Les Gens Absents
59 pages
Français

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Description

Une fuite qui vous entraîne vers l’inconnu.


Odile, jeune institutrice, part quelques jours dans le cadre de son travail pour échapper à sa situation familiale difficile. L’éloignement de ses enfants et la rencontre de Jean, jeune animateur, vont bouleverser sa vie et celle de ses proches.


Cette histoire se déroule sur trois générations où se mêlent une situation familiale qui se déchire, une fuite éperdue à la recherche de jours meilleurs. Peut-on abandonner ses enfants quand on est une institutrice sérieuse élevée dans la tradition ? Les enfants d’Odile vont-ils souffrir des tensions au sein du couple de leurs parents ? Comment vont-ils grandir dans un contexte de violences et de tension ? On pourra suivre leur parcours difficile où parfois la lueur d’espoir ou la rencontre aident à reprendre confiance.


La fuite sera-t-elle rédemptrice pour notre institutrice ou va-t-elle l’amener dans de profonds tourments ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 mars 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782381530222
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Gens Absents
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ils produisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Jean-Pierre Saint
Les Gens Absents
Roman

 
Paris, mai 1992
Bonjour,
Je ne sais pas si tu te souviens de moi, j’étais venu avec Papa, il y a une dizaine d’années, quand ma mère était en bord de mer. Je voudrais revenir à la ferme, car aujourd’hui je ne sais plus où aller. Cela fait sept ans que je n’ai plus de nouvelles.
Émeline est toujours à l’école mais, moi, j’ai arrêté depuis trois ans. Mon père m’a mis à la porte il y a deux ans parce que ça n’allait pas. On s’est attrapés, un soir, alors qu’il était rentré énervé, comme souvent.
Depuis, je vis à Paris, chez des copains, mais je ne peux pas rester. Si je viens, je t’aiderai à travailler. Je ne suis pas feignant, je pourrais faire les foins et m’occuper des vaches. Je sais que tu ne me connais pas beaucoup.
Je veux bien apprendre le métier d’agriculteur pour me sauver des problèmes, sinon ça va mal finir.
Il faut que tu me sortes de là. Je t’appellerai dimanche, quand tu auras reçu la lettre.
Merci à toi et à mamie,
Louis
 
Première partie
 
 
1
Il fait encore nuit en ce mois de mai 1981. Il doit être encore bien tôt. La jeune femme se lève. Un réveil un peu brutal et prématuré. Aucun bruit ne vient troubler le calme. Odile voit la lueur qui commence à poindre au travers du rideau. Au bord de la fenêtre, elle aperçoit la mer. Les vagues viennent s’échouer sur la digue, la marée est haute. C’est peut-être le bruit incessant du ressac qui l’a réveillée. Le ciel semble bien clair et annonce une belle journée. La jeune femme allume sa première cigarette, la cigarette du matin dont elle ne peut se passer. La fenêtre entrouverte laisse passer un petit vent qui est encore froid.
Elle n’a même pas eu le temps d’aller voir la mer hier soir, après cette journée bien harassante. Les vingt-cinq enfants de sa classe, dont elle s’est occupée toute la journée, l’ont épuisée encore un peu plus. Elle a dû essayer d’endormir tout le monde pour cette première nuit loin des parents. La journée d’hier avait commencé tôt dans le 18 e , à Paris : accueillir chaque parent, rassurer les mamans qui laissaient leur enfant partir pour la première fois loin de Paris, pour quinze jours. Odile n’a fait que consoler, écouter, rassurer les enfants tout au long du trajet. La route vers la Normandie n’a pas été de tout repos.
Heureusement que Line est partie avec elle pour ce séjour en bord de mer. Line est une collègue mais surtout une bonne copine, elle aidera sûrement Odile à s’apaiser. L’arrivée au centre s’est faite vers dix-huit heures. Il a fallu s’installer, répartir les enfants, en restant toujours attentif à ce qu’aucun d’entre eux ne s’égare. Nos deux institutrices sont aidées par les animateurs dont elles ont fait la connaissance en arrivant, comme à chaque début de séjour. Ils apportent leur soutien : ils prennent les troupes en main pour répartir les chambres, faire les lits et défaire les valises.
Après avoir laissé la classe à ses deux animateurs, Brigitte et Franck, Odile a pris un peu de temps pour elle afin de trouver sa petite chambre au bout du couloir, la chambre de l’institutrice. Elle s’est enfin assise cinq minutes pour souffler, mais elle avait la tête bien loin des plages de sable fin depuis son départ de Paris où elle avait laissé ses problèmes. Elle a soudain repensé aux vingt-cinq enfants qu’elle avait emmenés jusque-là, alors elle a rapidement rejoint ses troupes : il faudrait encore un peu de temps pour que la confiance en ses deux assistants s’installe.
Line a ensuite retrouvé Odile pour dîner. Celle-ci connaît bien les inquiétudes de sa collègue, elle sait à quel point il lui a été difficile de prendre la décision de partir pour ce séjour. Il faudrait néanmoins faire en sorte qu’Odile se détende et essaye de retrouver un peu de sérénité. Odile regardait les enfants de sa classe qui s’amusaient et avaient l’air ravis de cette aventure. Elle entendait les rires et les chamailleries d’enfants heureux, ce qui ne l’aidait pas à se détendre. Elle avait la tête ailleurs.
Ce réveil matinal est le reflet de cette nuit agitée. Les derniers jours avant le départ ont été éprouvants, chaque jour qui passait lui faisait regretter sa décision. Regardant le jour se lever par la fenêtre, elle repense à la violence des propos de son compagnon. Odile se rallonge quelques instants sur son lit, espérant que ces quinze jours au grand air l’aideront à prendre une décision définitive pour connaître enfin, un jour, la sérénité et, pourquoi pas, être heureuse.
Le programme de cette première journée est chargé : balade sur la plage et pêche à pied, qui permettront aux enfants et à nos deux copines de profiter du soleil qui se lève.
Odile se dit qu’elle appellera peut-être à la maison ce soir, pour voir comment ça se passe. Ou alors elle attendra deux ou trois jours pour laisser le temps à son compagnon de reprendre les choses en main, de se lever le matin, sachant que ça fait bien longtemps que le réveil est un outil qu’il n’utilise plus. Tout au long de l’année, chaque matin, Odile se lève, seule, pour partir rapidement au travail. Souvent, lui est rentré tard dans la nuit et est venu se coucher près d’elle. Elle est encore réveillée quand il revient, mais elle garde le silence pour ne pas se trahir. L’alcool aide cet homme à s’endormir, Odile n’a toujours pas fermé les yeux lorsque son compagnon commence à ronfler à ses côtés. Mais, au moins, elle se dit que cette nuit, la situation n’a pas dégénéré.
L’envie de téléphoner le soir même n’a pas quitté notre institutric e de la journée, malgré la présence agréable de ces deux animateurs qui l’accompagnent dans la découverte du milieu marin. Les enfants parisiens sont venus pour découvrir la faune, la flore et les belles côtes normandes. Line a conseillé à sa copine d’attendre pour appeler : en cas de problème, son compagnon possède le numéro de téléphone du centre où elles séjournent. Il n’y a pas de raison que ça ne se passe pas bien. Odile commence à se détendre – le petit porto et le vin offerts par le directeur du centre n’y sont certainement pas pour rien –, mais l’angoisse ne se maîtrise pas toujours et l’excès d’alcool accentue parfois la sensation de mal-être.
Les enfants des deux classes sont heureux de vivre des « vacances » au bord de la mer. Seule la petite Julie a quelque peine à oublier sa maman. Elles ne vivent que toutes les deux et elles ne se sont jamais quittées, la rupture est donc difficile. Odile essaye de la consoler, de lui parler, mais elle ne peut s’empêcher de penser à sa propre fille, sa petite de deux ans qu’elle a laissée à Paris. Julie pleure à chaudes larmes et Odile, la serrant contre elle, ne peut retenir les siennes, en silence pour que personne ne s’en rende compte. Toutefois, Jean, l’animateur de Line, est assis non loin.
 
 
2
Les manquements au paiement du loyer rendent aléatoires l’eau et l’électricité, donc à chaque coupure, c’est une bonne occasion d’arrêter le travail et de se mettre à l’activité favorite des occupants : la dégustation de bières et autres produits que l’on trouve facilement dans ce coin du 19 e  arrondissement.
Pascal a rejoint cette tribu en 1972, année où il est arrivé à Paris, monté de son Morvan natal. Il est venu pour gagner sa vie et fuir une campagne où les ennuis s’étaient accumulés depuis la fin de son apprentissage. Ses parents, modestes agriculteurs, le croyaient bien intégré à la capitale, mais jamais ils ne sont venus le voir. Pascal s’arrangeait pour regagner sa terre natale une fois tous les deux ou trois ans.
Pascal était arrivé à Paris à dix-sept ans. Il valait alors mieux qu’il quitte son village. À Champeraud, les retours de soirées avaient déjà défrayé la chronique. Il avait dû s’expliquer avec la gendarmerie au sujet des sorties de bal qui avaient mal tourné. Il n’était pas rare que les rixes se terminent avec un ou deux blessés. Pascal, depuis son adolescence, utilisait plutôt ses poings pour appuyer ses arguments. Mais il fut contraint de partir le jour où son père est revenu de la gendarmerie : une plainte avait été déposée contre son fils par une jeune femme.
Le père de Pascal était un être fruste, un de ces paysans qui travaille du lever au coucher du soleil, un courageux qui ne comprenait pas le refus de son fils de travailler à la ferme et de l’aider dans ses tâches quotidiennes. Les relations étaient tendues et les corrections reçues par Pascal n’avaient jamais favorisé l’entente familiale. Lorsque le père de Pascal fut convoqué par la gendarmerie pour des faits de violence de la part de son fils, il ne digéra pas, persuadé que tout le village était déjà au courant. Imaginez la honte dans ce petit village où tout se sait. De plus, l’agression avait été commise sur une jeune femme. Celle-ci fut hospitalisée pour observation. Comment accepter que, sous son toit, son fils ait pu agresser cette personne ? Le père rentra dans une colère mémorable, cherchant son fils partout. Mais celui-ci avait disparu, devinant la raclée qui l’attendait. La mère de Pascal essaya bien de raisonner son mari, de protéger malgré tout son fils des cris et des coups que son père n’aurait pas manqué de lui infliger. Pascal n’eut plus le choix, il dut quitter précipitamment la maison familiale.
Arrivé à Paris, il avait erré gare Montparnasse pendant plusieurs jours, essayant d’éviter les SDF qui y vivent jour et nuit. Ses maigres ressources ne lui permettaient pas de dormir à l’hôtel. Ses journées et ses nuit

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