Neige
59 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description


Dans la série : Raconte-moi une photo.


Tom et Marjorie Roberts, sur un coup de tête de cette dernière, décident de s’offrir un séjour dans le petit village enneigé de Hampton, au pied du Glacier National Park dans le Montana.
À peine arrivés pour leur première sortie en motoski, les résidents d’Hampton découvrent les restes d’un cerf, à moitié enterré et dévoré.
Alors qu’ils se perdent en conjecture pour comprendre ce qui a pu se passer, leur hôte prévient les Rangers de la ville toute proche.
Mais bientôt, la tempête approche, des bruits de grignotement suspects leur parviennent, et les Rangers disparaissent à leur tour...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 5
EAN13 9791034808144
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Neige
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Michael Fenris
 
 
 
Neige
 
Raconte-moi une photo
 
 
 
Couverture : Maïka
Crédit photo : Marc Bailly
 
 
Publié dans la Collection Anthologia,
Dirigée par Marc Bailly
 
 
 

 
 
 
© Evidence Editions 2018

 
 
 
 
 
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Vacances
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
 
 
 
Je ne sais pas quelle mouche avait piqué Marjorie lorsqu’elle déclara, sourire aux lèvres, qu’elle avait trouvé notre prochain lieu de villégiature.
Je venais de rentrer du travail, une journée de merde soit dit en passant. J’avais indubitablement besoin de repos et ça faisait un petit moment qu’on réfléchissait à partir quelques jours loin de tout, loin de la civilisation, des ordinateurs de bureau et des portables. Il devait être vingt heures, et j’avais traîné le boulet de mauvaises nouvelles depuis le matin : en l’espace de vingt-quatre heures, j’avais perdu deux de mes patients, un petit grand-père fort sympathique qui avait eu la mauvaise idée de traverser sans voir que le feu était au rouge, et une petite jeune d’à peine trente ans, d’un cancer. Ça m’avait foutu le moral à zéro. Je n’avais même pas envie de m’offrir une sortie avec mon épouse, juste de me caler au fond d’un fauteuil avec un bon bouquin et d’oublier le reste.
Lorsque je suis entré chez moi, Marjorie était dans le bureau, penchée sur l’ordinateur. Elle était en train d’imprimer des trucs. Sur le coup, je pensais qu’il s’agissait de documents pour son travail, mais en me voyant débarquer, elle me sourit en me brandissant une feuille sous les yeux.
— Tadam ! lança-t-elle.
Je ne vis d’abord qu’un nom marqué en lettres majuscules, grasses et bleues. Le bleu tirait sur le vert pâle, et je songeai que je n’avais pas encore changé les cartouches d’encre de l’imprimante. Puis je fixai le nom. Hampton. Je mis quelques secondes pour comprendre qu’il s’agissait d’un prospectus. Marjorie me tendit le papier, je le pris pour le parcourir rapidement. On y vantait les mérites d’un petit hameau perdu en pleine nature, entre plaines et forêt, répondant justement au nom de Hampton. « Dépaysement garanti ! » était-il écrit. Le hameau se résumait à une rue principale cernée par des maisons, en fait des chalets à louer, tout confort moderne sauf la télévision, le téléphone et internet. « Venez vous ressourcer loin des vicissitudes de la vie moderne ! » Le tout dans un grand désert blanc recouvert d’une sacrée couche de neige. Je regardai ma femme, visiblement très enthousiaste, à sa façon de se dresser sur la pointe des pieds, mains nouées dans le dos. C’était son tic lorsqu’elle était excitée.
— Alors ? demanda-t-elle.
— Alors quoi ?
— Qu’est-ce que tu en penses ? Ça a l’air sympa. Il y a de quoi faire de longues balades, du ski ou des raquettes, même des virées en moto neige !
— Je croyais que tu n’aimais pas la neige, Marj’, rétorquai-je.
— Peut-être, mais là au moins, nous serons déconnectés ! Tu te plains tout le temps de ne pas pouvoir poser ton portable ! C’est une excellente occasion !
— Marj’, j’ai juste l’impression que c’est le trou du cul du monde. On fait quoi là-bas ? On compte les feuilles qui tombent ? En plus, avec la neige, la Prius ne passera pas, on n’a pas de chaînes !
— C’que tu peux être rabat-joie, Tom ! grogna ma femme.
— J’essaie surtout d’être pratique, chérie. Accessoirement, on fait comment pour bouffer ?
— Alors, si tu avais lu le prospectus attentivement, tu aurais vu que Hampton est sur un parc national, qu’il y a régulièrement des patrouilles de rangers qui vérifient si tout va bien. Et à l’entrée du camp il y a un commerce où tu trouves de tout, y compris des médicaments de première nécessité, et un téléphone relié au centre de secours le plus proche. Tu es rassuré à présent ?
— Mouais, fis-je, mal convaincu.
Elle se dressa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur ma joue.
— Ça tombe bien, parce que j’ai réservé le week-end prochain. Il restait de la place, j’ai sauté sur l’occasion. Tu as juste à préparer ta valise.
— Mais… Et mon travail ?
— Tu demanderas à ton collègue d’assurer l’intérim ! Tu lui avais dit que tu comptais partir, non ? Eh bien, c’est fait !
S’il y avait quelque chose qui m’horripilait chez Marjorie, c’est qu’elle arrivait à avoir toujours raison, quel que soit le sujet de discussion. Et elle avait réponse à tout. Voyant que je ne pousserais pas plus loin – elle avait déjà gagné avant même que j’ouvre la bouche – elle me sourit en me caressant la joue, avant de me lancer un clin d’œil égrillard :
— Et puis, on ne sait jamais, la neige va peut-être te donner des idées. Je vais juste prendre des tenues absolument indécentes pour les soirées au coin du feu…
— Tu es folle ! dis-je en riant.
— Et toi tu aimes ça ! répondit-elle en me claquant un baiser sonore sur les lèvres.
 
 
 
 
2
 
 
 
Le reste de la semaine s’écoula comme dans un rêve. Mon collègue accepta de me remplacer. Pour une fois, c’était lui qui me dépannait. J’expédiai quand même mes impératifs administratifs, réglai quelques épineux problèmes médicaux avant de m’occuper à proprement parler de notre séjour. Marj’ avait raison : ce séjour nous ferait du bien. Je n’étais pas fan de neige, mais ce pouvait être dix jours amusants. Restait à espérer que le voisinage serait sympathique. En règle générale, ceux qui venaient s’isoler dans ce genre d’endroit étaient plutôt du genre baroudeur ou au minimum sportif. On verrait bien. Je m’arrangeai avec Hertz pour louer un véhicule à notre arrivée à l’aéroport, une Jeep Cherokee autrement plus appropriée que la Toyota pour avaler les trois heures de routes enneigées qu’il faudrait parcourir avant d’atteindre Hampton. Marjorie avait préparé les valises, j’y ajoutai malgré ses sourcils froncés ma mallette de secours. Déformation professionnelle, je ne partais jamais quelque part sans elle.
Le jour J, je fermai la porte de la maison en me disant que j’avais bien l’intention de profiter de ces vacances. Il y avait quelque chose d’excitant à partir ainsi, presque à l’improviste, sur un coup de tête. Et puis, j’avais eu droit à un petit inventaire discret de ce que ma femme avait prévu pour les soirées au chalet, et elle avait tenu parole… J’aurais presque déjà voulu être devant la cheminée…
Nous prîmes le vol Frontier à destination de Missoula dans le Montana. Hampton se trouvait au pied du Glacier National Park, pas très loin du lac Flathead, en pleine réserve indienne des têtes-plates. Une nature encore sauvage, préservée de l’industrialisation et du béton. Je pris possession du véhicule à l’agence de l’aéroport, chargeai nos valises à l’arrière, et après avoir rentré les coordonnées sur le GPS, je lançai la voiture sur l’US-93. Marjorie était d’une bonne humeur communicative, si bien qu’au bout de quelques kilomètres à peine j’oubliai les tracas de ma vie professionnelle. J’avais toute

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