Miss Paris a disparu
43 pages
Français

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Description

Miss Paris a disparu !


Gabrielle Dorcival, la danseuse et chanteuse, devenue reine de beauté de la capitale s’est volatilisée sur le trajet la menant à une fête organisée par Paul Bruneton, son mentor, dans le but de la consacrer et la faire encore plus connaître aux yeux du grand public.


Bruneton, désespéré, ne peut croire à la thèse émise par les journalistes selon laquelle la jeune femme aurait fui le monde de lumière pour plonger dans les bras d’un prince charmant.


Ludovic Buet, un ami reporter, lui conseille alors de raconter son histoire à Jean-Marc ROMBAL, alias « Le brigadier gris », un policier dont il vante le sang-froid et la ténacité.


Et de la ténacité, il va en falloir à ROMBAL pour arriver au bout de cette enquête.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070037942
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COMMISSAIRE ROMBAL


MISS PARIS A DISPARU

Par
E. L. RICHARD
I

Paul Bruneton s'agitait ; parmi la foule colorée de Longchamp, il allait, le front inquiet. Miss Paris, qui devait présider la fête – sa fête – n'arrivait pas.
Sous le soleil éclatant de juillet, le champ de courses déployait ses pistes aux courbes nobles, ses pelouses amples, la « plage » sablée du pesage et le paddock comblé de femmes et d'hommes vêtus selon la mode de la rue de la Paix (et des Champs-Élysées déjà !) c'est-à-dire avec un style qui unissait, dans ses lignes et ses teintes, l'archaïque 1900 et le plus récent des chics.
Bruneton allait du téléphone à la grille des balances, nerveux, soucieux, parfois mauvais. Il avait entrepris, lui, critique d'art et musicographe, de lancer comme on lance une mode cette admirable fille, qu'il avait baptisée Gabrielle Dorcival, et voici qu'au moment d'aboutir, au moment de lui voir gravir les dernières marches avant le succès, elle manquait de caractère et se refusait à la réussite.
… Que diraient les vedettes qui avaient accepté de patronner cette présentation à la « haute » société de Paris et la grande foule, lorsqu'elles connaîtraient cette abstention ?
— Allô ! criait Bruneton, allô ! Madame Lebrun, vous êtes bien sûre ?... Elle est partie ?... Elle a quitté la pension de famille ? Vous l'avez vue… Elle prenait une voiture au coin de la rue Campagne-Première ?... Vous ne vous êtes pas trompée ?... Ah ! Je n'aurais pas dû céder, j'aurais dû venir la prendre… Où a-t-elle pu filer ? Elle était habillée ? En grande toilette ?... Vous ne confondez pas ? Et que pense M. Lebrun de cette aventure ? Il est navré, lui aussi. Ça ne se fait pas ! C'est épouvantable ! Tout Paris est là ! Que vais-je dire ? Je cours à la grille…
Les courses se succédaient dans une rumeur joyeuse. On espaçait les départs. Tout Paris bouillonnait au long des barrières, sur les gradins, aux tribunes. Une nuée dorée se balançait au-dessus de ce spectacle étonnant. Les coteaux, par-delà la Seine, dessinaient sur le ciel bleu pommelé une haute frise verte où, ci et là, un toit rouge éclatait, un mur blanc étincelait.
Les chevaux passaient en groupe ou, l'un derrière l'autre, disparaissaient parmi les arbres, suivis par une clameur ; la foule se portait d'un côté puis de l'autre, comme les passagers font à bord d'un grand navire et se penchaient sur les barrières en agitant des mouchoirs, des chapeaux, des écharpes de couleur.
Le haut-parleur annonçait :
— Allô ! Allô ! Attention ! Attention ! Bientôt la troisième course… Allô ! Allô ! Yvonne Abril vient d'arriver !... Elle porte un chapeau de Reboux, une robe de Paquin !...
On oubliait Miss Paris et l'on acclamait entre deux épreuves les célébrités qui se montraient au pied des tribunes ou aux balances.
Le haut-parleur, niché dans les feuillages, juché aux angles des toits, criait avec art :
— Allô ! Allô ! Attention ! « Lord Jim » à M. Couvreur est retiré !... Attention ! Cécile Labroue prend son ticket au guichet 13 ! Elle est habillée par Violloneux.
Ludovic Buet rencontrant Bruneton, son confrère du Grand Journal, le Grand Canard comme l'on dit, lui jeta ces mots :
— Alors ? Vieil ami, qu'est-ce qu'on attend pour nous présenter cette radieuse enfant ?
— Disparue ! répondit l'autre, atterré.
— Non ?
— Si !
Et il lui prit le bras.
— Je téléphone tous les quarts d'heure à la pension de famille : elle est partie pour venir… Mais rien !
— Un accident, alors ?
— La police m'assure qu'elle n'a rien su… Les commissariats de Paris n'ont pas signalé, cet après-midi, sur le parcours Montparnasse-Longchamp, le moindre accident.
— Faut-il l'annoncer dans le Canard ? Ce serait plus prudent… Les autres vont le faire…
— Patientez une heure encore… une demi-heure.
À ce moment le haut-parleur lança : L'Île des Palmes par Gabrielle Dorcival. La voix de miss Paris, délicieuse par sa chaleur veloutée, par sa raucité étrange se balança sur la foule, se tint en suspension dans les branches. Il fallut un moment pour s'apercevoir que c'était un disque qui chantait devant le micro, car Gabrielle n'était pas venue.
Les deux journalistes se quittèrent au moment où Lucile Dorsel pénétrait avec son équipage de mules espagnoles dans l'enceinte de Longchamp.
Le Grand Journal publia dans sa dernière édition un entrefilet où il était dit qu'à la suite d'un incident d'ordre familial Miss Paris n'avait pu présider la fête.
II
 
Le Grand Journal, ayant organisé la fête de Longchamp, crut de son devoir d'expliquer à ses lecteurs et aux milliers de spectateurs déçus l'absence de Miss Paris. Il fit donc faire une enquête par son reporter le plus connu, Ludovic Buet naturellement, et deux jours après, révéla que Gabrielle Dorcival, partie pour le champ de courses en auto, n'avait pas reparu à son domicile ; elle avait quitté la rue Campagne-Première le dimanche à 14 h 15. Depuis ? Volatilisée ! On ne lui connaissait pas d'ailleurs d'ennemis, non plus que de famille.
Le reporter penchait pour une fugue d'ordre sentimental. Miss Paris, personne très belle, comme on le savait, élégante, montrait de réels talents de chanteuse, et même de danseuse ; elle pouvait espérer les plus beaux engagements sur des scènes lyriques et même au cinéma ; elle n'avait donc aucune raison de se refuser au triomphe que lui promettait Longchamp. Il n'était que l'amour, une grande passion soudaine qui eût pu l'arracher à la carrière ouverte devant elle.
Et Buet, brodant à loisir, imaginait un prince charmant détournant la belle Gabrielle au moment où il pensait que Paris allait la lui ravir.
Quelques jours après, la presse prit un ton très différent : les concurrents du Grand Journal laissèrent entendre que Miss Paris avait bien pu être la victime d'un maniaque. Si elle avait suivi un « prince », quelle raison l'eut empêchée d'en informer M me et M. Lebrun, ses braves logeurs de Montparnasse qui, depuis deux ans, lui servaient de père et de mère, car, on ne l'ignorait pas, maintenant, Gabrielle Méheut, dite Dorcival, était la fille d'un très riche trafiquant créole, Baruch Méheut, dont elle ne disait pas volontiers le nom ?
La moitié du mystère étant dévoilée, Paul Bruneton crut devoir consacrer son feuilleton hebdomadaire à la danse et à Miss Paris. Il révéla qu'elle avait préparé sous sa direction un récital de danses créoles dont elle...

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