Un Kalebuck à Dunkerque
62 pages
Français

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Un Kalebuck à Dunkerque , livre ebook

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Description

Un Kalebuck est le mot qui veut dire flic en patois dunkerquois. Karim Zitouni, jeune officier de police nouvellement promu est affecté à Dunkerque où il va faire ses premiers pas et sa première enquête

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 novembre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312014937
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un Kalebuck à Dunkerque

Gérard Simian
Un Kalebuck à Dunkerque
Roman











LES ÉDITIONS DU NET 22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01493-7
Sommaire
Sommaire 7
Avertissements 8
Quelques traductions 8
Chapitre Premier 9
Bien Venue 9
Chapitre Deux 27
Le jeu du pendu 27
Chapitre Trois 45
Deux de chute 45
Chapitre Quatre 61
Et de trois 61
Chapitre Cinq 73
La fin des haricots 73
Épilogue 87
A VERTISSEMENTS
Cette histoire est une fiction. Toute ressemblance avec une ou des situations, nom ou événements existants ou ayant existé serait totalement fortuite.

Les puristes de la langue voudront bien excuser le néophyte que je suis pour les erreurs que j’aurais pu commettre en matière de transcription du parler Dunkerquois.
Afin de ne pas être surpris, le lecteur trouvera ci-après la traduction des mots utilisés dans ce livre.
Q UELQUES TRADUCTIONS
Peute Energie
Faire mât’che Faire ami-ami
Keune Lapin
Schaille. Voyou
Beute erreur
Smout Saindoux
Braire Pleurer
Arewetche Petits pois
Kalebuck Flic
Baraquin Romanichel
Un coup dans l’mink Quand on a trop bu
Baptisé avec une queue de morue qui a toujours soif
Chapitre Premier
B IEN V ENUE
Il pleuvait !
Cela n’avait rien d’étonnant. On était encore en hiver et Dunkerque n’était pas particulièrement réputé pour son climat sec. Qui plus est, un vent léger et glacial, descendant de Belgique, avait pris possession des rues de la ville et transperçait quiconque osait l’affronter, renforçant encore plus l’impression de froid. Les pavés des berges du port de plaisance luisaient sous la pluie comme s’ils avaient été vernis. Quant à eux, dans le bassin, les voiliers serrés les uns contre les autres se fichaient de ce temps comme de l’an quarante. Ils en avaient pris leur parti depuis le temps qu’ils vivaient là! Et pour tout dire, la flotte, ils étaient faits pour ça, non ? Alors ils restaient là, nonchalants et indifférents, en laissant chanter leurs haubans : Cling, cling, cling….
Pour Karim Zitouni, ce n’était pas du tout le cas.
Il ne chantait pas et n’en avait d’ailleurs nulle envie.

Karim était d’origine magrébine, de la troisième génération issue de l’immigration. Ses grands-parents, originaires de Kabylie, avaient quitté l’Algérie en même temps que l’armée Française au début des années soixante, un peu avant l’indépendance. Le grand-père avait tout de suite compris que son statut de harki le présentait, lui et sa famille, comme cible prioritaire aux vengeances et massacres qui allaient suivre.
Ils avaient donc fuit l’Algérie et avaient atterri avec leurs enfants dans le midi, entre Marseille et Avignon, dans un petit village rural de Provence. De toute façon, il fallait bien s’arrêter quelque part. Ici ou ailleurs quelle importance. Alors, ils avaient jeté l’ancre.
Avec ses collines plantées de pins, sa terre ocrée où les oliviers aux troncs torturés poussaient sous un soleil de plomb, et la sécheresse estivale qui transformait en poussière la terre asséchée, ce coin de France lui rappelait un peu le bled. Ici, le travail de la terre ne manquait pas. Il y avait un grand besoin de main d’œuvre dans les plantations maraîchères. Le travail des champs, lui et sa femme, le connaissaient. Depuis tout petit, ils avaient retourné la terre dans les grandes fermes de la Mitidja quand l’Algérie était nommée le grenier de la France.
Les débuts avaient été particulièrement difficiles. Le langage et l’accent, les moqueries, quand cela n’était pas parfois des insultes, le travail harassant, dix à douze heures par jour pour un pauvre salaire, il avait fallu faire face et serrer les dents. Malgré cela, ils avaient tenu le coup et peu à peu s’étaient fondus dans la masse. Ils s’étaient intégrés tant et si bien que quelques années après, enfin, ils avaient demandé et obtenu la nationalité Française pour eux et leurs enfants. Ces derniers avaient fait d’honnêtes études et trouvé un emploi. Ils s’étaient mariés et avaient fait des enfants. Le père de Karim, son diplôme d’expert comptable en poche, occupait un bon poste dans un cabinet d’expertises. Il pouvait s’enorgueillir de cette réussite sociale. Elle lui avait permis à son tour de financer les études de son fils.
Karim n’avait jamais hésité une seconde à répondre quand on lui posait la sempiternelle question : "Alors, mon petit, quel métier tu vas choisir quand tu seras grand ?" Il répondait : " Je serai policier", comme d’autres répondaient : " pompier", "aviateur" ou encore "instituteur". Il y avait toutefois une précision qu’il gardait pour lui-même. Il ne voulait pas être un simple flic, pas être celui qui sent des pieds à force d’arpenter les trottoirs et qui boit des bières après le service. Il avait une tout autre ambition. Il voulait tout simplement être « Maigret » ou rien. Mais avant d’en arriver là, il fallait avant tout réussir ses examens d’OPJ. Pendant 18 mois il s’y était employé et y réussissait même mieux que bien. Malheureusement, peu avant les examens, la tuile, le gros pépin, lui était tombé dessus sans crier gare.
Une appendicite qui se transforma rapidement en péritonite et qu’il fallut opérer d’urgence. Cette vilaine opération le cloua au lit pendant un bon mois ce qui lui fit prendre du retard.
Il obtint tout de même son diplôme, de justesse. Classé avant-dernier de sa promotion, il ne lui restait plus comme choix d’affectation que Dunkerque ou Calais.
Ses connaissances géographiques situaient ces villes quelque part au nord de la France, de toute façon loin, très loin de la Capitale ou de la Méditerranée. Il avait en tête les clichés et les idées que beaucoup de personnes ont de la région du Nord et déjà il s’imaginait poursuivant les criminels dans les tourmentes de neige, affublé d’une parka rembourrée pour lutter contre les engelures.
Il ne pouvait cependant pas reculer. Il devait prendre une décision. Ne sachant vers quelle destination devait se porter son choix il laissa le hasard décider pour lui.
Pile : Calais.
Face : Dunkerque.
La pièce était retombée côté face. Va pour Dunkerque !

Avant de partir il s’était tout de même documenté sur Dunkerque. Il savait maintenant situer précisément la ville sur
une carte de France, tout là-haut prés de la frontière Belge. Il avait lu dans ses livres d’histoire que c’était la patrie de Jean Bart, le corsaire. Là également où s’était déroulé l’embarquement des troupes qui fuyaient l’armée allemande lors de la déroute du début de la guerre de 39. Son grand père lui avait également rapporté le fameux discours du Général De Gaule de 1958 : "De Dunkerque à Tamanrasset…". Il se représentait la région austère et froide. Un paysage plat battu par un vent glacial soufflant de la mer du nord, où la population, triste et réservée, scrutait derrière les rideaux tirés ce que faisaient leurs voisins. On y parlait un langage incompréhensible teinté de flamand et de vieux français. C’est dire qu’il ne partait pas le cœur léger vers cet exil.

Son ordre d’affectation était arrivé mi janvier.
Il s’était mis en route. Il avait embrassé ses parents et sauté dans le train direction Paris.
Le TGV de 7h28 à la gare du Nord devait le déposer à 9h01 à Dunkerque. En approchant de sa destination, le jour faisait des efforts désespérés pour faire basculer la nuit et imposer un peu de clarté. Il découvrit pour la première fois les paysages du Nord et ses villes au nom bizarre. Le train avait commencé à ralentir à partir de Coudekerque Branche. Les façades colorées des maisons longeant la voie ferrée lui firent venir en mémoire les paroles d’une chanson : "Si leurs maisons sont alignées, c’est par souci d’égalité". Quelques secondes plus tard, le train s’était immobilisé en gare de Dunkerque. Terminus, tout le monde descend. Sur le quai, en se dirigeant vers la sortie, son odorat fut agressé par une odeur qu’il n’avait jamais sentie auparavant. Il apprendra plus tard que ces effluves émanaient de l’usine sidérurgique située à la frontière de la ville. En

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