Le vampire de Falcomstone

Paul Tossel

Description

Edward Warency alias « L’Ange » est prévenu par le message d’un de ses affidés que quelque chose d’important se prépare dans la nuit du 13 au 14 avril dans le manoir de Falcomstone...

Sur le trajet, « L’Ange » prend la précaution de rendre visite à son correspondant.

Celui-ci lui assure ne pas l’avoir contacté.

La missive était probablement destinée à l’envoyer dans un piège... d’autant que Warency a appris entre temps que son ennemi juré, l’inspecteur Hartling, s’intéresse également à Falcomstone...

Mais, « L’Ange » n’est pas du genre à se défiler, et il décide de faire honneur à l’invitation...

Sujets

• Policier & Thriller
• Policier
• Littérature
• Manoir
• Fiction
• Hérédité
• Homicide
• Trésor
• Piège
• Ange
• Romans de genre
• Nouvelles de genre
• Romans policiers

Informations

• Publié par: Oxymoron Éditions
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782385010089
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

LE VAMPIRE DE FALCOMSTONE

Par
Paul TOSSEL
CHAPITRE PREMIER
 
Le vent d'est apporta les sons graves d'une horloge très lointaine ; probablement de celle qui surmontait le dôme de la mairie de Derlincton. Edward Warency compta les douze coups de minuit, puis alluma une cigarette de plus, abritant la flamme du briquet sous un pan de sa gabardine. Il se mit à fumer en conservant sa position assise sur le tronc d'un vieux saule abattu par les récents ouragans. Il avait laissé son cabriolet à cinq cents mètres de là, dans un chemin creux, pour gagner à pied ce coin obscur à la lisière d'un bois de bouleaux, d'où il lui était possible de surveiller l'entrée et les alentours du manoir de Falcomstone.
Il ignorait d'ailleurs ce qui découlerait de ce guet nocturne. Il ne savait pas pourquoi il l'entreprenait ni quelles conséquences allaient en dépendre. Ce dont il était sûr, c'est qu'un événement grave allait se produire et qu'il importait qu'il fût là lorsque cette manifestation éclaterait. Dans cette éventualité, il n'avait pas hésité, une semaine plus tôt, à quitter son somptueux appartement de Manhattan pour louer une villa à Derlincton, insignifiante bourgade d'un État du sud.
Dans ce déplacement, son inséparable amie Diana Deel l'avait accompagné, suivie elle-même par Bessy Bell, une quarteronne laide et sympathique qui, ayant guidé les premiers pas de la jeune femme, continuait à la couver avec un dévouement sans borne, s'acharnant à écarter d'elle les multiples dangers d'une existence plus qu'aventureuse.
Partager la vie d'un Edward Warency n'était pas une sinécure. Doué d'une intelligence extraordinaire, d'une vivacité mentale et physique sans précédent, ce séduisant personnage avait adopté un singulier comportement. Très tôt, il avait été frappé par l'importance fabuleuse des profits que l'armée du crime retirait de ses opérations. Il avait constaté que, chaque fois qu'un chef de gang ou qu'un bandit notoire succombait, la police, la justice, la société dans tout ce qu'elle présente de plus objectif, s'acharnaient sur le vaincu à grand renfort d'enquêtes sensationnelles, de procès monstres, d'exécutions spectaculaires. Quant aux gains réalisés par l'individu durant sa vie crapuleuse, il n'en était plus question. Des millions de dollars, des quantités de pierreries, des valeurs énormes s'étaient évanouis. Les victimes devaient se contenter du réconfort moral apporté par la capture du criminel, mais renoncer à tout jamais à la récupération de leurs biens, tout au moins dans la majorité des cas.
Edward Warency avait donc décidé de s'attaquer aux trésors des gangs et de ruiner les voleurs pour son propre compte. C'était, pensait-il, une entreprise louable analogue à celle des récupérations d'épaves.
Une lutte homérique s'était engagée entre lui et les mauvais garçons de toutes les parties du monde. En quelques années, Warency devint célèbre dans les milieux de la pègre et de la police sous le surnom de l'Ange. Il devait ce pseudonyme à son visage rond et rose aux yeux bleus, à ses cheveux blonds, à l'éternel sourire plein de naïveté et de candeur qui ne quittait jamais ses lèvres. Au physique, il était de taille moyenne, mais bien découplée, rompue aux sports, avec des nerfs à toute épreuve et des muscles d'athlète. Vêtu avec une élégance impeccable mais sobre, ses costumes sortaient des mains des plus grands tailleurs de New York et de Paris.
Une jeune femme brune, élégante et racée, alliant le charme des Américaines du sud à la noblesse des races nordiques, Diana Deel, partageait cette existence mouvementée avec une passion extraordinaire. Habile, perspicace et rusée lorsqu'il le fallait, Diana intervenait toujours au moment critique, possédant l'art de retourner les situations désespérées. L'Ange lui était redevable de plus d'un succès ; il ne craignait pas de lui attribuer des rôles dangereux et délicats.
Bessy Bell, la nourrice de Diana, complétait cette trinité exceptionnelle.
Au cours de ses exploits, l'Ange se trouvait fréquemment sur une voie parallèle à celle de la police officielle. Comme il n'avait pas à s'embarrasser des scrupules qui paralysaient celle-ci, comme il était plus prompt et plus acharné que les fonctionnaires fédéraux, il atteignait son but bien avant eux.
Il en résultait une hostilité permanente avec les représentants de la loi.
C'est ainsi que l'Ange se heurtait perpétuellement à l'inspecteur Kenneth Hartling qui avait juré de le conduire un jour, en personne, aux portes d'une prison d'État. Le jeune homme se riait de ces menaces et se plaisait à mystifier Hartling, tout en lui facilitant sa tâche et en le faisant profiter de son travail. C'était d'ailleurs cela qu'Hartling lui pardonnait le moins. Il enrageait d'être secrètement redevable à son adversaire d'une grande partie de ses succès donc de son avancement et de sa célébrité.
Ce soir-là, un étrange concours de circonstances, dans lequel Kenneth Hartling avait sa part, avait amené l'Ange devant le manoir de Falcomstone. Quelque part dans la banlieue de Derlincton, parmi le confort d'une coquette villa louée pour la circonstance, Diana Deel, en compagnie de Bessy Bell, devait s'occuper à un ouvrage de tapisserie d'art en attendant son retour.
Warency laissa tomber sa cigarette sur le gazon humide. Il lui semblait avoir aperçu une lueur au premier étage de la façade dont toutes les fenêtres étaient obscures. Il songea qu'il avait dû se tromper car la clarté ne se renouvela point. Soudain, il tressaillit et se mit debout instinctivement, tous les sens en alerte. Le bruit sourd, bref mais étouffé, qu'il venait d'entendre, il l'avait aussitôt identifié...