Morte à jamais
66 pages
Français

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Description

Norma Briss... Frieda Klosterman... Christiane Roublier... Nelly Graveleur... Douchka Klisnier voire « Douchka l’aventure », autant de noms, de personnalités, de fausses vies... de quoi y perdre la sienne...


Surtout lorsque l’on désire en changer, se ranger, tester les joies d’une existence normale, sans arnaque, sans mensonge, sans haine...


Mais, pour quitter définitivement « l’association » à laquelle elle appartient, elle n’a que deux possibilités extrêmes : tuer... ou mourir...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782385010560
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MORTE À JAMAIS
Roman policier

par J.A. FLANIGHAM
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE PREMIER
 
Albert Brisset consulta son bracelet-montre pour la cinquième fois en trois minutes, il sourit, un peu niaisement, au barman qui l'observait dans un regard ironique, et, plus pour se donner une attitude que par besoin, il commanda un second porto-flip, tout en lorgnant dans la glace du bar, les clients de l'hôtel qui se pressaient dans le hall. Étonné, il se regarda lui aussi, essayant de bien s'imprégner de cette vérité déconcertante : lui, Albert Brisset, négociant, attendait, impatient comme un jeune collégien, l'arrivée de la merveilleuse Christiane Roublier. Comment avait-il pu séduire une femme de cette classe, aussi parfaitement racée, belle et fabuleusement riche ?
Frisant la cinquantaine, légèrement bedonnant : Albert Brisset n'avait rien d'un Don Juan. Veuf à trente ans, il s'était depuis consacré à asseoir plus confortablement une fortune déjà rondelette, se méfiant des femmes et de l'aventure.
Il avait rencontré Christiane Roublier, un mois plus tôt, au cours d'un voyage parisien. Elle lui avait été présentée par une vague relation, et il avait été aussitôt ébloui par la classe de cette jeune femme de vingt-cinq ans, aux longs cheveux auburn, à l'étrange visage allongé, au merveilleux corps souple. Suprêmement élégante, elle l'avait déconcerté tout d'abord, étonné ensuite, subjugué en définitive. Il se savait son opposé, dans tous les domaines. Issu d'un milieu petit-bourgeois, Brisset avait trop le sens et le goût de l'épargne pour ne pas trouver ahurissante la façon dont Christiane Roublier vivait, dépensait, agissait. Veuve d'un richissime Colombien, elle parlait avec mépris et ennui de ses plantations lointaines, de son avion personnel, de son yacht.
Parfois, en l'écoutant évoquer, de sa belle voix lasse, quelques souvenirs sur son bref mariage, Albert ne parvenait pas à comprendre comment elle pouvait lui laisser l'espoir de devoir un jour remplacer son milliardaire de mari. Qu'était-il, lui, et son entreprise, ses trente millions d'avoir ? Il avait osé lui poser la question, l'avant-veille, avant qu'il ne quitte Paris pour la retrouver en Suisse, et elle avait eu un merveilleux sourire dédaigneux pour répondre, mélancolique :
— Vous êtes stable, sûr, du moins je le pense… un roc. J'ai horreur de l'aventure et des petits jeunes gens prétentieux. Par certains côtés, vous me faites penser à Pépito.
Et, languissante, elle lui avait tendu sa main à baiser.
C'était tout œ qu'elle lui avait accordé jusqu'alors, le droit de porter sa main à ses lèvres, celui de glisser son bras sous le sien... Mais, tout cela allait changer. Les affaires de Christiane l'appelaient en Suisse, et elle avait permis qu'Albert l'y retrouve. Elle lui avait laissé entendre qu'elle saurait prendre, loin de Paris, des décisions importantes concernant son avenir, ceci accompagné d'un sourire lourd de promesses.
Albert sursauta, il se sentit rougir, et il sauta de son tabouret pour aller à la rencontre de Christiane. Elle était tout simplement exquise dans une robe extrêmement simple qui devait coûter une petite fortune. Les hommes, instinctivement, la contemplèrent avec une lueur d'envie, et Albert se redressa pour prendre son bras nu et tiède dans sa puissante main, moite soudain d'un irrépressible émoi.
— Je vous attendais dans une impatience fébrile !
Elle eut un sourire distrait, il constata qu'elle paraissait crispée, le bleu vert de ses yeux virait au gris.
— Je suis folle de colère, dit-elle d'une voix frémissante.
— Cela n'altère en rien votre beauté...
Les belles lèvres eurent ce frémissement dédaigneux qui flanquait toujours une infinité de complexes à Brisset.
— Cela altérera certainement ma bonne humeur, et je crains fort d'être ce soir une compagne désagréable, cher Albert...
Elle commanda un Manhattan, sortit un long fume-cigarette de son sac. Albert se précipita pour lui offrir du feu, elle le remercia d'une lente inclinaison de tête, et, au passage, une fois de plus, il admira la superbe émeraude qui scintillait à son annulaire droit.
Elle se lissa le front, et dans une petite grimace d'ennui :
— Je crois qu'il serait préférable de remettre ce dîner à demain, Albert. Je vais être une compagne ennuyeuse au possible pour ce repas... Je n'arrêterai pas de ressasser ma colère et mes ennuis…
La grimace s'était lentement atténuée pour se transformer en une adorable moue enfantine. Albert réalisa là tout le contraste de Christiane : par certains aspects, elle était femme, terriblement, par d'autres, tout un côté assez puéril, à la fois déconcertant et rassurant, transparaissait soudain. C'était là la femme qu'il aimait, celle que tout homme, dans son orgueil et sa force, souhaite de chérir et de protéger, et il sourit, indulgent, pour questionner, posant sa main sur celle de sa compagne :
— Je me demande, certes, quels peuvent être les ennuis capables de faire trembler ces jolies lèvres ?
Elle sursauta, pour le toiser, frémissante de colère :
— Vous autres hommes, et ce mépris de certaines considérations !
Le sourire d'Albert s'accentua :
— Faudrait-il encore que je sache de quelles considérations il retourne ?
— Cela ne saurait en aucune façon retenir votre attention... Dans certains cas, les hommes les plus compréhensifs ne parviennent pas à comprendre dans toute leur ampleur certains soucis féminins.
Il éclata de rire :
— Voilà bien l'inconséquence féminine ! Vous en faisiez un drame tout à l'heure pour reconnaître maintenant qu'il ne s'agit que de petits soucis...
Elle lui jeta un regard à rentrer sous terre, et, son beau visage soudain véhément levé vers lui, répondit :
— J'aimerais vous voir à ma place !
Elle fouilla fébrilement dans son sac, en sortit une lettre qu'elle posa sur la table. Il questionna du regard, et elle ordonna :
— Lisez !
La lettre portait l'en-tête d'un grand joaillier genevois. Elle confirmait à M me  Christiane Roublier l'arrivée d'une parure diamant émeraude, dont le modèle avait bien voulu retenir son attention lors de la visite d'un représentant à son hôtel particulier. Une certaine Marquise de Vries, étant également intéressé par la parure, le joaillier conseillait à Christiane Roublier de bien vouloir se décider d'urgence. Étant donné leurs excellents rapports commerciaux, ils lui accorderaient naturellement la préférence.
— Et alors ? Vous êtes arrivée trop tard, chère amie ?
Sa longue main pianotait nerveusement le rebord du bar. Ses yeux lancèrent des éclairs :
— J'avais ordonné à mon homme d'affaires de faire transmettre un important virement à mon compte en banque. Cet imbécile n'en a rien fait. Dès réception de cette lettre, je suis allée chez le joaillier, j'ai téléphoné à la banque, puis à mon homme d'affaires... Il est absent de Paris jusqu'à après-demain. L'affaire va me passer sous le nez... Et tout cela pour sept malheureux millions...
Elle eut un geste excédé, et Albert, syncopé, pensa :
« Fichtre, comment elle y va ! Sept malheureux millions... »
— La parure vaut treize millions, reprit Christiane avec un geste excédé et je n'en ai que six à ma disposition jusqu'à mardi matin. Malheureusement, mardi matin, il sera trop tard...
Elle hocha la tête et, fixant sur le visage sceptique d'Albert son beau regard soudain vindicatif :
— Vous ne pensez pas qu'il y a de quoi être en colère ?
— Non, dit Albert, franchement, non !
— Vous êtes bien un homme.
Il sourit, désarmé :
— Vous pouvez toujours remettre une option sur cette parure, je pense ?
Elle eut un haut-le-corps :
— Moi, Christiane Roublier, veuve de Pépito Roublier, le magnat ? User de ces procédés d'épicière ? Décidément, mon ami...
Le « décidément » replaçait définitivement Albert au rang de gagne-petit, de tâcheron de la finance où, vraisemblablement, elle l'avait situé lorsqu'il lui avait été présenté, et il se sentit désarmé. Désarmé, soudain très bête et un peu ridicule.
— Comprenez-moi, insista Christiane, il y a, demain, à Lausanne, chez le Marquis d'Ampierre dont je vous ai parlé, je crois, une réception sensationnelle. Je m'étais fait une fête d'y arriver avec cette parure... à votre bras, Albert...
Elle regarda son verre, et, d'une voix très enfantine :
— Je prendrais bien un Manhattan...
Il s'empressa d'appeler le barman. Christiane, la veille, lui avait fait admirer au passage la magnifique propriété des d'Ampierre, de vieux amis à elle... Elle lui avait laissé entendre qu'il n'était pas impossible qu'elle annonce ce soir-là ses fiançailles.
Il sourit, et, penché vers elle, d'une voix soudain très tendre :
— Ma chère, j'ai une idée... Ne pourrions-nous, tout à l'heure, passer ensemble chez le joaillier ? Je suis venu en Suisse pour traiter, comme je vous l'avais dit, une importante affaire... Je peux disposer de...
Rouge de colère, elle eut un frisson, et, d'une voix rauque :
— Comment osez-vous ? Comment avez-vous pu penser, une seule seconde, que j'accepterais, que l'idée même me viendrait de vous conter mes ennuis pour que vous me... dépanniez, c'est bien le terme ?
Ses yeux s'emplirent de larmes et, un ton plus bas, elle poursuivit :
— Vous me voyez arrivant chez « Grabson » et vous, sortant votre carnet de chèques ? Que penserait Grabson ? Que je suis ruinée, et que je me fais entretenir, comme une cocotte ?
...

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