Qui êtes-vous, Merle ?
276 pages
Français

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Description

Nom : Merle. Profession : commissaire. Signe particulier : sait voir dans les angles morts. Un clochard désespéré noyé au fond du canal. Une comtesse revêche empoisonnée durant son sommeil. Des jeunes femmes assassinées sur fond de berceuse de Brahms. Un représentant en vins sans histoires retrouvé mort dans sa chambre d'hôtel. Chaque victime cache un secret. Chaque victime cache un meurtrier. Le rôle du commissaire Merle : le trouver. Quatre nouvelles enquêtes pour renverser les apparences et que jaillisse la vérité.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 72
EAN13 9782812933912
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Michel Benoit


La Belle Marinière

suivi de
L’affaire Saint-Bris
et de
Berceuse pour un crime
et de
L’Hôtel du Cheval Rouge














En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.

© De Borée , 2017
© Centre France Livres SAS, 2016
45, rue du Clos-Four - 63056 Clermont-Ferrand cedex 2









Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne saurait être que fortuite.









La Belle Marinière







L e ciel était gris.
L’automne s’était installé définitivement en cette fin octobre et depuis plusieurs jours chacun espérait qu’une éclaircie viendrait égayer l’aurore, amenant avec elle la résurrection d’une nature qui s’apprêtait à s’endormir pour quelques mois.
La pluie tombait tantôt en cascade, tantôt par mince filet, et l’humidité s’invitait partout, jusque dans les moindres recoins d’une cité qui perdait peu à peu l’envie de vivre.
Pour Merle aussi, cette journée commençait comme toutes les autres. Il avait rejoint son bureau tôt le matin, décidé à ne répondre à aucun appel téléphonique, avec la ferme intention de mettre de l’ordre dans ses dossiers.
– Tu viendras m’aider, Lamoise ! avait-il lancé dans l’entrebâillement de la porte séparant son bureau de celle des inspecteurs.
Celui-ci avait répondu par un grognement habituel, convaincu qu’une fois de plus la réalité journalière aurait certainement le dessus sur les bonnes intentions du commissaire.
Merle regarda par la fenêtre. Les employés de la ville balayaient les feuilles tombées des tilleuls, créant un amas glissant qu’ils s’efforçaient de ramasser, nonchalants, avec une pelle dans un tombereau. Au-dehors, l’agent en faction piétinait le pavé avec le mince espoir de se réchauffer, tout en regardant les passants presser le pas entre les étalages et les devantures de boutiques annonçant la prochaine braderie.
– Un petit café, patron ?
C’était la tradition du matin, la courte pause avant le début d’une journée dont personne ne connaissait l’issue ni la durée. Comme toujours, elle serait ponctuée en fonction des événements et c’est avec plaisir que chacun se prêtait à ce petit jeu. Ce matin, c’était Leclerc qui était de corvée.
Merle regarda avec attention le tableau d’amateur, encadré soigneusement et accroché au mur près de la fenêtre ; des iris rouges. Lui seul connaissait le secret de cette toile qui paraissait bien surprenante et enfantine.
– Où est Gravier ce matin ? interrogea Merle.
L’inspecteur Lamoise lui répondit, soucieux :
– Il est en planque depuis hier devant l’ Hôtel de Paris , l’affaire du trafic d’œuvres d’art, vous savez, il ne devrait pas tarder d’ailleurs, c’est Leclerc qui doit prendre la suite.
Merle était persuadé depuis le début de cette enquête qu’elle le mènerait au démantèlement d’un vaste réseau, lequel depuis quelque temps pillait sans vergogne les maisons et les châteaux inoccupés qui fleurissaient dans la région. C’était pourquoi il y attachait autant d’importance.
– C’est pas malheureux d’être en planque toute la journée, alors que des affaires bien plus graves nous attendent ! avait murmuré Gravier en enfilant son pardessus.
– Si tu pouvais te douter du nombre d’affaires importantes qui ont pu être élucidées grâce à des planques, comme tu dis… avait répondu Merle en ouvrant la fenêtre.
Il regardait de l’autre côté de la rue et ses yeux balayaient l’immeuble d’en face, s’arrêtant à la hauteur du troisième étage.
Au centre d’une fenêtre, entre deux voiles de rideaux de mousseline, un chat assis contemplait le spectacle urbain, tout comme lui. Les oreilles dressées, droit comme un sphinx, le félin semblait attacher une attention particulière aux allées et venues qu’il distinguait dans les locaux de la police judiciaire. Que pouvait-il bien penser ?…
Le téléphone sonna et l’inspecteur Lamoise désigna du regard l’étage supérieur, signifiant à Merle que l’heure était venue de se rendre à l’entretien journalier chez le divisionnaire Bertrand, en place depuis six mois.
– Oui, j’y vais ! dit Merle, tout en haussant les épaules.
Le directeur de la PJ était un petit homme aux cheveux rares et à la tenue soignée. Sa voix fluette sifflait par intermittence et Merle aurait pu lui-même poser les questions du jour, tant elles étaient répétitives.
– Alors, commissaire, où en êtes-vous dans vos dossiers ?
Merle se serait bien passé de ce point journalier récurrent et matinal, d’autant plus qu’il n’avait rien de bien passionnant à apporter à celui effectué la à veille.
Ce jour-là, c’est Lamoise qui devait écourter l’entrevue au grand soulagement du commissaire, en pénétrant dans le bureau du directeur pour le prévenir qu’un corps avait été découvert au petit matin, à Aubigny-sur-Loire, près du chemin de halage, à à deux pas du port de la Jonction.
Aubigny-sur-Loire était une bourgade de quelques milliers d’habitants, située au sud du département et qui avait été autrefois un port important pour le fret de matériaux et de denrées de toutes sortes, en provenance de Saône-et-Loire principalement et destinés à approvisionner la capitale. La ville était entourée d’eau. La Loire tout d’abord, grossie par les nombreux affluents qu’elle avait rencontrés en amont, le Goûlatre et le Côgeon qui venaient mourir dans un bras mort, devenu le paradis des pêcheurs, le tout régulé par le canal latéral longeant le fleuve. Les péniches et autres embarcations fluviales voguaient ainsi, venant aussi bien de Nevers que de Digoin, et se retrouvaient au port de la Jonction.

L’inspecteur Marchand, un grand gaillard qui en imposait, avait pris le volant. Merle se surprenait à rêver en contemplant le paysage sur la petite route au bord du canal. Quelques prairies apparaissaient de temps à autre. Au loin, quelques fermes isolées régnaient sur des troupeaux de charolais, rassemblés au pied d’arbres orphelins, tournant le dos au sud et à la pluie. Cela n’augurait rien de bien rassurant pour la météo des prochains jours.
Louchet, l’inspecteur local, s’était présenté le premier sur les lieux du drame.
C’était un petit homme insignifiant, qui aurait pu devenir un grand flic s’il n’avait épousé une femme du terroir, attachée à ses origines et à sa terre natale, qui refusait la mobilité nécessaire à la profession de son mari. Il n’en avait pas moins exercé son métier avec passion, intégrité et opiniâtreté. Infatigable, il avait la réputation d’aller au fond des choses et de ne rien concéder lors de ses enquêtes, ce qui dans un sens rassurait Merle.
Le véhicule venait de dépasser la pancarte indiquant la localité et le paysage avait changé d’aspect brutalement. Les prés aux alentours s’étaient soudain transformés en une véritable agglomération avec ses immeubles, ses zones commerciales, son tout-béton, et sa ville haute, vestige d’un temps révolu qui n’avait rien perdu de son charme. Les deux quartiers apprenaient à vivre ensemble, tant bien que mal, malgré les contrastes importants relevant d’un choix architectural d’assez mauvais goût. Après avoir franchi le pont d’acier et de béton surplombant la Loire, le paysage était autre. La berline de police emprunta une petite route longeant la rivière. Des terrains vagues donnant sur des plages de sable renaissant à chaque crue bordaient la voie. Une végétation variable apparaissait à présent, paradis des colverts et des cygnes. À une centaine de mètres, une petite route au revêtement usé par les intempéries et les inondations répétées séparait le fleuve des prairies avoisinantes. Là, les chevaux et les ânes y faisaient bon ménage et évoluaient dans cet espace verdoyant entouré de cabanes de maraîchers. La voiture roul

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