Tattoo Opéra
156 pages
Français

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Description

À proximité de l’Université de Montréal, des femmes se réveillent dans des endroits insolites. Elles n’ont aucun souvenir de leur kidnapping. N’ayant subi aucune violence, elles se retrouvent uniquement parées d’un dessin sur leur peau. Qui donc prend ainsi un malin plaisir à les tatouer à des endroits qu’elles ne peuvent même pas voir elles-mêmes ? Les inspecteurs Caressa et Girard de la police de Montréal aidés de Sonia, géniale geek au parler coloré, devront déployer tout leur savoir-faire pour repérer des liens entre les victimes et leurs dessins apparemment sans logique.
Ils vont réaliser avec étonnement que les arts sont intimement liés au cheminement torturé du plan machiavélique de cet agresseur pour le moins original.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 novembre 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312086965
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tattoo Opéra
Jean - Christophe Guelpa
Tattoo Opéra
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08696-5
Chapitre I
Il déposa le dermographe {1} sur la tablette métallique proche de lui. Il était plutôt fier de son travail. Ce n’était certes pas le premier tatouage qu’il effectuait, mais c’était « son premier », le début de Son œuvre. Il regarda le dessin de plus près. Oui ! Tout était bien tracé avec des lignes noires pures et sans aucune bavure. Du beau boulot. Il se frotta les mains. La phase numéro un était lancée ! Il était enfin récompensé de toutes ces années d’apprentissages et ces coûteux voyages à l’étranger afin de se familiariser avec les différentes techniques et ainsi peaufiner son art. Combien d’années ? Cinq ! Que le temps avance vite lorsqu’on caresse un tel but. En réalité, cela faisait exactement cinq ans et deux mois. Et combien d’heures passées, avec en point de mire l’objectif ultime dont la première scène venait de prendre vie sur la peau blanche de Lisbeth ? Beaucoup. Peu importait, car maintenant elle était là, toute paisible, couchée sur le lit, dormant encore. Il l’avait assez droguée pour qu’elle ne bouge pas d’un pouce. Il voulait que son travail fût éblouissant comme l’était son projet.
Charles serait fier de lui, c’est certain.
Le cours de littérature française venait de se terminer au pavillon Lionel-Groux de l’Université de Montréal. Anaïs Tanaké rangeait ses affaires comme à son habitude, c’est-à-dire avec minutie, contrairement à Lisbeth, son amie et colocataire. Toutes deux se partageaient un appartement avec deux chambres et un petit salon sur la rue Édouard-Montpetit, proche de la faculté. Faire seulement quelques pas pour se rendre à leurs cours était vraiment une aubaine. Pas de métro ou d’autobus, encore moins d’automobile. La voiture était d’ailleurs pour Anaïs une aberration à Montréal. Lorsqu’elle était arrivée dans la métropole, décidée à obtenir un baccalauréat en littérature, elle avait gardé quelque temps son auto. Posséder un véhicule à Val-d’Or, sa ville natale, était une évidence et elle pensait donc que ce fut aussi le cas dans la grande ville… Quelle erreur ! Entre le prix des stationnements, les éternelles congestions et les cinq mois d’hiver avec son lot de neige et de verglas, sa Nissan Micra qu’elle appelait affectueusement son pot de yaourt étant donné sa taille était devenue une véritable source de soucis. Elle l’avait revendue avec regret, et repéra cet agréable logement près de l’université. Le coût des appartements étant assez élevé, elle décida de s’adjoindre une colocataire. Ainsi, durant les trois années de son baccalauréat, elle partagea son loyer avec Inge, une Allemande. Une sympathique fille arrivant tout droit de Munich, grande et musclée, qui s’exprimait dans un beau français métissé de son accent germanique. Inge était venue se perfectionner en langues. Parlant aussi le néerlandais elle désirait améliorer son anglais « américain » sans être obligée d’étudier aux États-Unis. En s’inscrivant au Canada et au Québec, elle peaufinait par la même occasion son français en découvrant les tournures spécifiques de cet îlot francophone. Pour une future traductrice, elle estimait que c’était un atout. Anaïs prit la décision de poursuivre sa formation et d’entamer une maîtrise, Inge de son côté retourna en Allemagne et Lisbeth Kuipers la remplaça. D’origine hollandaise, elle étudiait tout comme Anaïs la littérature, mais elle était plus jeune de deux ans. Pour cette raison, elles ne fréquentaient pas les mêmes cours, mais elles s’entendaient très bien. Lisbeth avait précédemment effectué une année de scolarité en France à Toulouse et était arrivée ici pour connaître les écrivains francophones d’Amérique du Nord. En effet, elle était tombée un jour par hasard sur une petite librairie toulousaine pleine de charme et avait trouvé un livre dont le titre « Pélagie-la-charrette » l’avait fait sourire, mais dont la lecture l’envoûta. Elle fut surprise de la « parlure » originale de ce coin de pays sous la plume vivante et colorée d’Antonine Maillet. Elle avait décidé de découvrir ce langage si riche. Avec Anaïs, elles devinrent rapidement de grandes amies, appréciant les mêmes lectures, les mêmes films et aussi les sympathiques restaurants. Une seule chose les différenciait : Anaïs avait un faible pour les jeunes hommes musclés alors que Lisbeth préférait les intellos plus matures donc sensiblement plus âgés. Cette dissemblance ne les empêchait nullement de sortir en couple. Anaïs étant d’origine amérindienne, sa peau mate et ses cheveux noirs tranchaient avec Lisbeth, blonde dont le teint pâle était éclairé par le vert intense de ses yeux. À côté d’elles, les « chums » du moment étaient tout aussi opposés. Un jeune athlète, étudiant en médecine, tenait la main d’Anaïs, alors que Lisbeth était accompagnée d’un maigrichon plus vieux de dix ans. Un quatuor qui faisait sensation par son éclectisme visuel !
Mais aujourd’hui, tout en sortant de la salle de cours, Anaïs était inquiète, Lisbeth avait découché. Ce n’était certes pas la première fois, mais elle n’avait pas donné de nouvelles ni réapparu depuis vingt-quatre heures, ce qui n’était pas normal, car elle prévenait toujours. Anaïs avait téléphoné à Julien, l’actuel petit copain, qui répondit qu’il n’avait pas plus d’informations. Visiblement, il ne s’inquiétait guère du fait qu’elle n’était pas avec lui. De toute façon, Anaïs savait que leur relation battait de l’aile depuis quelque temps. D’après Lisbeth, il était certes très gentil, mais c’était le genre de gars à rester éternellement étudiant. Deux baccalauréats, un début de maîtrise, constamment aux premières loges de revendications syndicales dont il était le brillant porte-parole, mais totalement déconnecté de la réalité. Lisbeth peu motivée avait essayé sans grande conviction de mettre fin à cette relation. Elle avait confié à Anaïs que c’était confortable d’avoir une épaule sur laquelle s’appuyer de temps en temps. Elle était ainsi très différente d’Anaïs qui cumulait les conquêtes, toujours avide de nuits torrides, tout en étant généralement déçue les lendemains… Sa plus longue relation avait duré plusieurs semaines, véritable record qu’elles avaient fêté récemment. Anaïs était rentrée un soir avec une bouteille de champagne en précisant, toute fière, que c’était du vrai et pas du mousseux. Elle avait lancé :
– Quatre mois avec Éric. On fête ça !
Lisbeth avait alors répliqué :
– On pourrait l’attendre.
– Non ! Je souligne les cent-vingt jours et la fin en même temps.
C’était du Anaïs tout craché.
Elles s’étaient regardées et avaient éclaté de rire. Mais ce soir, Anaïs n’avait pas le cœur à rire, chaque heure ne faisant qu’augmenter son inquiétude. À vingt-deux heures, elle dut se rendre à l’évidence : Lisbeth ne reviendrait pas non plus cette nuit. Même si elle savait que sa colocataire n’était plus une enfant et qu’elle avait le droit de découcher, le fait de n’avoir aucune nouvelle ne la rassurait pas. Si Lisbeth était brouillonne dans sa façon de vivre, il suffisait de voir l’état assez pitoyable de sa chambre, elle était ponctuelle et responsable. Disparaître ainsi n’était pas dans son ADN . Malgré l’heure tardive, elle rappela Julien qui rétorqua sèchement qu’il ne savait rien et son ton ne laissait aucun doute : il se fichait complètement de l’endroit où pouvait être sa petite copine. En raccrochant, Anaïs pensa qu’il était déjà rendu au stade d’ex. En dépit de la situation, elle estima que c’était au moins une bonne nouvelle, elle avait toujours trouvé ce gars mou et insipide. Elle parvint toutefois à s’endormir en imaginant que son amie était enfin tombée dans les bras d’un homme plus mature et qu’elle en avait perdu toute notion du temps.
Lorsque Lisbeth reprit vaguement ses esprits, elle n’avait aucune idée de l

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