Lune de sang
86 pages
Français

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Description

Juan José Antonieto, un torero mondialement connu, arrive à Biarritz à l’hôtel du Palais, avec la ferme intention de se reposer.C’est là que sa vie va basculer.Richissime, il aspire pourtant à retrouver les joies de son enfance pauvre et ordinaire vécue dans les riches propriétés andalouses. Jour après jour, il a bâti de façon méthodique sa vie professionnelle et fami-liale.Il est conscient que le bonheur ne se construit pas uniquement avec des gains fabuleux. Il rêve d’un bonheur simple et cherche l’Amour dont il est privé. Il tombe fou amoureux de Natacha, une danseuse franco-russe.Ses amis d’enfance restent proches de lui. Néanmoins, ils ont du mal à lui pardonner son éloignement d’Isabella, sa femme, qu’ils vénèrent.Les obstacles se multiplient.Juan José poursuivra son destin jusqu’à le rencontrer au milieu de nulle part, lui, le plus grand conquistador des temps modernes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 septembre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782492126536
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0324€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LUNE de SANG
 
 
 
Marie-France Jacquin
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
«   Sois altière, je souffrirai,
Repousse-moi, j’attendrai patiemment,
Fuis, je te poursuivrai,
Parle, je t’écouterai,  
Ordonne, j’obéirai.   »
 
Aben Zaidun, poète cordouan du XIème siècle.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Préambule
 
 
 
 
 
 
La corrida, un anachronisme   ?
 
Ce ne sont pas des jeux de cirque. La corrida est une fête, fiesta et un combat, lidia . Ces deux mots contiennent la philosophie existentielle de l’Espagne. La vie est une fête dangereuse qui se termine par la mort, mais on peut mourir allègrement, c’est le fond de la terrible ironie espagnole. Quelques intellectuels célèbres l’ont écrit : l’humour de Thérèse d’Ávila, l’amer sourire de Cervantès, la désinvolture de Fray Luis de Léon, intellectuel du siècle d’Or espagnol, esprit brillant du XVIIe siècle. Le grand théologien Francisco de Quevado parlait de la férocité joyeuse, ironie de tout un peuple qui se moque de lui-même et rit de son infortune.
 
 
La corrida, une catharsis   ?
 
1939. Avec la victoire franquiste, une nouvelle ère s’est abattue sur l’Espagne. La défaite de la République marque la fin de l’espoir.
Le peuple a repris le chemin des Arènes. La corrida a ainsi retrouvé son sens le plus profond.
Manolete, né à Cordoue, ville endormie sur ses souvenirs judéo musulmans, règne alors sur les plus célèbres plazas.
Grand, maigre, il torée avec tristesse et mépris, les jambes comme trempées dans l’acier, les pieds enfoncés dans le sable. Il ne daigne pas sourire, toréer semble l’ennuyer. Mais c’est plutôt la fête qui l’ennuie, seul le danger le fascine.
À cette époque, que va voir l’Espagnol   ?
Le matin, il se précipite dans les églises, il remercie Dieu des bienfaits dont Franco et les riches le comblent. À cinq heures de l’après-midi, il assiste à un drame dont le dénouement lui est connu. Quand Manolete, le torero triste, lève l’épée sur le toro, une clameur de triomphe déferle sur les gradins. Morte est la bête, morts avec elle l’angoisse et le désespoir   ! Chacun entrevoit, obscurément, une issue à cette histoire tissée de défaites et d’humiliations : le combat, avec au bout la victoire de l’homme…
Manolete est mort à Linares en 1947, tué par un toro de l’élevage de Miura. L’Espagne, en prenant le deuil du mélancolique Cordouan, prend le sien propre.
Avec Manolete, une certaine Espagne est morte, celle des longues nuits d’angoisse, de la peur et de la délation.
La corrida opère chez le spectateur une catharsis, c’est-à-dire une tragédie, qui se résout, non en discours et musique, mais par des gestes et par le sang. L’essence du génie espagnol est dramatique, aussi n’est-ce ni par la contemplation ni par la spéculation que l’Espagnol tente de résoudre ses contradictions ou de conjurer son angoisse. La victoire que le Grec remporte par le verbe et par la pensée, il l’obtient par l’action. Il ne suffit pas de penser à la mort, il l’affronte, il la soumet. Aussi les arènes furent-elles pour ces peuples d’Espagne ce que le théâtre fût pour les Grecs, une école où s’affirme, non pas une pensée, mais un style. 1
Sous les bombardements franquistes, les Madrilènes chantent. La fiesta, comme la vie, comporte une zone d’ombre.
 
 
Tolède
 
Tolède… Conquise par les musulmans, elle devient un petit royaume issu de la décomposition de l’Émirat de Cordoue. En mai 1085, Alphonse VI reprend Tolède aux musulmans et se proclame Empereur des deux religions, la chrétienne et la musulmane. Il laisse aux musulmans leurs biens, leur langue et leur mosquée. Tolède connaît alors une prospérité intense du fait du climat de tolérance dans lequel vivent ensemble chrétiens, musulmans et juifs.
La plupart des mosquées sont transformées en églises qui offrent un décor très épuré d’élégance et de beauté austère, chef-d’œuvre d’art andalou hérité du musulman. Ses artisans ont apporté tout leur savoir à l’aristocratie chrétienne durant toutes ces décennies. Il est décrit comme l’art Mudéjar qui incorpore l’art roman gothique et l’art musulman. Il se développe dans toute l’Espagne du Sud essentiellement et se perpétue encore au XXIe siècle.
Tolède, avec son alcazar datant du XVIe siècle construit dans la partie la plus haute de la ville, érigé par les Romains et réaménagé au XVIe siècle pour en faire le Palais Royal, offre une luxueuse résidence impériale pour Charles Quint. L’édifice accueille la bibliothèque et le musée de l’Armée. Tolède, colonisée par des ethnies de confessions diverses est, aujourd’hui, une ville où les trois confessions vivent en parfaite harmonie. C’est aussi la ville des grands peintres, précisément El Greco, né en Crète et décédé à Tolède. Il est l’auteur des tableaux, entre autres, Le partage de la tunique , Saint-Martin et le mendiant , Les larmes de Saint-Pierre. Son art expressif, dit maniérisme , mystique en fait l’un des plus grands peintres espagnols.
À Barcelone, un haut lieu de la guerre civile, le Président du Cercle Taurin d’Aquitaine Michel Courtier, accompagné de son très compétent secrétaire Philippe Vigneau, et moi, avons, un jour, eu une conversation avec un étudiant qui se disait libéral et détestait la corrida. Il nous a servi tous les arguments que les progressistes ont accumulés depuis des dizaines d’années, condamnant la fiesta par humanisme. À cela, rien à redire, c’est son droit. Cependant, comme je l’écris au début de cette page, la corrida reflète la philosophie du peuple espagnol et cet état de fait, personne ne peut l’infléchir.
Hélas, aujourd’hui, la corrida est devenue une entreprise. Tout un monde d’affairistes s’agite autour des arènes. La maladie dont meurt la fiesta a un nom : la rentabilité, le profit. Mais il reste à la corrida la faculté d’exorciser l’angoisse. Quand le toro meurt, l’homme a vaincu la mort et la peur pour tous les Espagnols.
 
 
Biarritz, l’hôtel du Palais
 
Ce palace fut construit par Napoléon III pour son épouse Eugénie de Montijo qui venait régulièrement prendre les eaux à Biarritz, mais aussi à Saint-Loubouer, rebaptisée Eugénie-les-Bains, dans le département des Landes.
Aujourd’hui, la station est fréquentée par des milliers de curistes qui repartent chez eux en ayant perdu du poids et soulagé leurs rhumatismes.
Le cabaret de Biarritz appartient à un homme qui possède déjà l’Alcazar, l’Alhambra, le Monseigneur, le Caveau. Très fréquentés dans les années 1970/1980, aujourd’hui, ces lieux sont presque tous fermés. Joséphine Baker, venue chanter ici en 1950, est l’inspiratrice de ces jeunes filles qui veulent devenir meneuses de revue. Une autre jeune femme, Marie Élise Gabrielle sera également un modèle. Née à Marseille en 1881, elle danse sous le pseudonyme de Gaby Deslys, dans tous les cabarets, de Paris à New York, invente les revues à plumes, soutenue par son mari, danseur comme elle. Fatiguée par une vie trop agitée, la danseuse et espionne du gouvernement français tombe malade et meurt à quarante ans, riche et en pleine gloire.
 
 
Feria de la San Isidro
 
À Madrid, au mois de mai, la ferveur est à son comble pour fêter San Isidro.
Tous les ans, pendant cette période, Madrid voit se dérouler le faste d’une vingtaine de corridas et ce, depuis plusieurs dizaines d’années.
La fine fleur de l’ aficion se déplace à la monumentale Las Ventas. Les arènes portent le nom de Monumentale en raison de leur taille, 23   800 places assises. Elles se situent à la seconde place au monde, après Mexico.
Les hommes aficionados vont dans ce lieu mythique, habillés du costume cravate, un œillet accroché à la boutonnière. Les femmes aussi sont souvent vêtues de la robe traditionnelle flamenca de couleur vive. C’est jour de gala, qu’ils vivent durant trois semaines.
Ce matin-là, il fait frais. Aux matinées ensoleillées, succèdent les soirées pluvieuses. Les automobilistes inquiets descendent la calle de Alcala en scrutant le ciel.
En Espagne, le soleil revient à cinq heures de l’après-midi. À cinq heures, les aficionados déclarent aussi :
«  No hay quinto malo  », en parlant du cinquième taureau qui n’est jamais mauvais.
 
 
Juan José et Natacha
 
Juan José Antonieto, dieu des arènes en son temps, brille aussi en France, dans les arènes de Bayonne, lieu de tradition taurine depuis le 21 août 1853, date à laquelle la première corrida fût organisée, à l’initiative d’Eugénie de Montijo   !
Le célèbre torero va trouver refuge et chercher son salut en France, au Pays basque, à Biarritz, et précisément à l’hôtel du Palais.
Le grand amour de sa vie, une danseuse de cabaret nommée Natacha Andrewsky, vit également dans la gloire, celle de la fête et des paillettes. Elle vient aussi à Biarritz, dans des endroits mythiques, où princes de l’arène et reines de la nuit croisent parfois leur destin, fatalement…
 
Par des gestes et par le sang, la mort des héros est l’issue incontournable de la tragédie .
Devant l’évolution du drame, la fin est inéluctable.
 
 
 
La réalité n’a aucune importance,
Ce qui importe, ce sont nos rêves .
Azorin.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Juan José Antonieto
 
 
 
 
 
 
Juan José arrive à l’Hôtel du Palais
 
 
Claude, le groom, qui attendait discrètement le célèbre client espagnol, se charge maintenant des bagages de Juan José. Allégé de ses encombrants sacs de voyage, il traverse le hall doré de Napoléon III, pour se diriger vers la réception.
Le réceptionniste très stylé le salue sans prononcer son nom, par discrétion, comme le souhaite Juan José qui veut rester dans l’anonymat. Claude le connaît par les articles de la presse spécialisée.
«   Monsieur a fait bon voyage   ?
— Excellent   ! Mais je suis heureux d’arriver dans votre établissement pour trouver un havre de paix   !
— Je vous l’assure, Monsieur. Voici votre clef, chambre et suite n° 120.   »
Juan José se fait monte

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