Le retour de Froggy
51 pages
Français

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Description

Mister NOBODY, le gentleman cambrioleur, tente d’oublier ses déboires amoureux dans la chaleur égyptienne.


Dans un palace du Caire, il est abordé par Mrs Harriet Wookey, une imposante femme d’un certain âge.


D’abord convaincu que la grosse dame est éprise de lui, Mister NOBODY en vient rapidement à soupçonner qu’une autre raison l’a poussée à l’accoster et à se montrer si empressée à son égard.


Laquelle ?


Pour répondre à cette question, il sera bientôt aidé par son ancien serviteur, Jonas Cobb, alias Froggy, qu’il croise, par hasard, dans les rues de la ville, saoul comme une bourrique...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070037126
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE RETOUR DE FROGGY

Par
Edward BROOKER
CHAPITRE PREMIER
Mrs HARRIET WOOKEY
 
Mister Nobody était assis dans le hall du « Shepheard's Hotel » au Caire et, d'un œil distrait, contemplait la foule bariolée qui, dans un perpétuel remous, ne cessait d'aller et de venir. Foule cosmopolite se composant en majorité d'étrangers appartenant aux quatre coins du monde : Anglais à l'impassible raideur, beaucoup portaient l'uniforme d'officiers supérieurs ; Américains sans-gêne et affables ; Français rieurs ; Turcs ; Arabes ; Levantins aux sombres et énigmatiques visages, tout cela se coudoyant, parlant, gesticulant, criant à donner l'impression que l'on se trouvait dans une vaste, mais élégante foire.
Les gens pressés se hâtaient en un incessant tohu-bohu, d'autres flânaient au gré de leur nonchalance, plusieurs, sous l'effet de la pesante chaleur, s'assoupissaient dans leur confortable fauteuil, la tête légèrement penchée.
L'aventurier, lui, n'avait pas la moindre envie de dormir, cette vie d'Orient, si intense, différente de celle d'Europe, l'intéressait prodigieusement, elle possédait un charme auquel il ne pouvait se soustraire. Il aimait tout particulièrement Le Caire et, en grand voyageur, se plaisait à observer les coutumes de ses habitants, seul et silencieux devant une orangeade assez fade.
Certes, sa solitude ne l'enchantait guère, malgré les jolies femmes qui ne manquaient pas dans les alentours, mais le jeune homme gardait un amer souvenir de son aventure avec Évelyne et, malgré lui, se tenait sur une prudente réserve. Malgré lui, en effet, car si l'envie le tracassait d'aborder une des charmantes voyageuses, il se sentait aussitôt arrêté en se rappelant sa récente déconvenue (1) . Comment lui serait-il possible, désormais, d'accorder sa confiance à une femme, fut-elle la plus belle, et peut-être la plus fidèle, qu'il soit ? Non, mieux valait renoncer à faire connaissance avec une de ces délicieuses, mais perfides filles d'Ève et pourtant…
Pendant que Mister Nobody continuait de contempler, curieusement, son entourage, une ombre se dressa devant lui, ombre provoquée par la corpulence d'une très forte dame, qui, un sourire doucereux aux lèvres, s'enquit :
— Pardon, Monsieur, cette place est-elle libre ?
— Je vous en prie, Madame, répondit le gentleman-cambrioleur, en débarrassant la table de son chapeau et de sa canne qu'il y avait posés.
La volumineuse dame se laissa choir sur le fauteuil à côté, ouvrit son sac, en sortit un fin mouchoir parfumé et épongea son front où perlaient des gouttes de sueur.
—  My God ! quelle chaleur, soupira-t-elle, on peut à peine respirer.
— Je partage votre avis, Madame.
Elle sourit d'aise, satisfaite d'avoir trouvé un auditeur complaisant et, se tournant vers l'aventurier.
— Je viens, cependant, assez souvent au Caire en cette saison, mais je n'y ai jamais souffert d'une température aussi accablante.
— Oui, il fait très chaud, approuva-t-il, mais on finit par s'y habituer.
— Pas à mon âge, hélas !
Elle jeta un long regard désabusé sur son compagnon, comme si elle voulait dire : « Je ne suis pas des plus jeunes, mais qu'y puis-je ? » et, à brûle-pourpoint, interrogea :
— Vous êtes Anglais ?
— J'ai cet honneur, Madame.
— Je m'en doutais en vous apercevant, poursuivit-elle, loquace, je me suis dit : « Voici un gentleman britannique ! » et j'ai choisi cette place.
La sincérité de la femme avait quelque chose de touchant, mais Mister Nobody n'y était guère sensible. Il soupçonnait l'inconnue de possédée d'autres raisons pour s'asseoir à sa table, soupçons qui devaient augmenter par la suite. La corpulente dame paraissait se plaire en sa société, peut-être l'estimait-elle digne de recevoir ses confidences, à moins que le soleil ne fût le seul coupable dans le trouble de son esprit, toujours est-il qu'elle se présenta la première, envers et contre toutes les règles du savoir-vivre.
— Je m'appelle Wookey, fit-elle, gracieusement, Mrs Harriet Wookey, de Londres. Mon époux avait une grosse situation en Angleterre et gagnait très largement sa vie. Hélas ! il est mort... Ne supportant plus de rester si seule et abandonnée, dans mon appartement de Mayfair, je me suis remise à voyager et me voilà de nouveau ici...
— Hum... murmura Mister Nobody, c'est fort regrettable...
— Que je voyage ?
— Non, que votre mari ait disparu...
— Oh ! well, je l'ai beaucoup pleuré. Trente ans de vie commune, songez-y, imaginez, maintenant, le chagrin de mon cœur.
Le jeune homme comprenait aisément le tragique de cette situation, mais déjà Mrs Wookey reprenait de plus belle :
— Depuis, je me sens, comment vous expliquerais-je, telle une âme solitaire et désolée...
L'aventurier observait, sous ses paupières baissées, l'âme solitaire et désolée. L'honorable dame devait être d'un âge, qu'en galant homme il s'abstenait de calculer, même mentalement, de peur de trouver un chiffre par trop élevé. Elle était grosse, très grosse même, et elle essayait de contenir sa graisse débordante dans un corset qui la faisait, visiblement, souffrir. Ses traits ne gardaient plus ce que l'on dénomme, communément, de « beaux restes », ils s'avéraient bouffis, trop fardés par surcroît, marqués de pénibles rides aux coins des yeux. Le visage, alourdi par un double menton, se couronnait de boucles dont la couleur était due à l'artifice d'un savant coiffeur. Mrs Wookey ne pouvait se targuer d'aucun charme, cependant, elle essayait de compenser son manque de beauté par une élégance, à coup sûr, fort coûteuse. Dieu sait le mal inouï qu'avait eu son couturier pour habiller cette montagne de chair et la rendre à peu près présentable !
Tout cela, Mister Nobody le devinait, le pesait, le taxait, en lui jetant des coups d'œil experts tandis que la volumineuse dame continuait de papoter de plus belle, insistant sur sa solitude, son isolement, etc., etc. Il feignait de l'écouter en lançant parfois un bref regard...

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