Marc Bigle - Puisque je suis mort...
74 pages
Français

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Marc Bigle - Puisque je suis mort... , livre ebook

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Description

Marc BIGLE est un ancien pion au chômage. À la recherche d’un emploi, il se rend chez un notaire où il se retrouve devant le corps de ce dernier. Le tabellion s’est suicidé succombant aux remords d’avoir arnaqué ses clients pour entretenir sa maîtresse. Son coffre-fort ouvert contient une forte somme.


Sérieux dilemme : fuir avec l’argent ou prévenir la police ?


Ayant fait le premier choix, il mène la vie de pacha et dilapide son pactole au casino.


Mais peut-on reprendre une existence d’honnête travailleur après avoir goûté à celle d’un nabab ? Marc BIGLE semble en douter, attendu qu’il convoite rapidement les bijoux d’une richissime conquête afin de se renflouer.


De voleur par opportunisme à voleur par préméditation, il n’est qu’un pas qu’il va tenter de franchir sans s’imaginer de tous les efforts qu’il lui faudra déployer pour cela...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 5
EAN13 9782373473049
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MARC BIGLE
PUISQUE JE SUIS MORT
Roman policier

par Gustave GAILHARD

D'après la version publiée sous le titre « Puisque je suis mort » dans la collection « Le Verrou » aux éditions « Ferenczi & Fils » en 1950.
*1*
 
Ces mémoires secrets, archisecrets, je les dédie aujourd'hui à tout venant, au monde entier, au chef de la Sûreté notamment, enfin à tous ceux qui ont joué un rôle ou fait figure dans les avatars de ma vie convulsée d'homme traqué par les polices de tous pays.
Je n'en ai cure !
Ce qui coule ici de mon stylo, ce sont des gouttes de mon âme, que je regarde curieusement s'étaler, sans le moindre fard, sans la moindre escobarderie, de la pointe allègre de ma plume. Ah ! la singulière sensation de pouvoir écrire tout cela, librement, impunément, insolemment, de le produire, de le crier, sans rien craindre !
Je le peux, puisque je suis mort !
Ou, enfin, si je ne suis pas mort, ceci ne regarde plus personne, que moi. En tout cas, le vrai Marc Bigle, l'inquiétant, le damné Marc Bigle, n'est plus !... Qui pourrait jamais, en effet, l'imaginer, l'aller découvrir sous sa nouvelle figure de... Stop ! N'allons pas plus loin dans mon excès de verve ! Il est des choses, tout de même, qu'il ne faut pas dire... même quand on est mort, n'est-il pas vrai ?
Sauf ça, qu'il est bon de garder pour moi seul, je veux tout dire ! Tout ! Absolument tout ! Cette petite saignée morale fait du bien, elle décongestionne, elle allège.
Ceci commence un 13 mai. Ce chiffre 13 – j'ai beau en sourire – m'a toujours, je le constate, porté malheur. Donc, un 13 mai, à cinq heures du soir, je me trouvais sur la terrasse du casino de Monte-Carlo, complètement décavé, vidé, rincé.
Il me restait en poche, autant que je m'en souvienne, cinq cents francs, reliquat des quatre millions de francs dont j'avais été, par une curieuse aventure, pendant deux ou trois semaines le brillant possesseur, et que je venais de lâcher liasse par liasse sur le tapis vert.
Sic transit gloria mundi !... Cela était venu trop capricieusement pour ne pas s'en aller de même !
Il faut, dans ces cas-là, se faire une raison. Or, je ne me la faisais pas facilement. J'étais jeune, impulsif, et je broyais du noir, ce qui ne vaut rien, ne guérit rien, au contraire. J'ai changé depuis.
Délesté de ma dernière bribe, je contemplais assez morosement, là-bas, accoudé à la balustrade de la terrasse, les joueurs heureux – ils auraient leur tour ! – qui manipulaient sur le tapis vert et empilaient devant eux des plaques d'ivoire de cinq chiffres ; les belles poules opuleusement diamantées ; les élégants greluchons industrieux, qui s'efforçaient de faire fructifier par d'habiles poussettes les subsides de leurs rombières ; et les gros pontes solides, dont le portefeuille matelassé était guigné du même œil de côté par le croupier et les professionnelles du sourire ; toute la séquelle enfin des bénéficiaires, momentanés ou stables, de la fortune. Je contemplais tout cela, et les narquoises images de mon récent passé venaient narguer mon souvenir.
Il y a un mois à peine, pion misérable dans une petite institution des environs de Paris, sans avenir et nanti d'un présent miteux d'autant plus chancelant d'ailleurs que j'étais congédié à la fin du mois, un de mes élèves m'avait mis en rapport avec un sien parent, notaire dans une grande ville du Centre, qui cherchait un quatrième clerc. Je m'étais mis en route vers cette assiette de soupe éventuelle. Un retard du train ne m'avait permis d'arriver qu'un peu après six heures à l'étude en question. Je la trouvai vide, mais la porte encore ouverte.
Ces deux petites circonstances m'offrirent un curieux imprévu.
Je trouvai le notaire dans son cabinet, mais pas tout à fait, en vérité, comme je m'attendais à le rencontrer. Il était assis devant sa table, la tempe trouée par une balle de revolver, le nez sur une lettre qu'il venait d'écrire et qui fournissait aux intéressés les raisons de son suicide. Il allait bien, le tabellion ! Il avait croqué avec une petite femme de Paris les fonds de ses clients. Il en faisait l'aveu désolé dans cet ultime mot. De tout ce qu'il détenait, restait un actif de quatre millions.
Le coffre était ouvert. Il venait sans doute, avant son geste fatal, de faire son déplorable bilan.
Pourquoi, après tout, pendant qu'il était en fredaines, n'aurait-il pas, avant de se suicider, dilapidé le tout ?... Sa faute en eut-elle été plus grosse et les suites atténuées ? Non, n'est-ce pas ?
Personne ne m'avait introduit. Personne ne m'avait vu entrer.
Je raflai les quatre millions, et pris soin d'effacer sur la lettre, sa lettre, la dernière ligne du défunt qui avait jugé utile de mentionner – fort inutilement à mon sens – ce petit avoir. Une petite fiole de corrector, qui se trouvait précisément sur le bureau, fit prestement l'affaire. Il ne resta plus trace de cette somme ni sur la lettre, ni dans le coffre.
Si par hasard on s'avisait, ce qui était peu probable, de cet effacement chimique de la dernière ligne, on pouvait, faute de mieux, l'attribuer encore à ce vieux noceur impénitent, qui, après avoir réfléchi, aurait encore, au dernier moment, préféré en faire un dernier cadeau à la petite femme qui lui avait fait faire ses précédentes bêtises. Et puis, si des soupçons s'égaraient à droite ou à gauche, cela ne me regardait pas.
Mais tout se passa très bien, ainsi que je pus le constater par la suite, en suivant l'affaire dans les journaux, dans une autre ville où j'avais filé. On ne parla pas de ces quatre millions de francs. J'avais pu en jouir en paix... pendant quinze jours. C'est tout ce que m'avait permis dame Fortune.
Mais quels quinze jours !... Quels quinze jours, pour Marc Bigle, ancien petit pion de l'institution Pochard, pour Marc Bigle habillé, lingé, chaussé, cravaté avec un luxe étourdissant !...
De tout cela, il ne restait, hélas ! hormis les valises garnies, que cinq cents francs... et douze jours de location d'une villa trop spacieuse, que j'avais louée dans le premier instant de ma griserie pour m'éblouir moi-même, et où je commençais d'ailleurs à m'embêter.
Cinq cents francs !... De la terrasse, où j'étais immobile, figé, je regardais, les mâchoires serrées, avec une sorte de rage froide, tous ces joueurs fiévreux, tous ces bijoux, tous ces portefeuilles, tout ce mouvement de plaques de nacre et d'ivoire, dont chaque coup de palette faisait aller et venir une fortune...
Je m'aperçus à ce moment qu'un quidam me regardait. L'acuité de son regard attira en quelque sorte le mien.
C'était à quelques pas de moi, sur la terrasse, une sorte de coxalgique, ou de paralytique des membres inférieurs, un élégant gâteux installé dans un fauteuil à roues. Il avait une face maigre et jaunâtre d'ictérique, qui semblait en pain d'épice desséché, dans lequel brillaient, comme deux pruneaux, des yeux noirs que la fièvre sans doute faisait luire. Enfin, un infirme chic, une ruine de bonne famille, qui prenait le soleil en attendant que son valet de pied vienne le rentrer et le coucher. Mais ces deux pruneaux noirs m'agaçaient un peu avec leur insistance.
Je détournai mon regard du sien avec quelque gène et je le ramenai vers tout ce monde opulent, dont le bien-être m'exaspérait. Je contemplais ces perles, ces diamants, ces belles femmes... une surtout, une fort belle créature, au long corps souple, au teint de lait et aux cheveux d'acajou, une certaine Mrs Jeffersons, avec qui j'avais eu un flirt très poussé, un flirt que je me proposais d'exploiter au mieux de l'occasion. Elle avait des bijoux superbes.
— Vous regardez la Vie ?... prononça tout près de moi une voix qui me fit sursauter.
Le petit homme en pain d'épice avait fait rouler son fauteuil aux silencieuses roues caoutchoutées dans ma direction et se trouvait tout à mon côté.
Je ne pus me défendre d'un instinctif coup d'œil vers ses mains, craignant toujours quelque mauvais tour possible de la police. Des menottes inattendues pouvaient très bien se trouver dans les poches d'un faux paralytique. Mais un rapide examen discret de l'olibrius me rassura. C'était bien un cacochyme exact, dont l'état, d'ailleurs avancé pour son âge, n'avait certes rien de truqué. Le rôle même d'indicateur semblait bien au-dessus de ses facultés mentales.
— Je vois, monsieur, bavota-t-il, en levant vers moi de son fauteuil bas ses deux boules de jais, que la contemplation de tous ces joueurs qui s'enfièvrent devant une roulette et des jetons vous paraît intéressante... C'est, en effet, un curieux spectacle, que celui des passions humaines, quand on ne les éprouve plus. Je ne sais plus qui a dit à peu près cela.
— C'est, monsieur, précisai-je avec une obligeance énervée, une pensée de La Bruyère.
— Soit. Eh bien, une pensée à moi, c'est que ce doit être un plus curieux spectacle encore, quand on les éprouve toujours. Qu'en dites-vous, monsieur ?
Ces deux pruneaux noirs qui me scrutaient de plus en plus devenaient, à mon avis, trop insistants. Je saluai fort poliment ce quidam, dont les lobes cérébraux n'étaient peut-être pas si aplatis qu'on eût pu croire, et je regagnai ma superbe villa, songeant à mes cinq cents francs, et à la nécessité de faire face à demain. Il s'annonçait grisâtre.
Si encore je m'étais offert certaine bague de deux cent cinquante mille francs, qui, à la devanture de certain bijoutier, m'avait taquiné l'œil et dont j'avais sottement remis l'acquisition à plus tard, j'aurais pu aujourd'hui en tirer une centaine de billets, qui m'auraient permis de me retourner... Faute ! Faute ! On devrait toujours dans de pareilles aventures, passer tout d'abord chez le bijoutier. C'est d'une élémentaire prudence.
Dans l'état actuel des choses, il fallait aviser sans tarder. Je roulais dans mon esprit divers projets, dont l'un surtout ne laissait pas de me sourire par les commodités qu'il présentait et par ses possibilités de réalisation immédiate. Il venait en quelque sorte s'offrir à moi de lui-même. Mrs Jeffersons. Mon flirt avec elle, ai-je di

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