Le squelette d Auteuil
66 pages
Français

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Description

Des travaux de terrassement, à Auteuil, mettent à jour un squelette humain.


La police est prévenue et le médecin mandé pour les constatations estime que les ossements sont enterrés là depuis neuf ans.


C’est Helnot, un jeune policier ambitieux, que le juge d’instruction va charger de l’enquête.


Or, si Helnot est rapidement persuadé qu’il s’agit d’un crime et que le fil de cuivre trouvé par les ouvriers du chantier en est l’arme, encore lui faut-il découvrir l’identité de la victime, les conditions de l’assassinat, le mobile, le ou les suspects, mais, surtout, les preuves permettant une inculpation et une condamnation...

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9791070030523
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE SQUELETTE D’AUTEUIL
Récit policier

par Georges Spitzmuller
*1*
MACABRE DÉCOUVERTE
 
Le 16 mars 1909, des terrassiers qui étaient en train de creuser les fondations d'une maison, dans une rue nouvelle tracée près de l'avenue Mozart, mettaient à jour un squelette humain complet et bien conservé, mais dont les parties étaient dissociées les unes des autres.
Grand émoi dans l'équipe !
Et quels pittoresques commentaires !
Un squelette, ça ne se rencontre pas tous les jours sous la pioche des démolisseurs – mot de circonstance en l'espèce, puisque ces terrassiers attaquaient les fondations d'une vieille maison pour faire la place d'une nouvelle.
Aussitôt prévenue, la police se rendit sur les lieux, suivant la formule consacrée.
Les macabres débris d'humanité avaient été transportés dans un baraquement du chantier destiné à abriter des outils et du matériel.
C'est là que vinrent les examiner les magistrats, qui s'étaient adjoint le policier Helnot, un des jeunes espoirs de la préfecture de police.
Le commissaire de l'arrondissement et le juge d'instruction Demareuil regardaient attentivement la funèbre trouvaille.
— Eh bien, Helnot ? qu'en pensez-vous ? demanda le magistrat.
— Rien, monsieur le juge !
— Comment, rien ?
— Mais oui : je ne suis pas anatomiste !
Cette réponse fut un trait de lumière pour le commissaire et pour le juge d'instruction.
Évidemment, pour penser quelque chose de ce squelette, il fallait d'abord savoir ce qu'est un squelette.
Au sens physiologique du mot, bien entendu.
Or, ni le commissaire de police ni M. Demareuil ne le savaient.
Et vraiment, on ne pouvait pas le leur en faire un reproche.
Il n'est pas donné à tout le monde de posséder une science encyclopédique...
Les Pic de la Mirandole, hélas ! ne sont plus de notre temps.
— Helnot a raison, déclara M. le juge Demareuil. Il faut convoquer un spécialiste.
— Ce qu'on appelle un technicien !
— C'est cela... Connaissez-vous quelqu'un, dans ce quartier, qui...
— Certainement... Nous avons le docteur Tourneville. Il demeure tout près d'ici.
— Je vais le faire chercher.
Le magistrat donna des ordres à un des agents qui l'accompagnaient et qui partit dans la voiture venue pour le transport judiciaire, vers la chaussée de la Muette, au numéro 17  bis, adresse donnée par le commissaire de l'arrondissement.
Bientôt, le docteur Tourneville arriva.
C'était un type de savant, avec son profil asiatique, son front proéminent et son regard pénétrant, habitué aux analyses et aux recherches.
— Messieurs, dit-il, me voici à votre entière disposition.
Déjà il avait aperçu le tas d'os constituant le squelette et se dirigeait vers lui avec une sorte d'empressement.
— Il faudrait une table, dit-il.
On en dressa rapidement une avec des planches et deux chevalets.
Sur l'ordre du médecin, les ossements y furent transportés.
Tourneville les regardait de ses yeux scrutateurs, aigus et profonds.
— Hum ! fit-il au bout d'un instant, vous m'aviez demandé pour une question anatomique, monsieur ?
— Oui, répondit le juge. Eh bien ?
— Il s'agirait plutôt d'une question d'archéologie, si j'en juge par l'âge de ce squelette.
— Combien ?
— Neuf ans au moins.
— Neuf ans !
— Il y a au moins cela que ce squelette – ou plutôt le corps dont il était l'armature, a été confié à la terre.
Il se pencha encore, plus près, jusqu'à le toucher du bout de son nez, car le professeur Tourneville était outrageusement myope – ce qui ne l'empêchait pas d'y voir très clair, de près et avec des lunettes appropriées.
Il reprit, après ce nouvel examen :
— Quand je dis « confié à la terre », monsieur, je me sers d'une expression impropre... En réalité, le cadavre a été enfoui dans de la chaux.
— Ah !...
— Certainement. On l'a recouvert de chaux vive, mais sèche, sans adjonction d'eau.
— Et alors ? interrogea Demareuil, que ces explications semblaient passionner.
— Alors, il s'est produit nécessairement ce qui devait se produire en pareil cas : la chaux n'a point consumé le corps, elle l'a desséché peu à peu. Elle a absorbé tout ce qui était chair, respectant les ossements.
— Très curieux ! murmura le commissaire.
— Si on avait ajouté de l'eau à la chaux, rien n'aurait jamais été retrouvé.
— Très curieux, renchérit, cette fois, le juge d'instruction Demareuil.
Le médecin demanda :
— Eh bien, monsieur, que désirez-vous de moi ?
— Il faudrait reconstituer ce corps rudimentaire, en déterminer le sexe et l'âge, préciser depuis combien de temps, exactement, il a été inhumé à l'endroit où l'on vient de le retrouver.
— Ce ne sera pas impossible... La première chose à faire est de savoir si tous ces os détachés appartenaient bien au même individu.
Tourneville ôta sa redingote, passa une blouse blanche qu'il avait apportée avec lui, mit des gants et commença à manipuler les funèbres débris.
Il se livra ainsi, durant plusieurs minutes, à un véritable travail de puzzle.
Le commissaire et le magistrat le suivaient d'un œil admiratif.
Helnot aussi, qui n'avait pas prononcé une parole depuis l'arrivée du spécialiste.
Quand le travail fut fini, le squelette apparut entièrement reconstitué.
Il n'y manquait pas un os, pas une seule vertèbre, pas une phalange...
— Voilà ! dit simplement Tourneville, mais avec une petite intonation de triomphe. Le morceau est au complet. Tous ses fragments sont solidaires, c'est-à-dire qu'ils appartiennent à un même et unique individu.
— Et cet individu... interrogea le juge d'instruction Demareuil... C'est... ?
— Une femme.
— À quoi voyez-vous cela ?
— À la menuité des os, à l'importance du bassin, à la petitesse de la taille.
— Ce pourrait être une fillette ?... hasarda le commissaire.
— Non pas.
— Pourquoi ?
— Les os du crâne sont soudés, ce qui indique un âge assez avancé.
— Ah !
— Et puis, je constate l'affaissement de certaines vertèbres, ce qui corrobore mon opinion.
Le médecin venait de tirer un mètre articulé de sa poche.
Il mesura.
— Cette femme, dit-il, avait un mètre cinquante-huit centimètres de taille... Voulez-vous que je poursuive son signalement ?
— Nous vous en prions !
— Les cheveux étaient grisonnants ; en voici quelques-uns adhérant encore au crâne.
— Ce serait une nouvelle indication de vieillesse, dit Demareuil.
— Évidemment... Dents en bon état, courtes et solidement plantées... Pieds et mains petits... Ongles sans éraillures, ce qui dénote l'absence de travaux durs chez le sujet dont nous avons les restes sous les yeux.
— Mes compliments pour votre perspicacité, docteur ! fit le juge d'instruction.
— C'est de l'observation, tout simplement... de l'observation scientifique.
— C'est admirable !
— Je pourrais aller plus loin dans cette voie...
— Et nous dire le nom de la femme ? s'écria en riant le commissaire.
— Tout de même pas !... Mais du moins, à l'inspection de cette tête étroite, vous dire que là habitait une âme mesquine, dont l'avarice et la colère furent les deux péchés dominants.
— En résumé, votre conclusion ?
— Une femme de la classe moyenne, âgée de soixante-cinq ans ou à peu près, défiante et avare, ce qui annonce une certaine fortune.
— Quand, au juste, a-t-elle été enfouie là ?
Tourneville, cette fois, n'examina pas seulement le squelette ; il fit faire un prélèvement de la terre d'où l'on venait de le mettre au jour et compara attentivement l'un avec l'autre.
— Je ne crois pas me tromper, déclara-t-il à la fin, en faisant remonter cet enfouissement à neuf années révolues. Au premier examen, tout à l'heure, j'avais conclu à ce chiffre. Neuf ans est certainement le délai exact.
— Vous avez entendu, Helnot ? demanda le juge en se tournant vers le jeune policier.
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