Les Héros sont tous morts
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Les Héros sont tous morts , livre ebook

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Description


Un lendemain de beuverie, pour s’aérer la tête et se vider des miasmes de l’alcool, Gaston, chasseur invétéré, part pister le sanglier. Des coups de feu retentissent, venant du cul-de-sac de la route forestière du Sappey. L’homme s’approche, et découvre trois corps. Une mallette est attachée au poignet d’une des victimes. Pleine de billets. Un million quatre cent mille euros. Gaston s’empare de son couteau de chasse, découpe le poignet du mort et s’enfuit avec l’argent.


Lucas, Lucie, Thomas, Laure... chacun de ceux qui vont croiser la route de la mallette maudite va sombrer du côté le plus noir de sa personnalité. Envolée l’empathie, effacée la morale, oubliés les préceptes de respect des autres. Cet argent sale semble contaminer irrémédiablement tous ceux qui le touchent.


Y a-t-il une rédemption possible ?


Dans un registre plus noir que d’habitude, et sur fond de thriller, on retrouve l’excellente écriture de Thierry Ledru, qui nous livre une analyse en miroir de l’âme humaine, et nous pousse à nous interroger : que ferions-nous avec cette mallette ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 7
EAN13 9782374535609
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Un lendemain de beuverie, pour s’aérer la tête et se vider des miasmes de l’alcool, Gaston, chasseur invétéré, part pister le sanglier. Des coups de feu retentissent, venant du cul-de-sac de la route forestière du Sappey. L’homme s’approche, et découvre trois corps. Une mallette est attachée au poignet d’une des victimes. Pleine de billets. Un million quatre cent mille euros. Gaston s’empare de son couteau de chasse, découpe le poignet du mort et s’enfuit avec l’argent.
Lucas, Lucie, Thomas, Laure, Fabien, Mathieu… chacun de ceux qui vont croiser la route de la mallette maudite va sombrer du côté le plus noir de sa personnalité. Envolée l’empathie, effacée la morale, oubliés les préceptes de respect des autres. Cet argent sale semble contaminer irrémédiablement tous ceux qui le touchent.
Y a-t-il une rédemption possible ?
Dans un registre plus noir que d’habitude, et sur fond de polar, on retrouve l’excellente écriture de Thierry Ledru, qui nous livre une analyse en miroir de l’âme humaine, et nous pousse à nous interroger : que ferions-nous avec cette mallette ?






Thierry Ledru vit en Savoie. Après un BAC litté/philo, il est entré à l’école Normale, en Bretagne. Passionné par l’escalade et l’alpinisme, il est allé vivre dans les Alpes. « J’ai eu la chance immense d’avoir un prof de Français et une prof de philo extraordinaires. J’adorais lire et écrire et peu à peu ils m’ont permis d’avoir avec eux une relation privilégiée, des échanges extrêmement enrichissants, non seulement d’un point de vue cognitif mais surtout sur le plan humain. Krishnamurti, Ouspensky, Platon, Gurdjieff, Camus, Sartre, Saint-Exupéry, Lanza del Vasto, Gandhi, Koestler, Conrad, Steinbeck, Heminghway, Prajnanpad, Vivekananda, Sri Aurobindo, London, Moitessier, Arséniev, tout ce qu’ils m’ont fait connaître ! Tout ce que je leur dois ! J’écrivais des nouvelles, ils les lisaient, les critiquaient, m’encourageaient. Ils disaient tous les deux qu’un jour je serai édité. »
Dans ses romans, Thierry Ledru pousse ses personnages à l’extrême d’eux-mêmes, il les confronte à des questionnements et à des événements qui les font avancer, leur ouvre un cheminement intérieur que le lecteur emprunte à leur suite avec un grand bonheur.
LES HÉROS SONT TOUS MORTS
Thierry LEDRU
38 rue du polar
1
Kilimandjaro.
Elle courait depuis trois heures déjà. Elle avait dépassé les étages forestiers. Les séneçons géants avaient disparu, épuisés par les effets de l’altitude et les températures. À Horombo, elle avait profité d’un premier arrêt, un ravitaillement salutaire. Moses, le guide, avait organisé les différents paliers. Troisième tentative de record d’ascension du géant des lieux. Catégorie féminine.
Le sentier serpentait désormais dans les assemblages chaotiques de ressauts rocheux. Elle devait s’appliquer à éviter les trous et les irrégularités du terrain, les roches instables et les ornières creusées par les pluies, à placer les bâtons aux meilleurs endroits, renforcer ses appuis sans jamais rompre l’élan, sans jamais diminuer la vitesse. Une vigilance de chaque instant.
Les passages en forêt l’avaient subjuguée, tout autant qu’à son premier séjour. Une végétation luxuriante, des plantes inconnues qui se découpaient dans le faisceau de la lampe frontale, des couloirs étroits, encadrés par des frondaisons épaisses, des lichens suspendus comme des chevelures hirsutes.
Elle avait pris le départ à mille huit cents mètres d’altitude. Objectif à cinq mille huit cent quatre-vingt-quinze. Quatre mille mètres de dénivelée. Treize heures de course. Un an de préparation. Des milliers d’heures d’entraînement, deux nouveaux sponsors après son record au Mont-Blanc, une promesse de revenus récurrents si le record du Kilimandjaro tombait dans son escarcelle, la possibilité d’une année sabbatique, son poste de technicienne chez son sponsor principal le lui permettrait.
Gérer l’effort, écouter les messages de son corps, s’hydrater avec la boisson qu’elle portait à sa ceinture. Moses avait mis en place les zones de ravitaillement, au moins deux porteurs à chaque point, des encouragements dont elle aurait besoin, une aide logistique indispensable. Elle ne pouvait se permettre de porter sur elle un ravitaillement encombrant. Elle connaissait parfaitement le parcours, chaque difficulté, chaque particularité. Elle avait visionné des vidéos, lu des témoignages, elle avait tapissé sa chambre de photographies, découpé chaque échelon de l’ascension, appris les noms de chaque élément caractéristique du relief, elle avait lu tous les récits des premiers explorateurs.
Dès ses premières années de course, elle avait été fascinée par ce sommet. La montagne isolée la plus haute du monde. Une photographie dans un livre de la bibliothèque municipale, des histoires d’animaux, la vie des enfants dans la savane.
Elle eut un sourire intérieur à ce souvenir et s’amusa de la tournure de sa vie. Elle voulait être maîtresse d’école et se retrouvait à vingt-sept ans à courir sur les sommets de la Terre.
Troisième essai en quatre ans. Vingt-deux minutes de trop à la première tentative, puis seize minutes à la seconde. Le record de Suzy Bradley tenait toujours. Mais elle avait battu l’Anglaise au printemps dernier sur l’ultra trail du Mont-Blanc et cette victoire l’avait libérée de son complexe.
Elle savait qu’elle avait fortement progressé et que le moment était venu de se hisser en première position dans les tablettes.
Le couloir sommital, le point dur, son chemin de croix, c’est là que tout se jouerait, mais elle ne pouvait se permettre de s’économiser à outrance. Elle devait adopter un rythme optimal. Elle irait chercher au plus profond les réserves inconnues. Elle les voyait ces sources d’énergie comme des nappes phréatiques, dans des abysses inexplorés.
Cette fois, elle les trouverait, cette fois, elle parviendrait à soulever ce couvercle en fonte, elle l’avait aperçu la dernière fois, comme un antre à découvrir, elle se souvenait parfaitement de cet espace intérieur, douze heures de course, elle avait senti les frissons l’envahir, symptômes habituels de l’épuisement, elle avait cherché dans les méandres intérieurs ces réserves archaïques, elle avait deviné dans un espace immobile le couvercle serti sur les antres nourriciers. Elle avait effleuré le trésor, elle en avait humé les parfums et puis l’effondrement était survenu. Milieu du couloir sommital. La première fois, elle avait vomi. Juste du liquide. Assise sur un bloc erratique, les pieds dans la lave et les résidus de roches, un tapis instable qui l’avait achevée. Le chemin n’avait pas de consistance, les appuis ne la poussaient pas, elle dérapait constamment. L’épuisement, comme un point de rupture. Le chant du cygne.
Il était prévu, cette fois, que Moses la retrouve à la sortie du couloir. Il saurait la pousser jusqu’au dernier mètre.

*

Val Gelon, Savoie.
Une sacrée beuverie.
Gaston savait bien qu’il n’y avait qu’une bonne partie de chasse pour éliminer la gnôle qu’il avait ingurgitée la veille. Faut dire que le Joseph, il savait la faire la gnôle. Pas du jus de pommes pour puceau.
Gaston prit son fusil et la cartouchière et sortit.
Il s’engagea sur le chemin des hêtres et s’amusa des bonnes blagues de toute la bande. Purée, quelle rigolade. Il aurait bien aimé finir la soirée avec la Jocelyne, mais elle avait trop bu et elle s’était endormie comme une tombe.
Bah, il la baiserait le week-end prochain, cette fois il la sauterait avant qu’elle ne s’effondre.
Il vit les traces des sangliers.
« Sacrés salauds ceux-là. Depuis le temps qu’ils se foutent de ma gueule, je vais bien finir par les déloger. »
Il n’avait plus voulu de chien après la mort de son Bestiau : un Beauceron de toute beauté, intelligent et fidèle. Purée, il aurait dû le buter ce trou du cul de François. Prendre son Bestiau pour un sanglier et lui éclater la cervelle, fallait vraiment qu’un abruti pareil pour faire ça. Si y’avait pas eu toute la bande, ce connard aurait fini dans un fossé. Ça ne l’aurait pas dérangé de lui faire la peau, c’est tout ce qu’il méritait.
« Putain, je suis désolé pour ton chien Gaston, j’étais sûr qu’il était avec toi, je pouvais pas deviner qu’il s’était éloigné. »
Rien à foutre de ses excuses. Faudrait pas qu’il lui tombe dessus dans la forêt, tiens, une petite balade tout seul, ça finirait en steak haché. Pas de témoin. Bestiau serait vengé.
Il avait déjà avalé une bonne dénivelée quand il finit par retrouver son calme.
Ça lui faisait plaisir de sentir la sueur dans son dos. Il força le pas. L’entraînement de rugby, parfois, ça ne lui suffisait pas. Il avait besoin de se vider les tripes pour calmer ses rages.
« S’arracher la viande, y’a pas mieux pour se refaire une santé. Et si j’arrive à tirer un de ces salauds de sangliers en plus, j’aurais tout gagné. »
Demain, c’était la paye et il pourrait acheter le cardan pour le C15. Aller à l’usine à pied, ça commençait à le faire chier pour de bon. Et redescendre un sanglier sur le dos, ça ne l’amusait plus. Et puis ce putain de mal de dos, ça n’arrangeait rien. Le toubib lui avait dit qu’il devrait déjà commencer par maigrir, cent vingt kilos, ça n’aidait pas. Putain, si le toubib faisait son boulot, il pourrait le critiquer. Cette tapette planquée derrière son bureau, tout juste bon à encaisser le pognon et à lui faire la morale. Qu’il aille bosser à l’usine et il aura le droit d’ouvrir sa gueule.
Ça le faisait chier de voir qu’il n’arrivait pas à rester tranquille dans sa tête. Toujours un connard pour venir l’emmerder. Le nombre de fois où il rêvait d’en buter un pour de bon. L’autre fils de pute de contremaître à l’usine, tiens, celui-là ferait un bon tas de viande à éclater. Deux cartouches de douze dans le buffet, ça devait valoir le coup.
Gaston n’avait jamais cherché à comprendre d’où lui venaient ses envies de meurtre. Personne n’en savait rien, c’était dans sa tête, bien au secret. Parfois, ça le faisait jouir quand ça faisai

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