Le monsieur qui aimait trop sa femme
33 pages
Français

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Le monsieur qui aimait trop sa femme , livre ebook

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Description

Odilon QUENTIN fête sa toute nouvelle promotion au titre de « commissaire aux délégations judiciaires » à la table d’un bistrot avec ses bras droits quand il aperçoit, dans la rue, un petit homme sec aborder une grosse blonde outrageusement fardée, à la poitrine lourde et à l’arrière-train de jument poulinière.


Le contraste entre la prostituée et son client fait sourire l’inspecteur Chenu et le brigadier Dubosc, mais pas le commissaire Odilon QUENTIN qui, dans les traits du micheton, reconnaît l’homme sur lequel il a enquêté récemment, à la suite du décès de la femme de celui-ci. Si le veuf avait l’air éploré, le simple fait d’avoir contracté une assurance-vie très élevée sur la tête de sa femme, quelques mois auparavant, jetait la suspicion sur lui.


Le Commissaire Odilon QUENTIN décide de rouvrir l’enquête, maintenant qu’il est persuadé que le monsieur n’aimait peut-être pas tant sa femme que ça...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9782373471038
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Odilon QUENTIN
* 3 *
LE MONSIEUR QUI AIMAIT TROP SA FEMME
Roman policier
par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER
Toutes les corporations possèdent leurs usages ou l eurs traditions, et, bon gré, mal gré, tous ceux qui en font partie sont ten us de s'y conformer, si désagréables soient-elles. À la police judiciaire, notamment, la coutume exige qu'à l'occasion d'une promotion, celui qui en est l 'objet invite ses collègues et ses collaborateurs directs à fêter l'événement dans une brasserie proche des bureaux.
L'inspecteur principal Odilon Quentin n'avait pu se soustraire à cette obligation morale et, nommé commissaire aux délégat ions judiciaires à la suite de l'affaire Omer Lelong(1), il avait sacrifié au rite établi et recevait, ave c une bonne grâce un peu bourrue ses égaux et ses inférie urs dans l'arrière-salle d'un établissement habituellement fréquenté par les memb res de la P.J.
Il avait dignement fait les choses, comme s'il voul ait se faire pardonner cette nomination, amplement méritée cependant : sandwiche s variés à profusion, cigares, et pour le liquide, les invités commandaie nt, selon leur fantaisie personnelle, des boissons infiniment variées qui al laient du demi démocratique au marc du patron, en passant par la gamme complète des apéritifs.
D'abord, ç'avait été la partie officielle de la cérémonie : speech aimablement improvisé par le doyen des fonctionnaires présents ; petit discours de l'inspecteur Chenu, bras droit de Quentin, puis cou rte réponse de ce dernier.
Maintenant, la conversation était générale, et, com me dans toutes les réunions des membres d'une même profession, on parl ait boutique et avancement.
Le nouveau commissaire s'était mis en frais de toil ette, ce qui était extraordinaire pour qui le connaissait ; il portait un veston noir sur un pantalon de fantaisie, regrettant de devoir rester nu-tête, et cherchant son chapeau d'un geste machinal, pour le renvoyer sur sa nuque. Cepe ndant, malgré cette élégance un peu sévère, il conservait malgré tout c et aspect de marchand de bestiaux endimanché qu'il avait traîné à travers to ute sa carrière comme un lourd handicap. Il est vrai que, maintenant, il s'e n foutait éperdument !
Il détonnait singulièrement avec certains de ses co llègues qui affectaient des airs de magistrats ; plusieurs parmi eux étaien t licenciés en droit, et leur conversation se ressentait de leur formation univer sitaire. Lui, il était resté de la vieille école ; et par timidité peut-être, il le fa isait sentir en outrant ses attitudes plébéiennes d'homme lourd et massif.
Des libations nombreuses s'étaient chargées de crée r cette atmosphère d'euphorie qui est le propre des réunions stricteme nt masculines et l'assemblée
tout entière en était arrivée au stade heureux des gaudrioles.
— Ta promotion, mon cher, clamait un vieux de la vi eille, va poser pour toi la question épineuse de ton monogramme...
Ça, c'était la plaisanterie facile, à laquelle Odil on Quentin était habitué depuis l'école primaire.
— Faudra-t-il mettre l'O dans le Q, ou au contraire le Q dans l'O ?... Voilà le problème que je soumets à ta méditation !
Le commissaire jouait le jeu comme si c'était la pr emière fois qu'il entendait le calembour, et, bon enfant, il exagéra son appare nte réprobation pour répondre :
— Vraiment, messieurs... j'ai honte de vous entendr e poser une question aussi grave d'une manière aussi triviale... Vous po urriez au moins me demander si je préfère un lavement à un bain de siège...
On applaudit ; et dans le petit groupe des licencié s en droit qui faisaient bande à part, quelqu'un fit remarquer que le nouvea u commissaire n'était vraiment pas aussi bête qu'il voulait bien le paraître.
Plusieurs invités avaient déjà pris congé, et Quent in s'était attablé en compagnie de l'inspecteur Chenu et du brigadier Dub osc, ses adjoints habituels, ceux avec qui il aimait travailler, car ils étaient au courant de ses méthodes et de ses procédés parfois peu orthodoxes.
Plusieurs années de travail en commun avaient rapproché les trois hommes, créant entre eux des liens, sinon d'amitié, du moin s de confiance réciproque et d'estime mutuelle, presque de camaraderie.
— Restez avec moi, hein, vous deux... leur recomman da le patron. Dès que les autres seront partis, nous irons vider une pint e à notre aise dans un quelconque bistrot !
Ça, c'était du Quentin tout pur ; il avait en horre ur les réceptions officielles où il est interdit de se rouler une cigarette de ca poral supérieur, de conserver son chapeau sur la tête et de porter les vêtements de tous les jours, ceux qui ne gênent pas aux entournures.
Fort heureusement, à onze heures et demie, les dern iers invités s'en furent. Le gros policier régla une addition rondelette, gra tifia d'un pourboire royal le garçon peu habitué à une telle générosité, et pouss a la porte en émettant un « ouf » de soulagement, suivi de ses deux subordonn és, fidèles à la consigne.
En cette fin de janvier, il faisait un froid sec et vif ; dans les rues désertes, les pas résonnaient sur les dalles des trottoirs, e t c'est avec plaisir que les noctambules pénétrèrent dans un café du boulevard d e Sébastopol, afin d'y achever la soirée.
Accueillis par une bienfaisante bouffée de chaleur, ils s'étaient installés à une table près de la fenêtre, se chauffant voluptue usement les jambes au radiateur ; et tout en causant à bâtons rompus, ils observaient les allées et venues des demoiselles dont la profession consiste à arpenter l'asphalte, en vue d'y rencontrer le client d'une heure ou d'une nuit.
Dubosc, qui avait fait un long stage à la brigade d es mœurs et à la mondaine, les connaissait toutes, et, afin d'étaler sa science, il...
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