M. Untel, assassin
37 pages
Français

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Description

Anatole Bernois, un homme d’affaires, a été assassiné chez lui par un individu masqué, vers minuit, pour lui voler une grosse somme d’argent qu’il tenait dans un tiroir en prévision de l’achat d’un terrain.


Le seul témoin direct – la bonne du défunt – a été chloroformé par le meurtrier qui est entré par la cuisine.


Le commissaire MAZÈRE chargé de l’enquête a rapidement la conviction que le coupable est à trouver parmi les quatre personnes qui avaient connaissance de l’important retrait : l’associé de la victime, sa secrétaire, l’amant de celle-ci, et enfin le vendeur de la parcelle...


Mais qui pouvait bien se cacher sous le masque...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9791070035023
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES
DU
COMMISSAIRE MAZÈRE

M. UNTEL, ASSASSIN
Récit policier

Maurice LAMBERT
I
LE VISITEUR AU MASQUE

Évidemment. M. Anatole Bernois ne se doutait pas qu'il vivait ses dernières minutes. Il ne pouvait pas savoir, le malheureux, que, lorsque la pendule sonnerait minuit, il serait invité, courtoisement, mais fermement, à quitter cette terre pour un monde qu'on dit meilleur.
Car M. Anatole Bernois allait entrer dans l'histoire. Dans la sanglante et fugitive histoire du fait divers, bien entendu. Pour son malheur, c'était certain. Pour le bonheur des reporters, c'était tout aussi certain. L'a-t-on assez répété que le malheur des uns fait le bonheur des autres !
Bref, M. Anatole Bernois se doutait si peu que la mort le guettait qu'il chantonnait en parcourant l'épais dossier qu'il avait étalé sur le sous-main de son bureau, il pouvait être gai, ce bon M. Bernois ! N'allait-il pas, le lendemain, traiter la plus belle affaire de sa carrière ?
Le lendemain ? Il devait bien rire, l'autre qui l'observait à travers les rideaux ! Il savait bien, celui-là, que le lendemain, dans le tiroir de son frigidaire, à la morgue, M. Bernois commencerait tout doucement à se décomposer.
En entendant frapper à sa porte, M. Bernois ne marqua ni peur ni étonnement.
« Émilie qui rentre du cinéma, pensa-t-il, elle vient me souhaiter le bonsoir ».
Il lança de sa bonne grosse voix réjouie :
— Entrez, ma bonne Émilie !
Stupéfaction. Ce n'était pas Émilie. Le saisissement fit bafouiller l'infortuné candidat à la Morgue.
— Que… que… Qui êtes-vous ?... Que voulez-vous ?...
En vérité, il y avait de quoi faire montre de quelque étonnement. Le visiteur, élégamment vêtu et tenant fort civilement son chapeau à la main, dissimulait ses traits derrière un masque de carton bouilli, comme ceux que les enfants achètent le jour de la Mi-Carême, un masque qui reproduisait, enluminés et caricaturés, les traits d'un célèbre comique de l'écran.
L'homme au masque, sans se soucier de l'affolement de M. Bernois, marcha vers le bureau derrière lequel l'autre se levait d'un bond.
— Monsieur… je… je ne suis pas un ennemi de la plaisanterie, encore faut-il…
Le visiteur s'immobilisa, en même temps qu'il parla.
— Oh ! fit-il, sur le ton de la confusion la plus absolue, je dois me conduire comme un palefrenier. Veuillez m'excuser. La plus élémentaire politesse exigeait que je me présentasse en franchissant votre seuil… Je suis…
Il s'interrompit, haussa les épaules.
— Au fait, vous ne me connaissez pas, à quoi bon vous livrer mon nom... Mettons que je m'appelle… euh… M. Untel… C'est cela, je suis M. Untel.
Un temps. Puis il répéta en s'inclinant :
— M. Untel, assassin…
Il avait fait cela avec amabilité et modestie, à la façon du monsieur qui vous apprend avec bonne grâce qu'il est : « M. Dupont, agent d'assurances », ou « M. Durand, expert-comptable ».
Décidément, M. Bernois n'était pas à la hauteur des circonstances. Il ne put expectorer autre chose que des bredouillements.
— Je… je… Que signifie ?... Je vous l'ai dit… la plaisanterie…
En réalité, il tremblait de terreur. La preuve : il s'affaissa de son fauteuil, passa sur son visage luisant de sueur des mains frémissantes.
— Je vais vous tuer, monsieur Bernois, précisa l'homme au masque. Rassurez-vous, ce sera vite fait, vous ne souffrirez pas.
En même temps, il jeta son chapeau sur la table, découvrant ainsi sa main droite qui serrait la crosse d'un petit automatique dont l'acier lançait des éclairs bleutés.
Ses paroles parvenaient à son interlocuteur assourdies, comme étouffées par un rideau de feutre. M. Bernois défaillait, incapable de tenter la moindre résistance.
M. Untel laissa échapper un petit ricanement de mépris. Puis il se tourna vers la fenêtre ouverte sur la douce nuit d'été, odorante et bruissante de mille murmures mystérieux.
— La banlieue ! Mon rêve… murmura-t-il. Les joies de la campagne aux portes de Paris… J'ai toujours aimé la campagne. Quand j'étais jeune…
Mais il se ravisa.
— Mes histoires ne vous intéressent pas. Dans quelques secondes, vous serez mort…
Sans cesser de menacer M. Bernois de son automatique, il alla à la fenêtre qu'il ferma avec précaution.
— Inutile de troubler le sommeil des gens qui dorment dans les villas voisines, dit-il.
À l'instant précis où M. Bernois trouvait la force de geindre une quelconque imploration, il tira.
Pour bien montrer que ce meurtre s'était déroulé conformément à la tradition, la pendule achevait de sonner minuit.

* * *

Le commissaire de police de Brunoy comprit tout de suite « que c'était une affaire pour la P. J. » et il s'empressa d'alerter la Brigade Mobile, heureux de se décharger d'une enquête qu'il prévoyait difficile. Il se contenta d'enregistrer la déclaration sommaire de M lle Émilie Bonneval, gouvernante de M. Bernois, et de placer le pavillon de la victime sous la surveillance de deux agents chargés de maintenir à distance la foule des curieux qui, malgré l'heure matinale, affluaient.
Le commissaire Mazère arriva sur les lieux vers sept heures du matin en compagnie d'une équipe d'experts de l'Identité judiciaire et du médecin légiste. Son collègue local, qui attendait en bavardant avec ses agents dans le jardinet fleuri, s'empressa.
— Ce n'est pas une affaire pour nous, expliqua-t-il. Ici, à part les vols de lapins et les disputes entre voisins…
Il rit, cordial, avoua sans gêne :
— Vous comprenez, n'est-ce pas ? Nous ne sommes pas des spécialistes comme vous autres…
À son tour, Mazère rit.
— Et puis, vous êtes enchanté de vous débarrasser d'une corvée ! Qui est le mort ?
— Anatole Bernois. Un homme d'affaires… Il a un bureau à Paris, rue Vivienne… Un brave bougre, que tout le monde connaît à Brunoy et qui jouit… enfin, qui jouissait de la sympathie générale… Il n'était pas avare de conseils et nombre de petits propriétaires lui demandaient des consultations qu'il accordait volontiers. Et gratuitement !... Si vous voulez entrer, le meurtre a été commis dans le bureau qui donne sur le jardin, derrière le pavillon.
Déjà, les gens de l'Identité judiciaire s'étaient mis à l'œuvre, vaporisant de la poudre de céruse sur les meubles, les poignées des portes et des fenêtres, se préparant à photographier les empreintes digitales qu'ils faisaient ainsi apparaître.
Patiemment, le médecin légiste attendait qu'ils en aient terminé. Alors il lui serait permis de se pencher sur le cadavre, de l'examiner, de le bouger, sans risquer de détruire d'éventuels indices.
M. Bernois reposait sur son fauteuil, écroulé comme un pantin que l'on a vidé de sa tripaille de son. Son buste avait basculé en avant et sa tête portait sur le bord de sa table sous laquelle une flaque rougeâtre achevait de se coaguler. Aucun désordre. L'assassin s'était conduit en homme bien élevé jusqu'au bout, il avait veillé à ne rien déranger.
— Qui a découvert le meurtre ? questionna Mazère, qui restait sur le seuil de la pièce pour ne pas gêner les experts.
— La gouvernante de Bernois… Enfin, sa bonne… Elle a été attaquée, elle aussi… Mais il vaut mieux qu'elle vous raconte cela elle-même, allons la retrouver dans sa cuisine.
Ils trouvèrent la domestique assise devant une table, reniflant et larmoyant. C'était une bonne grosse femme d'une cinquantaine d'années. Son chagrin ne paraissait pas feint. D'ailleurs, pour mieux supporter le choc, elle avait débouché une bouteille de vin blanc.
— Si je sais quelque chose ? Pour sûr. Même que j'ai failli y passer, moi aussi… Hier, M. Bernois m'avait donné ma soirée pour aller au cinéma. Pauvre homme ! Si vous saviez ce qu'il était bon. Je peux dire que j'étais chez moi dans cette maison…
Elle recommença à pleurnicher et Mazère, prévoyant une longue crise de désespoir, se hâta d'enchaîner :
— Pressons, pressons, chaque minute qui s'écoule donne une chance de plus à l'assassin.
— Donc, je suis allée au cinéma. Je suis rentrée vers minuit moins le quart. Comme de juste, je suis venue tout droit à ma cuisine. J'étais en trai

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