Monsieur Paterson nous mène en gondole
60 pages
Français

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Monsieur Paterson nous mène en gondole , livre ebook

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Description

Jim PATERSON alias « Mister Silence » et Betty, son épouse, sont en voyage de noces à Venise.


Par une nuit claire, lors d’une promenade en gondole sur la lagune, le couple aperçoit une embarcation abandonnée.


Intrigué, Jim PATERSON demande au batelier de s’approcher du frêle esquif pour monter à bord. Dans la cabine, il découvre une inconnue poignardée à mort. À côté d’elle, un carton à chapeau renfermant... une tête de femme... en cire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 janvier 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070038307
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

- 1 -

MONSIEUR PATERSON
NOUS MÈNE EN GONDOLE

Récit policier
CHAPITRE PREMIER
 
La nuit était claire et la lune brillait très haut dans le firmament. On apercevait les lumières de la Piazza San Marco et le feu de San Giorgo, de l'autre côté de la lagune ; le pope poussait sa romance sentimentale en même temps qu'il poussait sur sa rame, pour faire avancer l'esquif.
Betty, rêveuse, blottie contre Paterson, réalisait qu'elle vivait une merveilleuse soirée et bénissait le destin de l'avoir créée avec un petit rien de sentimentalité dans le cœur.
Depuis qu'elle avait épousé Paterson, depuis, qu'avec son aide, elle avait pu reconquérir la colossale fortune de son père, elle avait retrouvé la paix. C'était, un peu, un voyage de noces qu'ils faisaient à Venise. Un second voyage, mais sans alertes, celui-là... (1)
La lagune était polie comme un miroir. Pas une ride sur l'onde moirée où se miraient les flancs vernis de la gondole...
— Ohé... Pope ! Ohé !...
Le gondolier hélait une embarcation qui semblait abandonnée au milieu de ce merveilleux lac et, comme nulle voix ne répondait à son appel, il rama de ce côté sans hésiter.
— Vous m'excuserez, signor, dit-il à Paterson, et que la signora me pardonne également, mais je vois là quelque chose d'anormal !
Le brave homme aborda l'esquif et se pencha, en même temps que Paterson, vers le felze, dont les rideaux, soigneusement tirés, ne laissaient pas voir l'intérieur.
— Y a-t-il quelqu'un ? demanda discrètement le pope, avant de les écarter.
Pas de réponse. Un silence de mort. Étrange, parce que les deux hommes « sentaient » qu'il y avait quelqu'un, en fait, derrière ces rideaux.
Vivement, Paterson les écarta et regarda. Il retint un cri de surprise et, sautant dans la gondole, examina rapidement un objet curieux qu'il avait vu briller dans l'ombre. C'était un éclat doré que la lune arrachait à la surface lisse d'un métal brillant. Ce métal brillant constituait la coquille d'un poignard vénitien. Après la coquille venait, comme toujours, une lame... Mais ce qui était extrêmement particulier, en l'occurrence, était bien que cette lame s'était manifestement trompée de fourreau et était resté enfoncé jusqu'à la garde dans la charmante poitrine d'une inconnue, qui gisait, inerte, sur les coussins de la cabine.
Paterson tâta le cœur. Il avait cessé de battre. Le corps était encore tiède, mais aucun souffle ne l'animait. La mort avait fait son œuvre mystérieuse, en cette belle nuit, sur la lagune chère à tous les amoureux du monde.
Betty, qui avait suivi du regard les gestes de son mari, considérait ce spectacle, sidérée. Le cadavre était seul à bord. Le gondolier avait-il assassiné sa cliente ? C'était peu probable. Il avait plutôt été lui-même expédié ad patres et précipité dans l'eau !...
— Il faudrait prévenir les autorités ! proposa Paterson. 
— Si, signor ! approuva le pope, pensif.
Il n'avait pas l'air tellement enthousiasmé par la perspective d'être mêlé à une affaire aussi sombre.
Paterson comprit qu'il n'accepterait jamais de prendre l'esquif en remorque.
Machinalement, il inspecta l'intérieur du felze et n'y vit rien de bien particulier. Le sac à main de la victime était tombé à ses pieds, près d'une sorte de boîte à chapeau en cuir. Paterson passa le sac à Betty, et la boîte à chapeau suivit...
— Maintenant, rentrons !... Nous avertirons la police au poste de San Marco ! lança allègrement le gondolier.
Il écarta vivement son esquif, d'un coup de rame, et navigua vers la Piazzetta, comme s'il avait eu une demi-douzaine de brûlots flottants derrière lui.
Pensive, Betty examinait le passeport de la morte, qu'elle venait de trouver dans son sac. Il s'agissait d'une certaine Paola Grezoti, 25 ans, demeurant en ville : via Garibaldi.
Paterson, curieux, ouvrit le carton à chapeau et étouffa un cri de stupéfaction. Dans la boîte, il y avait une tête de femme, dont la face blême était tournée vers lui.
—  Damned ! J'ai horreur du macabre ! grogna Paterson.
Betty détourna les yeux, la gorge serrée par une indicible angoisse.
— C'est atroce ! gémit-elle.
— Non ! C'est en cire ! murmura Jim, détendu.
Il avait, en effet, sorti la tête de son logement et constatait qu'il s'agissait d'une reproduction, grandeur naturelle, fort bien faite, d'ailleurs.
Mais, ce qui frappait était l'expression horrifiée de ce visage de cire. On eût dit qu'un cri d'horreur s'était arrêté là, sur ces lèvres entrouvertes, tordues par un rictus désespéré.
Paterson referma la boîte à chapeau, songeur.
— Quel rapport peut-il bien y avoir entre la mort de cette femme et l'étrange manie de se promener avec un pareil colis ? Était-ce un inconscient pressentiment de la fin qui l'attendait, qui la poussait à transporter avec elle cette étrange reproduction ?
Jim avait une mémoire merveilleuse. Il classait ses idées, méthodiquement, et elles défilaient ensuite, nettes, précises, dans l'ordre.
— Cette cire n'est pas le moulage du visage de la morte ! dit-il à Betty. Et d'un. Ensuite, elle est signée d'un certain Bragora. Il faut croire que ce Bragora n'est pour rien dans l'affaire, car il n'eût pas signé la tête. Et de deux. Le gondolier a disparu. Il a été tué ou bien était complice. Il suffit de vérifier à l'embarcadère. J'ai relevé la référence de l'esquif… Il provient de la station du Zattere...
Il était près de minuit.
La piazza San Marco était toute proche, maintenant. Paterson demanda au pope d'aborder un peu plus bas, vers la riva delli Schiavoni.
Il aida Betty à monter à terre, sauta près d'elle et désigna les pièces à conviction au gondolier :
— Avisez la police, mon ami... Je suis persuadé que votre collègue est au fond de l'eau. Faites ça pour lui !
Il devinait bien que l'autre voulait le retenir, mais il avait décidé, de son côté, de ne point entrer en rapport avec la police du cru. Il avait horreur des complications et, par ailleurs, cette affaire l'intéressait. Elle débutait d'une façon trop singulière pour être banale.
— Je vais moi-même déposer dans cette affaire ! précisa-t-il. Nous nous retrouverons certainement au premier poste.
Betty avait compris. Elle avait déjà pris les devants. Quelques minutes plus tard, ils étaient installés tous deux à la terrasse du Florian et dégustaient un café frappé.
— Qu'en penses-tu, Jim ? Passionné, hein ? Je vois cela ! sourit la jeune femme.
— Et toi ? Hein !... Ma petite Betty, on pourrait mettre le nez là-dedans sans inconvénient. Si tu voulais...
— Tu sais bien que je veux toujours ce que tu veux ! coupa doucement l'ex-M lle  Souris (2) .
— Jamais je n'ai connu une femme comme toi, Bet !... Tu es positivement extraordinaire ! convint Jim, paisible. Et cette femme aussi était extraordinaire... comme son aventure ! Cette tête, signée Bragora ; cette mort dans la lagune... Enfin, nous verrons bien... Si nous allions nous coucher, ma splendeur adorée ?
— O. K., Jim !... La splendeur adorée est consentante ! Mais, je suppose que tu as déjà ta petite idée bien arrêtée dans la tête ?...
— Naturellement ! admit Jim en se levant.
Il prit le bras de sa femme sous le sien et l'entraîna doucement dans la nuit tiède.
— Et cette idée ? insista Betty.
...

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