Porte sur l insolite
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Porte sur l'insolite , livre ebook

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Description

Au retour d'un séjour aux Bahamas, Eléonore est désemparée. Dans son village au cœur de la Suisse, personne ne la reconnaît. Son appartement est occupé par une jeune femme inconnue et même la concierge de l'immeuble ne semble pas savoir qui elle est. Elle se retrouve seule, abandonnée de tous. Au cours d'un périple pour retrouver son identité, elle va faire des rencontres insolites et inattendues. Aura-t-elle le courage de découvrir la vérité ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 mars 2009
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342367881
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 9782342367881

© Edilivre, 2022
1
Les aiguilles de ma montre se déplacent lentement à l’intérieur du cadran. J’ai hâte de me retrouver sur le plancher des vaches. Bien sûr, les statistiques affirment qu’il est plus dangereux de prendre la voiture que l’avion mais je ne suis pas rassurée. Une panne de moteur, c’est si vite arrivé ! Ou bien de la glace qui bloquerait le système de navigation ?
Je secoue la tête pour chasser mes sinistres pensées. Afin de tromper l’anxiété qui m’habite, je détourne mon attention vers les passagers de l’avion. Ils ont pour la plupart le visage hâlé, souvenir de leur séjour aux Bahamas d’où nous avons décollé. Ma voisine de siège, une dame d’un certain âge, est assise à ma gauche près du hublot. La tête appuyée contre le dossier, elle respire régulièrement en gémissant dans son sommeil. Ses mains parsemées de taches brunes tressautent sur ses genoux. Des cheveux blancs en désordre encadrent son visage ridé. Elle a sûrement été très belle dans sa jeunesse. Il reste encore quelque chose d’angélique chez cette femme, indéfinissable mais charmant.
Comme si elle avait senti que je l’observais, elle se réveille et s’étire en bâillant. Lorsqu’elle me regarde, je suis frappée par le bleu profond de ses yeux. Je lui demande si elle a bien dormi. Elle acquiesce d’un signe de tête et se présente :
– Je m’appelle Honorine Kosner et vous, quel est votre nom ?
J’entame avec plaisir la conversation en déclinant mon identité :
– Moi c’est Eléonore Batelier. J’habite en Suisse et je rentre de vacances. J’ai passé trois semaines aux Bahamas chez une amie d’enfance, Anne-Béatrice. Il y a cinq ans, elle s’est installée avec son mari à Freeport, sur l’île Grand Bahama aux Caraïbes. Lorsqu’elle m’a proposé de lui rendre visite, je n’ai pas hésité.
Une voix diffusée par les haut-parleurs interrompt les présentations : « Bonjour Mesdames et Messieurs, c’est votre commandant de bord qui vous parle. Je m’appelle Eric Galliani et je vous emmène de Freeport à Zurich. »
Après des informations sur le temps et les températures extérieures, il nous annonce qu’une collation nous sera servie. Je me sens bizarre. Je n’arrive pas à savoir si j’ai faim ou pas. Mon estomac est noué, ce qui m’arrive à chaque voyage. Je suis toujours très tendue lorsque je prends l’avion.
Arrive une charmante hôtesse qui dépose devant chacune de nous un plateau garni de pâtes et de poulet émincé. Ma voisine Honorine soulève une couverture à ses pieds, dévoilant une cage dans laquelle sont blottis, apeurés, un petit chien à longs poils et un chat tigré. Elle chuchote en se penchant vers moi :
– Ce sont mes petits.
Interloquée, je murmure :
– Les animaux sont interdits ! Ils doivent voyager dans la soute ! Est-ce que le personnel de bord est au courant ?
– J’ai reçu une autorisation spéciale pour les garder auprès de moi. Vous comprenez Madame…
– Appelez-moi Eléonore.
– Vous comprenez Eléonore, je ne peux pas laisser mes pauvres petits voyager avec les valises. Ils ne le supporteraient pas. Ils ne me quittent jamais.
A travers les barreaux de la cage, elle distribue les morceaux de viande aux deux animaux en leur parlant doucement en allemand.
Honorine m’explique qu’elle est d’origine suisse et réside aux Bahamas. Le but de son voyage est de rendre visite à son fils Roger et son épouse qui l’ont invitée dans leur villa de Dietikon, près de Zurich. Ils ont rendez-vous à l’aéroport, d’ici quelques heures.
Une fois le repas terminé et les plateaux débarrassés, je me dirige vers les toilettes. En me lavant les mains dans la cabine exiguë, je regarde machinalement mon image dans le miroir. Mes cheveux châtains coupés court sont animés de petites vagues naturelles. J’ai un visage rond – on me surnommait la pomme lorsque j’étais petite – les yeux marron et une bouche bien dessinée. Mon ventre est un peu rebondi. Je devrais perdre cinq ou six kilos mais j’aime tellement manger, je suis très gourmande. Comme disait mon père, mieux vaut faire envie que pitié ! Et puis, à quarante et un ans, on peut bien se permettre quelques petits bourrelets !
Alors que je prends le temps de rincer mes mains sous l’eau délicieusement tiède, je manque de m’écrouler. Je crie. C’est comme si l’avion tombait. Je réussis à me rattraper au lavabo pour éviter de chuter. Mon estomac remonte vers ma gorge. Cela doit provenir d’un trou d’air. Nous traversons une zone de turbulences.
Quelqu’un frappe à la porte en me demandant de regagner ma place. Je sors un peu paniquée, je m’assieds sur mon siège et boucle ma ceinture. Honorine se tord les mains et n’arrête pas de soulever la couverture pour rassurer ses animaux. J’ai le cœur qui bat très vite mais j’essaie de me contrôler.
Je veux parler à ma voisine pour lui demander comment elle se sent lorsqu’une deuxième secousse fait vibrer l’avion. Les lumières s’éteignent. Heureusement qu’il fait jour dehors. Ainsi, nous ne sommes pas dans l’obscurité. Des cris fusent de partout. Les gens sont affolés. Les hôtesses doivent s’accrocher aux dossiers des sièges pour ne pas tomber. On entend le bruit inquiétant de la carlingue de l’avion qui tremble comme une vulgaire camionnette déglinguée.
En agrippant la manche d’une hôtesse qui passe, Honorine me donne un coup au visage avec son bras, me causant une vive douleur à la joue. La pauvre employée n’arrive pas à dégager son habit de la prise de la vieille dame. Malgré ma peur, je parle calmement à Honorine en lui expliquant qu’il ne sert à rien d’agir ainsi. Elle paraît rassurée par ma voix, lâche la veste de l’hôtesse pour s’emparer de ma main qu’elle pétrit sans plus rien dire, fixant des yeux ses petits.
L’avion est toujours ballotté. En regardant dehors par le hublot, je m’aperçois qu’un brouillard épais nous entoure. Tout est d’un gris verdâtre. C’est étrange. Nous sommes dans un nuage sombre mais une luminosité éclatante s’en dégage. On dirait que le brouillard est en train de nous digérer.
Nous sommes balancés de gauche à droite dans nos sièges. A chaque secousse de l’appareil, des cris retentissent. Je regarde les passagers autour de moi ; je lis la peur sur leurs visages. Alors que j’étais restée stoïque jusqu’à maintenant, la terreur me gagne et je la sens tordre mon estomac. Elle remonte pour former une boule dans ma gorge. Et si l’avion s’écrasait ? Si j’allais mourir ici, loin de ma famille, de mes amis ? Les larmes me montent aux yeux et je serre encore plus fort la main d’Honorine qui ne m’a pas lâchée. Je commence à paniquer. Des gouttes de sueur perlent sur ma lèvre supérieure et sur mon front.
Subitement, tout se calme. Le brouillard disparaît, laissant la place à un soleil éclatant sur fond de ciel bleu. En bas, sous l’avion, l’océan Atlantique est tranquille. A l’intérieur, les lumières se rallument, les cris cessent et les passagers se rassurent. Plus aucune secousse ne perturbe le vol.
Le commandant reprend le micro et nous informe que nous avons traversé une zone d’orages magnétiques. Il s’excuse pour le désagrément et espère que le reste du voyage se déroulera normalement. Les hôtesses, à nouveau souriantes, proposent des rafraîchissements. Honorine me lâche enfin la main et soulève la couverture à ses pieds. Les deux animaux semblent terrorisés et le chien gémit. Ouvrant la cage, elle les caresse en chuchotant tendrement, comme si elle parlait à ses enfants, ce qui a pour heureuse conséquence de faire taire le chien.
* * *
Après quelques heures calmes mais ennuyeuses arrive la fin du voyage. Dès que l’appareil se pose sur le tarmac de l’aéroport de Zurich, tout le monde applaudit.
La porte de l’avion est maintenant ouverte et les passagers attendent tranquillement leur tour pour sortir. J’empoigne mon sac dans le compartiment à bagages au-dessus de mon siège et je fais mes adieux à Honorine.
Soulagée d’être arrivée entière sur le plancher des vaches, je passe devant l’équipage qui prend congé des voyageurs. Le commandant de bord attire mon attention. Très distingué dans son uniforme, il salue chacun en souriant. Je lui serre la main et, poussée par la file derrière moi, je m’avance dans le hall.
Je récupère ma valise sur le tapis roulant et me dirige vers la sortie, me frayant un passage à travers la foule. Des visages scrutent les passagers qui arrivent, des gens se tombent dans les bras en pleurant. Les retrouvailles sont souvent émouvantes.
Je soupire. Moi, personne ne m’attend. Je vais rentrer seule. Bien sûr, j’aurais pu demander à Marie-Laurence de venir, mais je sais qu’elle est très occupée et je ne voudrais pas la déranger. Depuis mon divorce il y a deux ans, je me suis tournée essentiellement vers mes amies. Si seulement Jean-Pierre avait été fidèle, nous n’en serions pas arrivés à nous séparer. Qu’a-t-elle de plus que moi cette femme ? Comment peut-on voler le mari des autres ! Moi je l’aimais mon Jean-Pierre. Je ne peux pas en dire autant de lui. J’ai été déstabilisée lorsqu’il m’a quittée. Je ne suis pas assez importante pour qu’un homme reste avec moi.
J’essuie une larme qui perle au coin de mon œil. Il faut que je pense à autre chose. A quoi ça sert de remuer le passé ? Comme me le conseille Marie-Laurence, je dois arrêter de ressasser mes vieilles histoires et profiter pleinement du présent.
Tirant ma valise à roulettes, mon sac de cabine en bandoulière, je chemine sur le trottoir le long de l’aéroport en direction du garage souterrain. Après dix minutes de marche, j’arrive devant l’automate qui m’indiquera combien coûtent trois semaines de vacances pour une voiture qui, je l’espère, sera en bon état lorsque je la récupérerai.
Quelques personnes

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