Les enquêtes d Hélène Fontayne
460 pages
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Les enquêtes d'Hélène Fontayne , livre ebook

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Description

Retrouvez ici les deux enquêtes d’Hélène Fontayne, une Française vivant dans un petit village d’Ombrie, en Italie, et qui se débat entre crise conjugale, blues de la quarantaine et « chocolamanie ». Curieuse, elle enquête, un peu malgré elle, pour pimenter son existence...


Le meurtre d’un personnage détesté est au cœur du premier roman, dans les magnifiques paysages de l’Ombrie, et une vengeance constitue le fil conducteur du second roman, dans les baronnies en Drôme provençale.



Au centre d’intrigues de plus en plus complexes, les personnages hauts en couleur imaginés par Claire Arnot évoluent avec une certaine indolence qui magnifie l’atmosphère des romans, dans des lieux décrits avec un grand talent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 décembre 2022
Nombre de lectures 137
EAN13 9782384830077
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Retrouvez ici les deux enquêtes d’Hélène Fontayne, une Française vivant dans un petit village d’Ombrie, en Italie, et qui se débat entre crise conjugale, blues de la quarantaine et « chocolamanie ». Curieuse, elle enquête, un peu malgré elle, pour pimenter son existence…
Le meurtre d’un personnage détesté est au cœur du premier roman, dans les magnifiques paysages de l’Ombrie, et une vengeance constitue le fil conducteur du second roman, dans les baronnies en Drôme provençale.
Au centre d’intrigues de plus en plus complexes, les personnages hauts en couleur imaginés par Claire Arnot évoluent avec une certaine indolence qui magnifie l’atmosphère des romans, dans des lieux décrits avec un grand talent.
 
*
 
Née en 1963, Claire Arnot vit en Italie depuis 25 ans. Assistante de français à Terni (Ombrie) elle a créé une émission culturelle radiophonique bilingue, adapté des spectacles théâtraux en français, travaillé comme interprète ; elle enseigne actuellement le français dans un lycée linguistique à Rome. Elle se consacre avec plaisir à l’écriture. Passe-temps chronophage… mais épanouissant puisqu’il lui a permis de gagner le 1er Prix de la Nouvelle dans les Baronnies en 2012 pour son récit Alicudi qui prête son nom au recueil comprenant d’autres nouvelles primées, se déroulant toutes en Italie. Elle a remporté le Logo d’Or 2014, 1er Prix littéraire national de la ville de Terni pour Retour à Piazza Clai/Ritorno a Piazza Clai , roman bilingue franco-italien où petite et grande histoire d’Italie se rencontrent, de 1940 aux années de plomb. Elle a créé le personnage légèrement autobiographique d'Hélène Fontayne, quadragénaire, gourmande et paresseuse mais habile caricaturiste à ses heures.
LES ENQUÊTES D'HÉLÈNE FONTAYNE
L'Intégrale
Claire ARNOT
Les Éditions du 38
Piège en Ombrie
Avertissement
Ce roman s’inspire de lieux existant réellement en Ombrie, comme la charmante ville d’Amelia ou Orvieto la majestueuse ; cependant, poussée par la nécessité du récit et par ma propre fantaisie, j’ai pris quelques libertés avec la géographie et l’histoire locales… En espérant que cela attisera votre curiosité, je vous souhaite, chers lecteurs, d’apprécier l’Ombrie, « le cœur vert de l’Italie », comme j’ai appris à l’aimer.
Claire Arnot
 
Il n’est point de secrets que le temps ne révèle .
Jean Racine in Britannicus.
 
Qui non piove mai, o siamo troppo buoni o siamo troppo cattivi…
Ici il ne pleut jamais, soit on est trop gentil, soit on est trop méchant…
(Expression populaire d’Ombrie)
1.
LUNDI 6 JUILLET
 
Le chien de chasse grogna sourdement : un renard… un sanglier ? La nuit avait été douce : deux lapereaux et une grosse hase délogés du terrier, plus une fouine prise au collet. Il en revendrait la peau. Le gibier pesait dans son sac et Antonio Antonelli marchait aussi vite que ses vieux os le lui permettaient, courbé en deux, toujours à l‘affût de quelque trace dans ce fond de vallon dense et boisé. Les aiguilles de pin craquaient sous ses gros souliers. Il faisait encore sombre dans le sous-bois et il humait le sentier plus qu’il ne le voyait, en symbiose avec son chien qui, lui, fouinait nez contre terre.
Le vieux braconnier compensait une surdité croissante par un odorat exceptionnel : il savait distinguer le parfum léger du lièvre, thym-serpolet, de l’odeur acide du renard ; dès septembre, il percevait la délicatesse des cèpes naissants sous les premières feuilles d’automne ; en novembre, il « sentait » le terrain à truffes avant même que son chien ne creuse au pied des chênes pubescents. Mais l’odeur qu’il reconnaissait entre toutes était le musc puissant du sanglier, le prince du maquis. Celle qui venait de sa bauge, de la terre fraîchement labourée par son groin : une odeur d’humus, de cuir et d’urine mêlés à la résine de pin. Alors son setter s’arrêtait net, poil hérissé. Antonio Antonelli ne chassait pas le sanglier tout seul, trop dangereux pour un homme âgé et sans fusil – chaque hiver les chasseurs organisaient des battues contre ces ongulés devenus trop nombreux en Ombrie –, mais il tombait parfois sur un marcassin égaré pris dans les mâchoires de ses pièges. Sa chair tendre était bien payée. Alors il fallait faire vite, achever le petit avant qu’il ne donne l’alarme à une mère de cent kilos… Excité par l’odeur des sangliers, le chien grognait puis disparaissait dans les buissons de buis et d’arbousiers. Antonio, sur ses traces, se fondait dans le ventre du maquis comme dans les replis d’une femme : les fourrés de la macchia de ce petit coin d’Ombrie n’avaient plus de secrets pour lui. Il l’avait arpentée toute la nuit – toute la vie – à la recherche de bêtes prises dans ses pièges de braconnier.
Il était tard maintenant ou plutôt très tôt : au-dessus des massifs de chênes verts, le ciel pâlissait. Les rapaces de nuit fatigués se posaient lourdement sur les branches des hêtres. De petits écureuils gris sautillaient dans les pins, et, dans l’aube fraîche de l’été, s’élevait le chant clair de l’alouette du matin. C’était l’heure de rentrer au village. Le plus discrètement possible, c’est-à-dire par le souterrain au fond du ravin. Curieusement, le braque croisé setter hésita : au lieu d’aller plein nord vers le rocher moussu qui cachait si bien l’entrée du passage, il se dirigea à l’est sous le remblai de la route départementale, sortant ainsi à découvert sur de grosses pierres plates et grises.
— Ulysse ! siffla l’homme entre ses dents, reviens ici !
Antonio Antonelli agissait illégalement, mais avec une grande prudence. Il savait que les carabiniers soupçonnaient les villageois de Montiano. Par équipes de quatre, les militaires avaient quadrillé la macchia, trouvé ses pièges, interrogé les Montianesi pas plus tard qu’au printemps, sans jamais l’interpeller, lui, trop vieux, trop invisible. Et c’était tant mieux. Il s’était tenu tranquille quelques nuits et avait poursuivi son innocente activité diurne sous les yeux de tous. On le savait sans fusil depuis sa chute d’un toit et on le croyait trop mal en point pour courir dans le maquis toute la nuit. Ses « clients » ne l’avaient pas trahi : ils risquaient gros eux aussi. Et pourtant il avait été un grand chasseur à l’époque où on ne chassait pas par plaisir, mais pour améliorer le quotidien ; sans voiture tout-terrain, sans fusil à lunette ni à infrarouge, sans téléphone portable et surtout sans permis de chasse exorbitant… Antonio ne pouvait se le permettre. Pour lui le braconnage n’était que la continuité d’une chasse ancestrale du paysan dans son milieu. Il était né dans cette région, au cœur de ses collines, il y mourrait probablement, après avoir bu son eau de source, mangé ses truffes, ses asperges sauvages et tué son gibier. Parce que c’est dans l’ordre de la nature. Parce que la terre nourrit l’homme.
Maintenant Ulysse avait disparu. Le braconnier craignait de sortir à découvert même s’il était difficile d’être vu par un automobiliste en contrebas de la route si tôt le matin. Le vieil homme siffla un coup bref et s’avança prudemment jusqu’à la lisière du bosquet. Il s’accroupit au pied d’un genêt et chercha des yeux son chien noir sur fond gris.
Et soudain il la vit. À 50 mètres de lui, encore fumante, en position grotesque. Son beau nez arrêté par un chêne déraciné. La Mercédès Coupé gris métallisé de Valeriani. Élégante, racée. Elle avait basculé, tel un gros jouet, et avait glissé le long du remblai jusqu’à ce que la nature l’arrête. Elle ronronnait encore, pas trop cabossée, le coffre avant chiffonné, comme le visage d’une femme mûre au réveil… L’homme sortit de sa cachette en rampant. Comment se faisait-il qu’il n’ait rien entendu ? Il devenait de plus en plus sourd, porca miseria  ! Un obstacle, un malaise, et la belle allemande avait glissé sans bruit au fond du ravin ? Ulysse gratta contre la portière avant : il l’avait reconnu lui aussi. On ne voyait pas le visage du conducteur, affaissé, les bras sur le volant, son torse nu et gras dépourvu de ceinture de sécurité. En s’approchant tout près de la fenêtre ouverte, Antonio l’entendit geindre doucement. Il leva les yeux vers la chaussée : on voyait bien, dans ce morceau de route sans protection, les branches cassées par l’accident. Tout était silencieux. Cependant le car de 5 heures qui accompagnait les ouvriers aux aciéries de Terni n’allait pas tarder à passer. Il n’avait que quelques minutes devant lui. Son pire ennemi évanoui et à sa merci… Il ouvrit lentement la portière et souleva la tête d’Enzo Valeriani qui empestait l’alcool. Il avait les yeux fermés et le visage couvert de sang, mais il respirait encore.
— Ben, mon cochon… Encore un de tes festins qui a mal tourné.
Une longue plaie ouverte partait de la racine des cheveux, un peu trop noirs pour un homme de 55 ans, et finissait sur l’arête du nez. Elle saignait abondamment.
— Rien de grave… C’est pas ça qui va te tuer, salopard.
Le vieil homme relâcha sans ménagement la tête du blessé sur le volant. La grosse chaîne en or pendue à la poitrine velue cliqueta un instant. Antonio jeta un coup d’œil sur le siège du passager : il y vit une chemise blanche roulée en boule et un dossier bleu, aux coins fatigués, fermé par un élastique. Il allongea le bras pour le prendre et le fourra sous sa veste.
— Le temps presse maintenant, finissons-en.
Le braconnier sortit un gourdin de sa besace : une arme en chêne, dure et lisse, qu’il avait polie lui-même les soirs d’hiver. Une seconde en l’air puis il en asséna un grand coup sur la nuque du blessé, comme pour achever un marcassin pris au piège. Le blessé sursauta, émit un gargouillis et retomba lourdement sur le volant. Maintenant il gisait immobile, les bras ballants, gros pantin désarticulé. Le vieux contrôla la jugulaire de deux doigts experts, puis rempocha son bâton. Il avait agi rapide et précis, comme quand il relevait ses collets au petit matin. Il voulut conclure de façon spectaculaire et se libéra de sa gibecière. En quelques secondes il ramass

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