Série de trois
54 pages
Français

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Description

Le commissaire MAZÈRE est en congé dans un petit port breton en compagnie de son épouse.


Son « escapade » est rapidement interrompue par la police locale qui le convie à donner son avis sur une mort naturelle suspecte.


M. Le Gall est décédé d’une crise cardiaque dans son lit. Il était malade du cœur.


Mais des traces de pas derrière de grands rideaux laissent penser qu’un individu s’est tenu caché là et a probablement effrayé sa victime en surgissant brusquement et en criant.


Le défunt était membre de l’équipe des Célibataires, six hommes en vue de la région qui passent leurs soirées à jouer aux cartes et à faire la nouba.


Les chanceux viennent de remporter 500 000 francs à la Loterie Portugaise, ce qui leur vaut, depuis, de recevoir régulièrement des lettres anonymes leur prédisant des malheurs s’ils n’abandonnent pas leur prix.


Le ticket a été placé chez un notaire en même temps qu’un contrat stipulant qu’en cas de décès d’un des gagnants, les autres se partageraient sa part.


Les survivants ayant tous un alibi, MAZÈRE va devoir découvrir l’identité du corbeau...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9791070034927
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES
DU
COMMISSAIRE MAZÈRE

SÉRIE DE TROIS
Récit policier

Maurice LAMBERT
I
QUI, CONTRAIREMENT À LA TRADITION, N'EST NULLEMENT DRAMATIQUE

Cette silhouette claire, là-bas, entre le gros monsieur en alpaga et la vieille dame au chow-chow, c'était elle, bien sûr.
Mazère se haussa sur la pointe des pieds, impatient comme un collégien. Zut, c'était une blonde !
— Un policier rompu aux subtilités du « portrait parlé » qui ne reconnaît pas sa femme au milieu d'une cinquantaine de voyageurs, voilà qui est piquant ! grommela-t-il.
L'espace d'une seconde, une affreuse pensée traversa son esprit : « Aurait-elle commis le sacrilège de se faire décolorer ? »
Une autre pensée, à peine moins affreuse, chassa la première : « Elle a peut-être manqué son train. Je me la représente assez bien devant le portillon d'accès au quai, essoufflée et montrant le poing à la lanterne rouge du wagon de queue… »
— Comment va mon commissaire de mari ?
Mazère sursaute et sourit à la fois. C'était Angèle, sans chapeau, gentiment ébouriffée, nette et souple dans son tailleur crème, de la tendresse plein ses yeux bleus, mais les lèvres ironiques, comme toujours.
Elle lui offrit en même temps sa bouche et sa valise. Avec allégresse, il prit l'une et l'autre et questionna :
— Tu as surgi tout à coup, d'où sors-tu ?
— Du train, pardi ! Il y a cinq minutes que je gesticule dans l'espoir d'attirer ton attention. Ah, oui, monsieur était trop occupé à faire de l'œil aux femmes. Monsieur préfère les blondes, maintenant ?
— Petite rosse, tu sais bien que non… Je te cherchais tout simplement et je commençais à craindre…
Angèle s'immobilisa, leva les bras au ciel.
— Quelle pitié, mon Dieu ! Dire que ce bonhomme est chargé d'identifier et d'arrêter les malfaiteurs ! Ah, elle est protégée, la Société…
Le « bonhomme » entraîna la voyageuse vers la sortie, son bras passé sous le sien. À nouveau, il l'embrassa.
— Je t'adore !
— Ben, c'est heureux !... Alors ? Et tes trafiquants de stupéfiants ?
— Bouclés. Toute l'équipe. Une « souricière » hier après-midi à l'arrivée d'un bateau norvégien et l'affaire a été réglée en moins d'une heure… Parlons d'autre chose, veux-tu…
Mais Angèle ne se tenait pas pour satisfaite.
— Minute ! Tu ne vas pas me raconter que ces types avaient choisi pour théâtre de leurs exploits ce petit port des Côtes-du-Nord où il est certainement consommé davantage d'eau-de-vie de cidre que de cocaïne, hein ?
Mazère soupira.
— Qu'est-ce que ça peut te f..., pipelette ?
— Ça m'intrigue. Et puis ne m'insulte pas…
— Tu vas comprendre. La majeure partie des stupéfiants introduits sur le territoire français est amenée par bateaux, en provenance directe d'Extrême-Orient ou d'Amérique du Nord, surtout d'Amérique du Nord, car c'est un tort de croire que la Chine expédie directement sa camelote à l'Europe… Les trafiquants chinois vendent la drogue à l'état brut à leurs collègues américains – bootleggers que l'abolition de la prohibition a réduits au chômage, racketeers las de servir de cibles aux mitraillettes des G. Men, et d'autres encore – et ces derniers, dans leurs usines à peine clandestines de l'Ohio ou du Wisconsin, produisent héroïne et morphine, autant pour l'usage de leurs compatriotes que pour celui des Européens. Ils en revendent également à leurs fournisseurs, ces braves Chinois qui, ce n'est pas un dada des romanciers d'aventure, fument et prisent, toujours avec enthousiasme…
— Je ne vois pas le rapport…
Si Angèle était curieuse, elle aimait au surplus que l'on satisfasse sur-le-champ sa curiosité, la patience ne figurant pas au nombre de ses qualités maîtresses.
— Tu ne comprends donc pas, grosse bête, que des ports comme Marseille ou Le Havre sont étroitement surveillés par des brigades spéciales, qu'il devient impossible de transporter de grandes quantités de stupéfiants à bord des paquebots et des grands navires marchands, visités de fond en comble à chaque escale ?... Par contre, pourquoi se méfierait-on de l'honnête cargo norvégien qui apporte chaque mois dans un petit port breton quelques dizaines de tonnes de pâte à papier ? Tu saisis, cette fois ? La marchandise met quelques semaines de plus pour parvenir à destination, mais elle y parvient. Après de multiples transbordements, bien entendu, quelquefois effectués en pleine mer… Compris ?... Alors, profitons de nos quatre jours de vacances et oublions ces vilaines histoires… Comment trouves-tu le patelin ?
— Ça a l'air charmant. En tout cas, il y a du soleil…
— Et la mer à un quart d'heure, ma chérie !
Angèle cligna de l'œil, pointa l'index en direction de la valise que portait son mari.
— Le guide Michelin m'a renseignée. Je t'ai apporté ton maillot de bain et ton pantalon de flanelle… Et tu vas voir ma nouvelle robe !
Ils arrivaient sur une vaste place colorée et bruyante. Des cafés aux tentes bariolées, dont les terrasses s'étalaient sur le trottoir, des massifs fleuris.
— La place Du Guesclin, annonça Mazère, c'est le coin le plus animé du pays. Chacun, dès la fermeture des magasins et des bureaux, vient y faire son petit tour, c'est un rite. Les garçons y courent après les filles, les bourgeois y cherchent un peu d'animation…
— Et les commissaires en vadrouille cherchent à y nouer des aventures, hein ?
— Pourquoi pas ? Il y a de belles filles.
Angèle pinça sans ménagement le bras glissé sous le sien.
— Voyou ! Si je savais ça…
— Que ferais-tu ?
— Je te tuerais… Cette enquête-là, au moins, tu la laisserais aux autres !
Mazère avait élu domicile à l'hôtel de la Croix Verte, dont le café était fréquenté par les « gens bien », gros commerçants, fonctionnaires, retraités cossus, et par la jeunesse avide de rythme, un orchestre, composé des professeurs de musique de la ville, s'y prodiguant chaque jour à l'heure apéritive.
Après un brin de toilette, Angèle, fleurant bon l'eau de Cologne, le soleil et la joie de vivre, se déclara prête à absorber au moins deux martinis. Ils allèrent s'installer dans un coin du café et la jeune femme, l'œil critique, commença à inspecter choses et gens.
— C'est vraiment gentil, convint-elle, mais tu parles d'un orchestre ! Ces messieurs-dames confondent swing et polka ! Tu as repéré la tête de la pianiste ? Qu'est-ce que tu paries que c'est une vieille fille… une vieille fille encore jeune fille !
Mazère se rapprocha d'elle, et sur un ton de confidences :
— Mauvaise langue ! Tiens regarde ce petit gros qui pérore, c'est l'adjoint au maire. Il est propriétaire d'une fabrique de cordages. Deux fois millionnaire, au bas mot. N'empêche qu'il ne boit jamais autre chose que de la bière, parce que c'est moins cher que l'apéritif… Le petit barbu, à sa gauche, c'est le docteur Ragot, le médecin légiste. En face d'eux, le juge d'instruction Barrois, un garçon sympathique qui compte beaucoup sur l'affaire des stupéfiants – que je lui ai mâchée, entre nous – pour obtenir de l'avancement…
Un brouhaha venu de l'entrée de l'établissement l'interrompit. Plusieurs personnages paraissant de fort belle humeur prenaient possession d'une table en saluant du geste et de la voix la plupart des clients du café. Des habitués, à n'en pas douter. Déjà le garçon apportait un tapis sur lequel, d'un revers de main, il étalait un jeu de cartes en un arc de cercle parfait.
— Pernod, comme d'habitude, messieurs ?
Il était si sûr de la commande qu'il repartait sans attendre la réponse.
— Ma petite Angèle, je te présente une poignée de veinards. Ces six garçons qui forment ce que les habitués de la Croix Verte appellent l'équipe des célibataires viennent de gagner chacun cent mille francs. Ils ont pris en commun un billet de la Loterie Portugaise, un machin analogue au Sweepstake des Irlandais, tiré le jour du Grand Prix de Lisbonne. Leur billet vaut 500 000 francs…
— Mais ils sont six !
— Le plus amusant de l'histoire, c'est que le sixième, le petit brun, a refusé

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