Sherlock Holmes et les mystères de Bretagne , livre ebook
70
pages
Français
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2025
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Sherlock
Holmes
et les mystères
de Bretagne
Une enquête inédite de Sherlock Holmes
« Si nous étions moins préoccupés de ce que nous faisons ou de ce qui se passe autour de nous en ce monde, nous serions au courant de presque tout ce qui se passe dans l’autre. »
Anatole Le Braz (1859-1926)
Du même auteur, une poignée de polars
Selon les premiers éléments de l’enquête ,
Éditions D’Orbestier, 2009.
Carnaval infernal , Coop Breizh, 2011.
Aztèques Freaks , Éditions Baleine, 2012.
Deadline à Ouessant , Atelier Mosesu, 2013.
Anomalie P, Éditions L’Atalante, 2014.
Le Rêve armoricain , Éditions d’Orbestier, 2018.
Cuba à en mourir , Éditions d’Orbestier, 2019.
Nantes Bang Bang , Éditions d’Orbestier, 2020.
Matos , Éditions Moissons Noires, 2022.
Meurtres sur l’île (réédition Deadline à
Ouessant), Geste Noir, 2022.
Fuck la mort (Jacques Vaché, un roman nantais), Éditions Locus Solus, mars 2024
Sherlock Holmes et les secrets de Jules Verne , Édi tions Moissons Noires, 2024.
« De 1894 à 1901 inclus, M. Sherlock Holmes fut très occupé. On peut affirmer sans crainte qu’il n’y eut pas, au cours de ces huit années, une seule affaire épineuse au sujet de laquelle la police officielle ne l’ait pas consulté et il y eut en outre des centaines d’enquêtes particulières, certaines fort compliquées et extraordinaires, dans lesquelles il tint un rôle éminent. Nombre de succès sensationnels et tout juste quelques inévitables échecs résultèrent de cette longue période de travail assidu.
Comme j’ai conservé des notes très complètes concernant chacune de ces enquêtes et que j’ai participé à quantité d’entre elles, on conçoit que j’éprouve quelque difficulté à savoir lesquelles choisir pour en donner connaissance au public. Je resterai, néanmoins, fidèle à ma règle habituelle, qui consiste à accorder la préférence aux affaires dont l’intérêt provient moins de la sauvagerie du crime que de l’ingéniosité et de l’imprévu de la solution ».
Docteur Watson, extrait de La cycliste solitaire (1903, Arthur Conan Doyle).
Prologue
Cet épisode inédit de Sherlock Holmes fut retrouvé à Nantes dans une des boîtes du Grenier du Siècle, agencées dans un mur extérieur de l’ancienne biscuiterie LU. Cette paroi contient en effet plus de dix mille objets et documents déposés à la fin de l’année 1999. La réouverture de ce Grenier est prévu le 1 er janvier 2100. Il renferme, entre autres raretés, la recette secrète du Petit beurre LU ainsi que des objets usuels de la vie des Nantais à la fin du xx e siècle, des photographies, des livres, des textes intimes, personnels, des chaussures, des poupées, des jouets.
Le 23 décembre 2021, un incendie accidentel provoqué par un orage a bousculé le protocole en place. Plusieurs documents, touchés par les flammes, ont nécessité une restauration. Parmi ces pièces inattendues, un courrier privé, accompagné d’un texte écrit par le docteur Watson, complice éternel du détective Sherlock Holmes, a été récupéré, restauré et traduit. Il narre des aventures inconnues du duo de Londoniens à Nantes et dans le reste de la Bretagne.
À notre connaissance, le dépositaire de ces textes n’a pas été retrouvé et personne ne se doutait de leur existence en France ni outre-Manche. Une seule certitude, dans ses mémoires, le docteur Watson a indiqué à plusieurs reprises que bon nombre d’enquêtes ne pouvaient être publiées sans l’accord de l’ensemble des protagonistes cités. L’hypothèse qu’il n’ait pas eu l’autorisation, ou pas voulu blessé la mémoire de certaines personnalités citées au fil de son récit, demeure la plus probable. Sherlock Holmes a aussi pu faire obstruction de la publication de certaines enquêtes qui le mettaient dans une posture peu à son avantage. Aujourd’hui, la prescription s’impose, les faits retrouvés remontant à l’année 1898.
En juin 2024, une première publication sous le nom de Sherlock Holmes et les secrets de Jules Verne a pu sortir aux éditions La Geste dans la collection Moissons noires. On y découvre avec stupéfaction la rencontre du détective de l’étrange et du romancier des Voyages Extraordinaires au début du mois de février 1898. Jules Verne, vivant à Amiens à cette époque, séjournait à Nantes, sa ville natale, à l’occasion d’un congrès des Astronomes. Sherlock Holmes, venu à sa rencontre avec le docteur Watson, aida la police française en proie à un gang de tueuses. Le lecteur apprend que Phileas Fogg, héros du Tour du Monde en 80 jours de Jules Verne, n’était autre que le frère aîné du détective, Mycroft Holmes, espion britannique.
Sous le titre Sherlock Holmes et les mystères de Bretagne , le récit qui suit fait partie des mêmes écrits sauvés du feu et retranscrits. Cette aventure démarre au café Le Molière de la place Graslin à Nantes. Une trentaine de personnes, dont Sherlock Holmes et le docteur Watson, assistent en ces lieux à l’anniversaire de Jules Verne et au dénouement heureux d’une énigme criminelle.
L’étrange manoir de Monsieur Dobrée
Février 1898. Je m’étonnais à nouveau de la vitalité et du rebond physique de Sherlock Holmes dans cette taverne de Nantes, où nous étions réunis pour une célébration à caractère historique, l’anniversaire de Jules Verne, ses 70 ans. Quelques heures plus tôt, mon ami détective, âgé lui de 44 ans, avait été assommé, malmené et jeté à même le sol par des femmes 1 qui comptaient bien nous noyer dans la Loire, ligotés, saucis sonnés. Dans une cave lugubre d’un bar, nous pensions alors notre dernière heure venue. Holmes n’en menait pas large et me fit passer un très désagréable moment par un pessimisme et une résignation que je ne lui connaissais pas. Nous n’étions pourtant pas en présence du Napoléon du crime, le tristement célèbre professeur Moriarty, mais d’une ancienne connaissance féminine, Irène Adler. Sept années plus tôt, cette femme mit Holmes en échec 2 . La défaite l’avait en quelque sorte fasciné, lui le misogyne, au point de transformer son initiatrice en nouvelle muse intouchable. Et voilà qu’elle récidivait, qui plus est de l’autre côté de l’Océan, en fomentant des noyades avec une équipe de femmes vengeresses contre la violence sexuelle des hommes.
Holmes était sur le point de résoudre cette enquête au moment où nous fûmes capturés à notre tour. Comme des bleus. Il avait loupé la faille, pas repéré l’indice qui lui aurait permis de remporter la mise contre le gang. Par chance, nous avions été libérés in extremis par la police française, aidée par le frère de Sherlock, Mycroft Holmes, espion au service du gouvernement britannique. La présence de ce dernier m’interpellait. Je mettais cela sur le compte de cette affaire criminelle qui dépassait les frontières locales.
Ce premier épisode de notre séjour en Bretagne me restait néanmoins comme un chat en travers de la gorge. Je m’étais réellement posé la question de l’écrire avant de répondre par l’affirmative. Oui, trois fois oui, d’abord par honnêteté avec ma propre conscience (je n’étais pas exempt d’erreurs) et bien entendu afin de ne rien cacher aux admirateurs de Sherlock Holmes. Je leur devais l’entière vérité, quitte à écorner l’image sacrée du maître. Qu’importe du qu’en-dira-t-on ! Les échecs rehaussent les succès, philosophais-je. En rédigeant cette aventure bretonne, je savais pertinemment que sa publication l’aurait gêné de son vivant. Chacun cultive ses jardins secrets et ne tient pas à ce qu’ils soient exposés en place publique.
À Nantes, ville étonnante ma foi, nous aurions donc pu y rester, mourir noyés bien loin du 221B Baker Street et achever notre existence. Dois-je encore me confesser ? J’en ai parfois des sueurs froides quand les souvenirs remontent et me submergent. Ce séjour, aussi mouvementé soit-il, m’avait permis de découvrir la ville port, celle qui façonnât l’imagination du grand écrivain pour qui nous levions notre verre. Jules Verne fêtait en ce 8 février 1898 ces 70 ans. Je pensais à Mme Hudson et au plaisir proche de lui raconter notre entrevue avec son auteur préféré et ses incroyables révélations. Elles se traduisirent, je peux le dire aujourd’hui, par un véritable choc émotionnel. Quant à la lettre érotique d’un Jules Verne, alors encore vert, je me gardais bien de la divulguer à Madame Hudson.
Place Graslin, au café Le Molière, dont la terrasse moderne donnait sur le grand théâtre, une brasserie nommée La Cigale et l’Hôtel de France où nous logions depuis quelques jours, les voix des discussions s’élevaient, les verres tintaient, les rires s’allongeaient. Quand le commissaire François Le Villard apparut à la porte de l’estaminet, des applaudissements retentirent. Les invités avaient tous été informés de l’arrestation du gang qui semait la terreur dans la ville par le biais de noyades violentes. Je fis connaissance d’Augusta Holmès, la cousine de Sherlock, compositrice de grand talent, venue présenter une pièce lyrique au théâtre Graslin. Le terme d’incroyable synchronicité me vint irrémédiablement à l’esprit en parlant de la présence commune du frère, Mycroft et de la cousine, Augusta. D’un abord accessible, souriante et d’une rare élégance, elle écouta avec attention le commissaire décrire les circonstances et le dénouement de la saga meurtrière. Deux journalistes l’encadraient et prenaient des notes. À ses côtés également, attentif, discret, Mycroft Holmes ponctuait les phrases du policier en remuant ostensiblement la tête. Il esquissa un sourire quand son confrère français nota l’aide précieuse d’un membre éminent des services secrets britanniques, une aide conjuguée bien entendu à celle du plus célèbre des détectives londoniens. Holmes fumait nonchalamment sa pipe en lisant la carte des vins de l’établissement. Les honneurs, comme à son habitude, il les résumait d’un