Règlement de comptes à Montmartre
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Règlement de comptes à Montmartre , livre ebook

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Description

Pierrot les mains blanches, le chef du gang des « Marseillais », s’est fait refroidir, à coups de pruneaux en plomb, dans un troquet de Montmartre. Le Commissaire Odilon QUENTIN est appelé sur les lieux pour recueillir les derniers mots du truand. À défaut de révélations, c’est une liasse de faux billets de 1 000 francs qu’il découvre cachée dans la banquette qu’occupait le mafieux lorsqu’il s’est fait trouer la peau.


Le soir même, Giuseppe Barecchi, le chef du gang rival des « Italos », se fait percer la paillasse, au surin, dans la rue. La vengeance des « Marseillais » n’a pas tardé.


Odilon QUENTIN et ses hommes se retrouvent alors à devoir résoudre trois affaires : le meurtre du chef des « Marseillais », celui du chef des « Italos » ainsi qu’un trafic de fausse monnaie...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9782373471090
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Odilon QUENTIN
* 6 *
RÈGLEMENT DE COMPTES À MONTMARTRE
Roman policier
par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER
Dans son bureau du Quai des Orfèvres, en attendant le résultat d'une autopsie, le commissaire Odilon Quentin, de la Police Judiciaire, faisait des mots croisés sous le regard amusé et légèrement railleur de son collaborateur, l'inspecteur Chenu.
Le chapeau dans la nuque, l'air buté, les sourcils froncés, le gros policier concentrait ses pensées ; il était visible qu'il commençait à s'énerver : ce délassement purement intellectuel ne lui était guère familier.
— Je ne puis pas vous aider, chef ? proposa son subordonné. Que cherchez-vous ?
— Un mot en cinq lettres, vieux ! La première est un M, la troisième un R et la dernière un E.
— Et quelle en est la définition ?
— « A illustré un grand général français. »
Chenu éclata de rire. Vraiment, le problème ne demandait pas tant de réflexion ; la solution crevait les yeux.
— Songez à Waterloo... proféra-t-il, doctoral.
Quentin le contempla de ses gros yeux vides d'expression :
— Tu ne comprendras jamais rien aux subtilités de la langue française, petit, fit-il avec commisération. Ce n'est pas le « mot » qui a illustré Cambronne ; c'est lui qui a illustré le « mot ». Dès lors, le parfum que tu évoques ne correspond plus à la définition.
Jamais l'inspecteur n'eut cru le patron capable d'une telle discrimination ; elle était juste cependant, et il baissa piteusement le front, comme un collégien pris en défaut, furieux d'avoir donné tête baissée dans un piège grossier.
C'est à ce moment que la vibration aigrelette de la sonnerie du téléphone retentit dans la pièce ; et, rien qu'à l'attitude ennuyée du patron, l'inspecteur comprit que son interlocuteur était M. Laubespin, le directeur de la Police Judiciaire.
Le commissaire ne proférait que des monosyllabes : « oui », « non », « bien »... Pour la dernière phrase, cependant, il se mit en frais :
— C'est bon, j'y vais, lança-t-il agressif, dans l'appareil qu'il raccrocha aussitôt.
Chenu le regarda, interrogateur, flairant une affaire nouvelle dans laquelle on aurait peut-être besoin de ses services.
— On vient de descendre « Pierrot les mains blanches » dans un bar de la rue Fontaine, expliqua brièvement le gros policier.
— Le caïd de la bande des Marseillais ?
— Oui ; il est à toute extrémité ; et dans sa candeur, le grand sachem m'envoie recueillir ses confidences en même temps que son dernier soupir... Comme si des types de ce genre comptaient sur la police pour se venger. Ils sont grands assez pour le faire sans notre aide !
— Ça va encore faire du vilain...
— Pour sûr... Reste dans mon bureau, veux-tu ? Et prends mes communications téléphoniques.
Dans le taxi qui l'amenait à Montmartre, Quentin réfléchissait, ramassant ça et là dans sa mémoire des bribes de souvenirs ; s'efforçant de reconstituer, étape par étape, la carrière mouvementée du moribond qui agonisait en ce moment à quelques pas de la Place Blanche.
Le fonctionnaire de la P.J. connaissait Pierrot depuis de nombreuses années. Ouvrier typographe à Toulon, le mirage de Paris l'avait ébloui comme l'éclat de la lumière attire les papillons de nuit. Grâce à un physique avantageux, il n'avait pas tardé à connaître des succès faciles dans un monde interlope et, en homme pratique, il n'avait pas hésité à tirer sa subsistance de ses bonnes fortunes.
Souteneur patenté, trois femmes turbinaient à sa place, et, pour occuper ses loisirs, Pierrot avait rassemblé autour de sa personne quelques individus dénués de scrupules qui, sous sa direction éclairée, effectuaient des opérations fructueuses s'étendant du vol de voitures aux agressions à main armée.
Quentin l'avait arrêté une fois, il y a une huitaine d'années, et il avait conservé de lui l'impression d'un malfaiteur dangereux, mais régulier. Sans se soucier des conséquences de son attitude, le caïd avait supporté la responsabilité de l'activité de toute sa bande et encaissé à lui seul un châtiment qui, normalement, eut dû frapper plusieurs de ses complices.
Condamné à cinq ans, on n'avait plus entendu parler de lui depuis sa libération. À l'heure actuelle, Pierrot devait friser la cinquantaine.
Le taxi s'arrêta devant l'entrée du « Bar de l'Ancre et du Soleil » où un gardien de la paix montait paresseusement la garde, et le commissaire pénétra dans l'établissement.
Assis sur un tabouret derrière son comptoir, Gégène, le patron, lança au nouveau venu un regard dépourvu d'aménité : il éprouvait une répulsion atavique pour les membres de la police en général et considérait Quentin en particulier comme un adversaire d'autant plus redoutable que son aspect de marchand de vaches semblait devoir le rendre inoffensif.
Au milieu du bistrot, étendu sur deux tables que l'on avait rapprochées, Pierrot les mains blanches râlait doucement, les yeux grands ouverts et la poitrine trouée en trois endroits, au milieu d'un groupe indifférent où le policier reconnut le commissaire du quartier, deux de ses agents et un médecin.
— Rien à faire, comme vous pouvez le constater par vous-même... fit ce dernier
tandis que Quentin serrait distraitement les mains qui se tendaient vers lui. Une balle a atteint le poumon gauche, une seconde l'estomac, et la troisième est logée dans la région cardiaque. Le blessé a l'âme chevillée au corps. Un autre serait mort dix fois...
— Il en a encore pour longtemps ?
— Une demi-heure tout au plus. Il est...
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