Louy de la Bastide-Neuve
130 pages
Français

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Louy de la Bastide-Neuve , livre ebook

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Description


Un autre regard sur la Vénus de Gordes


Porter le même nom de famille que celle qui fut appelée de son vivant « La Vénus de Gordes » a poussé l’auteur à revenir sur les traces d’une vieille affaire criminelle.

À travers le regard amoureux d’un jeune homme, Louy, le roman fait une introspection sur le caractère de Fortunée Béridot, une femme machiavélique dont les actions au nom de l’amour secoueront le Vaucluse du 19ème siècle.

Une plongée intense dans une page de l’histoire vauclusienne, une histoire familiale et sentimentale, à découvrir dans ses moindres détails, comme si vous y étiez.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 juillet 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782381531441
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ils produisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité
 
Elizabeth Béridot
Louy de la Bastide-Neuve

 
Avant-propos
 
En faisant des recherches généalogiques sur ma famille, j’ai découvert l’un des personnages de cet écrit, une femme. Elle était assurément issue d’une cousinade éloignée dont je n’ai pu découvrir l’ancêtre commun mais nous possédions certainement le même aïeul quelque part dans le XVIème siècle. Ma branche provenait du Gard, la sienne du Vaucluse. Mais notre nom de famille, qualifié de monophylétique, par sa rareté, provenait d’une seule et même souche. Il m’assurait, sans pour autant m’en procurer une grande joie, que quelque part à un moment nos branches étaient liées et qu’en effet, nous étions peut-être parentes. Qui sait ?
Je n’avais jamais entendu parler de cette histoire qui a défrayé la chronique criminelle de la fin XIXème siècle et qui jusqu’à nos jours attire nombre de curieux.
La presse a relayé l’affaire en premier lieu, mais très vite, elle fut incroyablement bien racontée et sublimée par deux auteur s Adolphe Belot et Ernest Daudet dans des épisodes publiés dans le journal le Figaro en 1866. L es deux personnages principaux de ce feuilleton, Furbice et Margaï avaient assouvi le fantasme du public.
Dans son troisième tome de «  Petite collection historique illustrée des causes célèbres  », Armand Fouquier, un homme de lettres, relata l’affaire comme l’aurait fait un fonctionnaire, sans émotion, factuellement. Il fut cruel avec les deux auteurs fustigeant leur travail et le déclarant de « prétendu récit de cette affaire ».
Cependant, il est établi par Georges Gruau, un autre homme de lettres, que les deux auteurs ont eu accès au dossier de la Cour d’assises de Carpentras et qu’ils « n’ont rien changé à l’intrigue, seuls les noms ont changé ». Deux personnages secondaires, imaginaires, Moulinet , le bon valet, et une vieille femme, la Valbray, furent ajoutés à l’histoire véridique.
Ces mêmes auteurs ont écrit, huit ans plus tard, toujours sur le même thème, une pièce jouée à l’Ambigu, un théâtre à Paris. Margaï avait les traits de Mademoiselle Constance Meyer, aussi belle, paraît-il, que l’originale. Paul Deshayes jouait le rôle de Furbice. Seule la fin du roman avait été modifiée. Cette fois, les deux auteurs obtinrent une mauvaise critique dans le journal la «  Petite presse  ».
Comment reprocher à ces deux auteurs d’en faire autant sur un sujet aussi brûlant et lucratif quand on sait qu’il a inspiré un autre auteur, un des plus grands à mes yeux, Émile Zola. D e cette inspiration, il en rédigera une nouvelle : «  Mariage d’amour  », parue également dans le Figaro. Par la suite, il écrir a Thérèse Raquin, avec son étude formidable sur le remords.
Plus récemment encore, Pierre Drachline a relaté l’histoire sous le titre «  Séparations à l’amiable  » dans un livre intitulé «  Le fait divers au XIXème siècle  ».
Actuellement, un blog consacre à cette affaire une page importante où sont déposés les actes de naissance et de mariage des deux principaux personnages et de leurs parents. On le voit, cette histoire a fait couler beaucoup d’encre.
Dans la réalité, Margaï, c’était Rosalie Marguerite Fortunée Béridot, dite Fortunée. Je m’imaginais, en tournant les pages du roman de Belot et Daudet, le visage de telle ou telle femme de ma famille qui aurait pu, par leur type provençal, leurs beautés et leur tempérament bouillant du Sud, ressembler à celle qui fut appelée la Vénus de Gordes, bienheureusement sans en posséder ses terribles travers. Quant à Furbice dont le véritable nom était François Denante, il réunissait à lui seul tous les défauts masculins sous une enveloppe avantageuse. Leur rencontre scella le sort d’un pauvre innocent.
Incorrigiblement romantique, j’ai apprécié la version romanesque de Belot et Daudet avec leurs mots désuets et ampoulés du XIXème siècle, mais j’en refusais nettement la fin et c’est ce qui provoqua mon envie d’écrire.
J’allais reprendre l’histoire d’une histoire déjà bien souvent rapportée et transposée elle-même d’un des faits divers les plus écœurants de cette seconde moitié du XIXème siècle et qui secoua tant le Vaucluse. Pas par manque d’imagination, mais par un attrait étrange qui appelle à l’écriture. Non pas parce que je me sentais porter un héritage quelconque à cause du partage de mon nom de famille. La cause est indéfendable. Non ! Ce furent les dernières pages, ou plutôt ce fut le personnage fictif de Belot et Daudet, Moulinet, qui m’arracha le cœur. Dans les pages qui vont suivre, Moulinet prendra le prénom de Louy. Le lecteur aura connaissance de cette histoire à travers son regard et ses sentiments. À l’appui des faits historiques recueillis lors de mon enquête, je tenterai de modifier les chemins susceptibles de mener cet homme au désespoir.
 
 
«  La Vénus de Gordes est une Messaline aux amours impérieuses, qui ne conquiert les cœurs que pour les corrompre et ne soumet les âmes que pour les conduire aux crimes. .. »
 
Journal La Lanterne du 16 octobre 1890
 
Partie I
Personne ne connaît le jour et l’heure de sa mort. Moi oui, ce sera pour tout à l’heure. Je l’ai décidé. Mon cœur en a assez de souffrir et plus rien ni personne ne me retient dans ce pays sauvage. Je ne serai pas seul puisqu’Elle sera là auprès de moi, ma bien-aimée, l’amour de ma vie, ma raison d’être. Nous irons tranquillement sur le fleuve. Je lui rappellerai notre pays, celui où le chant des cigales, le parfum de la lavande, la musique des fifres et des tambourins et l’ocre de notre terre ont enivré tous nos sens. Nous en sommes si loin. Oh ! que je l’ai aimée sous ce soleil de ma région. Nous n’avons plus de temps pour nous sur cette terre, mais dans cette barque qui nous emportera elle sera enfin mienne pour l’éternité.
En attendant notre balade funèbre, je profite de cette fin de matinée pour mettre sur papier les péripéties d’une histoire inimaginable pour un simple paysan. J’espère que ma lettre te parviendra, Eugénie, mon amie. Ne prends pas ombrage de mon récit, tu as dû comprendre, ma belle, que je n’ai toujours aimé qu’Elle. Tu as pu n’apercevoir que mon chagrin, mais je ne t’ai jamais donné aucune explication. Alors voilà, je vais te dire ce qu’a été ma vie et tout ce qu’Elle en a fait.
Les souvenirs se bousculent, témoins des différents âges de ma vie. Je me souviens de tous et ceux où Elle y est présente sont plus colorés, bien que dans ceux-là, résonnent les mots terribles annonçant le drame. Je venais d’avoir douze ans quand je fis sa connaissance et que je me mis à vivre pleinement.
Je commencerai par l’année 1824 au jour de la Saint-Louis. Ce matin-là, André Béridot, meunier et cultivateur à Gordes, m’avait trouvé devant de la porte de son moulin. Emmailloté d’un tissu de mauvaise qualité, on m’avait déposé sans laisser de mot, sans un prénom, attaché à mon linge, sans la preuve d’un remords qu’une mère eut pu avoir à l’occasion de l’abandon de son enfant. Ma faible constitution laissait supposer que je ne passerais pas la semaine. Je fus baptisé en urgence, mais je résistai. Alors le père Béridot m’accueillit dans sa ferme après avoir parlementé âprement avec le garde champêtre, son cousin, qui aurait dû me remettre aux autorités et aux religieux. M’aimait-il déjà au point de se battre pour moi contre l’administration comme je me battais pour survivre ? En tout cas, le meunier devint mon père nourricier.
Contrairement aux lugubres prévisions, je me fortifiais et je me développais dans sa cuisine entre deux braves femme s, Lorette, la servante, et la vieille Joséphine appelée familièrement Phine, la cuisinière devenue ma marraine, occupées to utes deux à s’acharner à me sauver la vie avec des bouillons et des potions de toute sorte. Ainsi gavé, choyé, j’atteignis l’âge de dix ans. À cet âge, le brave meunier estima que j’étais assez solide pour travailler. Il me confia la charge d’aller chercher les sacs de grains de ses clients avec sa mule et sa charrette. Il pressait les grains dans son moulin, puis les transformait en une poudre que je rapportais à chaque propriétaire . À Gordes et ses alentours, j’étais connu sous le nom de Louy de la Bastide-Neuve, le pauvre petit qu’on a trouvé au moulin Béridot. Je détestais que les gens aient pitié de moi, aussi travaillais-je rudement pour provoquer leur estime et leurs admirations et surtout pour remercier mon bienfaiteur et maître ainsi que je l’appelais.
Je partais bien avant le jour avec lui et je le regardais travailler sans cesse, à s’occuper de l’orientation des ailes du moulin suivant le vent, de l’équilibrage des meules du dessus et du dessous pour que le grain soit écrasé sur toute la face des roues qui tournaient, lorsqu’après avoir tapé le derrière de l’âne celui-ci, habitué, marchait autour du moulin pour actionner le timon. J’observais tout, comme le visage fatigué du meunier, comme sa toux après avoir respiré tant de poussière de farine. Mais grâce à ce travail acharné, les affaires d’André Béridot étaient florissantes. Il fit bâtir une grange, acheta deux chevaux, des brebis, employa un paysan s’occupant de ses terres, deux pâtres. Sa ferme prospéra tout comme sa famille, car son plus jeune fils Jean se maria avec Thérèse Donnier, « une jeune fille du village, aimante et responsable », disait mon maître d’un air satisfait. Cette jeune femme mit au monde un premier enfant en décembre 1834, une fille prénommée Marie Thérèse. André Béridot, heureux d’être devenu grand-père d’une petite fille, car il n’avait que des garçons

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