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Description

Ronald BRENT est devenu détective par goût de l’aventure.


Quand les bijoux de la collection Garfield sont dérobés par la bande des « Intouchables », il se lance à leur recherche, pour aider son ami Léon Briot, directeur de la Mondial Assurance Company chargée de la sécurité des joyaux.


Il ne se doutait alors pas de ce qu’il devrait subir pour découvrir la vérité et l’identité du chef de la terrible organisation criminelle...


Mais est-il vraiment prêt à payer le prix de cette tragique quête ?...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782385010065
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PLUS RIEN À PERDRE
Roman policier

par J.A. FLANIGHAM
CHAPITRE PREMIER

La haute silhouette de Jack s'encadra dans la porte brusquement poussée, et Betty eut simultanément un sursaut et un sourire.
— On m'a sonné ?
— Oui, dit-elle dans un regard langoureux, la patronne te demande.
Elle se dirigea vers lui, noua ses bras autour de son cou, et tendit ses lèvres. Il l'embrassa distraitement, puis la repoussa.
— C'est tout de même pas de chance, fit-elle, songeuse. Quand je pense que ce soir nous devions sortir ensemble, si ça tombe, elle a besoin de tes services...
Il eut un bref ricanement qu'elle ne s'expliqua pas et se dirigea d'un pas tranquille vers le boudoir de la patronne. Il ouvrit la porte, sans prendre la peine de frapper préalablement, et Betty, perplexe, pensa que, décidément, cette maison était une curieuse maison, et la patronne une bien étrange patronne. Si elle avait été moins éprise de Jack, le beau chauffeur, elle aurait pu ajouter que l'étonnant garçon n'était pas moins disparate que le reste, mais elle se contenta de sourire, mélancoliquement, en se demandant si, oui ou non, Reine laisserait à Jack sa soirée libre.
La gouvernante entra par la porte de droite et, d'une voix sèche :
— Madame est là ?
— Elle vient de demander Jack.
L'autre ricana, désigna la porte :
— Dans ce cas, inutile de les déranger. Dès qu'ils en auront terminé, veux-tu demander si c'est toujours d'accord pour la réception de demain soir ?
— Pourquoi donc ne lui demandez-vous pas vous-même ? fit sèchement Betty.
— Je passe mes services, ma belle. Pour le cas où tu l'ignorerais, je plaque cette baraque ce soir même... Ouais, je passe mes pouvoirs !
Nouveau ricanement :
— Pas mécontente, du reste... Moi, les femmes du monde qui se paient du bon temps avec la valetaille et qui ont des revenus fabuleux dont on ne sait d'où ils tombent, ça me flanque positivement le mal de mer...
Betty se précipita vers la gouvernante :
— Ça veut dire quoi, au juste, votre remarque ?
Elle se sentait devenue blanche, subitement, de peur, d'orgueil blessé ou de rage indistincte, elle ne savait au juste, mais ce dont elle était certaine, c'est que la même menace précise continuait de luire dans les petits yeux gris et bridés de la femme de charge, qui la repoussa d'un geste débonnaire, pour répondre, d'une voix tranquille :
— Allons, petite... À quoi bon t'affoler ! Il y a deux mois que tu es entrée dans cette maison... Grâce au beau Jack... Jack, le tombeur de ces dames... Et tu l'aimes, n'est-ce pas ? Et comme je te comprends ! Pas une femme de chambre qui ne lui ait résisté, depuis que je suis ici... Trois ans de service... De bons et loyaux services...
Elle haussa les épaules :
— Mais il est possible que tout ait une fin... Et quand je dis ça, ne pense pas que ce soit à la façon dont elle m'a donné congé que je fasse allusion... Rira bien qui rira la dernière.
Et elle rit, effectivement, d'un rire sombre et qui grinçait.
— Pourquoi, fit remarquer Betty d'une voix tremblante, avez-vous dit qu'il ne fallait pas « les déranger » ?
La gouvernante la considéra, de bas en haut, avec le même sourire fripé :
— La patronne et son chauffeur ? Oh, question d'habitude... D'ailleurs, si tu veux m'en croire, ils ne sont présentement plus dans le boudoir, mais dans la serre... Si ça te chante d'aller jeter un coup d'œil...
De sa démarche saccadée, elle sortit de la pièce, et Betty hésita un quart de seconde. Elle essayait bien d'assimiler tout ce que les sous-entendus de l'autre impliquaient, et elle dut convenir, envahie soudain d'une sorte de froid intérieur, que cela correspondait, en elle, à une espèce de sonnette d'alarme qui n'avait pas tout à fait cessé de s'agiter depuis qu'elle avait accepté de devenir la femme de chambre de la merveilleuse Reine Marlox. Et brusquement, sa décision fut prise. Elle quitta la pièce par la porte de côté qui menait sur le hall, dans lequel s'ouvrait un escalier qui conduisait à la serre. Et tremblante, elle descendit les marches. Les yeux agrandis, peureusement ramassée contre le mur, elle regarda, n'osant encore y croire, sa patronne, Reine Marlox, blottie contre Jack, le chauffeur. Jack qu'elle, Betty, adorait. Jack qui avait sans doute, par instants, une bien curieuse façon de lui démontrer sa passion, mais qui était néanmoins son amant. Son premier amant. Les lèvres tremblantes, les yeux fixes, au bord de la nausée, Betty, immobile, continuait de les contempler. Il y avait dans les yeux de Jack une flamme qu'elle n'y avait jamais vue quand il la serrait contre lui. Mais, par contre, une immense lassitude et comme un imperceptible dégoût dans les yeux de Reine, la trop belle patronne.
Ce fut elle qui, au bout d'un moment, rompit l'étreinte, pour, écartée de lui, le fixer avec un regard à la fois lointain et condescendant. Et Jack la regardait avec des yeux de chien perdu. Le tremblement de Betty s'accentua et elle dut se faire violence pour ne pas bondir dans la serre et hurler toutes les horreurs qui se bousculaient en elle. Elle les regarda plus intensément. Ils parlaient à voix basse, avec une étrange expression dans leurs regards mêlés.
— Je me vengerai... murmura-t-elle en tournant les talons.
Brusquement, l'idée était venue en elle de ne rien dire, de ne rien dévoiler. La brusque révélation que son amant était amoureux fou de l'étrange « patronne » lui apparaissait soudainement, lourde de conséquences, sans qu'elle puisse, au juste, expliquer pourquoi.
Elle remonta lentement l'étage. Elle s'efforçait de juguler sa rage, et surtout ce sentiment dominant d'orgueil bafoué, pour tenter de tirer des conclusions et, assise devant la table basse du boudoir de Madame, le menton dans ses mains jointes, elle ne pouvait que se répéter des évidences majeures :
Premièrement : Madame était très riche. Très riche, très belle, très insolente. Et bonne, aussi, parfois. Bonne, comme dans les romans ou dans les films, par à-coups, avec de grandes crises d'expansion.
Deuxièmement : Madame sortait beaucoup. Reçue dans toute la société, avec une infinité de beaux et riches garçons qui traînaient à sa suite. Dans la masse, un « favori » : Ronald Brent. Celui-là, oui, Reine l'aimait. Betty était trop observatrice pour ne pas s'en être rendu compte.
Troisièmement : Madame se laissait embrasser par Jack, le chauffeur. Et se laisser embrasser impliquait tout le reste. (Elle eut un frisson de rage.) Mais Betty avait su regarder. Et elle savait maintenant que Madame n'aimait pas Jack : mieux, ce baiser-là lui avait fait horreur.
De ces trois observations superposées, une évidence s'imposait : il y avait un mystère dans la vie de Reine Marlox, Reine, qui aimait Ronald Brent tout en acceptant les étreintes de son chauffeur, Jack, lequel, depuis trois, mois, jouait la comédie de la passion (tant bien que mal) à cette lamentable gourde de Betty.
— Oh, gémit-elle, pauvre, pauvre, pauvre imbécile...
Le téléphone sonna. Betty, d'une démarche pesante, alla décrocher. Et elle reconnut « la voix ». Cette « voix » toujours, lui avait causé un insupportable sentiment de malaise quand il lui avait été donné de l'entendre. Une voix cassée, rauque, maladive et cruelle. Et Betty avait su se rendre compte que Reine non plus ne l'aimait pas. Qu'elle l'effrayait et la terrorisait à la fois.
— Oui ? fit-elle d'une voix étranglée.
— Seule, Reine ?
— Ce... ce n'est pas Madame, je l'appelle...
Le souffle, au bout du fil, se fit rauque, et la petite femme de chambre eut l'impression que le mystérieux correspondant grinçait des dents.
— Qu'elle vienne immédiatement...
Elle reposa précipitamment le combiné et se dirigea vers la serre. Reine, précisément, remontait les marches, un ennui écœuré se lisait sur tout son beau visage.
— On vous demande au téléphone, Madame.
— Qui ?
— Une voix. « La voix. »
La patronne lui jeta un long regard dans lequel, à doses égales, se lisaient une sorte de méfiance et une crainte obscure, puis elle eut un imperceptible haussement d'épaules et avança plus vite.
CHAPITRE II
 
Une brume floue baignait le paysage d'un halo blanc-gris. De toute façon, Ronald aimait la brume. Question de nature, et aussi, en l'occurrence, d'opportunité. Il pouvait fort bien suivre le feu rouge de la voiture qu'il filait depuis la sortie de Mysville, se demandant, avec une perplexité mêlée d'excitation, où la belle Reine Marlox pouvait bien se rendre. Il eut un sourire de biais, et pensa : « Si elle savait que je la suis depuis vingt bonnes minutes, elle serait folle de joie... ».
Ronald n'était nullement fat de son naturel, mais assez psychologue pour savoir que Reine l'aimait autant qu'il lui était possible d'aimer. Et il lui arrivait parfois de se mépriser en pensant au rôle qu'il jouait auprès d'elle. Quand cela lui arrivait (fort rarement) il repoussait aussi sec tous les remords possibles en se confirmant que peu importent les moyens pourvu que le but soit atteint.
Or, quel était le but précis depuis les trois mois qu'il courtisait — avec succès — l'étrange Reine Marlox ?
Il eut un bref haussement d'épaules et mit la radio en marche, suivant toujours, d'un coup d'œil attentif la route marquée, loin devant lui, du feu rouge de la Bentley.
Que Reine Marlox ait été une aventurière, il y avait cinq ans de cela, Ronald Brent avait su en avoir les preuves. Et par ailleurs, le lui avait-elle caché ?
Il se méprisa de nouveau, très fugitivement, pour ce souvenir de ce soir de septembre où elle avait su lui faire comprendre qu'elle n'avait pas toujours été ce qu'elle était devenue.
Il eut un geste d'irritation, arrêta la radio qui venait tout juste de lâcher les premières mesures d'un slow lancinant, pour « situer le problème » tel qu'il l'entendait présentement : Reine Marlox était-elle toujours une aventurière, et dans quelle mesure était-elle mêlée aux sensationnels vols de bijoux qui mettaient sur les dents, depuis plus de dix-huit mois, tous les officiels de la Mondial Assurance Company ?
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