La lecture à portée de main
48
pages
Français
Ebooks
Écrit par
Laura Elia
Publié par
Éditions Sharon Kena
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Publié par
Nombre de lectures
3
EAN13
9782819104728
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Le commissaire juif et son inspecteur kabyle Jaffar Aït Kacem sont confrontés à une série de morts violentes d’hommes très riches et très âgés, qui n’avaient apparemment aucune raison de vouloir décéder. L’enquête piétine, jusqu’au jour où une voyante, consultée par les victimes, révèle à Jaffar qu’elle a « vu » le meurtrier. Elle sera tuée peu après cette révélation. Mais qui est donc ce mystérieux assassin portant cape, masque et gants noirs ?
La fille d’une des victimes se révèlera une aide précieuse pour confondre le meurtrier, et comprendre enfin le véritable mobile de ses crimes.
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EAN13
9782819104728
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Français
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2 Mo
Laura Elia
Qui voudrait mourir demain ?
LES ENQUÊTES DE SAMUEL BERTHIER
« Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article L.122-5, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l'article L. 122-4). « Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. »
©2019 Les Editions Sharon Kena
www.skeditions.fr
Je demande aux personnes qui croiraient se reconnaître,
Ou reconnaître des proches dans le récit de cette histoire,
De bien vouloir voir en ce roman une œuvre de pure fiction.
Table des matières
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Épilogue
Prologue
– Qui voudrait mourir demain ? dit à haute voix le commissaire Samuel Berthier. Personne, bien évidemment ! Qui accepterait de partir en étant sain d’esprit ? Même usée en se sachant atteinte d’une maladie incurable, la nature humaine lutte jusqu’au bout. Surtout si on est riche et qu’on peut profiter de la vie et de ses plaisirs. Et c’est justement le cas de nos quatre victimes : toutes milliardaires, issues du même milieu et amis de longue date de surcroît.
Le commissaire Samuel Berthier, la cinquantaine marquée, a toujours l’air fatigué et la mine désabusée. Né d’un père français et d’une mère juive, il a hérité d’elle une intelligence incisive et un esprit d’analyse aigu : qualités qui l’avaient beaucoup aidé dans sa carrière. Affecté au commissariat du XVI e arrondissement cinq ans auparavant, il n’est pas dupe de cette prétendue promotion. Il sait qu’il passera ses dernières années avant la retraite sur une voie de garage. Les « affaires » des beaux quartiers sont d’une monotonie affligeante. Principalement des vols de bijoux et d’argent par des voyous de banlieues sur des femmes seules et éméchées, rentrant chez elles la nuit ou en soirée. Et aussi des escroqueries de « grands patrons », des plaintes d’épouses battues ou des constats d’adultères : rien de bien passionnant. Il y a très peu de crimes ou de suicides. C’est en ce sens que cette enquête l’intéresse. Elle ne ressemble pas aux autres. Il pressent une sombre histoire de vengeance personnelle ou de règlement de compte, plutôt qu’une affaire de quartiers populeux.
Son adjoint, le jeune algérien Jaffar Aït Kacem, le questionne :
– Ces hommes se connaissaient depuis très longtemps, pourtant aucun d’entre eux n’a avoué son état de santé aux autres. Pourquoi à votre avis ?
– Par orgueil. Il ne faut pas oublier qu’ils étaient des parvenus, et non issus d’authentiques familles bourgeoises. Dans ce monde, tous veulent se montrer plus forts. On doit dissimuler toute trace de faiblesse, maladie, faillite, ou chagrin.
Berthier éprouve de la sympathie pour Jaffar. Il le trouve courageux, même si parfois il est un peu tête brûlée. Samuel Berthier n’est pas pratiquant et pense que son adjoint ne sait pas qu’il est juif. Il a toujours trouvé navrantes et primaires ces questions de racisme à cause de religions différentes. Pour lui, il n’existe que des honnêtes gens, des neutres nombreux, et des mauvais guidés par le fanatisme et le goût du pouvoir. Depuis la dernière guerre, hélas, l’histoire lui a donné raison.
Après une pause, le commissaire poursuit :
– Le doute persiste. Ces meurtres ont été maquillés en suicides. Cette thèse aurait pu être crue par n’importe qui. N’importe qui sauf nous, professionnels du crime et les proches des victimes. Le coupable doit probablement se douter que nous ne sommes pas dupes de ses assassinats déguisés. Normal, il doit prendre beaucoup de plaisir à nous provoquer ! Il faut absolument trouver le point commun entre ces hommes fortunés et le meurtrier, en fouillant dans leur passé. L’argent n’est certainement pas le motif. Les cadavres n’ont pas été dépouillés de leurs portefeuilles, et leurs héritiers étaient loin d’être dans le besoin. On doit chercher quelque chose de plus subtil.
Plutôt beau gosse, Jaffar savait jouer de son charme pour glaner des renseignements. De taille moyenne, mais solidement bâti, il possède des cheveux mi longs, bruns et bouclés, qui encadrent un visage aux pommettes hautes. La pâleur de son teint accentue la profondeur de son regard aux yeux bleus porcelaine frangé de cils noirs. Jaffar était le cadet d’une famille kabyle de cinq enfants. Il était arrivé en France à l’âge de six ans. Il gardait en mémoire des souvenirs lumineux de son Algérie natale. Il avait grandi dans une cité de la proche banlieue nord parisienne. Déjà tout jeune, il côtoyait les voyous et cherchait à jouer les redresseurs de torts. Son caractère frondeur lui avait valu pas mal d’ennuis, de bagarres et une cicatrice à l’arcade sourcilière gauche à la suite d’une rixe au couteau. L’expérience et l’intelligence du commissaire Berthier l’impressionnaient. Il le respectait parce que, contrairement aux railleries de ses collègues des beaux quartiers qui pensaient que Jaffar serait complètement perdu, car « sorti de sa zone », lui avait reconnu ses qualités. Courageux, patient, plus intuitif que raisonnable, il avait une prédilection pour l’action, et le travail minutieux de recherche indispensable dans toute enquête.
Jaffar confirme à Berthier qu’il a l’intention de se rendre à la morgue afin d’inspecter les affaires personnelles des victimes.
Quelques heures plus tard, Jaffar déboule dans le bureau du commissaire, tout excité :
– Chef, j’ai réussi à trouver un point commun : Madame Zelda, une cartomancienne du X ème arrondissement. Tous étaient ses clients. J’ai remarqué son nom dans leurs agendas. Peut-être pourrions-nous aller lui rendre une petite visite amicale.
Chapitre 1
Le cabinet de la voyante se situe au fond d’une impasse dans une maison décrépite. Un concierge, à la mine patibulaire, leur indique le deuxième étage, et leur demande de patienter dans la salle d’attente qui se trouve au premier. Madame Zelda viendra les chercher après sa consultation.
Une demi-heure plus tard, Madame Zelda les accueille avec un sourire commercial qui s’efface bien vite lorsqu’ils déclinent leurs identités. Elle semble mal à l’aise et prétexte qu’elle a encore beaucoup de clients à recevoir. Jaffar lui promet que ce ne sera pas long.
Madame Zelda est grande, brune à la peau mate. Elle porte des vêtements de ville, pas de jupe ni de fichu folklorique. Son appartement est au contraire très couleur locale. Les murs tendus de tissu noir, les rideaux et le divan bordeaux, les meubles en chêne, et surtout les gravures sinistres représentant des sorciers, corbeaux et autres êtres malfaisants, font de cet endroit un lieu étrange. On cherche à impressionner plutôt qu’à apaiser la clientèle. Tactique astucieuse , pense le commissaire Berthier ; Madame Zelda n’a plus qu’à se montrer aimable et rassurer ses visiteurs, qui ne demandent qu’à l’écouter.
Elle les avertit de ne pas pénétrer dans la pièce attenante, dont l’entrée est masquée d’une tenture sombre, car Sultan, son chien, y monte la garde. Elle les fait asseoir dans le salon autour de la table ronde et répond de manière sibylline aux questions sur les victimes, que les journaux surnomment « les suicidés fortunés ».
Lorsqu’ils se retrouvent dans une impasse, Jaffar ne peut s’empêcher de faire un commentaire.
– Pas trop bavarde, la médium ! Elle a simplement consenti à avouer qu’ils se sentaient en danger. Une menace pesait sur eux sans qu’ils puissent en préciser la nature. Elle a dit avoir vu la mort dans les cartes. Mais c’est curieux, j’ai eu la nette impression qu’elle avait peur. Pas de trahir le secret professionnel, ni de nous, mais de quelque chose d’autre.
– Tu es vexé parce qu’elle a su résister à ton charme ?
Jaffar hausse les épaules et sourit avant d’ajouter :
– Je vous aime bien, Chef. Vous me rappelez mon père qui me taquinait tout le temps pour pas que je devienne orgueilleux. Il affirmait qu’être trop fier n’amenait que le malheur sur soi et la perte de ses dons les plus nobles. Il était cultivé, mon vieux, il parlait comme ça…
***
C’était un euphémisme de dire que Madame Zelda était terrifiée. Elle avait reçu une demi-douzaine de menaces de mort depuis son premier rendez-vous avec Monsieur Alexandre. C’était toujours la même missive : une feuille format A4 pliée dans une enveloppe vierge, des lettres en caractères gras, certainement de la police Arial, taille 16, formaient les mots :
SI VOUS PARLEZ,
LA MORT VIENDRA
Quand elle s’était rendu compte que son client était la première victime de la sombre liste des « suicidés », elle avait compris que ce n’était pas seulement sa fin qu’elle avait perçue, mais aussi le meurtrier. Madame Zelda était cartomancienne et extra lucide. Grâce à ce don, elle pouvait réellement avoir des flashs sur la vie de ses consultants.
Elle avait vu un homme à l’allure jeune, habillé de noir avec une grande cape et des cheveux d’ébène bouclés, qui poursuivait Monsieur Alexandre. Son visage était masqué par un foulard. Il était revenu dans ses visions lors des visites de Monsieur Damien, Monsieur Hubert et Monsieur Victor. Maintenant que les policiers étaient partis, elle tremblait.
On sonna à sa porte quelques minutes plus tard : elle sursauta et son cœur se mit à battre la chamade, car elle n’attendait plus de clients. Elle resta un bon moment, figée...