Les trois enlèvements
79 pages
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Les trois enlèvements , livre ebook

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Description

Gérard Féricy est dans tous ses états.


M. Butteau, un ingénieur de sa connaissance, vient avouer qu’on a volé l’enveloppe qu’il lui avait confiée. Il dit s’être curieusement réveillé au pied d’un arbre au petit matin, sans aucun souvenir, et que le temps de rentrer chez lui, un individu s’était présenté à son domicile pour l’attendre et en avait profité pour emporter le document avant de s’enfuir.


En quittant Butteau, Féricy, l’esprit tout accaparé par les conséquences de cette disparition, traverse la rue sans regarder et se fait renverser par une voiture conduite par... Jack DESLY, un homme qu’il a déjà croisé dans une soirée organisée par son beau-frère Lavalette.


De son côté, Jack DESLY reconnaît également Féricy et propose de le raccompagner, voyant là un bon moyen de se rapprocher de Madame Lavalette dont il convoite certains biens.


Mais la détresse de Féricy le touche et, apprenant de sa bouche que la vie d’un enfant de dix ans est en jeu, Jack Desly va se lancer dans une nouvelle aventure pour l’aider...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070039489
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

- 23 -

Les trois enlèvements
Récit policier

Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
QUE S'EST-IL PASSÉ ?
 
René Butteaux s'étira, se sentit douloureusement courbaturé et, brusquement, ouvrit les yeux, dressa le buste et regarda autour de lui. Il resta un bon moment écrasé de stupéfaction.
Ah ça, que faisait-il là ?
C'était l'aube. Un charivari d'oiseaux se faisait entendre au-dessus de sa tête. Il se trouvait au pied d'un arbre, assis dans l'herbe humide de rosée. Un éternuement sonore qui lui échappa lui prouva qu'il ne rêvait pas.
Et pourtant !
Mais oui, il se trouvait dans une forêt. Tout habillé. Il avait donc passé la nuit dehors. Il éternua derechef et se mit debout. Un rayon de soleil traversa d'un jet le feuillage et fit une tache d'or à ses pieds.
Il secoua la tête comme s'il répondait à une question intérieure. Non. Il ne comprenait pas. Pourquoi n'était-il pas chez lui, à Colombes, dans sa chambre à coucher ?
Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Il se sentait lourd, transi. Il n'avait pas la moindre idée des circonstances qui pouvaient l'avoir amené là.
Une pensée subite. Il se tâta fiévreusement, fouilla, ses poches. Non, rien ne manquait. Des lettres, des paperasses diverses, son portefeuille intact avec quelques billets de cent francs là où il les avait mis, sa carte d'abonnement sur la ligne de Saint-Lazare, son trousseau de clefs...
Encore une fois, que signifiait sa présence, au lever du jour, dans un bois où il avait vraisemblablement dû passer la nuit !
— Voyons... murmura-t-il, je suis bien éveillé... Tâchons de nous rappeler... Et d'abord, quelle heure est-il ?
Sa montre était toujours dans son gousset. Elle marquait cinq heures et quelques. On était à la fin mai. Le soleil brillait et l'homme, instinctivement, fit quelques pas pour gagner un petit sentier où il s'ébroua sous la chaleur naissante.
La veille, il avait quitté son bureau d'ingénieur, comme d'habitude pour prendre le train de six heures moins le quart pour Colombes où il possédait un coquet petit pavillon.
— Que va dire, Marguerite !... Elle doit être affreusement inquiète... Bon sang, il vaut mieux ne plus chercher à comprendre...
René Butteaux était un homme d'une quarantaine d'années, à la situation assise, à la vie régulière et laborieuse. Ses affaires étaient excellentes, son cabinet d'ingénieur industriel avait une réputation méritée.
Un dernier effort pour tenter de réveiller sa mémoire fut infructueux. Tout ce qu'il parvenait à se rappeler c'était qu'il avait pris le train pour Colombes. Mais depuis le moment où il avait déplié son journal du soir dans le compartiment jusqu'à son réveil dans ce bois inconnu, c'était un vide complet. La nuit. Le néant, un trou dans sa mémoire.
Il se décida à partir à la découverte.
Le sentier le mena à une route. Il prit à droite, machinalement. Après quelques minutes de marche, un poteau indicateur lui apparut. Il déchiffra « Pontcarré, 2 km. 300 ».
— Pontcarré ?... Par exemple !... Je suis à près de vingt-cinq kilomètres de Paris, dans la direction Est !... En pleine forêt d'Armainvilliers…
Le mystère s'épaississait de plus en plus. Il gagna la bourgade indiquée, se renseigna sur les moyens de communication avec la capitale et, après diverses pérégrinations, parvint à trouver un service d'autocars qui lui permit de regagner Paris ; de là, il put, non sans avoir exhalé un profond soupir de soulagement, prendre le train électrique pour Colombes.
Il était près de onze heures quand l'ingénieur poussa le petit portail du jardin et franchit l'allée recouverte de gravier. Un aboiement joyeux le salua et un petit chien déboula dans, sa direction.
— Tout beau, Jicky... Tout beau !...
René Butteaux se sentait heureux de se retrouver dans une ambiance familière. Il n'eut pas besoin d'ouvrir la porte du perron, Catherine, la vieille bonne, se tenait, souriante, sur le seuil. Et dans le vestibule, derrière elle, apparut M me  Butteaux.
L'ingénieur n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche pour s'excuser. Son épouse, le visage avenant, l'accueillait sans surprise.
Et rien que cela provoqua un nouvel ébahissement chez Butteaux.
— Alors, mon ami, dit-elle, tout s'est bien passé ?... Je croyais que tu serais là plus tôt... Tu m'avais annoncé neuf heures... Et M. Fournier est bien venu, il t'a attendu une trentaine de minutes, mais il s'est excusé... Il te téléphonera à ton bureau, cet après-midi...
L'ingénieur se laissa choir sur une chaise et se passa la main sur le front. Sa femme le dévisagea et s'exclama :
— Mais, qu'as-tu ?... En voilà une tête ! Tu n'es pas souffrant ? Mais, René, tu n'es même pas rasé !... Et ton col est fripé... Tu aurais pu en acheter un autre ce matin... Et passer chez un coiffeur, puisque tu n'avais pas tes accessoires de toilette...
Il la laissait parler, continuant à regarder fixement devant lui, l'air hébété. Sa femme s'interrompit brusquement :
— Mais... René !... Dis-moi quelque chose !... lança-t-elle.
Il articula sourdement :
— Écoute, Marguerite... Je me demande si je ne suis pas en train de perdre la raison, tout doucement...
Elle fut effrayée et recula d'un pas.
— René... Qu'est-il arrivé ? Mon Dieu ! Tu es d'une pâleur !
Il se contraignit à sourire.
— Avant d'aller plus loin, Marguerite, il est indispensable que nous essayions de comprendre les événements... Qu'est-ce que c'est que cette histoire de visite, d'attente, de... de je ne sais quoi ? Et, tout d'abord, comment se fait-il que tu ne te sois pas inquiétée de mon absence, cette nuit ?...
Il s'humecta les lèvres et dit, presque craintivement :
— Car, n'est-ce pas, j'ai... je n'ai pas couché ici ? J'ai passé la nuit dehors ?... Nous sommes d'accord sur ce point ?
— Ma parole... C'est à croire que tu divagues réellement... Comment peux-tu me poser cette question !... Tiens, regarde... Voici ta dépêche, d'hier...
— Moi ? J'ai envoyé une dépêche ?
— Lis... Mais lis donc...
M me  Butteaux prit le papier bleu dans une coupe sur un dressoir et le lui tendit. L'ingénieur articula tout haut :
 
« Butteaux, rue Meissonnier, Colombes.
Suis retenu Paris par grosse affaire dînerai et coucherai hôtel. Rentrerai demain matin vers neuf heures. Prière faire attendre Fournier dans mon cabinet travail. Affections. — RENÉ. »
 
Butteaux relut plusieurs fois ce texte. Il était abasourdi.
— Mais, Marguerite, je n'ai jamais envoyé ce télégramme !...
— Comment, tu... Voyons, René, tu plaisantes !... Qui veux-tu que ce soit ?... Ce M. Fournier est venu ce matin, je te le répète, et il a patienté une demi-heure...
— Fournier ?... Je ne connais personne de ce nom... Comment était-il ? Que voulait-il ?
— Ah, dame, tu dois le savoir mieux que moi... Un monsieur très bien, avec une barbe grise en éventail, très soigné. Vêtu de bleu marine, enfin, un monsieur correct. Il s'est montré courtois, affable, il a insisté pour que je ne perde pas mon temps à lui tenir compagnie... Je l'ai laissé au bout de dix minutes avec quelques revues pour lui faire passer le temps.
Butteaux se pressa le front à deux mains.
— Je t'assure que je vais devenir fou... gémit-il.
Sa femme écouta, avec saisissement, le récit abracadabrant qu'il lui fit de son réveil dans la forêt d'Armainvilliers.
— Tu as été attaqué ? bégaya-t-elle.
— Mais non... Je n'ai aucune contusion, je ne souffre de nulle part... Il ne manquait absolument rien dans mes poches... Voyons, à quelle heure as-tu reçu le télégramme ?
— Au moment du dîner, vers sept heures et demie... Jusqu'alors, j'étais un peu nerveuse, car d'habitude tu es ici bien avant... Cette dépêche m'a rassurée... Mon Dieu, si j'avais su que...
— Je ne sais pas ce qui m'est arrivé, mais, tu vois, Marguerite, je suis sain et sauf. C'est le principal...
— Il faudra te faire examiner par un docteur... Tu as peut-être agi sous l'influence d'un somnambulisme subit ?
— C'est impossible... J'étais dans le train de six heures moins le quart, pour Colombes. En admettant ce que tu dis, comment aurais-je pu le quitter en cours de route, traverser tout Paris, prendre l'autocar pour Pontcarré et aller...

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