Mrs Chandley joue du trombone
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Mrs Chandley joue du trombone , livre ebook

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Description

Mister NOBODY est bien décidé à prendre du repos, en compagnie de son fidèle serviteur Jonas Cobb, alias Froggy, loin de la ville de Londres, en s’installant dans une villa calme et isolée, non loin de la plage.


Isolée ? Elle le serait si Mrs Chandley ne vivait point dans le charmant cottage voisin.


Calme ? Encore faudrait-il que Mrs Chandley, toutes les nuits, ne soufflât pas dans un trombone au sein d’un groupe de jazz formé de ses invités.


Mais, quand on est aussi mauvais musiciens, on doit avoir un bon motif, autre que le goût des harmonies, pour orchestrer une telle cacophonie.


Et Mister NOBODY se fait fort de découvrir la raison pour que, chaque soir, Mrs Chandley joue du trombone...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9791070038109
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mrs CHANDLEY JOUE DU TROMBONE

Par
Edward BROOKER
CHAPITRE PREMIER
CLACTON-ON-SEA
 
— Rien de tel, mon très cher Froggy, que le calme de la campagne et la proximité de la mer pour former un lieu de villégiature idéal, dit Mister Nobody. J'espère que vous partagez entièrement mon opinion à ce sujet ?
— Heu !... répondit Jonas, avec une expression de mélancolie sur sa face de batracien, bien sûr, je ne dis pas non, Monsieur. J'ai toujours aimé la tranquillité et les plaisirs maritimes, surtout quand le paysage est égayé.
— Qu'appelez-vous « un paysage égayé » ? Vous avez quelquefois, old fellow, de ces expressions bizarres, incompréhensibles.
— Je m'explique, Monsieur : égayé par la belle devanture d'un bar dont le comptoir, joliment fourni en whiskies, brandies, gins, etc., présente toute une gamme de couleurs, enfermées en bouteilles, réjouissantes à l'œil et appétissantes en diable.
L'aventurier ne put s'empêcher de sourire.
— Ah ! je vois où le bât vous blesse. Décidément, c'est toujours la même rengaine avec vous. Vous n'êtes ni un amateur de la nature ni un homme aspirant au repos et qui oublie les vices de la ville. J'ai eu tort de vous emmener ici avec moi ; vous ne sauriez profiter des avantages incomparables de notre nouvelle résidence. Blague à part, mon vieux, à partir d'aujourd'hui, pas une goutte d'alcool ne franchira vos lèvres. Finis les beuveries et le reste ; nous devons, pendant quelque temps, nous retaper de nos fatigues, mener une vie saine et agréable. C'est compris ?
— Très bien ! mais encore faut-il que votre « ukase » soit strictement respecté des deux côtés ; ne vivons-nous pas dans une démocratie ?
— Que me chantez-vous là, dear boy ?
— S'il m'est interdit de m'ingurgiter une seule goutte d'un honnête old scotch, vous n'êtes pas davantage autorisé à courir les femmes. Souvenez-vous du paragraphe 3 de nos conventions : « Les deux contractants possèdent les mêmes droits et des devoirs identiques, et il ne saurait être question de favoriser l'un au détriment de l'autre tant que durera leur association ». Donc, en m'obligeant à renoncer au whisky, la justice exige que vous abandonniez les femmes.
— Qui vous dit que j'ai l'intention de conter fleurette à une belle ? Je vous le répète, Froggy, nous ne sommes venus ici que dans l'unique but de nous délasser et pour rien d'autre.
— Ouais ! vous dites ça. Toutefois, l'expérience m'a appris que vous succombiez trop facilement à la tentation. À Venise, nous devions, également, mener l'existence la plus paisible et la plus sage. Or, qu'advint-il de notre dolce farniente, hein ? (1)
— Ma parole, vous êtes complètement idiot ! Aujourd'hui, je n'ai nulle envie de continuer cette discussion.
— Comme il vous plaira, Monsieur.
La conversation avait lieu dans une petite villa située à deux milles de Clacton-on-Sea, où le gentleman-cambrioleur et son inséparable Jonas Cobb venaient de s'installer afin d'y passer leurs vacances en toute quiétude. Mister Nobody aurait préféré louer une maison dans la ville même. Hélas ! tout était complet et force lui fut de chercher dans les environs. Après maintes démarches, il s'estima heureux de trouver cette charmante habitation, un peu petite — elle ne comportait qu'un étage —, mais dont l'aspect lui plut à première vue.
Il y avait, cependant, un léger inconvénient : ce cottage n'était séparé de la propriété voisine — fort luxueuse celle-là — que par un parc peu profond et une espèce de clôture en bois blanc.
Évidemment, pour quelqu'un qui recherchait la solitude, ce n'était point le rêve de savoir des inconnus si près de soi. Cependant, la côte regorgeant de monde, les deux arrivants en quête d'un logis durent se contenter du seul susceptible encore d'être loué.
L'aventurier se sentait réellement fatigué, déprimé aussi par son aventure avec la pseudo-comtesse de Monfalcone, une des rares femmes qu'il eut sincèrement aimées. Au souvenir de cette dernière, il ressentait encore une amère et cuisante déception. Après leur départ de la Cité des Doges, ils avaient rejoint Londres par la voie la plus rapide, mais le jeune homme s'ennuyait dans la capitale et il décida, brusquement, de la quitter pour aller prendre un peu de repos à la campagne, dans un site proche de la mer. Le hasard le conduisit, avec son fidèle compagnon, à Clacton-on-Sea ou plutôt dans les environs de cette station balnéaire.
La vue qu'on avait de la villa était vraiment splendide et, en dépit de l'ennui du voisinage, les deux hommes se félicitèrent de trouver une demeure confortable, plaisante en tous points, sauf par son loyer que s'avérait assez cher, très cher même. Enfin ! les avantages multiples du cottage leur firent oublier que la location serait fort onéreuse pour leur budget.
— Oui, trêve de balivernes ! reprit Mister Nobody, après un instant de silence, je ne tiens nullement à discuter de ces choses avec vous ; vraiment, vous paraissez borné et plein d'un entêtement qui sera bien capable de vous nuire un jour. Je n'insiste plus, je me sens las et je vais faire un petit somme. Plus tard, nous sortirons, ensemble.
— Entendu, Monsieur.
— Vous avez une mine de papier mâché et vous feriez bien d'imiter mon exemple, voici le conseil que je vous donne,
— Navré, Monsieur, de ne point pouvoir l'écouter. Je déteste dormir au cours de l'après-midi, ma digestion s'en ressent et, de toute la nuit, je suis incapable de fermer l'œil.
— Pourtant, d'ordinaire, vous ne paraissiez pas dédaigner une sieste... à n'importe quelle heure, me suis-je trompé ?
— Autrefois, en effet, je m'accordais un sommeil diurne, certain que je reposerais aussi bien, plus tard.
— Vraiment ! et pourquoi donc ?
— Parce qu'ayant ma ration habituelle d'alcool dans le ventre, je n'avais pas lieu de craindre l'insomnie. Maintenant, avec votre sévère interdiction, j'ai peur de demeurer éveillé. Voyez-vous, Monsieur, les scotches et whiskies représentent pour moi les meilleurs des somnifères et, dès que j'en manque...
— Assez ergoté là-dessus, Froggy, faites-en votre deuil ! Il est grand temps que vous songiez à votre santé et commenciez une cure de désintoxication ; voici le moment...

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