Trop tard Mrs Grant !
49 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
49 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

L’inspecteur O’Mara est appelé dans la propriété de Moor House pour enquêter sur le meurtre de Terry Grant, le fils de la maîtresse de lieux.


La victime a été retrouvée au petit matin, poignardée dans sa chambre. L’arme du crime a disparu ainsi que les bijoux du défunt.


Si la vieille Mrs Grant opte pour l’acte d’un rôdeur, O’Mara est bien convaincu que le coupable est à chercher parmi ceux qui logent à Moor House : Mrs Grant, Norma Grant, sa bru, Sidney et Edna Turner, un couple d’amis de Terry, et M. Graville, un homme qui était en affaires avec Terry Grant... et les divers domestiques...


Une chose est certaine pour le policier, aucun des protagonistes de l’histoire n’a une réaction normale face au décès...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782385010669
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

I
 
Norma Grant, insensible aux regards sournois qui la guettaient, prit une cigarette dans un coffret de laque posé sur la tablette du divan au milieu duquel elle était à demi étendue. Un instant, sa main fine et longue qu'alourdissait un diamant enrobé de platine — le premier cadeau de Terry — joua avec un briquet d'or ciselé.
Norma Grant, qui avait peur, très peur, devait fournir un tel effort pour imposer à son visage ce masque d'indifférence auquel elle tenait tant qu'elle en devenait presque provocante. Redoutant de ne pas atteindre l'effet voulu, elle forçait, comme tous les comédiens novices... Pourtant, il y avait beau temps qu'elle n'était plus une novice.
— Norma, ma chère, dit la vieille Mrs Grant de sa voix mate qui donnait à chaque mot le sens d'une menace. Il serait décent que vous revêtiez une robe noire. Si vous n'en possédez pas ici, donnez un coup de téléphone en ville, et, dans une heure, on vous livrera un vêtement qui satisfera notre souci des convenances à tous.
— C'est ce que j'ai fait, intervint Edna Turner, à qui le noir allait parfaitement et qui le savait.
C'était sans doute pour cela qu'elle s'était empressée d'adapter sa toilette aux circonstances.
La vieille Mrs Grant glissa vers elle un regard chargé de gratitude.
— Je suis d'autant plus sensible à votre geste, mon enfant, que rien ne vous forçait à porter le deuil. Cette obligation ne vise que les membres de la famille.
Son regard revint planer sur Norma, qui, paisiblement, allumait sa cigarette, et reprit sa dureté.
— Je suis désolé d'insister, Norma, mais si nous envions votre volonté qui vous permet de dominer votre chagrin...
Oh ! l'ironie méchante qui marquait chacun des mots que la vieille dame proférait avec l'approbation muette d'Edna et des autres.
— ...nous ne comprenons pas que vous vous singularisiez en ne portant pas dès maintenant le deuil de votre mari. Il me coûte d'avoir à vous parler sur ce ton, mais des visiteurs peuvent venir, des journalistes, par exemple. Et puis il y a les policiers, cet inspecteur O'Mara qui a l'air comme il faut...
Malgré son désarroi, Norma faillit sourire. En vérité, la vieille Mrs Grant exagérait.
« Il me coûte d'avoir à vous parler sur ce ton... » Quel toupet ! Quelle hypocrisie ! N'était-ce pas le ton qu'elle prenait toujours quand elle s'adressait à sa bru !
La jeune femme se leva, fit quelques pas dans la pièce.
— Rassurez-vous, tous, je ne serai pas un objet de scandale. Le temps de monter dans ma chambre, de passer le costume noir que j'ai apporté de New York et...
Elle se tut. L'expression de la vieille Mrs Grant la glaça d'effroi.
— Voulez-vous dire, Norma, que vous avez mis une robe de deuil dans vos bagages avant de venir en vacances à Moor House ?
— Mais... oui... C'est mon habitude quand je séjourne assez longtemps hors de New York. Il peut se présenter des...
À quoi bon insister ? Norma dévisagea les unes après les autres les quatre personnes dont les regards aigus la prenaient pour cible.
Sa belle-mère restait impassible. Elle murmurait simplement :
— Je comprends... Je comprends...
Que dissimulait cette bonhomie mal feinte ? À vrai dire, Norma le savait. Et sa peur ne fit qu'augmenter.
Edna Turner tentait de ne pas laisser deviner la haine qui l'animait. Mais ses yeux la trahissaient.
— Vous êtes une femme de précaution, grinça-t-elle. Je vous envie, ma chère, vous envisagez toutes les éventualités, même les pires !
Garville, le gros Garville, qui frottait l'une contre l'autre ses mains d'étrangleur aux doigts noueux et puissants, restait muet, mais ses traits épais parlaient pour lui. Il était incapable de dissimuler. Déjà, quand on avait découvert le cadavre... Le mufle ! La brute ! Il est vrai qu'il était l'ami de Terry et que ce dernier avait dû se confier à lui. C'était une manie de Terry de raconter ses histoires à tout le monde.
Et Sid qui baissait la tête, soudain, pour ne pas rencontrer le regard de Norma. Sid ! Même lui ! Lui qui hier encore...
Brusquement, la jeune femme se sentit très lasse. Ils étaient tous contre elle, c'était évident. D'ailleurs, ils avaient toujours été contre elle, sauf Sid. La vieille Mrs Grant était la plus acharnée et elle avait une façon de prononcer : « Oh ! Norma... », quand on lui parlait de sa bru, qui en laissait deviner long. Mais Norma Grant se secoua. Elle n'allait pas se laisser aller maintenant ! Alors que les autres se réjouissaient déjà à la perspective de la voir accusée du meurtre de son mari. Ils savaient qu'elle ne pouvait faire montre du moindre chagrin puisqu'elle n'en éprouvait pas, mais ce qu'ils ne savaient pas, et ce qu'il ne fallait pas qu'ils sachent, c'est qu'elle avait peur.
Elle marcha vers la porte à travers laquelle parvenait la voix plaisante d'un policeman qui bavardait avec Philipps, le valet de chambre. Un policeman ! La police ! L'inspecteur O'Mara dont on ne pouvait percer les pensées ! Norma se retourna. Son hésitation n'échappa pas à la vieille Mrs Grant qui remarqua :
— Qu'avez-vous, ma chère ! Craindriez-vous de rencontrer l'assassin de Terry dans le hall ? Auquel cas, soyez rassurée, la maison est pleine de policiers.
La jeune femme frémit, en franchissant le seuil. Si elle échappait à la police, elle n'échapperait pas aux autres.
 
* * *
...

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents