Les quatre derniers jours de la vie d Anton Kotchev
193 pages
Français

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Les quatre derniers jours de la vie d'Anton Kotchev , livre ebook

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Description

Anton Kotchev, un immigré russe à la retraite, a disparu, une nuit d’orage du mois d’août, en plein Paris. Pourquoi ? C’est ce que va chercher à comprendre Julian Pastor, un jeune inspecteur de police chargé de l’enquête. Cette dernière durera quatre jours. Le temps de retrouvé Anton Kotchev et de découvrir son passé plus que trouble, sur fond de mafia russe et de bijoux dérobés. Une enquête en forme de puzzle dans laquelle il faudra rassembler tous les éléments pour savoir qui a été Anton Kotchev. Mais, une enquête de ce genre peut bouleverser la vie de celui qui la mène…

Informations

Publié par
Date de parution 26 mars 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312024011
Langue Français

Extrait

Les quatre derniers jours de la vie d’Anton Kotchev

Isabelle Pheulpin
Les quatre derniers jours de la vie d’Anton Kotchev






LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-02401-1
« Il ne faut pas neuf mois, il faut soixante ans pour faire un homme, soixante ans de sacrifices, de volonté, de… tant de choses ! »
André Malraux.

Chapitre 1
P ARIS – 18 AOUT – 17 H 23
L’atelier était désormais totalement plongé dans une lumière crépusculaire.
La fin d’après-midi s’était très vite obscurcie. L’horizon avait été d’abord d’un gris cendré, puis, avait très vite tourné au noir, annonçant un orage violent.
Avec cette météo un peu folle, en raison du contraste de température entre l’extérieur et l’intérieur, la grande verrière, qui donnait d’habitude cette clarté si caractéristique à l’appartement, était constamment embuée.
Dès lors, la lumière n’était plus la même, et cela depuis déjà plusieurs jours.
Alors qu’elle apportait habituellement une chaleur incomparable en ces journées d’été, faisant chatoyer les couleurs et mettant en relief les contrastes, elle était devenue diffuse, comme si elle s’évaporait à travers cette buée qui résistait à toute tentative d’essuyage.
D’ailleurs, comment essuyer une verrière aussi immense ?
Anton soupira.
Il tenta de voir quelque chose à travers le mur de verre. Il essuya un bout de vitre avec le revers de la manche de sa blouse et jeta un coup d’œil dehors.
Il ne voyait plus grande chose du fleuve majestueux qui coulait à ses pieds.
Seules les lumières vacillantes des bateaux mouches qui sillonnaient la Seine, lui permettaient de repérer les berges du fleuve et d’apercevoir quelques détails. Des lumières dans les appartements situés sur l’autre rive. Les phares des voitures longeant la berge, déjà coincées dans un gigantesque embouteillage. Le vent violent, qui agitait vivement les feuilles des arbres qui ombrageaient les quais. Tout cela lui paraît presque fantomatique et irréel.
Le monde au dehors avait l’air agité d’une frénésie d’insecte. Tout semblait se mouvoir dans le seul but de se mettre à l’abri de la tornade en gestation. En effet, nul besoin d’être météorologue pour savoir que la prochaine salve serait violente. Tous aux abris !
Sur les bateaux mouches, qui semblaient vouloir braver les éléments, les touristes étaient eux aussi agglutinés derrière les vitres embuées.
Anton se demanda ce qu’ils pouvaient bien voir dans ces conditions aussi exécrables : « Paris under the rain » ? Ils avaient voulu des souvenirs, ils allaient en avoir !
Déjà, comme si elle le narguait, la buée commençait à se reformer sous son nez. Il essuya à nouveau la zone d’un geste rageur, pour montrer qui était le maître.
Marre de ce temps pourri !
Il savait bien que, passé le 15 août, le temps se dégradait souvent. Les orages craquaient sur la capitale, annonçant déjà la fin de l’été. Mais, cette année était exceptionnelle. Depuis plusieurs jours, le temps était imprévisible, comme si la boussole météorologique s’était déréglée. Devant ces trombes d’eau ininterrompues, on lui aurait annoncé la fin du monde que cela ne l’aurait pas du tout étonné.
Il jeta encore un dernier coup d’œil à ce paysage déprimant et puis, il se retourna en poussant un nouveau soupir.
Il leva la tête vers l’avancée de verre, qui ressemblait désormais à un plafond de douche.
« Mais qu’est-ce que je t’ai fait, mon Dieu, hein ? Qu’est-ce que je t’ai fait pour mériter cela ?! », grogna-t-il.
Il se dirigea sans bruit vers un abat-jour.
Malgré son âge avancé, il avait les yeux perçants et voyait très bien dans la pénombre. Et puis, il connaissait cet appartement comme le fond de sa poche. Il pouvait s’y déplacer les yeux fermés.
Il alluma tout de même l’abat jour. L’appartement restait lugubre. La faible lueur donnait un côté plus intime, mais le volume de la pièce était vaste et tous les recoins n’étaient pas éclairés.
Anton s’effondra dans son vieux fauteuil de cuir aux ressorts usés, placé sous l’abat-jour. Cela fit un « plouf » bruyant qui réveilla en sursaut un chat, pelotonné dans un coin du canapé. Ses yeux, vert intense, se tournèrent un instant vers son maître, dans un reproche muet.
Puis, le chat bailla fortement, s’étira puis se redressa d’un bond, en faisant cet arc avec le dos, si caractéristique des félins.
Le vieil homme le regarda avec un sourire aux lèvres.
« Toi, tu n’as pas ce genre de soucis, n’est-ce pas, Douchka ? », lui lança-t-il.
Le félin répondit par un faible miaulement et sauta avec agilité au bas du canapé. Il s’approcha de son maître et se frotta contre ses jambes avec une joie évidente.
Anton étendit mollement la main pour le caresser. Le chat se mit à ronronner doucement. Puis, subitement, il tourna la tête vers le fond de l’appartement, comme surpris par quelque chose d’inhabituelle.
« Allons, allons, Douchka. Du calme ! Ce n’est que l’orage qui approche. Tu le sais bien. N’aie pas peur, ma Douchka. Tu es à l’abri ici ! », dit-il en intensifiant les caresses sur le dos, puis sur la tête de l’animal.
Le rituel immuable reprenait entre eux, lorsque le premier éclair zébra le ciel, éclairant toute la pièce pendant un court instant. Anton, qui n’avait même pas sursauté, leva calmement les yeux vers le plafond de verre.
Le chat quitta rapidement le pied du fauteuil et s’éloigna en courant vers le fond de l’appartement, à la recherche d’un coin plus tranquille.
Le vieil homme sourit.
« C’est cela ! Va te cacher, ma Douchka ! Petite peureuse, va !!! », dit-il en achevant sa phrase par quelques mots complémentaires dans sa langue maternelle.
Il se leva, avec une agilité surprenante pour son âge et celui du fauteuil de cuir.
Il erra quelques instants dans la pièce immense, comme un ours dans un enclos du bois de Vincennes. Faisant le tour des lieux, jetant des coups d’œil furtifs dehors en passant près des vitres embuées, puis revenant vers le fauteuil, pour amorcer de nouveau son tour de piste.
Finalement, il prit un vieux livre posé sur un guéridon, le feuilleta rapidement avant de le reposer, et se rassit.
Il était un peu perdu dans cet espace dédié à la lumière que cette dernière avait abandonné lâchement depuis plusieurs jours. Ce n’était pas ce soir qu’il allait pouvoir travailler.
Il jeta un coup d’œil pensif vers le chevalet installé près de la fenêtre et soupira.
« Après tout !, dit-il en hochant la tête. Comment faisaient-ils à l’époque des bougies et des candélabres, hein ? Il fallait bien qu’ils se débrouillent avec les moyens du bord, non ?! »
Par bravade, il étendit alors la main vers le cordon de l’abat-jour pour l’éteindre. Cette fois-ci, c’était le noir complet dans l’appartement.
Il resta ainsi, immobile.
Il y avait un contraste saisissant entre le calme des lieux et l’agitation désordonnée de l’orage qui se déchaînait à l’extérieur. L’absence de lumière dans l’appartement renforçait également l’intensité des éclairs qui s’enchaînaient à une cadence élevée.
Anton ressentait ce qu’il aimait bien : observer les éléments en furie, tout en étant à l’abri.
Faux sentiment de pouvoir ! Il savait bien qu’il ne fallait pas sous-estimer la puissance infinie de la nature et surtout qu’il ne fallait jamais la braver.
Cela lui rappela cette tornade qui s’était subitement abattue sur le sovkhoze, de très nombreuses années auparavant. C’était en été, Anton s’en souvenait très bien. L’orage avait pris tout le monde de court. On était en plein travail des champs et les journées étaient bien chargées. Lorsque les orages s’annonçaient ainsi, tout le monde restait au travail jusqu’à la dernière minute. On prenait juste le temps de protéger ce qui pouvait l’être, notamment les animaux et les plantations les plus fragiles. Mais, cette fois-là, on allait frôler la catastrophe ! L’horizon, qui avait été d’abord annonciateur d’un timide orage sans au

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