Le vent n est pas seul à hurler
63 pages
Français

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Le vent n'est pas seul à hurler , livre ebook

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Description

Le Commissaire Bellavent profite de quelques jours de repos pour visiter son camarade, maître Rétiff à Amboise.


Alors qu’il est en compagnie de son ami, il rencontre deux sœurs de bonne famille qui vivent ensemble et participent à des œuvres de charité. L’aînée, au moment de prendre congé, glisse un mot dans la main du policier, lui mandant expressément son aide et le priant de la retrouver chez elle.


Sur place, la femme lui explique qu’une malle a disparu de son grenier, la nuit, et qu’elle contenait des lettres intimes destinées à son ancien amoureux.


Mais, là où se trouvait le coffre, l’enquêteur découvre une tache de sang et un couteau ensanglanté caché sous un matelas proche.


Bellavent fait alors appel à Monseigneur et son clebs, – un étrange duo formé d’un solide gaillard bourgeois-bohème et de son berger allemand – qui lui ont déjà rendu bien des services par le passé. Il compte sur le flair du chien pour mettre le museau sur le bagage disparu.


Mais l’histoire se complique quand la douairière refuse mystérieusement que le policier poursuive son enquête...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 21
EAN13 9782373474046
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Monseigneur et son « clebs » - 3 -
LE VENTN'ESTP ASSEUL ÀHURLER
De Marcel PRIOLLET
I
De toute évidence, le commissaire Bellavent — le fa meux limier de la P. J. — n'avait pas prévu ça...
Certes, il avait remarqué avec quelle insistance ce tte demoiselle Clémence de La Bertaudière n'avait cessé de le dévisager. Ma is de là à recevoir d'elle, subrepticement et dans une poignée de main, un bill et griffonné en hâte et où un rendez-vous lui était fixé... Bizarre !
Au fait, comment l'aventure avait-elle débuté ?
Cela se passait à Amboise, dans l'aimable maison, v oisine de la rue e Rabelais, où M Rétiff, notaire, vivait en compagnie d'Estelle, so n épouse, et de sa fille Hélène.
Lorsque Bellavent, la veille, avait quitté Paris po ur se rendre en Touraine, il était tout bonnement chargé de poursuivre une enquê te. L'affaire avait des attaches dans ce pays, d'où était originaire le meu rtrier du garçon de recette de la banque Férou, rue Turbigo. N'avait-on pas signal é sa présence à Château-Renault, puis à Amboise même ? Il s'agissait donc d e faire parler les gens et de retrouver les traces du misérable. Mais le commissa ire était arrivé.., après la bataille, c'est-à-dire pour apprendre que des marin iers venaient de découvrir le cadavre de l'assassin, entre deux eaux, à la pointe de l'île Saint-Jean. Le coupable s'était fait justice. L'action s'éteignait, Affaire à classer.
Bellavent serait reparti séance tenante, s'il ne s' était souvenu qu'un de ses anciens camarades de la Faculté de Droit était étab li notaire à Amboise.
Voilà pourquoi, aujourd'hui, le déjeuner réunissait les deux vieux amis. me Exquis et charmant ce déjeuner. Et que de souvenirs ! M Rétiff et sa fille n'avaient guère droit à la parole. Bellavent, au de ssert, en fit lui-même l'observation :
— Vous devez nous trouver bien bavards, madame ?
— Quoi de plus naturel ? Quand on se retrouve après tant d'années...
On passa au salon, pour le café et les liqueurs qui furent servis par Hélène Rétiff, une agréable jeune fille d'une vingtaine d' années. La conversation devint plus générale et il fut question de l'emploi du tem ps de l'après-midi.
— Je dispose de quelques loisirs, dit le notaire. N ous en profiterons pour visiter les environs. Je te ferai voir des coins qu e les touristes ignorent. Cela t'incitera à revenir en été.
Bellavent, à qui cette proposition s'adressait, all ait protester. Quelque attrait qu'il trouvât à la société de son ancien condiscipl e, il ne comptait pas s'attarder ici. Mais avant qu'il eût parlé, Hélène déclara :
— Vous voudrez bien m'excuser si je ne vous accompa gne pas. Je suis attendue à la Bonne Étoile. Nous avons réunion de c omité, cet après-midi.
— La Bonne Étoile ? répéta le commissaire.
e M Rétiff lui apprit que c'était là le nom d'une œuvr e philanthropique, créée par de charitables et riches personnes. L'œuvre se proposait d'apporter une aide à la fois morale et matérielle à toutes sortes de d éshérités et de victimes du sort. Elle disposait d'un ouvroir, distribuait des vêteme nts, encourageait, rénovait...
— Les animatrices de la Bonne Étoile sont deux de n os concitoyennes : Clémence et Marie-Christine de La Bertaudière. Des demoiselles de grand bien. Elles ont trouvé là un judicieux emploi de leur for tune, qui est assez coquette. L'aînée, Clémence, est présidente de l'œuvre. Marie -Christine, sa cadette, se satisfait des fonctions de trésorière. Ma fille leu r accorde un concours sans limites...
— Tous mes compliments, mademoiselle ! fit Bellaven t, poli.
Hélène remercia d'un sourire et annonça que les deu x sœurs devaient venir la prendre, au passage.
C'est ainsi qu'un quart d'heure plus tard, le polic ier avait fait la connaissance de Clémence et de Marie-Christine de la Bertaudière . Elles se ressemblaient un peu. Elles n'étaient point laides, mais sans grâce. Dédaigneuses de toute coquetterie, elles apparaissaient comme reléguées d ans le célibat qui avait été leur lot et qui le serait sans doute toujours, car déjà elles avoisinaient la cinquantaine. L'austérité de leur aspect était rach etée par la douceur de leur voix. Marie-Christine, surtout, se métamorphosait d 'heureuse façon quand elle parlait de l'œuvre qu'elles avaient créée, sa sœur et elle.
À toutes ces observations, le commissaire Bellavent en ajouta une autre qui ne laissa pas de le surprendre. Chaque fois qu'il c ontemplait Clémence, l'aînée, il découvrait, posé sur lui, un regard aiguisé par l'intérêt. Il eût été un phénomène, que la présidente ne l'eût pas dévisagé autrement. Devait-il croire qu'elle voyait en lui un homme célèbre ? Il n'avait pas cette fatuité.
Cependant, les deux sœurs, qui étaient entrées pour une minute, s'attardaient un peu. Clémence s'avisa soudain, non point de la marche de l'heure, mais d'un oubli. Elle avait négligé, paraî t-il, de donner certain coup de téléphone...
— L'appareil est à votre disposition dans mon cabin et, mademoiselle, offrit e obligeamment M Rétiff
— Merci. J'abuse vraiment...
La présidente disparut, pour revenir quelques momen ts plus tard. Cette fois, elle proclama qu'il était temps, grand temps qu'on prît le chemin de la mairie, où avait lieu la réunion du comité.
Des adieux s'échangèrent. Et ce fut à l'instant où il acceptait la main que lui tendait Clémence de La Bertaudière, que le commissa ire tint entre ses doigts un papier que la vieille fille, à l'insu de tous, vena it de lui glisser. En même temps, d'un regard significatif, elle lui avait recommandé le silence et la discrétion. Puis elle s'était retirée, accompagnée de Marie-Christin e et d'Hélène Rétiff qui, entre ces deux femmes, faisait l'effet d'un bouquet de pr intemps égaré parmi des feuilles d'automne.
Ce n'est qu'une dizaine de minutes plus tard que le policier avait pu prendre connaissance de l'énigmatique message qu'il avait g ardé au creux de sa main. Pour le déchiffrer, il avait bénéficié du fait que le notaire était allé sortir sa me voiture du garage. De son côté, M Rétiff s'était excusée de devoir aller se préparer, car elle entendait être de la promenade p rojetée.
Que disait ce papier, qui n'était qu'une page arrac hée à un calepin et que couvraient quelques lignes d'une écriture un peu tremblée ? Il disait :
Monsieur le commissaire, c'est la Providence qui vo us amène à Amboise ! Ma maison a été récemment le théâtre d'un drame que tout le monde ignore encore. Il s'agit d'une chose mystérie use et grave, très grave. Je ne savais à qui me confier. Je n'aurai pas de se cret pour vous. Dans l'épouvantable situation où je me débats, vous pouv ez être un sauveur. Faites donc l'impossible pour venir me voir ce soir , vers six heures, à la Vineraie. C'est le nom de ma propriété. J'aurai élo igné ma sœur. Nous serons seuls. Je pourrai tout vous révéler. Venez, je vous en supplie...
Le billet était signé :Clémence de La Bertaudière.
Vingt années d'exercice professionnel avaient rompu le policier à bien des surprises. Il en avait tant vu ! Mais son intérêt s 'éveillait toujours quand il se trouvait placé devant un personnage qu'il qualifiai t lui-même de vivante énigme. Cette appellation ne convenait-elle pas à la présid ente de la Bonne Étoile ? Un drame, disait-elle. Quelles raisons avait-elle eu d e taire ce drame à tout le monde, même à une sœur qu'elle chérissait tendremen t ? Enfin, qu'il le voulût ou non, Bellavent était indiciblement flatté à la p ensée qu'il possédait l'entière confiance d'une femme qui, ce matin encore, ignorai t jusqu'à son nom.
Il se défendait de croire qu'il eût affaire à une d étraquée. Par tout ce qu'on lui avait dit de Clémence de La Bertaudière, il sav ait au contraire qu'il s'agissait là d'une personne fort bien équilibrée, intelligent e et douée d'un grand sens pratique, toutes qualités qu'on lui avait vu déploy er à la tête de l'œuvre qu'elle
dirigeait.
Le commissaire, lui aussi, disposait de solides qua lités. Il savait être discret. Et c'est ainsi qu'il ne laissa rien paraître, lorsq u'il se retrouva en compagnie du notaire et de son épouse. Ceux-ci, de même, ignorèr ent pourquoi leur hôte se fit si peu prier quand ils lui signifièrent qu'ils ente ndaient le garder au moins jusqu'au lendemain.
e — Et si tu veux t'offrir huit jours de vacances, re nchérit M Rétiff, nous n'y verrons aucun inconvénient !
— Au contraire ! souligna la notairesse, affable.
Bellavent réserva sa réponse.
S'intéressa-t-il vraiment aux hameaux, aux vallonne ments, aux coulées de la Loire, aux coins de forêt et à cette curieuse Pagod e de Chanteloup qu'on fit défiler en tableaux successifs devant ses yeux ? Il s'extasiait, commentait, portait sur toutes choses un avis très personnel. M ais en réalité, il pensait à son rendez-vous du soir. Il ne pensait même qu'à cela.
On était aux premiers jours de janvier. La nuit vin t tôt. Ce fut le retour. Bellavent, assis dans la voiture auprès de son ami, fit en sorte d'amener la conversation sur les demoiselles de La Bertaudière. Il apprit qu'elles étaient vraiment dignes de l'estime dont elles jouissaient. On pouvait citer maints traits de leur générosité, de leur besoin de se dévouer sa ns compter. Elles n'en étaient pas toujours récompensées.
me — C'est ainsi, expliqua M Rétiff, qu'elles ont eu le chagrin d'être payées d'ingratitude par Alfred Rameau, ce galopin...
— Qui est cet Alfred Rameau ?
— Un enfant de l'Assistance. Clémence et Marie-Chri stine avaient obtenu qu'on le leur confiât, il y a de cela une quinzaine d'années. Alfred n'était alors qu'un bambin, au caractère imprécis. Elles l'élevèr ent comme s'il eût été leur neveu, voire leur fils. Ce garçon reçut vraiment le s meilleurs enseignements. Peine perdue ! Ses mauvais instincts triomphèrent. Tout Amboise, ces dernières années, l'a vu s'enivrer, se quereller, courir les filles. Et cette vie de dépravation a duré jusqu'au jour où Alfred Rameau, avide d'aven tures, a suivi le conseil qu'on lui donnait de s'engager à la Légion. Voici u n an qu'il est parti. Bon débarras ! N'empêche que cette épreuve a été très d ure à ses bienfaitrices, qui pouvaient espérer une meilleure récompense.
me — Des saintes... de vraies saintes ! confirma M Rétiff, du fond de la voiture.
On arrivait. Le notaire, en sortant du garage, s'ex cusa de devoir abandonner son camarade. Il avait plusieurs rendez-vous, à l'é tude.
— Qu'on ne s'occupe pas de moi ! dit le commissaire . Je m'en voudrais d'être une gêne. J'ai d'ailleurs quelques cartes po stales à acheter et il faut que je passe à la poste.
— J'aurais voulu vous montrer au moins votre chambr e, intervint madame Rétiff.
— Je suis persuadé qu'elle fera tout à fait mon affaire, chère madame.
Sa liberté ainsi recouvrée, le policier calcula qu'il lui restait près d'une heure avant d'aller au rendez-vous que lui avait fixé Clé mence de la Bertaudière. Il tua le temps comme il le put, fit réellement emplette d e quelques cartes, qu'il expédia tout aussi réellement à sa femme et à quelq ues amis parisiens. Enfin, il se fit indiquer le chemin de la Vineraie.
Il eut à marcher une bonne dizaine de minutes, car la propriété des deux sœurs se trouvait en dehors de l'agglomération, sur la hauteur, du côté de la forêt. On y accédait par une allée bordée de tilleu ls. La grille franchie — une grille que Bellavent trouva entrebâillée — la maiso n se présentait sous l'aspect d'une petite gentilhommière à un seul étage et flan quée d'une tourelle à poivrière, capuchonnée d'ardoise.
Plusieurs fenêtres étaient éclairées. Une lampe bri llait aussi au-dessus de la porte d'entrée.
Le commissaire distingua vaguement les massifs du j ardin qu'il traversa et, arrivé à la porte, fut reçu par Clémence de La Bert audière en personne. Elle avait guetté son arrivée.
Ses premiers mots furent des mots d'excuse et de re connaissance. Quelle opinion le visiteur allait-il avoir d'elle ? Elle a vait usé d'un bien singulier procédé... Mais quel gré elle lui savait d'être acc ouru à son appel !
Elle venait de l'introduire dans le salon du rez-de -chaussée où des meubles anciens, fort beaux, luisaient dans l'ombre. La vie ille demoiselle s'étant tue, Bellavent chercha quelque chose à dire. Il était d' un naturel courtois. Ses façons, sauf lorsqu'il se trouvait en présence de g redins, étaient celles d'un parfait homme du monde et combattaient la légende d e l'argousin bourru et mal embouché.
— Par tout ce que je sais de vous, mademoiselle, j' ai le plus vif désir de vous être agréable, et même utile, si la chose est en mon pouvoir. Et vous pouvez être assurée de mon entière discrétion.
S'il parlait ainsi, c'est parce qu'il venait d'obse rver une puissante gêne chez son interlocutrice. D'autre part, maintenant qu'il lui était possible de bien la dévisager, il imaginait la jeune fille qu'elle avai t dû être autrefois. Une jeune fille très séduisante, vraiment. La pureté des traits, le charme original des grands yeux couleur de violette, le dessin harmonieux des lèvres, tout cela subsistait
encore. Mais...
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