Les jeux sont faits
117 pages
Français

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Description

Marc Rogerel est un jeune homme étrange, aussi fascinant qu’inquiétant.


Est-ce son charme ou son côté sombre qui attira Clotilde à l’accompagner à « Little House » la pension tenue par la vieille Martha dans laquelle il vivait depuis des années ?


Et quel aspect de sa personne poussa quelqu’un à l’assassiner, la nuit, durant une fête donnée dans la demeure ?


Cette question, le commissaire DURTEIL et le journaliste Fred Mathieu se la poseront.


Le premier, par souci de justice.


Le second, par amitié pour Clotilde.


Mais les secrets autour du défunt vont se révéler nombreux et engendrer bien d’autres malheurs...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782385010041
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES JEUX SONT FAITS
Roman policier

par J.A. FLANIGHAM
CHAPITRE PREMIER

« Dangereux et fascinant... » pensait Clotilde en regardant Marc qui conduisait, le visage indifférent. Il se sentit observé, posa sa main sur la cuisse de la jeune femme.
— Heureuse ? questionna-t-il.
— Mmuumuum, répondit-elle dans une moue gourmande.
— Nous serons bientôt arrivés.
— Je ne sais pas si j'ai tellement envie d'être bientôt arrivée.
Il eut un rire satisfait, son sourire se retroussa dans une moue presque cruelle, et son regard bleu se durcit soudain.
« Il sait que j'ai envie de lui », pensa Clotilde, avec un vague sentiment d'ennui.
Et elle retira doucement la main dont la pression sur sa cuisse s'était accentuée.
« Si certains hommes, pensa-t-elle encore, savaient toute la part de complexité qui entre, pour la plupart des cas, dans le désir que les femmes éprouvent, ils seraient effrayés, ou amusés. »
Est-ce que Marc aurait été effrayé, s'il avait su ? Et qu'y avait-il à comprendre, exactement ? Le désir de Clotilde était plus cérébral que physique. Depuis dix jours qu'elle le connaissait, elle avait fait de Marc un personnage de légende qui flattait obscurément ce qu'elle appelait, en se riant, son « goût de la crapule ». Marc était-il une crapule ? Pas au sens vulgaire du terme. Il avait de la classe, du cynisme, une sorte de nonchalance intellectuelle, et ceci convenait assez à un certain aspect de la personnalité de Clotilde. À part cela, il flottait autour de lui, sans qu'elle pût le préciser vraiment, une sorte de halo mystérieux, un vague parfum d'étrangeté.
Il menait une vie oisive, prétendait s'intéresser à l'archéologie et tirer des revenus substantiels d'articles spécialisés sur certaines questions culturelles, dans une revue américaine qui achetait ses papiers à prix d'or. À certains instants, Clotilde pensait qu'il aurait été bien en peine de montrer les justificatifs de sa production journalistique. Elle n'avait jamais éprouvé, par ailleurs, le besoin de pousser plus loin les questions, trouvant assez excitant que Marc l'intriguât à ce point.
Elle sursauta, tourna son visage vers lui pour sourire.
— Je te disais que nous passions devant le château d'eau.
— Fort joli château.
— Et voici le rond-point du Grand-Cerf...
— Fort joli Cerf...
— Nous allons continuer, tu jetteras un coup d'œil sur le lac des Ibis et tout de suite après, mon home.
Elle regardait, amusée, la foule bigarrée et nonchalante du samedi après-midi.
— Il y a toujours autant de monde dans ton Vésinet ?
— Non. En semaine, c'est le calme, les lacs tranquilles, les cygnes dédaigneux, mais le samedi après-midi et le dimanche, c'est la kermesse...
— Je trouvais précisément que ça faisait terriblement début de siècle. Très Maupassant, tu ne trouves pas ?
Il sourit, amusé, ému peut-être, sa main effleura les cheveux de Clotilde.
— Il y a des moments, quand tu dis certaines choses, cela évoque en moi comme l'écho d'une cloche lointaine. C'est peut-être pourquoi je t'aime. Non ? Qu'est-ce que tu en penses ?
— Ne galvaude pas l'amour, dit Clotilde, sèchement.
Il n'y avait pas d'amour entre eux, c'était impossible. Elle avait autant envie de lui qu'il la désirait, et c'était la raison précise pour laquelle elle se trouvait dans cette voiture, à ses côtes. Dans cinq minutes, ils seraient arrivés dans la propriété-pension de famille où Marc vivait depuis cinq années. Ils boiraient une bouteille de champagne, il l'entraînerait dans son studio, et Clotilde saurait enfin la part d'imagination ou de mauvais goût qu'elle avait mis dans cette aventure.
La voiture tourna lentement pour s'engager dans une avenue bordée d'arbres roux et or, puis s'arrêta. Marc se tourna vers Clotilde, passant son bras autour de ses épaules.
— Et voilà « Little House », dit-il, vaguement ironique.
On apercevait, au travers des frondaisons, le toit d'ardoises.
— Tu verras, c'est très somptueux, très début du siècle également, « Little House » ! Avant d'y pénétrer, je te signale que Martha ne fut pas toujours une vieille dame qui a consenti à louer trois appartements à des jeunes gens de bonne famille pour subsister. Elle a été très riche, très belle, très mondaine. Elle nous considère, Jean, Paul et moi, un peu comme ses fils. Tu es la première femme que j'emmène à « Little House ».
— Elle est rigoriste ou pudibonde ?
— Elle continue à nous considérer comme des gamins. Nous ne tenons pas à lui faire de peine.
Il lâcha brusquement Clotilde, klaxonna trois fois, eut un sourire distrait.
— Tu m'aimes, Clotilde ?
— Non, dit-elle. Je ne crois pas aux miracles.
La grille s'ouvrit lentement. Un petit vieux courbé, vêtu d'un pantalon à rayures noires et blanches, sur lequel flottait un tablier bleu de jardinier, sourit en agitant la main. La voiture s'engagea dans une allée recouverte de graviers. De chaque côté des massifs de fleurs, au fond, une propriété style Second Empire, blanche, carrée, flanquée de deux perrons en demi-cercle. Sur celui de droite, petite, rousse, fabuleuse avec ce face-à-main qu'un pâle rayon de soleil faisait luire, une étonnante petite dame observait le couple qui descendait de la voiture.
Marc prit Clotilde par la main, ils grimpèrent lentement les cinq marches, et il tapota, de l'index, le double menton de la vieille petite dame qui avait laissé choir son face-à-main pour considérer Clotilde d'un regard aigu.
— Salut, Martha ! Voilà Clotilde.
Clotilde, ahurie, regardait la bouche, peinte violemment d'un rouge sombre, agressif, les yeux ombrés de mascara, le trait de crayon filiforme qui remplaçait les sourcils, et le rouge insolent des cheveux qui se faisaient rares.
— Je suis très heureuse de vous connaître, Madame. Marc m'a souvent parlé de...
Martha la coupa d'un bref petit ricanement. C'était plutôt un faible croassement, comme le cri étranglé d'un oiseau de nuit.
Elle regarda Marc. Une étrange lueur passa dans ses yeux bleus fanés, qui avaient dû être fort beaux.
— Je sers le champagne au salon, comme d'habitude, ou alors Firmin te le monte dans ta chambre ?
— Dans ma chambre, n'est-ce pas, Clotilde ?
Elle fit oui de la tête. Elle avait froid soudain, froid, honte et dégoût, tout cela en elle, mêlé, gluant, sordide, tant le regard luisant et méprisant de Martha semblait vouloir signifier de choses précises.
« Et après tout, pensa Clotilde en redressant orgueilleusement la tête, elle sait que c'est pour cela que je suis venue, et c'est effectivement pour cela... Alors... »
Marc la poussa lentement dans le hall. Un escalier en spirale s'ouvrait dans le centre, découvrant le hall du premier étage, somptueux, décoré de fort beaux tableaux.
À mi-chemin, Clotilde se retourna. Martha avait repris son face-à-main. Elle les observait, immobile, un rictus faisait plus large son horrible bouche sanglante.

* * *

Marc la rapprocha de lui dans un geste peureux. Il avait, après l'amour, un visage émouvant, et Clotilde lui sourit. Elle se sentait légèrement ivre, presque heureuse, satisfaite du moins de ne se poser aucune question angoissante, comme cela lui arrivait trop souvent.
— Il reste encore du champagne ?
Il se pencha, agita la bouteille.
— Plus une goutte !
Puis il rit, et serra Clotilde plus fort, enfouissant ses lèvres dans ses cheveux.
— J'ai une idée formidable. Je vais descendre demander à Irène de nous préparer un petit repas fin. Nous dînerons ici. Tu restes avec moi, toute la nuit, bien sûr. Demain, je te raccompagne à Paris. Nous...
— Je dois rentrer ce soir, Marc.
— Menteuse ! dit-il en prenant ses lèvres.
C'est un véritable concert de klaxons qui les arracha à ce baiser prolongé. Clotilde tressaillit et regarda Marc dont le visage trahissait un formidable ahurissement.
— Qu'est-ce que c'est, Marc ?
Il hésita une fraction de seconde, puis courut vers la fenêtre ;
— Ma foi, on dirait bien la Jaguar de Maxime...
Il écarta le rideau. Les klaxons avaient repris de plus belle. Clotilde vit la main de Marc, sur la poignée de la fenêtre, se crisper étrangement. Il resta là, le dos tourné, immobile durant de longues secondes, puis se tourna lentement, comme à regret. Il se forçait à sourire, il y avait dans son regard bleu une expression que Clotilde n'y avait jamais vue.
— C'est toute une bande de copains qui se ramènent, dit-il. (Il y avait comme de l'égarement dans son sourire.) Avec des bouteilles et des paquets... Nous n'y coupons pas d'une surprise-partie maison, ma petite chatte.
— Mais, Marc, tu ne peux pas dire que tu n'y es pour personne ?
Il haussa les épaules, il y avait au coin de ses lèvres deux petites rides pleines de lassitude :
— Tu vas voir si c'est facile... commença-t-il.
Des pas sonores agitèrent la vaste bâtisse, des cris, des rires, des appels, et quelques instants après, on frappait vigoureusement contre la porte de la chambre. Des appels confus, des rires étouffés, des allusions grivoises, ils devaient être cinq ou six, là, derrière le chambranle, à abreuver Marc de sarcasmes.
— Ça va, dit-il, nous descendons.
Les pas s'éloignèrent. Il regarda Clotilde qui le fixait, l'œil dur.
— Marc, je file immédiatement ! Je ne suis pas venue ici pour passer ma nuit à bambocher.
Il se pencha vers elle. Il avait l'air soudain très malheureux, et plus mystérieux que jamais. Ses lèvres eurent ce tremblement cynique et orgueilleux qu'elle chérissait obscurément tout en le méprisant.
— Et si je te le demande ? Si je t'affirme que j'ai besoin de toi pour les supporter, eux, resteras-tu ?
Elle fut tout étonnée de s'entendre répondre « oui ».

* * *

Quatre heures du matin. Clotilde éclata de rire pour s'arracher à Maxime qui voulait absolument l'entraîner pour une autre danse.
— T'es une fille formidable, dit-il d'une voix pâteuse, tu danses le tango comme personne. Allez, viens, on recommence !
Il se tourna vers Claude, affalé auprès du pick-up :
— Remets le même, hé, mollusque !
Claude eut un sourire complètement idiot et ferma les yeux pour s'affaler doucement à t

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