Tancrède et l ange de Corcyre
52 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Tancrède et l'ange de Corcyre , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
52 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tancrède ARDANT, le cambrioleur aventurier recherché par toutes les polices d’Europe, se rend à Athènes. Il espère s’approprier le « Pectoral d’Ange Comnène » un bijou, certes, de grande valeur, mais qui cache en son sein, selon ses sources, un parchemin menant à un véritable trésor.


Or, il apprend par le journal que l’antiquaire qui vient d’acheter le joyau a été kidnappé en pleine rue !


Qu’à cela ne tienne, Tancrède ARDANT se fait fort de retrouver le pectoral, coûte que coûte, et de mettre la main sur le magot...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070032848
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

TANCRÈDE
ET
L’ANGE DE CORCYRE

Par
Frédéric SIPLINE
CHAPITRE PREMIER

Le Cairo City était entré dans le port du Pirée à 18 h 50 : sur le quai les criailleries habituelles avaient retenti : foule de marmots acharnés à arracher leurs valises aux passagers, employés qui indiquaient à grands cris la direction du petit bâtiment de la douane. Sur le pont des quatrièmes à la table volante du contrôleur des passeports s'élevaient les ordinaires lamentations en des langues invraisemblables, atroces mélanges de turc, d'arménien, de sabir, de grec et d'italien.
M. Driault, lui, voyageur important de première classe, avait touché l'un des premiers la terre ferme et se dirigeait, d'un pas un peu chancelant, chose naturelle après plusieurs jours de mer, vers la bicoque des douanes. Elle bourdonnait d'un ahurissant tintamarre. Les porteurs bousculaient tout un chacun au cri de « embros ! embros ! » et des gabelous, suant dans leurs uniformes de toile grise, trituraient les valises.
M. Driault, débarrassé de cette corvée, se retrouva enfin sur la petite place du port, heureux de voir des automobiles autrement qu'enchaînées sur le pont du navire.
Dépaysé, il balança s'il prendrait un taxi pour se faire conduire à Athènes ou s'il tâterait du « siderodromos », le métropolitain hellénique.
Les petites tables des changeurs d'or tentèrent un instant sa curiosité, mais il se résolut bien vite à sauter dans un taxi :
Hôtel Delphi !
Le Delphi est cossu et discret, rencogné dans un angle de la rue Saint-Constantin.
Cossu et discret, voilà ce qu'était M. Driault, lui aussi. Un monsieur très français et très bourgeois d'allure, mais fort bien vêtu de beau et bon tweed clair et tout à fait persuadé de ressembler à un touriste britannique ! M. Driault était antiquaire, faubourg Saint-Honoré. Un antiquaire de haute volée s'il en fut.
Son voyage à Athènes avait deux raisons. La première : il était en vacances. La seconde : il voulait profiter de ces vacances pour acheter le « pectoral d'Ange Comnène », un bijou qu'il était assuré de revendre avec un coquet bénéfice. C'était une aubaine d'avoir appris à Paris la prochaine mise en vente de cette pièce.
M. Driault fit un rapide bout de toilette et l'on vint bientôt l'avertir que son correspondant d'Athènes, M. Hazard, l'attendait dans le hall. M. Hazard était un vieil Athénien d'adoption. Il entraîna son hôte dans un excellent restaurant de la rue Hermès où le bon M. Driault se régala de fort bon cochon de lait à la broche. Tous deux firent ensuite la visite nocturne rituelle à l'Acropole.
Athènes, au pied de la montagne sacrée, brillait de tous ses feux, piquetée de mille et mille lumières qui étaient autant d'étoiles, comme si l'on avait – pour une fois – le ciel à ses pieds.
Ensuite, il se déclara fatigué, repoussa l'offre de Hazard qui voulait le mener dans une excellente boîte de nuit de la rue d'Athènes, où les entraîneuses sont françaises. Il dormit fort bien, charmé par l'odeur enivrante, orientale, et bercé par les mille chansons de la nuit athénienne.
M. Driault ne savait pas ce qui l'attendait !
Le lendemain, toujours en compagnie de son ami M. Hazard, il se rendit à la vente où devait être mis aux enchères le pectoral qu'il convoitait. Il n'eut pas de mal à l'emporter, pour 600 000 drachmes, contre un amateur turc et il retourna à son hôtel. Le soir, il retrouvait encore M. Hazard. À 11 heures, il traversait la place Syntagma, lorsqu'un quidam l'arrêta pour lui demander du feu. Il s'arrêta innocemment sur le bord du trottoir pour tendre sa cigarette. M. Hazard fit encore deux pas, entendit un coup sourd et un cri bref et se retourna juste à temps pour voir son ami Driault, durement frappé à la mâchoire s'écrouler dans les bras de deux inconnus qui l'entraînèrent vers une voiture qui surgissait dans le moment même.
Hazard se jeta au secours de son ami et fut accueilli à coups de matraque par l'homme à la cigarette éteinte. Il s'écroula comme la voiture démarrait en trombe en direction du Pirée, emportant Driault, ses trois agresseurs et un quatrième homme qui conduisait.
Hazard se réveilla à l'hôpital et ne put que raconter ce qu'il savait, c'est-à-dire rien, sinon les quelques images confuses qu'il gardait de la scène de l'enlèvement.
CHAPITRE II
 
Tancrède Ardant reposa posément le « Journal d'Athènes » qu'il lisait, confortablement installé dans un des profonds fauteuils du hall de l' Hôtel d'Angleterre, une excellente fine à la portée de la main.
— C'est une bénédiction, se dit-il à lui-même, d'avoir dans cette adorable ville un quotidien français. Qu'est-ce que je serais devenu si j'avais dû me faire traduire la « Prooia » ou « Eleftheron Vima » !
Il but une gorgée de fine, appela un groom :
— Faites-moi chercher mon valet de chambre.
Le fidèle Florimond, quelques minutes plus tard, s'inclinait respectueusement devant son maître. Florimond était un être exquis et qui savait son monde. On louait Tancrède Ardant de la discrétion et de l'excellent style de son domestique. Mais les mêmes laudateurs eussent été bien étonnés en entendant Florimond, impeccablement penché vers son maître lui demander à mi-voix :
— Alors, patron, ça colle ? C'est-y pour ce soir ?
— Boucle-la, répondait le « patron » ainsi interpellé et lis-moi cet entrefilet.
En même temps, il tendait le journal à Florimond qui le déplia avec toutes les marques ordinaires de respect.
Les quelques lignes du « Journal d'Athènes » auxquelles Tancrède Ardant et son fidèle Florimond s'intéressaient n'étaient rien d'autre que le récit de l'attaque dont l'antiquaire bien connu Driault avait été victime après avoir acheté le « pectoral » d'Ange Comnène.
Le domestique siffla entre ses dents :
— Alors, « on » est deux sur le truc, patron ?
— Cela m'en a tout l'air, sourit Ardant. Mais il se peut que les gens qui ont attaqué Driault ne soient que de vulgaires bandits qui voulaient seulement dévaliser l'antiquaire d'une pièce de valeur. Alors que nous, mon vieux Florimond, nous ne sommes pas de vulgaires bandits. Souviens-toi toujours de cela : nous sommes des aventuriers, nous.
— Bien, patron ! Parfois, j'oublie, vous comprenez...
Il prit un temps et ajouta :
— Vous croyez qu'ils l'ont pris, le pectoral ?
— Cela m'étonnerait. Je ne crois pas qu'un bonhomme plein d'expérience comme Driault se soit promené avec le pectoral dans sa poche. Ça ne lui ressemble pas !
— Alors, patron ?
— Alors, ce ne sont peut-être pas de vulgaires bandits, malgré leurs méthodes brutales. Pouah ! Ça ne te dégoûte pas, toi, l'attentat à main armée ?
Florimond mima les signes du plus vertueux dégoût, tandis que Tancrède poursuivait :
— Malgré ces procédés un peu durs, ils cherchent peut-être la même chose que nous. Te souviens-tu de ce que nous a dit Lardois le soir où il est venu dîner rue Godot de Mauroy ?
— Je m'en souviendrai toujours, patron, il avait tellement l'air du vrai rat de bibliothèque avec sa redingote et ses souliers craqués ! Il a dit – c'était au fromage – : « Mon cher ami, je vais vous raconter ma dernière trouvaille. Figurez-vous qu'en furetant dans les manuscrits de mon département je suis tombé sur une pièce extraordinaire, le M. S. SI 6037 : c'est une pièce rare dont on ne connaît que deux exemplaires, celui de la Nationale, dont je vous parle et celui du British Muséum. C'est un manuscrit grec ayant appartenu à l'un des empereurs Comnène de Byzance et dans lequel il a fait relater par l'un de ses secrétaires l'histoire de sa vie dans les moindres détails. Ces manuscrits, après la mort violente du basileus, disparurent et on ne les a...

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents