Rédemptions
193 pages
Français

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Description

Des meurtres et une tentative de meurtre, commis dans un quartier de Paris proche de la Gare Montparnasse, font se croiser les destins d’un policier, d’un agent immobilier au profil atypique, d’un ancien catcheur, d’une jeune cadre bancaire de tueurs professionnels venus d’Amérique du Sud et d’Europe. Le rappel intempestif du passé surgit alors, avec son cortège de morts brutales. Pourtant, les hasards de la vie, les rencontres inattendues et les besoins de l’enquête, vont conduire les principaux protagonistes et leurs proches à progresser sur un chemin qui ressemble à celui du rachat. Un sentier qui serpenterait dans une forêt où chaque arbre touché en révèlerait un autre.

Informations

Publié par
Date de parution 28 novembre 2013
Nombre de lectures 3
EAN13 9782312026503
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rédemptions

P. Guigue-Rodet
Rédemptions
Policier











LES ÉDITIONS DU NET 22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
« C’est vers l’intérieur que va le chemin mystérieux . En nous, ou nulle part, sont l’éternité et ses mondes, l’avenir et le passé… »
Friedrich Von Hardenberg (1772-1801) dit, Novalis






















© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-02650-3
Prologue
Les deux hommes se faisaient face dans le loft spacieux où malgré la hauteur sidérante du plafond, la douceur des marches japonaises permettait d’accéder sans effort à la mezzanine. Une balustrade en acier chrome bordait la plateforme, au-dessus de leurs têtes. Ils étaient assis devant un malt hors d’âge. L’un, à l’allure athlétique, aux cheveux poivre et sel, y avait mis une quantité incroyable de glaçons et son vis-à-vis, plutôt bedonnant, le teint rubicond, le souffle court, avait crié au gaspillage avec un rire forcé.
Ce dernier faisait figure d’expert en matière de gaspillage car il présidait la Mercator Finance Inc, immatriculée au Panama et domiciliée au Liechtenstein, chez lui. La MFI avait passé une « consultancy agreement » avec un des rabatteurs financiers d’une société, moyennant un pourcentage sur les montants qu’elle ramenait dans ses filets. Sans se préoccuper de la suite des opérations… parfois décevantes pour le possesseur des fonds ! Le président de la MFI avait ironisé, en adressant à son vis-à-vis la boutade éculée, qu’il réservait à chaque entrevue avec une relation nouvelle :
« Ne vous y trompez pas, malgré une quasi homonymie, la MFI n’est pas le FMI. Elle sait être généreuse sans mettre ses cocontractants à la diète économique. »
Mais dans la tête massive aux reflets gris-blanc, les yeux levés vers les lambris ne le regardaient pas ; à l’image du verre auquel il n’avait pas touché, le visiteur était resté de glace. Il avait entrouvert une mallette de cuir sombre. Sous la paupière, une seconde, s’était échappé un éclair vite éteint. Décontenancé par ce client taiseux, le Président de la Mercator Finance Inc se servit un second verre qu’il avala d’un trait et ajouta d’une voix conciliante :
« Vous avez insisté pour que je vous reçoive ici, dans ce loft que j’utilise à des fins particulières… Je crois.
– En effet. Un ami me l’a recommandé.
– Il y est donc venu ?
– C’est possible ; il me l’a conseillé pour les exigences particulières attachées à l’ultime contrat qu’il m’a confié.
– Vous piquez ma curiosité !
– Il m’a aussi parlé d’un courrier anonyme que vous auriez reçu et qui selon lui a dû retenir votre intérêt…
– Je ne vois pas… non, vraiment.
– Vous y étiez qualifié d’oiseau nuisible et de rat malhonnête…Il y était dit que vous ressembleriez bientôt à un composé des deux, c’est-à-dire, à une chauve-souris ! Savez-vous ce que cela signifie ? »
La question avait été formulée avec détachement, d’une voix impersonnelle. Le président de la MFI s’était levé, fébrile, muet d’une sourde angoisse.
« Vous allez mourir comme elles ! Pendu par les pieds, la tête en bas, si vous préférez. M. Manuel Oliveira Cortez a souhaité que cette disposition vous concernant, soit annoncée comme venant de lui. »
Ensuite, le visiteur avait tiré un filin noir de la mallette et ses yeux avaient quitté la rampe en acier chrome.
Chapitre I
Avoir tué quelqu’un, ca lui était égal, finalement… Il y avait longtemps qu’il ne ressentait plus les choses et les courants d’air. Quand un souvenir le tirait vers l’enfance, il charriait des impressions enfouies. Des parfums, des coloris et des sons, des frustrations humiliantes et des souffrances infondées, perçues comme des injustices. Jamais guéries, ni avouées… Curieusement, depuis quelques temps, ces impressions déplaisantes revenaient, surtout le soir quand il cherchait le sommeil sans confiance. La vie d’avant si elle était sonore, s’animait d’entrechocs familiers ou hostiles, sans être bruyante. Pas comme aujourd’hui où le vacarme du dehors était partout avant d’emménager dans sa tête. Il le pressentait, la dépression était là, au bout des illusions. Des années, le fantasme lui avait tenu lieu d’antidote. L’inconnue sans visage du RER ou dans le métro, muait proie ou chasseresse selon les heures. Le regard suivait une hanche, épinglait la cuisse découverte, décryptait le relief d’une vêture discrète. Délibérément longue et ample, elle conjurait la concupiscence dès le matin, d’hommes cravatés de frais, comme lui à l’affut d’images volées ou reçues. Rêvé ou non, le sexe passait comme le reste : les êtres, les saisons, la texture des habits neufs, le goût des gens. Difficile de savoir ce qu’il ressentait après avoir ôté une vie qu’il avait supposé si commune. Il était vide et en panne d’émotion. Avec ce mal être indéfinissable, venu de loin. En réalité, ce geste insensé, le sien, avait été porté par une spontanéité oubliée depuis deux décennies ; vingt ans passés à faire semblant au travail, en famille, en vacances. Avant de quitter la maison, la glace de la salle de bain lui renvoyait l’image d’une étrange neutralité. Un déni d’existence. Demain, se raserait-il en croisant un autre regard ? Celui d’un homme qui avait tué en sachant à peine pourquoi. Etait-il possible de le faire seulement pour se sentir vivre ? Il lui semblait être le même et sa raison s’étonnait de cet état nouveau que rien ne laissait paraitre. Et pourquoi donc, après tout ! Les chasseurs après la battue, se penchaient-ils sur la vie prise aux sangliers sans autre nécessité que le plaisir ? Qui pouvait dire qu’un animal, à la différence d’un homme, pouvait être abattu sans motif. Existait-il de surcroît, une raison de punir à l’identique un individu en lui rendant par exemple, la monnaie de sa pièce ? Il semblait que non, puisque la peine de mort avait été abolie contre celui qui l’avait pratiquée. L’infliger n’était plus un droit mais un interdit. Il était en plein sujet de philo, une matière où il avait été bon : pas plus de cause honnête à sacrifier un marcassin pour le végétarien convaincu qu’à zigouiller un assassin pour l’humaniste disposé à tout pardonner. Sinon, celle du geste naturel.
C’était ca ! L’authenticité retrouvée. Enfin, la permission d’obéir à la pulsion ! Venue d’on ne sait où, elle dirigeait l’être en le laissant intact, à la surface de lui même. L’influx le traversait et l’animait sans le corrompre. Une sorte de secousse mentale, fugace et irrépressible, vecteur irrationnel de la mort. Pareille à celle, irresponsable, qui perpétuait l’espèce. Autrement dit, pas la peine de creuser le sens ; un tremblement de terre qui enfouissait les maisons et les gens, n’avait pas de signification. Et personne ne s’émouvait du no man’s land philosophique que perpétuait la dévastation d’un tsunami ! La nature aveugle aurait-t-elle des droits sur le genre humain dont l’homme se refuserait à faire usage sur lui-même ? Il trouva l’idée saugrenue. Ne valait-il pas mieux mourir de la main de son semblable que d’une terre se dérobant sous ses pas et que nul ressenti, horreur, vengeance ou joie sadique, n’animait à ce moment là ? Le destin de la victime en était-il plus absurde qu’il faille en châtier l’auteur ? Il ne savait pas depuis quand de telles idées lui trottaient…
Elles étaient venues avec les souvenirs du pensionnat, trop fréquents, et bien avant de n’avoir pas secouru un innocent. Il avait vu un collègue dérober un portefeuille. Un autre, sans relief, avait été accusé à sa place. Et il n’avait rien dit. Pour voir jusqu’où cela irait. Jusqu’au licenciement ? A l’évidence. Et même au-delà. Le nigaud n’avait pas retrouvé de travail et désespéré, s’était jeté sous son train de banlieue. L’épouse était venue accuser le directeur des ressources humaines. Une femme attrayante, à qui le chagrin faisait oublier, momentanément, qu’elle était belle. S’il avait su, il serait intervenu…Il se serait interrogé sur un couple aussi mal assorti. Aujourd’hui encore, il lui était difficile d’admettre qu’elle ait pu se lier à cet homme ordinaire. Ni grand, ni petit, aux épaules tombantes, un peu vouté, que la quarantaine dotait d’un abdomen précocement flasque. Dans la société, il avait un rôle obscur, de troisième plan. A quoi cela tenait finalement, une vie ! Nul doute que si le hasard avant le vol avait provoqué une rencontre, la curiosité d’en savoir p

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