Ne réveillez pas le chagrin qui dort
156 pages
Français

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Ne réveillez pas le chagrin qui dort , livre ebook

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Description

Un matin de printemps, alors qu’elle feuillette le journal en sirotant son café, Anne Delagrave tombe sur l’avis de décès d’une femme qui lui ressemble comme un sosie. Comment est-ce possible? Qui était-elle? Pourquoi est-elle morte si jeune? Et si son père, le redoutable juge Delagrave, avait eu une fille illégitime? Et si, pire encore, il l’avait aimée plus qu’elle-même?
Commence alors une enquête fébrile dans laquelle Anne, journaliste de métier, se lance corps et âme, malgré l’avis de ses proches. Multipliant les rencontres et les recherches, elle remontera le fil de l’histoire d’Élisa, levant le voile sur des vérités qu’elle aurait sans doute préféré ignorer…
Un drame psychologique enlevant qui se déroule à l’aube des années 1980, nous rappelant au passage le contexte social bouillonnant de l’époque, en particulier pour les femmes portées par les grands vents de la liberté.
En arrivant à la rubrique nécrologique, j’ai consulté machinalement la liste des défunts du jour, comme je le faisais chaque matin. Un rituel auquel s’adonnait aussi ma mère qui épluchait religieusement les avis de décès en quête d’une amie, voisine ou connaissance disparue la veille. On aurait dit Diane chasseresse traquant le gibier. Oscillant entre soulagement et nostalgie, elle se demandait pourquoi une telle avait levé les pattes, alors qu’elle-même était encore de ce monde.
Soudain, mes yeux se sont fixés sur une photo en noir et blanc. Mon portrait tout craché. Ça alors! J’ai failli tomber en bas de ma chaise. Mêmes cheveux raides et pâles encadrant un visage rond, même nez en trompette, même regard anxieux... Qui donc était cette morte qui me ressemblait comme deux gouttes d’eau? J’ai lu la notice nécrologique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 août 2021
Nombre de lectures 21
EAN13 9782764441503
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De la même auteure
Maison Saint-Gabriel, un musée, une histoire et des jardins , Les éditions La Presse, 2018.
Rue des Remparts , Québec Amérique, 2017.
La Saga des Papineau , Québec Amérique, 2013.
L’enfant poison , City Edition, 2013.
Rosalie Jetté et les filles tombées au XIX e siècle , Leméac, 2010.
Lady Cartier , Québec Amérique, 2005 ; Guy Saint-Jean Éditeur (édition en grands caractères), 2015.
«Catiche et son vieux mari », nouvelle publiée dans Récits de la fête, Québec Amérique, 2000.
Paul-Émile Léger : Le dernier voyage , Les Éditions de l’Homme, 2000.
Le Prince de l’Église et Dans la tempête , édition condensée, Les Éditions de l’Homme, 2000.
Dans la tempête : le cardinal Léger et la révolution tranquille – Tome 2 , Les Éditions de l’Homme, 1986.
Un bon exemple de charité. Paul-Émile Léger raconté aux enfants , Grolier, 1983.
Le Prince de l’Église : le cardinal Léger – Tome 1 , Les Éditions de l’Homme, 1982.
Le frère André : L’histoire de l’osbcur portier qui allait accomplir des miracles , Les Éditions de l’Homme, 1980 ; nouvelle édition, 2010.
Jardins d’intérieurs et serres domestiques , Les Éditions de l’Homme, 1979.
Les Enfants du divorce , Les Éditions de l’Homme, 1979.
Les Serres domestiques , Éditions Quinze, 1978.
SÉRIE LES FILLES TOMBÉES
Les Filles tombées, Tome 1 et 2 , Guy Saint-Jean Éditeur (édition en grands caractères), 2015.
Les Filles tombées, Tome 2 – Les Fantômes de mon père , Québec Amérique, 2010.
Les Filles tombées, Tome 1 – Les Silences de ma mère , Québec Amérique, 2008.
SÉRIE LE ROMAN DE JULIE PAPINEAU
Le Roman de Julie Papineau, Litté poche, ViaMedia Éditions, 2006.
Le Roman de Julie Papineau, Tome 2 – L’Exil , Québec Amérique, 1998 ; 2002 ; nouvelle édition, 2012.
Le Roman de Julie Papineau, Tome 1 – La Tourmente , Québec Amérique, 1995 ; 2001 ; nouvelle édition, 2012.



Projet dirigé par Marie-Noëlle Gagnon, éditrice

Conception graphique : Anne Tremblay
Mise en pages : Gabrielle Deblois
Révision linguistique : Sabrina Raymond, Sophie Sainte-Marie et Martin Benoit
Photographie en couverture : Photographee.eu / shutterstock.com
Le titre du roman est tiré du Journal de Jules Renard.
Conversion en ePub : Fedoua El Koudri

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre : Ne réveillez pas le chagrin qui dort / Micheline Lachance.
Noms : Lachance, Micheline, auteur.
Collections : Tous continents.
Description : Mention de collection : Tous continents
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20210056444 | Canadiana (livre numérique) 20210056452 | ISBN 9782764441480 | ISBN 9782764441497 (PDF) | ISBN 9782764441503 (EPUB)
Classification : LCC PS8573.A27753 N4 2021 | CDD  843/.54—dc23

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2021
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2021

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2021.
quebec-amerique.com



À Pierre Godin, inséparable et ô combien précieux compagnon de toute une vie.


C’est ça, l’écriture. C’est le train de l’écrit qui passe par votre corps. Le traverse. C’est de là qu’on part pour parler de ces émotions difficiles à dire, si étrangères et qui néanmoins, tout à coup, s’emparent de vous.
Marguerite Duras


Mon portrait tout craché
Tout a commencé au matin du 9 avril 1980. Nul doute, c’était bien un mercredi. À preuve, la rubrique Avis de décès de La Presse s’étirait sur cinq ou six pages. La ville se donnait des airs de printemps pour me narguer, moi qui avais le cœur en compote.
Je m’appelle Anne Delagrave et j’avais trente ans au moment des faits. Je l’ignorais alors, mais je me trouvais à la croisée des chemins. À partir de là, mon histoire a été truffée d’énigmes fécondes en rebondissements. De hasards troublants aussi.
La veille, Philippe avait provoqué une stupide querelle de ménage. Lui qui savait si bien décocher des flèches assassines, il m’avait atteinte où ça fait mal. Il a quitté l’appartement étonnamment tôt pour un mercredi, jour où il n’a pas cours à l’université. Parti sans déjeuner, lui pourtant peu enclin à bouder ses rôties tartinées de confiture d’abricots. « Une réunion de profs prévue depuis belle lurette », a-t-il baragouiné en glissant des documents dans sa mallette. Pas de quoi fouetter un chat, il avait oublié de me prévenir. La porte a claqué.
Peu après, j’ai entendu le livreur déposer La Presse dans la boîte aux lettres. J’ai enfilé mon peignoir de flanelle pour aller récupérer le journal et je me suis installée à la table de la cuisine. J’avais tout mon temps pour le feuilleter en sirotant un café au lait bien chaud.
Grosse manchette : Les Yvette remplissent le Forum . Nous étions à un mois et des poussières du référendum sur la souveraineté du Québec, et les couteaux volaient bas. La Presse avait dénombré quinze mille militantes arborant un macaron épinglé sur leur poitrine et portant l’inscription Les Yvette pour le Non . En première page du quotidien, les championnes fédéralistes Jeanne Sauvé, Michelle Tisseyre et Thérèse Casgrain connaissaient leur heure de gloire. Telles des vedettes de music-hall, elles se trémoussaient à qui mieux mieux sur la scène au son du succès américain Hello, Dolly!
« Aïe, aïe, aïe ! Les Yvette se déchaînent », me suis-je dit en parcourant le compte rendu de l’assemblée monstre qui s’était tenue au Forum de Montréal.
Quelques semaines plus tôt, la ministre péquiste Lise Payette avait rabaissé les femmes au foyer en les comparant à Yvette, cette ménagère soumise vivant dans l’ombre de son mari, que les manuels scolaires présentaient comme LE modèle féminin consacré : Yvette fait le repassage, Yvette essuie la vaisselle, Yvette balaie le plancher… C’était franchement méprisant à l’égard des maîtresses de maison. À quoi avait-elle pensé ? Moi, résolument partisane du Oui à la souveraineté du Québec, j’espérais que sa bourde s’éteindrait d’elle-même avant le référendum du 20 mai. Or, elle ne passait pas. À l’évidence, il faudrait traîner ce boulet jusqu’au jour J.
En temps normal, j’aurais téléphoné à Philippe à l’université afin de sonder son opinion. Vu nos relations houleuses des derniers jours, je m’en suis abstenue. J’avais, moi aussi, participé à la surenchère de gros mots et, si le froid perdurait entre nous, ma part de responsabilité pesait dans la balance. De toute façon, il m’était facile de deviner ses commentaires : « Cette bande d’hystériques vient de porter le coup fatal au camp du Oui, et l’imbécile de Lise Payette précipitera tout le Québec dans sa chute. »
Je tournais machinalement les pages du journal, tout à ma déception. Ce ralliement pour le Non pouvait en effet sceller l’issue du référendum. Moi qui rêvais d’un pays souverain autant que de la libération féminine, je percevais l’impitoyable ironie du sort : le Québec risquait de perdre son pari précisément à cause d’une femme. Une pilule difficile à avaler.
En arrivant à la rubrique nécrologique, j’ai consulté machinalement la liste des défunts du jour, comme je le faisais chaque matin. Un rituel auquel s’adonnait aussi ma mère qui épluchait religieusement les avis de décès en quête d’une amie, voisine ou connaissance disparue la veille. On aurait dit Diane chasseresse traquant le gibier. Oscillant entre soulagement et nostalgie, elle se demandait pourquoi une telle avait levé les pattes, alors qu’elle-même était encore de ce monde.
Soudain, mes yeux se sont fixés sur une photo en noir et blanc. Mon portrait tout craché. Ça alors ! J’ai failli tomber en bas de ma chaise. Mêmes cheveux raides et pâles encadrant un visage rond, même nez en trompette, même regard anxieux… Qui donc était cette morte qui me ressemblait comme deux gouttes d’eau ? J’ai lu la notice nécrologique.
Élisabeth Lavigne (1950-1980)
Décédée le 1 er avril 1980, à l’âge de trente ans, à l’hôpital Charles- Le Moyne de Longueuil, à la suite d’un tragique accident survenu à Varennes. Elle laisse dans le deuil ses tantes Angélique, Célina, Babette et Laure Lavigne. Conformément à ses dernières volontés, Élisabeth repose auprès de sa mère, Alice Lavigne, au cimetière de la paroisse Saint-François-Xavier de Verchères.
Ma ressemblance avec cette pure étrangère me troublait profondément. Intriguée, j’ai commencé à m’interroger sur nos possibles liens sanguins. La défunte était-elle une lointaine cousine dont j’ignorais l’existence ? À ma connaissance, ma famille n’avait pas de parenté à Verchères. Je mourais d’envie d’en parler à Philippe, mais vu le froid entre nous, seul mon frère Jules pouvait m’aider à y voir clair. Je lui ai passé un coup de fil pour lui donner rendez-vous sans lui révéler le véritable motif de mon appel.

Jules était sergent-détective au Service de police de la Ville de Montréal. Il m’a proposé de dîner avec lui à son bouiboui de la rue de la Commune, à côté du commissariat. À midi pile, j’ai poussé la porte, ma foi un peu essoufflée d’avoir couru pour arriver à l’heure. D’une ponctualité exemplaire, mon frère ne tolérait pas les retards.
La pizzeria était pleine à craquer de policiers en uniforme. Le drapeau vert, blanc et rouge couvrait le mur du fond. Pas une table inoccupée. Une bouteille de chianti vide, tressé

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