Max
111 pages
Français

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Description

Tout le monde a un secret inavouable, un secret qu’il va porter en lui toute sa vie, où qu’il soit. Enveloppé de silences et de non-dits, il peut remonter à la surface à tout moment, et venir comme une lame effilée transpercer votre existence.
La mystérieuse Max bouleverse la vie de Jean Delmas dès leur première rencontre. Fou d’amour, Jean se retrouve un an plus tard envahi d’un sourd désespoir : Max repousse sans cesse le moment de révéler son histoire.
Jean entreprend de découvrir sa vie cachée, en même temps qu’il s’interroge sur la série de vols dont les clients de la société pour laquelle il travaille sont victimes. C’est ainsi qu’il rencontre Carole, lumineuse, avenante, simple, et perce les secrets de Max.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 juillet 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782304043013
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Max


Jean-Brice Garella

Le Manuscrit 2016
ISBN:9782304043013
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Du même auteur
 
 
George , Éditions Le Manuscrit, 2007
 
 
 
© photo Daniela Freitas / Pierre Dal Corso
 
 
À Jean-Jacques           
 
 
 
Chaque jour est un pas Mais seuls comptent ici-bas Ceux que l’on ne fait pas
Prologue
 

 
Le véhicule s’avança sur la berge déserte. Passé le pont de l’Alma, il se gara sous un rang de marronniers décharnés. Le conducteur coupa le contact et sorti, vêtu de cuir noir, sur les pavés humides. Il regarda sa montre. Six février, une heure quarante-cinq. Le long du quai, dans un grondement serein, la Seine charriait une masse d’eau sombre et dense, illuminée çà et là des éclats resplendissants de la ville. Il respira à pleins poumons, puis se décida.
Un pas alerte l’engagea vers l’hôtel particulier de Monsieur Boileux, situé à quelques rues de là. Une fois la grille d’entrée franchie, il posa au sol un sac d’où il sortit un grappin, un cordage et des mousquetons. Encagoulé, il s’harnacha par des gestes experts, et une minute plus tard, la lune borgne reflétait cette silhouette suspendue à un fil. Érigée sous le directoire, la façade de pierre de taille, richement décorée, lui offrait mille prises pour escalader les trois étages avec aisance. La demeure était vide. Monsieur Boileux, ainsi que tout son personnel de maison, se trouvait en Normandie, où il donnait, ce soir-là, dans son haras, une fastueuse fête pour les vingt ans de sa fille unique.
Parvenue sur le toit, cette silhouette féline et souple s’avança au bord du parapet de zinc, contourna une rangée de cheminée, et se figea à quelques centimètres d’un caisson métallique. Accroupi, il sortit de son sac une bombe de mousse expansive. Il la secoua vivement et projeta l’intégralité de son contenu dans le boîtier de la sirène d’alarme. Jusqu’à présent, tout se passait comme prévu. Il se redressa, respira à plein poumon et profita un instant de la vue qui s’offrait à lui. Sur sa droite, éclatant d’ors en écailles, le dôme des Invalides se répétait en écho dans celui de l’Institut, plus lointain, et jusqu’au Panthéon dont la masse s’élevait lourdement dans le ciel. Mais sa quiétude fut troublée par une voiture qui se gara face à la grille. L’ombre furtive se tapit dans un renfoncement et disparu comme par magie. Claquant la portière dans un bruit sec qui résonna dans la rue, un homme sortit de la voiture, accompagné d’une jeune femme. Pour ne pas glisser sur les pavés rincés de pluie, ils s’accrochèrent l’un à l’autre, titubant d’ivresse, riant et s’embrassant, puis disparurent sous le porche d’un immeuble voisin.
Le silence retomba, et la silhouette noire soupira de soulagement. Sous le ciel étoilé, son ombre serpenta de nouveau sur le parapet, et dans un bruit de verre brisé, s’engouffra, en une fraction de seconde, dans une lucarne. Un sifflement d’alarme aigu retentit alors dans la vaste demeure. Un capteur de mouvement venait de se déclencher, signifiant à l’intrus qu’il disposait de vingt-cinq secondes pour taper le code à six chiffres permettant de neutraliser la centrale de protection. Sans céder à la panique, il descendit le monumental escalier de pierre, sous les regards réprobateurs des ancêtres de Monsieur Boileux, dont les portraits ornaient des pans entiers de mur. Toute l’histoire de la famille était là, se confondant avec l’histoire de France, et dont la grandeur s’incarnait toute entière dans le visage sévère du colonel d’Empire Eugène Boileux. Sans une hésitation, il se glissa sur les dalles noires et blanches du hall d’entrée, pour se diriger droit vers un des caissons de bois mouluré. Sous un relief de stuc, il fit coulisser un des panneaux qui recouvrait le boîtier d’alarme. Le cadran vert de l’horloge numérique affichait, à cet instant, treize secondes avant de déclencher le hurlement de la sirène, ainsi que l’appel à la société de télésurveillance. Il posa sur la console en acajou sa lampe de poche, et, éclairé par ce faible halo, sortit de son blouson de cuir un marteau. Il défonça brutalement le boîtier de sécurité, en écarta rapidement les débris pour atteindre le fil de télécommunication de la centrale de surveillance, qu’il sectionna d’un geste sec, avec la pince qu’il tenait dans sa main gauche. Sur le toit, la mousse expansée avait à présent durci, et la sirène lançait des appels muets à tout le voisinage.
Deux heures six minutes. Une connexion automatique avait lieu à intervalle régulier, une fois toutes les demi-heures, pour vérifier la liaison entre l’alarme et la télésurveillance. Cette fois-ci, la liaison ne se ferait pas. Le voleur disposait donc de vingt-quatre minutes avant l’intervention de la société de sécurité pour dérober les objets de son choix. Il ne lui en fallait pas plus. L’intrus se faufila dans les pièces de l’étage avec une parfaite connaissance des lieux. Il traversa le salon à musique et ses décorations murales, rappelant la campagne d’Égypte des généraux Kléber, Lannes, Murat, et bien évidemment Bonaparte. Parvenu sous la majestueuse porte de la bibliothèque, ornée de trophées d’armes, le voleur fit glisser silencieusement l’échelle de la coursive, et l’arrêta à l’emplacement voulu.
Les yeux étincelants d’excitation, il monta les trois marches qui le séparaient de son but. Il se saisit de nouveau de son marteau, donna deux coups secs sur un coffret dont le verre se brisa, et de sa main gantée de cuir, il en écarta les débris. Il saisit un diadème serti de camés, ayant appartenu à Hortense de Beauharnais, le caressa sensuellement, puis le posa de côté. L’objet de son intérêt était en dessous : un étui en cuir frappé de l’aigle impérial. Il l’ouvrit, et y découvrit plus de quarante lettres de correspondance entre le jeune général Bonaparte et Joséphine de Beauharnais, dont la plupart étaient écrites de la main même du futur Empereur.
Il posa le porte-documents sur un plateau de marbre, étala les lettres et prit le temps d’en lire quelques lignes. Puis, tout en glissant l’étui dans son sac, il se dit avec satisfaction que Bonaparte était bien meilleur stratège militaire qu’écrivain.
À plusieurs centaines de kilomètres de là, Monsieur Boileux recevait les félicitations de tous ses invités, qui lui assuraient que cette soirée resterait à n’en pas douter dans toutes les mémoires.
1
 

 
Ce matin-là, une nouvelle fois, je me réveillais tout étourdi un peu avant l’aube. À trente et un ans, je ne croyais déjà plus en rien, ma vie était vide de sens et d’espoir. J’ouvris un oeil, vis la pièce éclairée du faible halo du réveille-matin, et par un réflexe absurde, je tendis le bras sur le côté de mon lit. Mais la place était froide et inoccupée. Comme d’habitude.
Je traversais le couloir où une robe de couleur perle jonchait le sol. La finesse de l’étoffe répandue sur la moquette formait de minuscules vagues. Les strass éparpillés sur son décolleté me faisaient penser aux coquillages que l’on retrouve au matin sur la plage, après une nuit agitée. Une de ses chaussures se dressait prétentieusement sur son talon aiguille, et sa jumelle était couchée, un peu plus loin, sur le flan. Les lanières de cuir traînant par terre, inanimées, me laissèrent songeur. Je soupirai, chassant une idée sombre, puis m’engouffrai dans la salle de bains. Elle avait dû rentrer vers une heure ou deux du matin, mais quelle importance cela avait-il, puisque je ne lui demanderais rien. Depuis six mois, peut-être, la jeune femme avec qui je partageais ma vie dormait dans la chambre d’amis.
Maximillienne et moi vivions ensemble depuis un peu plus d’un an. Max, comme tout le monde l’appelait. Foutu diminutif masculin qui m’irritait la gorge à chaque fois que j’avais à le prononcer et que j’avais moi aussi, par faiblesse, dû accepter. Je me demandais comment on avait pu en arriver là, après ce qu’on avait vécu, après notre rencontre si pleine de promesse. Je m’en souvenais parfaitement. C’était lors d’une soirée organisée par la soci&#

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