Marc Bigle - Le sachet de Joyaux
66 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Marc Bigle - Le sachet de Joyaux , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
66 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Marc BIGLE, jeune pion devenu voleur par opportunité et qui l’est resté par goût du luxe et de l’aventure, a réussi le tour de force de quitter le yacht « Poseidon », vivant, mais aussi avec les bijoux de la propriétaire en poche.


Ayant débarqué à Tanger, il prend le bateau pour rejoindre Marseille afin d’y vendre son butin. Mais à bord, outre un personnage fort étrange, il a la désagréable surprise d’y croiser l’inspecteur Bonenfant.


Décidément, le monde est petit et les choses ne sont jamais simples dans la vie de Marc BIGLE...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 9
EAN13 9782373473087
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MARC BIGLE
LE SACHET DE JOYAUX
Roman policier

par Gustave GAILHARD

D'après la version publiée sous le titre « L’Affaire du yacht Poseidon » dans la collection « Sur la Piste » aux éditions « La Baudinière » en 1937.
*1*

En me réveillant, ce matin-là, dans cet hôtel de Tanger, au rauquement tintamarresque d'un chameau, au cri aboyant d'un marchand d'eau, qui me rappelait Herlitz, et aux glapissants « balek ! balek ! » des âniers marocains, je me pris à considérer tout d'abord avec des yeux écarquillés la moustiquaire qui cernait mon lit et le rayon de violente lumière africaine qui filtrait du volet, me demandant ce que je faisais là. Il me fallut deux ou trois secondes pour que mes souvenirs s'éveillent aussi.
Et, tout aussitôt, mon premier mouvement, spontané, fut de m'asseoir d'un sursaut brusque sur mon lit et de fouiller sous mon oreiller, pour y prendre la poignée de bijoux que j'y avais enfouie la veille au soir, avant de m'endormir là-dessus d'un bon sommeil de chanoine.
Ah ! qu'ils étaient beaux, dans le rai de lumière vive qui descendait de la persienne ! Ils scintillaient ! Ils ruisselaient dans mes doigts !
Ils étaient, pardieu, de prix !... Deux millions ?... Deux millions et demi ?... C'était une question à débattre âprement, et habilement surtout, avec la crapule de receleur qui allait me monnayer cela, en essayant de me voracer !...
Ma toilette achevée, je me pris à réfléchir sur la situation et sur la façon de liquider ces joyaux. Là-dessus, mes idées allaient se tiraillant un peu.
Évidemment, pour cette liquidation, Marseille s'offrit tout d'abord à mon esprit. J'avais là un débouché sûr... Mais il y avait, à Marseille, l'inspecteur Bonenfant, qui pouvait être à craindre.
Si bête qu'il soit, il ne pouvait pas ne pas finir par deviner, ou tout au moins avoir de sérieux soupçons. Et malgré la reconnaissance que j'étais en droit d'attendre de lui après le triomphe qu'il me devait, mieux valait ne pas se fier. Ce premier triomphe qui le gonflait pouvait avoir mis son orgueil en appétit. Un second triomphe non moins éclatant, en récupérant les bijoux disparus, ne serait peut-être pas pour lui déplaire... Marc Bigle, mon ami, ne fais aucun fond sur les sentiments humains en général, et moins encore, grand Dieu, sur ceux d'un policier. Ne tentons pas le diable.
Mais, d'autre part, voilà... Il y avait aussi à Marseille cet estimable joaillier Astelli, particulièrement accueillant et sûr, pas trop chien, et qui payait en deux heures, sans chèque, les plus grosses affaires !
Décidément, j'irai à Marseille. J'ai toujours aimé les risques qui pimentent l'aventure. Quant à cet ami Bonenfant, il n'était pas indispensable, n'est-ce pas, que je me trouve nez à nez avec lui. Au surplus, si cela advenait, je le tenais en somme par son propre succès. Signaler, en effet, ma présence à bord du « Poseidon » , il n'y avait pas intérêt. Eh ! Mettre ainsi en lumière le rôle que j'avais joué en son lieu et place – comme il m'était aisé, de le faire par certains détails de lui ignorés pouvait lui donner à réfléchir.
Cependant, mieux valait éviter tout contact avec lui, et gagner Marseille par un chemin différent. Ce qui pouvait sourdre dans ce cerveau de hanneton était à redouter.
M'étant informé des départs des bateaux, j'appris qu'un paquebot de la compagnie Paquet partait à midi pour Oran. C'était tout à fait mon affaire. De là, par un crochet de route, je m'embarquerais sur un paquebot de la Transatlantique pour Marseille. Je perdais peut-être un jour, mais mieux valait ainsi.
Je quittai l'hôtel pour aller retenir ma cabine, puis j'allai faire l'acquisition d'une petite valise et de quelque indispensable linge de rechange.
Comme je sortais du magasin, j'eus soudain la sensation que, dans ces rues étroites et tortueuses de Tanger, pleines d'ânes chargés, de cavaliers et d'une cohue mouvementée et bruyante, j'étais suivi.
Curieux phénomène, que ces impressions vagues, sourdes, qui nous sont fournies par on ne sait quel sens obscur ; qu'on perçoit on ne sait comment ; qui participent du pressentiment, du subconscient, plus que de notre raison ; et que notre raison a souvent tort de négliger. Un regard posé sur votre nuque, par exemple, n'éveille-t-il pas en vous on ne sait quel réflexe qui vous fait vous retourner ?
Sans tourner la tête cependant, et sans hâter le pas, je gagnai le vaste espace découvert du grand Socco, le marché indigène, où, d'un air flâneur, je me pris à errer quelque temps parmi les chameliers et les marchands, affectant de m'intéresser aux pittoresques marchandises étalées sur le sol des nattes poussiéreuses. Ainsi, je pouvais, d'un regard circonspect, observer autour de moi sur un assez vaste rayon.
Rien d'anormal ne se signala à cet examen.
J'avais dû certainement me laisser aller à une malsaine impression nerveuse... à moins que... à moins que mon suiveur... éventant ma manœuvre...
Marc Bigle, mon ami, il faudra mieux discipliner tes nerfs, si tu veux qu'ils te servent au lieu de te nuire. Souviens-toi que c'est par son mouvement impulsif que tu as eu le petit secret de Herlitz !
Pourtant, tout à l'heure, il m'avait bien semblé... Enfin !
Je gagnai le port par un chemin détourné, scrutant les environs du coin de l'œil, sans rien relever d'inquiétant, et allai – ce qui était plus sûr – m'installer sur le bateau en partance, qui venait de Casablanca et ne faisait, en rade de Tanger, qu'une escale de quelques heures.
Ainsi que je pris soin de le constater, deux passagers seulement avaient pris bord à cette escale. Moi, et un grand diable au poil blond-roussâtre ; aux petits yeux gris et durs ; à la face glabre mouchetée de taches de rousseur ; à la mâchoire carrée qui serrait comme dans un étau un cigare évasé, un de ces manilles dits patte d'éléphant.
Pour parler aux bateliers indigènes qui transbordaient son bagage, il avait le geste sec, le ton bref et la voix un peu rauque. Il avait, par surcroît, la gratification plus que parcimonieuse et la formule impérative.
Où diable, me demandai-je tout en considérant du coin de l'œil, dans la barcasse qui nous transportait au paquebot, ce compagnon de traversée et moi, avais-je donc déjà vu cette tête et cette allure qui me rappelait celle du commandant de bord du « Poseidon » ? (1)
Je me souvins. C'était, pardieu, en sortant du magasin où j'avais été tout à l'heure faire emplette de ma valise et de mon linge. Mon homme examinait et marchandait devant la porte des tapis marocains.
Coïncidence ?
Peu sympathique personnage, l'olibrius !... Enfin, tout le monde a le droit d'avoir une sale tête, n'est-ce pas ?... Mais pourtant celui-ci exagérait un peu.
En m'installant à bord, je constatai que sa cabine était voisine de la mienne.
Coïncidence ?...
Ce voisinage me fut assez désagréable. Pourquoi ?... Je n'aurais trop su le dire. Il est des impressions qu'on ne raisonne pas... à moins qu'on ne les raisonne trop.
Je constatai encore, en jetant un coup d'œil par le hublot de sa cabine, pendant une brève absence du quidam, que ses valises portaient l'étiquette de l'hôtel de Tanger où j'avais précisément passé la nuit.
Autre coïncidence ?...
Je n'aime pas trop, par principe, les successions de coïncidences.
La journée me parut longue.
La nuit aussi.
Nous arrivâmes le lendemain à Oran. Je débarquai en catimini. Ce ne fut pas sans un certain soulagement que je perdis de vue mon particulier, et non sans un autre soulagement que j'appris, au bureau de la compagnie Transatlantique, qu'un paquebot était justement à quai et partait pour Marseille dans une heure.
Je fis diligence.
Ma valise à la main, je regagnai en hâte le quai, et, l'instant d'après, j'étais de nouveau à bord, confortablement installé dans une cabine de pont, d'où je pouvais, par le hublot, surveiller le quai et la passerelle d'embarquement. Je respirai enfin à l'aise en entendant mugir le dernier coup de la sirène et en voyant larguer les aussières et le quai se détacher et s'éloigner doucement.
Je commençai à croire que le quidam à la sale tête n'était peut-être pas ce que je pensais, et me remis à admettre que les coïncidences étaient, après tout, des choses qui existaient.
Pourtant... hum !... Pourtant, cette impression, hier matin, dans les rues de Tanger... cette impression très nette que quelqu'un... eh ! oui, parbleu !... que quelqu'un me filait ?
Je haussai les épaules.
Allons, Marc Bigle, mon chéri, il faut, crois-moi, mieux discipliner tes nerfs, si tu veux qu'ils te servent au lieu de te dominer.


(1) Lire du même auteur, même collection : « L'Affaire du Yacht Poseidon » [Retour]
*2*
 
Le soleil descendait sur l'horizon, empourprant magnifiquement la mer. Accoudé à la lisse, je regardais courir le long du flanc du paquebot le flot cuivré que crêtait l'écume d'or que rejetait la course de l'étrave. Au-dessus de moi, les antennes de la T. S. F. vibraient dans la brise du soir leur harmonieuse sérénade de harpes soupirantes. Les marsouins folâtres exécutaient sur les vagues leurs curieuses cabrioles. Et je caressais doucement à travers l'étoffe, dans la poche intérieure de mon veston, certain petit sachet de cuir marocain, acheté à Tanger, où j'avais serré mes joyaux...
En somme, tout allait à merveille.
Mon affaire prestement réglée à Marseille, en ayant soin d'y éviter la malsaine rencontre de cet ami Bonenfant – c'est au débarquement surtout qu'il importait d'ouvrir l'œil ! – je regagnerais aussitôt Nice, où mon absence prolongée de l'hôtel pouvait avoir fait naître un étonnement inquiet, qui pouvait devenir néfaste si la police, alertée, s'en mêlait.
Et d'autre part, je me l'avouais, ma foi, je n'étais pas fâché de retrouver cette agréable idylle, commencée l'autre nuit, à ce bal masqué et malencontreusement coupée par ce départ vraiment imprévu.
Qu'était devenue ma petite souris d'hôtel, que, pour suivre les pas de la comtesse Varinska, j'avais envoyée m'attendre dans ma chambre où était servi un souper froid ?...
Depuis cinq

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents