Mon oncle a disparu
48 pages
Français

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Mon oncle a disparu , livre ebook

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Description

Le commissaire MAZÈRE est envoyé chez M. Grollet, un ami du préfet, dont l’oncle, M. Gravelot, s’est volatilisé.


Étrangement, dans la demeure, personne ne s’inquiète de cette disparition qualifiée d’escapade d’un vieillard un peu excentrique. D’ailleurs, celui-ci serait coutumier du fait.


Quand MAZÈRE apprend que le fugueur s’est rendu dans une bijouterie pour y récupérer ses diamants d’une valeur de deux millions puis qu’il est allé à sa banque encaisser un chèque de plus de 600 000 francs, il pressent qu’un malheur est arrivé.


Aussi n’est-il pas surpris quand la gendarmerie le contacte pour lui annoncer la découverte du corps sans vie de M. Gravelot au volant d’une voiture accidentée, lui qui ne savait pas conduire !


Mais l’étonnement fait place à la stupéfaction lorsqu’un peu plus tard, on trouve à nouveau M. Gravelot mort, un couteau planté dans le cœur...


Deux cadavres de M. Gravelot, indéniablement, il y en a au moins un de trop !...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 15
EAN13 9791070034941
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES
DU
COMMISSAIRE MAZÈRE

MON ONCLE A DISPARU
Récit policier

Maurice LAMBERT
I
AUTOUR D'UNE DISPARITION

Encore un peu de fine, commissaire ?
Mazère enrageait. Il y avait exactement trois heures qu'il était arrivé au Vauglet et qu'il s'évertuait, en pure perte, à tenter d'obtenir des précisions sur l'affaire.
À croire qu'il s'était dérangé pour parler de la pluie et du beau temps, boire de la fine Napoléon de la meilleure époque – à laquelle, d'ailleurs, il préférait le calvados de son pays – subir les tirades fortement imbéciles de M me Grollet et admirer les jambes de sa fille.
Il retint un soupir et, résigné, tendit son verre. Il réussit même à sourire.
Avec plaisir, madame.
Le matin, son chef lui avait recommandé :
Surtout du tact, du doigté. Grollet est un financier important… Grosse influence. Le Préfet tient à lui être agréable. Compris ?
Respectueux des consignes, le commissaire se montrait parfait homme du monde, alors que l'envie le démangeait de crier :
Si nous en venions aux choses sérieuses ? Vous m'avez fait appeler pour retrouver votre oncle, non pour boire et palabrer…
En l'accueillant, le financier lui avait dit, soulignant ses paroles d'un petit geste insouciant :
Mon oncle a disparu. Oh ! Une fugue, sans doute… Nous verrons cela tout à l'heure… Un cocktail avant le déjeuner ?
Il ne l'avait pas obligé à avaler un cocktail, mais trois ; puis il l'avait entraîné dans son bureau pour livrer à sa profane admiration une effarante collection de papillons.
Au cours du repas, une timide tentative de Mazère : « mais quand votre oncle... » s'était heurtée à une exclamation de M me Grollet dont le curieux profil la faisait ressembler à une perruche endiamantée.
Oh ! Commissaire, vous devez être imbattable pour les mots croisés, il faudra que je vous montre ceux du Sphynx…
Et maintenant, au fumoir, il était la proie de M lle Grollet qui minaudait :
Quelle vie passionnante ce doit être que la vôtre ! Cette chasse à l'homme… Dites-moi : comment vous y prenez-vous pour…
Elle l'accablait de questions, en exhibant de plus en plus ses jambes, et Mazère se sentait mal à l'aise, malgré le décor somptueux, malgré son odorant Diplomate, malgré la fine, malgré les formes impeccables de la fille du financier, ou plutôt à cause de tout cela.
Il commençait à trouver étrange que l'on ne se décidât pas à le mettre au courant des faits pour l'éclaircissement desquels on l'avait convoqué.
D'autant plus que cet accueil, si cordial qu'il en était gênant, que cette insistance à éloigner de la conversation le sujet qui eût dû l'alimenter entièrement, lui paraissaient trop exagérés pour être naturels.
Un original, ce Grollet ? Une demi-folle, sa femme ? Voire…
Ne cherchait-on pas à fausser ses premières impressions en minimisant l'affaire ? Ah, ils voulaient l'endormir… eh bien, ils allaient juger de l'inanité de leurs efforts.
Mazère vida son verre d'une lampée et mit un point final à son entretien avec la jeune fille en lâchant gentiment :
Mademoiselle, n'écoutez pas votre imagination. Un policier est un personnage à l'image de quantité d'autres, un petit fonctionnaire qui n'a rien de commun avec les héros de romans ou de films et qui, s'il risque assez souvent sa peau, gagne nettement moins bien sa vie que le crémier du coin… Croyez-moi : les policiers qui débrouillent les énigmes les plus compliquées en trente minutes, les virtuoses de la déduction, les as de la logique, ne se rencontrent pas ailleurs que dans la cervelle des littérateurs spécialisés. Le ciel ne nous a pas dotés, hélas, d'aussi brillantes qualités, ce qui ne nous empêche pas d'arrêter les malfaiteurs. Un grain de bon sens, de la psychologie, de la patience, beaucoup de patience, il n'en faut pas davantage pour faire son métier honorablement… Mais, puisque nous voici sur le terrain professionnel…
Il se tourna vers le financier, poursuivit à son intention :
Il est grand temps, monsieur Grollet, que nous nous occupions de la… enfin de la fugue de votre oncle. Dans cette sorte d'affaires, le succès dépend en majeure partie de la rapidité de l'enquête.
Grollet saisit le sous-entendu, car son regard trahit un soupçon de confusion. Il alluma un cigare pour se donner le temps de la réflexion et commença sur un ton dégagé, ce ton faussement dégagé, semblait-il à Mazère, qu'il avait adopté à l'arrivée du policier :
Voilà, commissaire, mon oncle, monsieur Jules Gravelot, a disparu hier. Remarquez que je ne suis pas inquiet outre mesure. Je crois à une fugue, ainsi que je vous l'ai dit. Ce ne serait pas la première. Deux fois en un an, déjà, mon oncle est parti sans mot dire pour revenir quelques jours plus tard sans daigner nous fournir la moindre explication et en riant de nos angoisses… Si j'ai demandé l'aide de la police cette fois, c'est parce que le bonhomme a terriblement vieilli ces mois derniers. J'ajoute qu'une attaque de paralysie l'a laissé fort mal en point ; il ne peut marcher sans l'aide de deux cannes. Je redoute donc un accident, un malaise, que sais-je ?... Voilà pourquoi j'ai alerté le Préfet de Police à qui j'ai fait valoir la recommandation d'amis communs…
« En somme, songeait Mazère, du courant ! Le vieux, atteint, comme beaucoup de vieillards, de la manie des voyages, est parti se promener. Il n'y a qu'à diffuser son signalement et attendre ».
Quand avez-vous vu, M. Gravelot pour la dernière fois ? questionna-t-il.
Le financier, sa femme et sa fille se consultèrent du regard.
Hier après-midi… Il était peut-être cinq heures.
Cinq heures, c'est cela, affirma M me Grollet. En cette saison, c'est l'heure de sa promenade, dans le parc. Je l'ai vu s'éloigner le long de l'allée centrale.
Personne n'a revu M. Gravelot après sa promenade ?
Personne. Vers sept heures, mon oncle ne descendant pas pour le dîner, je suis montée dans sa chambre. Elle était vide. J'ai chargé Jean, le maître d'hôtel, d'appeler, de parcourir le parc en criant. Tout cela n'a rien donné. Au village, les recherches ont également été vaines.
Le maître d'hôtel a-t-il pensé à la gare ?
Bien entendu. Et mon mari est allé lui-même interroger le chef de gare. Ce dernier n'a délivré que deux billets hier : deux représentants de commerce qui se rendaient au village voisin.
M. Gravelot aurait-il pu louer une voiture ?
Oui. Le garagiste possède un taxi, reprit Grollet. Je l'ai vu sans plus de résultat. Mon oncle a pu arrêter une voiture particulière…
Faire de l'auto-stop ! sourit le policier. C'est fort possible, c'est même l'hypothèse qu'il nous faut admettre. Et où ses deux premières fugues ont-elles mené M. Gravelot ?
Le financier haussa les épaules avec indulgence.
À Paris. Mon oncle avait éprouvé le besoin subit d'examiner ses diamants, une assez belle collection dont il confie la garde à un bijoutier de la rue de la Paix. Il voulait en même temps, a-t-il prétendu, vérifier l'état de son compte en banque. Alors qu'un coup de téléphone l'aurait renseigné sur-le-champ ! Vous le voyez : des enfantillages de vieillard, si j'ose dire !
En effet… Donc, si fugue il y a, c'est à Paris que nous retrouverons votre oncle ?
Grollet hocha la tête.
C'est ma conviction.
Au fait, le disparu a-t-il emporté des bagages, du linge, des vêtements ?
Les trois autres se regardèrent, penauds. Ils avaient négligé de se préoccuper de ce qu'ils considéraient comme un détail. Ce n'était pourtant pas l'émotion qui les bouleversait !
Grollet s'empressa.
Je vais charger Jean de vérifier…
Mazère se leva, s'arrachant non sans peine au profond fauteuil club qui l'ensevelissait à moitié.
Inutile. Si vous le permettez, je préfère visiter moi-même la chambre de M. Gravelot.
Deux minutes plus tard, il était fixé : l'oncle n'avait rien emporté avec lui, ni linge ni objets de toilette. L'argent ?
Le financier ouvrit un tiroir en expliquant :
Il y a deux jours, il a placé ici une somme de dix mille francs, montant d'un chèque qu'il venait de toucher.
Il attira à lui une liasse, compta dix coupures.
Curieux, murmura-t-il. Il serait parti avec quelques dizaines de francs ! Il ne portait jamais plus sur lui…
Sa désinvolture faisait place maintenant à une certaine anxiété. De son côt

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