Massilia Dreams , livre ebook
71
pages
Français
Ebooks
2024
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Graphiste : Valentine Flork/A&L Livres
Direction éditoriale : Valentine Flork
Distribution : Immatériel
ISBN papier : 9782385331238
ISBN numérique : 9782385331245
2eme édition
Dépôt légal : mai 2024
Éditeur : Les éditions d’Avallon
342 rue du Boulidou
34980 Saint-Clément-de-Rivière
© 2024 Les éditions d’Avallon
Collection noire & suspense
Massilia Dreams
Du même auteur
Le Baiser du congre , Éditions Jigal, 1998
Bleu sur la peau , Éditions Jigal, 1998
Le Jobi du Racati , Éditions Jigal, 1999
La Girelle de la Belle de Mai , Éditions Jigal, 1999
Le Royaume de dégun , Éditions Jigal, 2000
Du sel plein les yeux , Éditions Jigal, 2000
Troublante incertitude , Éditions Rivière Blanche, 2001
La Mue de la cigale , Éditions Jigal, 2002
Le royaume de dégun , Éditions Jigal, 2002
Pleure pas, le mistral se lève , Éditions Jigal, 2002
La girelle de la belle de mai , Éditions Jigal, 2002
Le cœur enragué , Éditions Jigal, 2002
L’Anticyclone des Açores , Éditions Jigal, 2003
Du soleil dans la tête , Éditions À vue d’œil, 2003
Bada d’amour , Éditions Jigal, 2005
L’Espincheur des Accoules , Éditions Jigal, 2006
Les Cents Femmes du Grec , Éditions Transbordeurs, 2006
Sous la peau du monde , Éditions Après la Lune, 2006
Chinois vert mouillé , Éditions Après la Lune, 2006
Vogue, bel engatseur , Éditions Jigal, 2007
Le cafoutchi du diable , Éditions Jigal, 2007
Les 100 femmes du Grec : Kali nicta Constatin , Éditions Transbordeurs, 2007
L’Indien Blanc , Éditions Atelier IN8, 2007
Les Quatre Sueurs du juge !, Éditions Jigal , 2008
Plage et calanques de Marseille , Éditions Les beaux jours, 2008
Le jobi du Racati , Éditions Jigal, 2008
Constantin et les quarante canards, Éditions Jigal, 2010
Attila et la Magie Blanche , Éditions au-delà du raisonnable, 2010
L’Année de tous les Tanger , Éditions Après la Lune, 2011
Grimoire de sable , Les éditions Demeter, co-écrit avec Anne-Marie Thomazeau
Joyeux Noël, Constantin !, Éditions Jigal, 2012
Les Vies de Gustave , Éditions au-delà du raisonnable, 2012
Le Grec s’emmêle , Éditions Jigal, 2014
La rascasse avant la bouillabaisse , Éditions Jigal, 2015
Les Ratounes du diable , Éditions Jigal, 2016
Tête de pioche , Éditions SKA, 2016
Le Goya de Constantin , Éditions Jigal, 2017
Dernier Tacle , Éditions du Seuil, co-écrit avec Emmanuel Petit, 2019
Le photographe , Éditions Double Noir, 2019
Dribble assassin , Éditions Ramsay, co-écrit avec Emmanuel Petit, 2021
Le pif dans la truffière , Éditions du Caïman, 2021
Gilles Del Pappas
Massilia Dreams
ROMAN
Ce qu’il y a d’ennuyeux dans l’amour c’est que c’est un crime où l’on ne peut pas se passer de complice.
Charles Baudelaire
Cette fable moderne sort entièrement de ma mémoire, de mon imagination, les personnages des chimères de ma créativité. Les jobastres qui prétendraient se reconnaître dedans devraient aller faire un petit tour à Sainte-Anne !
Chapitre 1
Elles n’étaient pas mal, là, dans la gangue de terre glaise. Bien sûr, elles ne brillaient pas de mille feux, mais elles savaient bien qu’un jour ou l’autre, elles ressortiraient, resplendiraient à nouveau dans les yeux des femmes jalouses. Elles se reposaient dans ce berceau, un peu comme au jour de leur naissance, du temps où, pas encore taillées par des mains expertes, elles dormaient, d’un sommeil sans ombre.
Pendant que de son ventre le sang gicle, elle pense à la malédiction de ces maudits cailloux. C’était leurs fautes.
Pas superstitieuse, ça pouvait arriver. Les missions qu’on lui confiait étaient quelquefois dangereuses, mais pourtant celle-là ne devait pas poser de gros problèmes. Tout avait dérapé.
Elle n’en veut pas à son assassin. Bien sûr, il était déçu. Mais elle n’aurait jamais pensé que… Et surtout, elle n’aurait jamais dû toucher ces merveilles. Non, jamais.
Elle gémit. La blessure lui fait horriblement mal. Elle sait qu’elle va mourir. Avant, il y a très longtemps, elle avait fait des études de médecine.
Elle était très douée.
Pourquoi n’avait-elle pas continué dans ce métier ? Elle s’était souvent posé la question. Peut-être à cause de ce viol incestueux subi lors de son enfance. Ses pensées dérivent.
Mourir !
Bizarrement ça ne l’affecte pas. Elle a bien vécu, ne regrette rien. Simplement elle n’aurait pas dû toucher ces pierres maléfiques…
Chapitre 2
Ce matin il y a un cagnard à tout casser, et même si nous ne sommes qu’au printemps, il ne fait pas semblant de cogner. J’arrive à la gare saint Charles sur le coup de huit plombes. Je suis mon propre patron, et toujours ponctuel. Ça fait marrer les autres chauffeurs qui sont employés de sociétés, et donc obligés d’être à l’heure juste au boulot.
— Ho Loule ! Putain, déjà là ? Fan de chichourle , si j’étais à ta place, moi… Même mon copain Joseph m’interpelle.
— Loule, tu déconnes ! Je veux pas t’ engatser de bon matin, mais franchement… C’est balancé sans méchanceté, avec un soupir et un geste de la main qui en raconte long. Je souris.
— Ah ouais ! Et si t’étais à ma place, Zé. Et qu’est-ce que tu ferais donc ? Tu te lèverais à midi ?
— À ta place ? Putain ! Et bé, on me verrait pas le cul sur mon siège avant d’avoir honoré ma girelle… et plusieurs fois, surtout le matin ! Parce que j’adore ça, moi le matin. Ça me met de bonne humeur ! Et puis, je ne sais pas si tu l’as remarqué, mais quand le soleil n’est pas encore levé, ni les gabians , il y a comme un petit coup de fraîcheur incitatif. Les ombres reculent et tu aperçois les courbes émouvantes de ta moitié, et alors…
Un éclat de rire général ponctue les confidences de notre collègue. C’est de notoriété publique qu’il n’est pas marié depuis longtemps et est très amoureux de sa femme plus jeune d’une bonne dizaine d’années.
— Et tu n’as qu’à te lever plus tôt, tu pourras y faire les câlineries que tu veux, et ainsi tu seras de bonne humeur tous les matins ! Et pour nous qui supportons tes frustrations, et ben vé, ça sera tout bénef !
— Les enfants fabriqués du matin sont les plus remuants, tu vas faire des piles électriques !
Les quelques chauffeurs qui fument une cigarette au soleil se fendent la poire, suivis de mon pote.
— Loule, tu veux ton caoua ? Chaque matin, pour ceux qui font la gare, on porte le Thermos de chez soi, à tour de rôle. Le liquide noir est bon, odorant. Zé me file une pipe, je fume en dégustant mon caoua, tranquille. Le T.G.V. de huit heures dix arrive. Les clients disciplinés se rangent sur une ligne pour nous attendre. J’emporte le verre dans mon tacot.
C’est une vieille taupe qui monte derrière, sans me laisser le temps de lui ouvrir la porte… Elle annonce.
— Sur la Corniche ! À la hauteur du pont de la fausse monnaie !
Je conduis en silence, je déteste les femmes de son âge qui ont cette morgue démontrant à l’envi qu’elles sont riches. Elle dégage une odeur entêtante, mélange de parfum cher et de transpiration. Je passe par le port et la Corniche. Pas pour la vieille, non ! Pour moi. Je désire simplement voir le bleu du large à cette heure de la journée, et me remplir les narines des senteurs, de la fragrance de la mer, du sel.
Le baccala , elle est très maigre, sort une blonde de son sac.
— Je peux fumer ?
Sans parler, je tapote le panneau d’interdiction que le bureau de l’hygiène nous a obligés à appliquer sur la vitre. Elle grommelle, furax.
— Merde, putain de taximan !
— Pardon ?
— Rien, rien… Regardez la route !
Ça m’amuse. En fait, je permets bien évidemment de fumer aux clients qui me plaisent, l’interdiction n’est pas pour tout le monde. Et celle-là ne me revient pas du tout, ha ça non, par exemple ! Je roule doucement sans m’énerver. J’ai vite appris que les chauffeurs qui se foutaient en pétard ne faisaient pas de vieux os dans la profession. Elle tapote, énervée, le haut de la banquette avec ses ongles rouges. Elle est manifestement pressée. Je souris largement, et ralentis encore.
Il n’y a pas trop de charrois ce matin. Je dépose finalement ma vieille à l’adresse indiquée. Je ne lui ouvre pas la porte, et elle ne me laisse pas de pourboire. Je n’en attendais pas d’ailleurs. Hautaine, elle ne descend pas tout de suite, cherchant comment avoir le dernier mot.
— Je désire une facture !
Ça ne m’emmerde pas. Je lui griffonne son papier, imperturbable, colle un coup de tampon, et démarre sans lui dire au revoir. Je la vois entrer dans un immeuble bourgeois de la corniche.
Putain de vieille peau !
Le soleil bronze mon bras gauche. Je pense que ça fait maintenant presque cinquante ans que je vis dans cette putain de cité. À part l’armée en Allemagne, dans les années soixante, à Baden-Baden, je n’ai pratiquement jamais bougé d’ici.
Pourtant, à une époque, les projets ne manquaient pas ! J’ai rêvé des pays exotiques, pas chez les Arabes ou chez les nègres non ! Un voyage dans les îles, genre Martinique ou Guadeloupe. Bon, j’avais quand même réussi à me serrer suffisamment la ceinture pour nous payer le voyage de noces aux Canaries. Juste avant que Lise ne tombe enceinte. Après ce ne fut plus pareil. L’envie avait filé plus vite que gagné. Et puis, cette expédition, je ne me voyais pas la vivre avec elle. Ce n’est pas que je ne voulais rien partager, non, ce n’est pas ça ! C’est juste que certaines choses ne peuvent pas se faire à deux.
— C’était un truc pour moi tout seul.
Je rigole, voilà que je me parle à voix haute maintenant ! Je me fais vieux. Putain, pourtant je ne suis pas si âgé que ça ! Mais c’est la vie que je mène, j’ai l’impression que tous les jours sont semblables, je ne vois pas le temps passer, les secondes s’égrenant, le sable s’écoule pourtant dans le sablier.
Chapitre 3
Ils m’ont chopé devant la porte de mon immeuble. J’a