Mort par procuration
62 pages
Français

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Description

Jim PATERSON, alias « Mister Silence », et son épouse, sont des miraculés. Survivre à l’explosion de l’avion qui les ramenait aux États-Unis, être repêché en plein milieu de l’océan par un cargo de passage... cette chance a de quoi faire enrager la Main Jaune, le terrible chef d’un groupe criminel, qui a juré la perte du couple.


Les mariés trouvent du réconfort chez Mister Bradley, le tuteur d’une amie d’enfance de Betty, qui organise un bal masqué pour changer les idées à la jeune femme.


Mais, alors que la fête bat son plein et que Jim PATERSON s’inquiète de ne plus voir sa dulcinée, les lumières se coupent brutalement et, quand elles se rallument, un cri atroce retentit...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070036105
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

- 5 -

MORT PAR PROCURATION
Récit policier
CHAPITRE PREMIER
 
L'orchestre jouait « Honey moon in blue » et c'était absolument irrésistible. Les couples s'endormaient dans la béatitude, dans l'ombre voilée de violine et l'on avait l'impression de s'extravaser dans l'absolu.
— Vous avez eu une sacrée veine de vous en sortir ! grogna Bradley en levant son verre.
— Un peu, oui ! sourit Paterson.
Il lorgna Bradley, pensif. Joe Bradley, le roi de la bretelle en caoutchouc, mesurait un mètre quatre-vingt-dix à vue d'œil et devait peser dans les cent kilos. Paterson calcula que, pour le culbuter d'un coup d'épaule, il faudrait serrer rudement la prise et y aller de tout son poids. Il hocha la tête et posa son verre de dry.
— Vous savez, murmura-t-il, dans un accident, on ne sait jamais... On s'en sort, ou on y reste. On n'a rien fait pour cela !
Il pensa à la rose rouge trouvée dans les bagages de Betty, sa femme, à l'accident du Clipper « éclaté » en plein vol, à six heures de vol de la côte, à cette nuit de détresse et d'efforts à l'issue de laquelle Betty et lui avaient pu être recueillis par un cargo faisant route sur les Bermudes... Il pensa aussi à ce pauvre Lawrey, qui devait être maintenant digéré par quelque requin astucieux adorant le G-Man en perdition... (1)
— Je tiens à vous remercier de tout cœur, reprit Paterson. Votre invitation a été très agréable à Betty. Je suis heureux de la voir bavarder avec votre pupille Virginia... Elle se détend...
— Virginia et Betty étaient de vieilles amies ! ponctua Bradley. Quand les journaux nous ont appris votre aventure, Virginia n'a eu de cesse que je vous retrouve et que vous soyez des nôtres !...
Paterson opina, songeur.
Bradley était aimable et empressé. C'était un hôte exquis. Et, pourtant, Jim ne parvenait point à se départir d'une sorte de réserve à son endroit.
— Cigare ?
— Non, merci... je préfère une Gold Flake...
Paterson observa la salle un instant. Le slow était terminé et une charmante Colombine blonde, dont le loup de velours noir ne faisait que souligner le teint laiteux et la grâce innée, vint vers lui :
— Hello, dearling, vous n'avez pas dansé ?
— Je vous admirais, Betty !
— Vous êtes triste, dear, qu'est-ce qui ne va pas ?
— Mais rien... je vous assure ! Vous êtes ravissante, ma chérie, dans ce costume !
— Et moi, Mr. Paterson ? Comment me trouvez-vous ?
Paterson se retourna et reconnut Virginia sous un déguisement exquis de jeunesse qui la transformait en sultane des Mille et une Nuits.
— Levez le masque, Virginia, sourit Paterson. Je vous ai identifiée !
— Vous avez triché, Jim ! protesta la jeune fille.
— Non pas ! Mais j'ai parfaitement reconnu le timbre de votre voix !
Betty se mit à rire :
— Il est pourtant exact que l'on s'y méprendrait ! Le silence nous unit dans l'incognito, Virginia ! Nous sommes aussi blondes l'une que l'autre, et, si nous gardions le masque et si nous nous murions dans le mutisme, Jim lui-même ne saurait plus qui, de vous ou de moi, est son épouse !
Bradley s'était éloigné. Un maître d'hôtel lui avait glissé quelques mots à l'oreille et, après un salut discret, le roi de la bretelle en caoutchouc s'était éclipsé.
Cette réunion était parfaitement réussie et bien digne de lui. Paterson calcula qu'elle devait bien coûter à elle seule autant que les salaires de tous les musiciens et des maîtres d'hôtel réunis durant un mois.
— Champagne, dearling ?
— Je suis au whisky, mille regrets, Betty.
Betty était heureuse. Et Paterson s'en réjouissait. C'était la première fois qu'il la voyait gaie depuis les événements qui avaient si tragiquement marqué sa vie.
Betty attira Virginia dans un coin et lui parla durant quelques instants, sans perdre Jim des yeux. Virginia laissa perler un rire frais et acquiesça vivement.
— Que manigancez-vous, toutes deux ? s'enquit Paterson.
— Chut ! c'est un mystère  ! Dearling, je veux absolument vous dérider ce soir ! Vous faites une figure d'un autre siècle ! Vous auriez dû suivre mon conseil et vous déguiser en Arlequin !
Légères, les deux jeunes femmes se sauvèrent, bras dessus, bras dessous, en lui promettant de revenir près de lui sans retard.
Jim haussa doucement les épaules. Gamineries que tout cela ! Mais il fallait bien que Virginia et Betty montrassent quelque entrain, puisque cette soirée était en définitive donnée en leur honneur ! Tout le high-life en avait parlé pendant huit jours avant et en discuterait huit jours encore après !
Paterson s'accouda au buffet et avala distraitement un verre de Rye, d'un trait, ce qui lui gagna immédiatement le respect du boy de service.
Il alluma une cigarette et chercha à définir l'impression qu'il ressentait depuis le début de cette fête de nuit. Ce n'était pas de l'ennui. Ce n'était pas de la fatigue. C'était comme une gêne.
— Un sale pressentiment, voilà ! conclut-il, après avoir fumé trois Gold Flake. Un sale pressentiment, comme j'en ai toujours eu quand il allait y avoir du grabuge !
Il perçut, par la fenêtre ouverte près de lui, le lointain vrombissement d'un avion et, distraitement, se rapprocha de la baie pour inspecter le ciel.
Le ronronnement devint plus net et Jim eut bientôt la certitude que l'appareil survolait la propriété de Joe Bradley.
— Un avion de faible puissance, quelque chose comme un touriste ou un hélicoptère ? se dit Paterson.
Il rentra et commanda un nouveau Rye au buffet, pour s'éclaircir les idées. Au même moment, l'électricité faiblit, les lampes clignotèrent étrangement dans la salle. On eut l'impression que tout allait s'éteindre, puis, après trois chutes de tension très nettes, le courant redevint normal.
L'avion vrombissait toujours au-dessus de la maison.
Brusquement, l'orchestre attaqua un boggie endiablé et les saxos gémirent si fort que Paterson n'entendit plus le moteur. Machinalement, il s'approcha à nouveau de la baie et passa sur la terrasse. On ne percevait plus rien...
— Étrange ! grogna Paterson. Si le zèbre a calé son moteur au-dessus de la propriété, il va sûrement emboutir un arbre flans le parc ? Ma parole, on croirait que la chute de tension qui s'est manifestée dans l'éclairage a aussi produit ses effets sur son moulin !
Inquiet soudain, Paterson regagna le salon et chercha Betty des yeux.
Il ne la vit point et s'en alarma.
— Qu'est-ce qu'elles sont allées faire toutes les deux ? Virginia est une grande gosse et Betty, toute à la joie d'être de retour aux U.S.A., semble oublier qu'elle a risqué sa vie en Europe et que le risque ne s'est pas noyé dans l'Atlantique avec ce pauvre Lawrey !
Il inspecta les salons voisins, sans apercevoir Betty...

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