Le syndrome de Caporetto
184 pages
Français

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Description


Dans l'ombre de la Mafia




Dans le monde de la mafia sicilienne, au cœur de la peur et dans les affres de la fuite.



1915. Stefano, jeune garçon, est poursuivi par la mafia, un long exode lui est imposé, dans les spasmes du début du XXème siècle. Bien plus tard, son petit-fils recueillera l’incroyable récit de ses aventures...



Au large de la Sardaigne, vous ne repêcherez pas n’importe quel naufragé... Vous croyez tout connaître sur Lady Chatterley ? Quelle erreur ! Autant de rencontres de Stefano, autant d’énigmes qui s’offriront à vous : quelle a été la « vraie » mort de Giordano Bruno ? À qui ressemblait la célèbre Maria Montessori ? Au long de cette histoire, vous croiserez aussi D’Annunzio ou Nietzsche, et tant de guides improbables qui veillent sur la route de notre héros en fuite...



Entre interrogations philosophiques, humanité et amour, bienvenue dans la grande histoire de l’Histoire.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 janvier 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782381539089
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le syndrome de Caporetto
LaSAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de productionparticipant à la réalisation de cet ouvrage nesauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, ducontenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur decertains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelqueouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’unéditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité .
Christian PÉRON-DEBARBIERI
Lesyndrome de Caporetto
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« L’univers est un animalimmense dont Dieu est l’âme ».
 
Giordano Bruno,1548-1600
PREMIÈRE PARTIE : SICILE
I
Loin en dessous de lui, sur le sentier blanc de poussière,un muletier gravissait lentement la pente. À la lumière douce du jour naissant,on pouvait déjà distinguer à l’horizon une majestueuse colonne de fumée claires’échappant de l’Etna. En habitué de cette vision journalière de voluteséphémères et d’arabesques de vapeurs, Stefano l’observait d’un œildistrait ; ses trois chèvres broutaient avec entrain les bourgeonsfraîchement poussés par l’arrivée d’un printemps précoce. Il allait bientôtdevoir redescendre vers le village où habitait sa famille et cette perspectivele laissait d’humeur plutôt maussade. Roccapalumba, petit village du centre dela Sicile bâti au pied d’un éperon rocheux que le manque d’imagination degénérations successives avait fait baptiser « la Rocca », n’avait pasgrand-chose pour plaire à un adolescent de quinze ans.
Plus bas, la silhouette du muletier commençait à se précisersous le jour montant ; son âne semblait curieusement chargé. Stefano sefit la réflexion qu’avec la lourde chaleur qui allait arriver, cet équipagen’irait pas bien loin. Décidément, ça ne lui paraissait pas être un véritablemuletier, la démarche un peu hésitante de l’homme l’indiquait clairement.
 
Portées par l’habitude, les chèvres se rapprochèrent delui ; elles sentaient venu le moment de rentrer. Stefano se leva lentementde son siège de pierre et retourna dans la cabane rassembler ses affaires.Parti depuis bientôt une semaine, la solitude ne lui pesait que rarement :il aimait ces longs moments de silence et de contemplation propices à laréflexion. De son passage à l’école élémentaire, il avait gardé un cahier, uncrayon de bois et le goût d’écrire ; il notait régulièrement ce qu’ilvoyait, ce qu’il pensait, pour le seul plaisir de l’écriture, pour la sensationde chaleur et de douceur occasionnée par le contact du papier sous ses doigts. Malgréson jeune âge et son manque d’instruction, Stefano était très curieux de lanature et du monde qui l’entouraient. Dans cette île calme et paisible qu’étaitla Sicile au début de l’année 1915, le vacarme infernal de la guerre quisévissait dans la lointaine Europe ne parvenait que très affaibli ; maisStefano – dès qu’il en avait le loisir – cherchait à comprendre cebouleversement qui s’annonçait. Il lisait avec avidité les articles écrits dansson journal «  Avanti ! » par un homme qui commençait à acquérir un peu de notoriété : dans sesarticles, Benito Mussolini exhortait vivement l’Italie à entrer dans leconflit, ainsi que le souhaitait aussi le grand poète Gabriele D’Annunzio.Stefano ne comprenait pas toujours leurs propos et s’interrogeait souvent surcette nation italienne dont l’identité n’avait pas encore vraiment pénétrél’âme de la Sicile.
 
En ressortant de son logis précaire, il contempla un courtinstant le paysage étalé devant ses yeux. Des espaces vert tendre, dans leschamps où le blé jeune commençait à pointer hors du sol, s’opposaient vivementaux couleurs sombres des massifs d’yeuses et de chênes kermès ; par endroits,une tache d’un blanc éclatant trahissait la présence d’une dent de roche calcairelavée par la dernière ondée. Haut dans le ciel, semblant un point noir dans lebleu de l’azur immaculé, un rapace à la recherche de sa pitance décrivait avecmajesté des cercles lents, vastes et inlassablement répétés.
En contrebas, sur sa droite, il aperçut à nouveau la silhouetteencore lointaine qui progressait avec peine. Non, décidément, ce n’était pas unmuletier, son vêtement dénonçait plutôt un citadin. Que diable faisait-il là,si tôt dans la matinée ? Et de surcroît accompagné d’un âne ? Et puis,quel était ce curieux baluchon porté par l’animal ?
Ses réflexions furent interrompues par l’une de ses chèvresqui le poussait du museau, pressée de commencer le court voyage de retour versla bergerie, en bas, dans le village caché par un ressaut de la colline.
La petite troupe entama donc sa descente nonchalante, lachaleur prévue par Stefano commençait déjà, malgré l’heure encore matinale, àse faire sentir. Le jeune berger, rêveur, contemplait en marchant lesfumerolles du volcan qui ne tarderaient pas à être masquées par les brumes dela chaleur du jour. Il avait compris depuis longtemps déjà que le pied duvolcan lui était caché par la courbure de la terre et s’émerveillait de lagrandeur que devait avoir sa chère Sicile. Combien de jours lui faudrait-il s’ildevait couvrir la distance à pied ? Quelle était donc la véritable taillede ces éternelles fumées blanches qu’on apercevait de si loin ?
 
Après une bonne heure de marche, Stefano et son maigretroupeau commencèrent à ressentir plus fortement les effets de la chaleur, lesbêtes trottaient en silence, sans doute pour économiser leur souffle dans laperspective d’une journée qui s’annonçait vraiment torride ; elles nes’arrêtaient plus pour déguster le moindre brin de romarin tendre qui abondait pourtantau bord du chemin. Le train de la troupe se fit ainsi un peu plus rapide.
Stefano, enfant plutôt grand pour son âge et terriblementmaigre, avait un visage anguleux qui semblait taillé à la serpe, avec un nezépais, un menton en galoche, de grandes oreilles décollées, un front très hautet des yeux sombres qui contribuaient fortement à lui donner un abord froid etdistant, froideur qui contrastait avec l’amabilité et la simplicité quiapparaissaient à ceux qui le connaissaient un tant soit peu. Sur ses longuesjambes maigres et nerveuses, il suivait avec facilité le train de son troupeau.Il pouvait, sans fatigue apparente, soutenir ainsi le rythme du trot de seschèvres des heures durant.
 
Soudain, au détour du chemin, Stefano aperçut un homme en costumenoir, affairé à il ne savait quelle besogne. L’âne, à ses côtés, trahitimmédiatement le personnage qu’il avait d’abord confondu avec un muletier. Quefaisait-il donc ? Intrigué, Stefano commença à s’approcher de lui. L’âne,sentant sans doute les nouveaux venus, poussa alors un braiment joyeux. Lecostume noir, surpris, se retourna vivement, dévoilant ainsi la nature dubaluchon qu’avait porté l’âne jusque-là. Un instant, le temps paruts’arrêter ; Stefano fixait d’un air ahuri le cadavre aux pieds de l’hommeen noir : le maire de Roccapalumba gisait là, au bord d’un trou quel’homme creusait lorsqu’ils l’avaient surpris.
Le corps avait dû être jeté à bas de l’âne comme un fardeauet le hasard avait ensuite décidé de sa position : une jambe pliée sous l’autreet un bras presque derrière le cou lui donnaient l’air d’un ouvrier qui serepose allongé au soleil. L’expression de surprise etde peur fixée à jamais dans ses yeux écarquillés sur le néant et sa boucheouverte sur un rictus de souffrancedémentait l’impression de nonchalance donnée par la position du corps, commepour redonner un peu de sérieux à la dépouille de ce personnage qui, de sonvivant, s’en était donné beaucoup.
Stefano n’avait encore jamais vu de cadavre et cette premièrerencontre avec la mort, pour soudaine et violente qu’elle fût, lui paraissait d’autantplus irréelle que le corps ne présentait pas de trace apparente de blessure.
Les chèvres et l’âne étaient immobiles, les deux personnagessemblaient figés dans une profonde stupeur ; le silence était presquetotal dans la chaleur forte du matin ; seuls les insectes, mouches etabeilles, indifférents et affairés, continuaient leur manège, meublant lesilence de leur vrombissement continuel. Un petit coléoptère, tâtant le cadavrede ses antennes agiles, grimpait sur le visage du mort, peut-être intrigué parcette chair molle et froide.
  Stefano, pétrifié , ses capacités deraisonnement anéanties par la stupeur, restait interdit, ne pouvant ou nevoulant pas croire ce qu’il voyait.
Soudain, le temps suspendu reprit ses droits ; l’homme,armé d’une pioche, se précipitait sur lui avec un hurlement de dément. Leschèvres et l’âne détalaient avec grand bruit, et Stefano n’eut que le temps delâcher son baluchon et de fuir aussi vite qu’il le pouvait pour tenterd’échapper à son agresseur.
Toutes ses facultés annihilées par la terreur brute qui lesubmergeait, Stefano courait aussi vite que ses forces le lui permettaient.Sans réfléchir, il suivait ses chèvres affolées. L’homme en noir était toujourssur ses talons. Il entendait sa respiration sourde derrière lui. Au bout dequelques centaines de mètres, les chèvres bondirent en dehors du chemin. Mû parun mouvement réflexe, il les suivit et continua à courir tant bien que mal aumilieu des genêts et des chênes kermès. Il percevait vaguement que, derrièrelui, l’autre s’essoufflait ; il l’entendit lâcher sa pioche pour mieuxcourir et continuer de le poursuivre. Les chèvres, plus agiles, avaient déjàdisparu au sein de ce maquis luxuriant et sauvage.
Stefano courait toujours à perdre haleine lorsqu’un crisuivi d’un choc sourd se fit entendre derrière lui. Son poursuivant était-iltombé ? Le jeune homme reprit espoir et, sans se retourner, accéléraencore son rythme de course, se dirigeant machinalement vers le village,synonyme pour lui de refuge et de sécurité.
Depuis quelques minutes, il n’entendait plus rien derrièrelui. Par prudence, il continuait à courir sans ralentir. Il avait à nouveaurejoint le chemin où sa course n’était plus entravée par rien. Il était capablede réfléchir maintenant que son poursuivant semblait, pour le moment, distancé.Il avait déjà entendu parler

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