministères. Ces petits trajets effectués, soit en voiture ou à pied, l’apaisaient.
Tout en gardant ses mains gantées sur le volant, Pol Geron se laissa bercer par le ronronnement du moteur. Des rides se formèrent sur son front. Il était inquiet. Depuis plusieurs mois, il travaillait sur ce dossier. Aujourd’hui, lui qui n’appréciait pas ce type de besogne devait prendre ses responsabilités. Ses pensées se transportèrent vers son bureau. Ces derniers temps, l’image qu’il avait réussi à bâtir autour de sa personne s’était étiolée au fur et à mesure que les jours passaient. L’homme allègre avait fait place à un individu préoccupé, distant. Avant cet ordre reçu de ses supérieurs, les secrétaires qu’il croisait, bénéficiaient, en permanence, d’un petit sourire qui démontrait sa disponibilité. Depuis cette quinzaine de jours, il supportait difficilement les sempiternelles questions de ses collègues, pour savoir si tel ou tel dossier était classé définitivement ou non. Ces derniers avaient pris l’habitude de s’en référer à lui alors qu’il n’était qu’un collaborateur occasionnel parmi d’autres depuis sa démission. Le résultat ne s’était pas fait attendre. Comme un zombie, il traversait les bureaux, ses yeux ne se fixant que sur les portes qu’il devait franchir. Les employés n’avaient plus droit aux bonjours ou aux sourires et, maintenant, le regardaient d’un air méfiant.
À force de gamberger ces deux dernières semaines, il avait conclu que cette mission était le reflet d’un échec personnel. Cela le minait. La faillite de ses recherches l’avait tellement contrarié qu’il avait envisagé de demander à se retirer pour régler personnellement le problème. Ses supérieurs n’auraient jamais autorisé qu’il sorte du rôle pour lequel il avait été engagé et il avait vite abandonné cette perspective.
Même après ces dix dernières années de travail comme fonctionnaire, après une vie excessivement active, Pol Geron, à 50 ans, ne se percevait pas du tout comme une personne rouillée. Certes, il avait pris certaines habitudes, comme aller boire son café systématiquement au Cinq Quentin, bistrot proche de la rue de la Loi où il aimait souvent se rendre. Son décrassage quotidien, à la salle de musculation voisinant son service administratif, lui permettait de garder un physique de jeune premier. Toutefois ce dossier perturbait le rythme de sa vie. Il devait dès lors assumer ses responsabilités et devoir annoncer lui-même la mauvaise nouvelle à ce ménage de retraités. Il était convaincu qu’il avait pris la bonne décision en évitant de faire venir ces gens une troisième fois dans la capitale. Il avait choisi cette stratégie afin d’être le seul maître du jeu. Il pourrait les quitter quand il le voudrait et éviter les probables conséquences. Il se méfiait particulièrement de la constitution fragile du père qui avait dû arrêter anticipativement son travail pour cause de santé. Si un nouvel infarctus devait se produire, ce ne serait pas à lui de gérer ce problème dans l’immédiat ou sur le long terme. Un appel au médecin du coin, et il repartirait serein. D’après les derniers renseignements obtenus, le couple de quinquagénaires se portait bien, mais face à un choc de ce type, il valait mieux prendre un maximum de précautions afin d’éviter des ennuis. Pour évacuer toutes ces pensées, il s’ébroua, secoua la tête, revenant ainsi au présent. Sa main droite se dirigea vers la clef de contact et la tourna. Le moteur cessa son ronronnement. Il se regarda dans le rétroviseur, peigna avec ses longs doigts sa blanche chevelure hérissée, admira sa fine moustache et se décida. Déterminé à en finir au plus vite, il ouvrit la portière de sa Mercedes. Il en sortit calmement. Il détendit son grand corps musclé puis lissa son costume pour annihiler les plis occasionnés par ce voyage désagréable tout en jetant un coup d’œil professionnel à la rue. C’était un quartier de nouvelles maisons non accolées les unes aux autres avec de grands parterres herbés encadrés de haies fleuries. La rue était calme, loin du centre du village dominé par une église, et se prolongeait vers la forêt. Son regard d’expert conclut rapidement qu’il s’agissait d’un quartier habité par des fonctionnaires gagnant bien leur vie… La maison des Blanquet ressemblait à celles voisines. Le jardin d’agrément se situait à l’arrière avec une orientation idéale plein sud. La barrière franchie, Pol Geron emprunta une allée fleurie qui l’emmenait vers la porte. Jonquilles et tulipes garnissaient des jardinières à chaque fenêtre. Cette famille avait incontestablement la main verte. Ces anciens enseignants savaient occuper leurs heures libres… Il prit une forte inspiration, se concentra sur le sujet à aborder et sonna.
 
Comme la plupart des après-midi de congé, Gérald Blanquet se relaxait dans la chambre d’amis aménagée avec soin par sa mère. Malgré ses 26 ans et son travail en ville, il revenait volontiers dans son village d’origine mais préférait toutefois l’ancienne maison qui l’avait vu grandir. Ses parents l’avaient revendue pour construire une nouvelle habitation dans un quartier plus éloigné du centre. Cette dernière était bien plus confortable que la maison aux vieilles pierres de schiste de son enfance mais sans l’âme que les anciens maçons savaient si bien donner aux bâtisses ancestrales. Malgré la fervente volonté de sa mère d’essayer d’y apporter une certaine mémoire du passé en accrochant par-ci, par-là, des peintures de paysages ardennais, quelques photos de famille, ou en y replaçant les meubles ou bibelots vieillots, rien n’y faisait. Gérald savait que ce qu’il avait aimé dans sa maison natale étaient les pierres séculaires, les murs hors équerres, les poutres en chêne. Chaque endroit lui parlait : le coin des punitions, le vitrage du salon cassé en jouant au football, le feu de bois et ses flammes qui dansaient lors des soirées hivernales,… Ici, tout cet aspect ancestral et intime avait disparu. Tous ses souvenirs tangibles étaient partis avec la vente de leur vieille maison.
Enseigner l’histoire lui permettait de passer les congés scolaires dans son « chez eux » et comportait, entre autres, l’avantage de jouir du confort d’être chouchouté par sa mère. Couché sur le dos, les avant-bras sous sa nuque, un sourire en coin, il regardait le plafond où se déroulait le film de sa vie d’enfant. Il n’oublierait jamais toutes ces baignades de l’été dans la Rulles, cette rivière aux multiples méandres où il découvrit les différences anatomiques entre filles et garçons. Il y avait eu aussi toutes ces bagarres, entre le « reste du village » et le « village », dans la cour de récréation, ou contre le village voisin dans le bois attenant au cimetière. C’était un bagarreur impénitent ! Il aimait provoquer et n’avait pas peur de s’attaquer aux plus grands. Un petit sourire apparut quand il se remémora la mise en scène qu’il avait organisée avec l’un de ses potes. Dans l’écurie de ses parents, il avait placé son copain Yves sur une croix pour faire croire, au frère aîné de ce dernier, qu’il l’avait crucifié. Après l’école, quand le frangin était passé devant la maison des Blanquet, Gérald avait ouvert en grand la porte et le crucifié volontaire s’était mis à hurler alors que lui, levant un marteau, faisait semblant d’enfoncer un grand clou dans une des mains. Une idée ingénieuse qui avait déclenché aussitôt une belle rixe. Quel petit con il était. Quand il n’organisait pas ces galéjades de mauvais goût qui débouchaient inévitablement sur des conflits, il furetait dans la forêt. Elle le fascinait. Il y avait construit maintes c

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