Le noyé du cours Mirabeau
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Le noyé du cours Mirabeau , livre ebook

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Description

Le corps du Doyen de la Faculté des Lettres d’Aix-en-Provence est retrouvé immergé dans la Fontaine du Roi René sur le Cours Mirabeau, au petit matin, par un garçon de café.


Chargé de l’enquête, l’inspecteur Gonzague GAVEAU alias « Le Professeur » apprend par le médecin légiste que, loin de s’être noyé, le vieil homme a été étranglé puis poignardé en plein cœur après son décès...


Mais si, pour le défunt, les apparences sont trompeuses dans sa mort, elles semblent l’avoir tout autant été durant sa vie...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782373477252
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE S E NQUÊ TE S DU P ROFE SSE UR
- 11 -
LENOY ÉDU COUIRABEARS M U
de René BYZANCE
C HAPITREPREMIER
DANS LA FONTAINE DU ROI RE
Connaissez-vous le Cours Mirabeau ? L'illustre Trib un a pu donner son nom à cent rues, places, promenades. Mais il n'y a qu'u n Cours Mirabeau en France celui d'Aix-en-Provence. La ville est petite, charm ante et poétique ; le Cours est superbe avec sa quadruple rangée de hauts platanes feuillus, sa chaussée et ses trottoirs majestueux, ses vieux hôtels et leurs cariatides, la statue du bon Roi René et sa rangée de fontaines qui jasent et fu ment.
La plus grande de ces fontaines et son bassin sont justement construits au pied de la statue du souverain débonnaire qui reçoi t ainsi sans cesse une haleine humide, fraîche en été, tiède en hiver.
C'est au printemps que se déroule notre histoire, u n printemps splendide et joyeux qui avait éclaté soudain comme une fanfare. La vieille cité provençale, d'un coup, s'était trouvée rajeunie. Des chansons f lottaient dans les airs ; de belles filles brunes avaient revêtu des corsages cl airs et légers ; les hommes avaient entrouvert le col de leur chemise. La brass erie des Deux-Garçons, le Palais de la Bière, les grands cafés et les petits bistros avaient sorti leurs guéridons, pris d'assaut par les amateurs de bière mousseuse et de pastis parfumé. L'atmosphère était vibrante d'allégresse. Rien ne laissait pressentir de drames, sinon de ces menues querelles d'amoureux qu i se dénouent derrière la mairie ou sur les bords de l'Arc aux ombrages propi ces.
Et cependant le drame était là, sournois, mystérieu x, terrible, extravagant.
Le 19 mai, vers 7 heures, donc au petit matin, Vict or, le doyen des serveurs du café des Deux-Garçons, était allé puiser de l'ea u dans la Fontaine du Roi René pour faire des 8 avec un arrosoir sur la terra sse. Ce mode d'arrosage, particulièrement artistique, est en honneur dans le midi. Victor plongeait son récipient dans un liquide d'ordinaire limpide lorsq u'il fut intrigué par une masse sombre étalée au fond de la vasque.
— Té ! ils ont jeté un mannequin dans la fontaine. Ce doit être encore une farce de ces satanés étudiants.
Les étudiants inspiraient à Victor des sentiments c omplexes. Il les redoutait parce que, irrespectueux pour son âge, ils le grati fiaient de plaisanteries parfois d'assez mauvais goût ; il les adorait pour leur fan taisie, leur gaîté bruyante, leur rayonnante jeunesse. Quant aux pourboires, fastueux au début du mois, ils maigrissaient de jour en jour pour disparaître tout à fait quand les subsides familiaux étaient épuisés. Victor se faisait alors gracieusement le banquier des plus désargentés.
Mais ne nous appesantissons pas sur Victor dont le rôle est secondaire
dans notre récit. Contentons-nous d'indiquer que, fort intrigué par sa découverte, il en fit part à Auguste Pou, gardien de la paix en service sur le Cours Mirabeau.
Malgré l'élégance de son uniforme et sa prestance a vantageuse, Auguste Pou n'aimait pas son métier. Il rêvait d'êt re inspecteur de la Sûreté Nationale et de se distinguer par des arrestations sensationnelles. Ayant considéré le phénomène, il proclama en se frottant les mains :
— Ça, un mannequin ! c'est bel et bien un cadavre. Je vais prévenir illico le commissaire.
Par une chance extraordinaire, M. Hercule Doleac, C ommissaire central et unique, à Aix-en-Provence, se trouvait de passage à son bureau où il était allé quérir un porte-cigarettes oublié la veille au mome nt de la signature du courrier.
— Un cadavre ! vous plaisantez, mon brave. Est-ce q ue c'est une saison pour les cadavres ?
D'un geste lyrique, M. Hercule Doleac désignait le ciel, plus immaculé qu'une âme de première communiante.
Il ne se refusa pas cependant d'aller contempler l' objet volumineux qui souillait la fontaine. Il était en avance pour la p artie de tennis qu'il devait disputer sur les courts de la Cité universitaire. Un peu de footing contribuerait à le mettre en forme. M. Doleac était un commissaire élégant, d istingué, galant et sportif et il n'aimait son métier que pour les loisirs quasi i llimités qu'il lui laissait.
Le commissaire fut donc fort ennuyé quand il dut co nstater que l'agent Pou ne s'était pas trompé.
— C'est bien un cadavre. Je me demande qui a pu le déposer là !
Ce manque de tact offensait M. Doleac comme une ins ulte personnelle. Un crime à Aix-en-Provence, un crime qui le contraindr ait à mener une enquête, à rédiger des rapports constituait un malheur, non po ur la victime qui ne souffrait plus, mais pour le policier.
— Au fond, nous sommes peut-être en présence d'un s uicide, fit-il en se rassérénant un peu.
Le mieux est de vérifier tout de suite. Auguste Pou , au comble de l'enthousiasme, se procura un crochet de chiffonnie r et il hissa le corps à la surface.
La surprise de M. Doleac fut triplement désagréable : le mort avait été bel et bien assassiné ; c'était un homme considérable et l e commissaire avait des raisons particulières, voire intimes, de regretter son décès.
M. Doleac n'était nullement passionné par son métie r de policier, mais il avait fait de sérieuses études théoriques. Sur le c ou de la victime, un sillon noirâtre et profond démontrait que la victime avait été étranglée. En outre, cette
victime était M. César Long, l'éminent Doyen de la Faculté des Lettres. Enfin, M. Doleac entretenait des relations, disons, très é troites, avec me M Josiane Long, légitime épouse du disparu.
— Quelle catastrophe ! grommela-t-il en se passant la main sur le crâne.
M. Doleac est de ces êtres intrépides qu'aucun évèn ement ne laisse longtemps désemparé.
— Par son importance, l'affaire me dépasse, se dit- il. Je vais suggérer au parquet de faire appel à la mobile.
Cette initiative fut approuvée par le procureur gén éral et par...
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