Les Larmes Ecarlates
218 pages
Français

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Les Larmes Ecarlates , livre ebook

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Description

Patiemment, en luttant farouchement pour suivre sa propre voie, Mathilde s’est façonné une existence de rêve : voyages autour du globe, reconnaissance professionnelle, aisance financière et... une double vie.
Deux hommes qu’elle aime, deux familles qui ignorent tout l’une de l’autre. Deux mondes aux frontières bien délimitées.
Mais il suffit parfois d’un grain de sable dans les rouages d’une mécanique soigneusement huilée pour que tout déraille. Le jour où une personne de sa première vie fait irruption dans la seconde, un processus tragique se met en marche.


Et très vite, les morts s’enchaînent...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 octobre 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782384110186
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’AUTEUR

 
 
 
 
 
 
 
Auteur originaire du Sud de la France et vivant actuellement près de La Rochelle, Luca Tahtieazym est l’auteur de plus de quinze romans parus à ce jour. Jonglant avec les genres et les styles, inspiré par Steinbeck, Ellroy, Dard ou Stephen King, il apporte un soin particulier aux intrigues de ses livres, s’efforçant de proposer des histoires originales et des personnages tourmentés et attachants. Tahtieazym a remporté le concours des plumes francophones 2017 (plume des lecteurs) avec son titre VERSUS.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
LUCA TAHTIEAZYM
 
 
Les Larmes
Ecarlates
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Inceptio Éditions
Direction éditoriale : Guillaume Lemoust de Lafosse
Direction presse/médias : Ophélie Pourias
Couverture : Eva Lemoust de Lafosse
Diffusion : DOD&Cie
 
© Inceptio Éditions, 2022
ISBN 978-2-38411-018-6
 
Droits réservés
 
Inceptio
contact@inceptioeditions.fr
www.inceptioeditions.com
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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« Nous habitons un monde habité par d’autres
où il nous faut prendre place. »
Boris Cyrulnik, Les nourritures affectives
 
 
1 MATHILDE
Le café est chaud.
Vulnérable et dans l’instant, livrée sans fard, sans issue de secours, incapable de tricher, de corrompre ou de me travestir, j’attends le verdict.
Rien ne peut me bercer et m’endormir. C’est plus fort que moi, je vois du rouge partout, même quand mes yeux pleins de larmes sont clos.
Tout ça pour ça.
Un grain de sable aura suffi pour enrayer les rouages soigneusement huilés de mon existence – de mes existences. Un détail et tout s’est effondré. Un simple coup du destin pour me pousser à mon nadir. Un jet de dés. C’était écrit, page après page, chapitre après chapitre. Rien ne pouvait effacer la prophétie annonçant le sort promis. Les morts n’ont pas gommé mes maux.
Contrôler a toujours été vital. Les vents furieux peuvent cingler, tant que je ne dévie pas de la trajectoire fixée, tout va bien. Mais si j’ai longtemps cru que le tourbillon de l’eau tournait toujours dans le même sens, quel que soit l’hémisphère dans lequel on se morfond, je sais maintenant que le destin imprime la marque de ses rets en fourbe, comme une force de Coriolis qui tangue pour mieux surveiller sa proie.
On ne maîtrise rien, voilà la vérité.
Dehors, de l’autre côté de la fenêtre, les lumières intermittentes m’agressent.
Je bois une gorgée de café en écoutant McCartney.
C’est l’heure. Je peux conclure.
2 MATHILDE
Je suis une femme ; lui, un homme ; et fatalement, il cherche à me déprécier. Le syllogisme est si conventionnel que je n’en suis même pas étonnée. Ni étonnée ni vexée. Les connards prétentieux et phallocrates sont légion. Ils ont la main sur tout et trônent au sommet, en oligarques soucieux de préserver leurs petits intérêts de petites gens au petit esprit borné. Au bout d’un certain temps, on ne soupire plus, on traite les rodomonts, on taille leur ego pour le mettre au ras du sol, on révolutionne les systèmes pour en inventer de plus tortueux.
« Vous n’aurez qu’à me dicter les lignes du code, et je ferai le reste », me susurre-t-il de sa voix mielleuse et condescendante. Son anglais est bancal. Des intonations écossaises un peu rustres, avec des « r » qui roulent dans la rocaille et traînent en longueur, cassent l’image de dandy qu’il se donne. Il aurait pu ajouter : « et vite, mon petit », en m’assénant une tape sur le cul ; je ne m’en serais pas sentie plus dévalorisée.
« Vous n’aurez qu’à essayer de comprendre ce que je ferai pendant que je saisirai les lignes du code. » J’insiste sur les je . À ses yeux hagards qui s’ouvrent en grand et aux commissures de ses lèvres qui s’étirent exagérément, je devine qu’il a été touché en plein orgueil. La flèche décochée a transpercé sa vanité triomphante, mais il n’a pas encore perdu pied, même si sa superbe rutile moins fort.
« C’est que… je ne voulais pas vous blesser.
— Vous ne m’avez pas blessée. Vous n’avez pas assez de charisme pour ça, soyez tranquille. On m’a fait venir ici pour exécuter des tâches, pas pour vous les expliquer. Vous voulez que votre firme finisse comme Atari ? Alors, observez et retenez, mais laissez-moi faire le job et ne m’interrompez pas. Et surtout, abandonnez l’espoir de vous attribuer le mérite de ce qui va se dérouler sous vos yeux.
— Je…
— Mais avant, je voudrais bien un café. »
Il tergiverse. S’il cède, il se ridiculisera auprès de ses compères bedonnants qui se gardent bien d’intervenir, un peu surpris par ma faconde. S’il insiste, je me lèverai, écraserai ma cigarette par terre en me contenant, impassible. Je sortirai du cabinet et attraperai le premier taxi pour filer à l’aéroport et rentrer en France, un peu piteuse. Des contrats comme celui-ci, j’en refuse souvent, provenant des États-Unis ou du Japon principalement. C’est le temps perdu dans le trajet pour rejoindre Londres et en revenir qui me coûte.
Cela dit, ce jeune crétin misogyne au visage couvert de pustules acnéiques, je ne le connais ni d’Ève ni d’Adam. Il est possible que lui aussi n’ait rien à perdre et que mon coup de bluff tombe à l’eau. À son maintien dégingandé, je parierais qu’il n’est qu’un stagiaire au QI frôlant celui d’une huître mal digérée, probablement pas rémunéré, et que si son patron le vire manu militari , le gamin, campé dans la désinvolture propre à son âge, l’aura oublié dès le lendemain. Aussi dois-je envisager que ma tentative d’esclandre se solde par une réponse ad hoc .
« Avec un sucre », précisé-je d’une voix monotone.
L’humilié hésite, pose ses mains sur le bas de sa cravate à rayures et la lisse nerveusement, en heurtant l’épingle fichée sur la soie, qui finit de guingois. Puis il s’esquive dans la salle d’à côté, celle avec la porte rose qui fait face au bureau de la petite secrétaire rondouillarde aux lorgnons orange ; et vous savez quoi ? je suis sûre que la machine à café se trouve justement dans la salle d’à côté, celle avec la porte rose qui fait face au bureau de la petite secrétaire rondouillarde aux lorgnons orange.
« On y va ? » demandé-je à la cantonade.
Les trois hommes qui m’encerclent s’approchent et se penchent pour mieux voir. « Please », me dit-on avec flegme. Mes doigts tapotent sur les touches du clavier et les lignes miraculeuses s’inscrivent en lettres vertes sur l’écran noir. Je retiens ma respiration, puis lance le décompte en partant de cinq. Five… Four… Three…
Dans les moments décisifs, même en m’efforçant de contrôler mon stress, j’ai pour habitude de fermer les yeux. Comme une supplique adressée au dieu des algorithmes, une prière muette lancée dans le vide des langages informatiques. Certains crispent les poings, d’autres grincent des dents, moi je noie mon monde dans la pénombre. L’angoisse est moins fougueuse quand elle ne peut pas tâter les âmes égarées.
Ce sont des applaudissements qui m’extirpent du noir dans lequel je suis rencognée, pelotonnée dans mon cocon inexpugnable, avec des 1 et des 0 qui le hantent et dessinent les contours d’un univers graphique enchanté. Une voix s’exclame : « Wonderful », et je réponds un timide : « Yes. »
Sur l’écran, un pingouin pixellisé rebondit sur une espèce de quadrilatère blanchâtre indéfinissable. Je note mentalement qu’il me faudra retravailler ce qui est censé être un iceberg. Dans quelques mois, si la société de diffusion sélectionnée pour couvrir les réseaux de distribution classiques est efficace, mon palmipède sera présent sur les bornes d’arcades de la plupart des salles vidéo qui pullulent un peu partout malgré la crise.
Plus aucun machisme dans les démonstrations ostentatoires de mes hôtes. Je ne suis plus la femelle vulnérable et inapte, l’intruse, la paria, cible des moqueries, mais celle qui apporte les solutions, résout les énigmes, écrase la concurrence et gonfle les comptes en banque. Les quolibets appartiennent au passé. L’un des types, plus hardi que ses comparses, m’accorde même une accolade amicale et complice.
On fait le nécessaire pour enregistrer le code. Puis on m’invite à avaler quelques whiskies dans l’un des innombrables pubs du quartier jouxtant celui des affaires, dans le smog printanier qui colle à mon humeur et au spleen dont j’ai grand mal à me débarrasser. Ça tombe bien, j’aime le whisky.
Il faut jouer des coudes pour se frayer un chemin dans ce milieu, et il est naturel que je sois touchée d’être congratulée ainsi. Savourer chaque victoire est aussi important que de l’emporter. Les succès récompensent l’acharnement. Mauriac disait : « Notre vie vaut ce qu’elle nous a coûté d’efforts ». Je ne suis qu’une femme refusant sa condition en 1984. Ils ne me feront pas plier les genoux. Je les battrai tous à grands coups de compétences. Plus il y aura d’obstacles, plus je serai le frêle esquif qu’aucune houle ne fait chavirer.
Après quelques verres, un peu étourdie, je gagnerai la chambre que l’on m’a réservée dans un hôtel luxueux du centre-ville et avalerai une ou deux aspirines pour anticiper le mal de tête qui me submerge chaque fois que je bois trop. Il sera trop tard pour appeler mes enfants ou confirmer à Serge que le code est corrigé, alors je glisserai ma cassette préférée dans mon baladeur et écouterai quelques morceaux de Phil Collins. Puis Morphée me caressera la conscience et posera ses lèvres voluptueuses sur ma fatigue.
Demain matin, ce sera taxi, aéroport, avion, Paris, gare, train.
Je n’ai pas encore fait mon choix. Je rentrerai chez moi, à La Rochelle. Ou chez moi, à Tours. Où que je sois, on me dira : « Chérie. »
3 MATHILDE
« Chérie ? »
La question n’exige pas de réponse. Je reste silencieuse. Ce matin, à Heathrow, j’ai appelé mon époux d’une cabine pour le préve

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