Maintien du désordre
21 pages
Français

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Maintien du désordre , livre ebook

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Description



Les guerres ne finissent jamais vraiment. À preuve, certaines plaies sont encore ouvertes...



UN JEUNE S’EST APPROCHE DE MOI. Akli, d’origine algérienne, pas du tout le genre loulou de banlieue, avocat de formation, conseiller au cabinet du procureur au tribunal pénal international à La Haye. J’écoutais d’abord d’une oreille distraite. Les jeunes mecs, tout dans la tchatche et rien ailleurs ! Il faisait étouffant. On sortit sur le balcon. En bas, la ville couvait, obscure vers la zone de l’usine explosée, poudrée de lucioles et d’étoiles sur les coteaux. Le vent avait tourné à l’ouest d’une caresse frigide pas nette. Je refermai mon blouson sur mon décolleté. L’air d’un regret, il laissa perdre ses yeux au loin. Des yeux vert agate.



Francis Pornon, puisant dans son vécu la matière de ses nombreux romans, expose comment les séquelles de la guerre, entre vengeance et amour, conduisent parfois à renoncer à ses principes.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 avril 2014
Nombre de lectures 13
EAN13 9791023403183
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Francis Pornon
Maintien du désordre
Nouvelle CollectionNoire Sœur
Ici, pas de givre à gratter le matin. Avantage du grand Sud avec ce vent d’Autan qui drague à mort, le souffle chaud et embaumé, quand on a mal dormi, seule… Chiotte de chiotte ! C’est le cas de le dire, car la vieille bagnole rechigne à démarrer. Parfois, elle tousse longtemps. Pas les moyens de la changer. Études loupées, emplois de pas grand-chose, ensuite la galère de reprendre des études, et enfin psy toute fraîche, avec des CDD qui s’enchaînent. Je lève la tête sur l’immeuble du Mirail où j’habite chez une copine, à cause des dettes, après m’être retrouvée seule. Tout autour, les bâtiments blanc cassé de cette banlieue conçue comme un paradis méditerranéen, étangs et bosquets entre pavillons à terrasses et immeubles à coursives, aujourd’hui viré à l’enfer, avec ses chômeurs et sesdealers de toutes les couleurs, sans oublier la zone, celle de l’explosion, le désert fauve et son ciel gris, avec les milliers d’étincelles des édifices en construction. En fond de scène, la Garonne amaigrie, la verdure des coteaux virée au jaune. L’automne. Vive la tiédeur ! La voiture repart. Comme les vieux que l’Autan relance, améliorant la statistique de survie. Direction la maison de retraite, comme d’habitude. Mais non ! À l’idée du nouveau patient arrivé hier, mon cœur bat une danse bizarre. Celui-là, je ne l’ai d’abord pas reconnu, c’est en consultant son dossier que mes genoux ont plié. Assise, j’ai relu :« Régis Mercier, octogénaire, après une courte carrière de militaire, mis en retraite anticipée de l’armée, dans les affaires, plus ou moins précises. » Il se tient raide dans son fauteuil, la veste impeccable, la face émaciée, parcheminée et rasée de près, quelques cheveux restant plaqués de gel. Lui ne m’a pas reconnue. Forcément, un Alzheimer ! Et je me force à imaginer, en ce reste d’homme spectral, le Régis d’il y a longtemps. Il portait encore beau, gueule de baroudeur, un peu démodé mais la classe, quand il m’avait abordée. Il y a peut-être vingt piges. Le type n’était pas vraiment mon genre. Mais… Encore jeunette, les illusions
vite perdues, un pauvre mec venait de me larguer, après des vagues de promesses et de trop beaux mirages. Plus de foi en la vie, plus d’énergie pour me battre, ni pour bosser, ni même pour me faire aimer. Rien de pire ! Perdue toute confiance en les autres et en moi. Je ne savais plus aller au bonheur. Ni nulle part. Alors, au moins pour le baroudeur, j’existais ! Nous avons pris un pot à une terrasse. Il me regardait comme la joconde. La vie se remettait à couler en mon corps et ma tête. J’ai recommencé à aimer les couleurs du Capitole, façades orange et arcades outremer. En fin de semaine, sur la Côte vermeille, hôtel classe au bord de la baie, bateau filant vers ailleurs, calanque déserte… C’est là que j’ai bouffé des oursins crus pour la première fois, tous les vents violets de la mer dans la bouche. Le rivage grésillait de galets. La grotte était fraîche. Il m’a dévêtue entièrement, câlinée longuement, puis assise sur lui. Baiser au bord de l’eau étamée, sous les torches du soleil ! Une histoire sans lendemain, déjà si loin, qui laisse quelques jours de lumière dans un âge amer. Me voici debout devant lui, le dominant. Il ne me reconnaît pas. >>>>>>>>
Pour consulter le catalogueNoire Sœur (Romans et nouvelles noirs) Une seule adresse : http://ska-librairie.net En savoir plussur l’auteur…
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